

Un nouveau troll géant vient d’être capturé par une équipe de savants, mais il se libère et déchaîne aussitôt sa folie destructrice…
TROLL 2
2025 – NORVÈGE
Réalisé par Roar Uthaug
Avec Ine Marie Wilmann, Kim Falck, Mads Sjøgård Pettersen, Sara Khorami, Ágota Dunai, Molly Feeley, Karoline Viktoria Sletteng Garvang, Pål Richard Lunderby
THEMA CONTES
Pour tous les grands amateurs de kaiju eiga qui furent légitimement frustrés par Godzilla x Kong, la séquelle du déjà très simpliste Godzilla vs. Kong, Roar Uthaug remet les monstres à l’heure avec cette suite de Troll aussi impressionnante que son modèle. Le réalisateur norvégien met même les bouchées doubles puisque – suite oblige – le titan rocailleux du premier film n’est désormais plus seul à faire trembler la terre sous ses pas. En conséquence, le budget semble avoir doublé – même si aucun chiffre officiel n’a été annoncé – pour avoisiner manifestement les 114 millions de couronnes norvégiennes, soit environ 11,2 millions de dollars. Il s’agirait même de la production cinématographique la plus coûteuse jamais mise en chantier dans les pays nordiques. Cela surprend peu lorsqu’on constate l’ambition visuelle du film. Côté scénario, en revanche, il faut bien admettre que Uthaug et son co-auteur Espen Aukan (déjà à l’œuvre sur le premier Troll) ne sont pas allés chercher trop loin. Exilée dans une espèce de cabane austère après les événements du premier film, la scientifique Nora Tidemann (Ine Marie Wilmann) reçoit la visite d’Andreas Isaksen (Kim Falck), qui lui offre une nouvelle occasion d’étudier les trolls. Une opération clandestine a en effet découvert un nouveau spécimen et le maintient sous sédatifs afin d’en tirer tous les enseignements possibles.


L’image de ce géant endormi, debout dans un immense centre de recherche, n’est pas sans rappeler King Kong 2. Mais fort heureusement, les ressemblances avec le calamiteux nanar de John Guillermin s’arrêtent là. Comme on pouvait s’y attendre, le barbu rocailleux de quinze mètres de haut ne reste pas longtemps en hibernation et se libère bientôt avec perte et fracas. La quête vengeresse et destructrice dans laquelle il se lance semble être directement liée à l’histoire de Saint Olaf qui, pour christianiser la Norvège, fit jadis exterminer tous les trolls. Furieux, le monstre gigantesque semble aujourd’hui en vouloir à la civilisation tout entière. Pour le contrer, une seule solution semble possible : trouver un autre troll et le rallier à la cause de l’humanité. Le concept reste donc assez basique, pour ne pas dire tiré par les cheveux, et reprend finalement le même principe que celui du King Kong contre Godzilla original d’Inoshiro Honda : pour vaincre un monstre géant, il en faut un autre.
Maximonstres
Les références visuelles, musicales et scéniques à King Kong, Godzilla et Jurassic Park abondent, Uthaug connaissant ses classiques et assumant sans détour leur influence sur son travail. La bande originale de Johannes Ringen évoque donc tour à tour les travaux d’Akira Ifukube et Max Steiner, les verres tremblent à l’approche des géants, et lorsque l’héroïne caresse le bout du nez du « gentil Troll » pour l’amadouer, on croirait revivre la scène des brachiosaures du classique de Spielberg. Le mugissement de la bête et la musique s’y réfèrent d’ailleurs ouvertement. Les dialogues ne s’interdisent aucune autodérision, notamment lorsqu’un personnage affirme « les suites sont moins bonnes que les originaux » et qu’il s’entend répondre « mais non, tout le monde adore les suites ! ». Dans Troll 2, comme dans son modèle, les images vertigineuses jouant sur les rapports d’échelle abondent, servies par des effets visuels magistraux : Nora minuscule sur un échafaudage aux côtés du Troll endormi, l’attaque de la boîte de nuit, le surgissement du « fils du roi de la montagne » dans la grotte, le premier face à face des deux monstres dans la neige, le climax au pied de la cathédrale… Bien sûr, il faut beaucoup de suspension d’incrédulité pour adhérer à cette histoire invraisemblable qui, à mi-parcours, se laisse aussi influencer par la saga Indiana Jones. Mais si l’on garde l’esprit ouvert et que l’on ne réfrène pas son envie primaire de voir des bestioles hautes comme des buildings se taper dessus, le spectacle vaut le détour. Comme on pouvait s’y attendre, une courte séquence post-générique annonce une suite possible. L’accueil des « Netflixophiles » décidera de l’existence ou non d’un potentiel Troll 3.
© Gilles Penso
À découvrir dans le même genre…
Partagez cet article



