TARZAN (2016)

Le réalisateur des derniers volets de la saga Harry Potter lance le célèbre homme-singe d’Edgar Rice Burroughs dans une aventure musclée et épique…

THE LEGEND OF TARZAN

 

2016 – USA

 

Réalisé par David Yates

 

Avec Alexander Skarsgård, Margot Robbie, Samuel L. Jackson, Christoph Waltz, Djimon Hounsou, Jim Broadbent, Sidney Ralitsoele, Osy Ikhile

 

THEMA EXOTISME FANTASTIQUE I THEMA TARZAN

Tous ceux qui rêvaient de voir un jour se prolonger les aventures du film Greystoke subirent une douche froide en découvrant sa pseudo-suite, le nanardesque Tarzan et la cité perdue qui, malgré toute la sympathie que nous pouvons éprouver pour Casper Van Dien et Jane March, se révélait franchement embarrassant. Le Tarzan de David Yates tente de rectifier le tir en reprenant lui aussi les personnages là où le long-métrage d’Hugh Hudson les laissait. Téléaste efficace promu réalisateur superstar grâce à sa mainmise sur les quatre derniers volets de la saga Harry Potter, Yates figure désormais sur la liste de ceux à qui on peut confier des blockbusters riches en effets spéciaux. Le voilà donc à la tête de ce nouveau Tarzan, à l’occasion duquel le producteur Jerry Weintraub aimerait bien donner la vedette au nageur Michael Phelps. Mais le réalisateur lui préfère Alexander Skarsgård et a gain de cause. « Mon père est un immense fan de Tarzan », confesse l’acteur. « Quand j’étais petit, nous avions les cassettes VHS des films de Johnny Weissmuller, et c’est ainsi que j’ai découvert le personnage. Mais ces films ont soixante-dix ans, et tellement de temps s’est écoulé que j’ai pensé pouvoir proposer une interprétation rafraîchissante. Je ne rivaliserai jamais avec Johnny Weissmuller, je voulais juste impressionner mon père. Il se trouve qu’il était plus excité encore que moi. » (1)

Ce Tarzan s’ancre d’emblée dans un cadre historique et géopolitique authentique. Nous y apprenons qu’au cours de la conférence de Berlin de 1884-1885, le roi Léopold II de Belgique s’arrogea le contrôle du bassin du fleuve Congo. Cinq ans plus tard, criblé de dettes après avoir exploité sans relâche les ressources de l’État indépendant qu’il y a instauré, il envoie son émissaire Léon Rom (Christoph Waltz) en mission pour récupérer les mythiques diamants d’Opar. Mais l’expédition est décimée par les guerriers du chef Mbonga (Djimon Hounsou), qui propose alors un étrange marché : les pierres précieuses contre Tarzan. Celui qu’on appelait jadis ainsi vit désormais sous son vrai nom, John Clayton, comte de Greystoke. Installé à Londres avec son épouse Jane (Margot Robbie), il a laissé derrière lui la jungle où il fut élevé par les grands singes Mangani, après la mort de ses parents naufragés. Convié à Boma par le roi Léopold, il apprend que le souverain belge est incapable de rembourser ses emprunts, et que sa venue dans la région renforcerait le poids diplomatique de l’Empire britannique. L’envoyé américain George Washington Williams, qui soupçonne Léopold d’entretenir un système esclavagiste à grande échelle, convainc John de faire le voyage pour révéler au monde ce qui se trame réellement au cœur de l’Afrique…

Entre réalisme et fantasmagorie

Le scénario prend le parti de ne pas nous raconter les origines du personnage dans l’ordre chronologique, pour éviter les redites avec les nombreuses adaptations précédentes, mais plutôt de construire sa narration sur deux temporalités parallèles : le retour de Jack et Jane Clayton dans la jungle africaine, et une série de flash-backs revenant sur les épisodes clés de la naissance du mythe de l’homme-singe et sur sa première rencontre avec sa promise. À contrecourant de l’imagerie classique véhiculée par les Tarzan des années 30 et 40, David Yates tient à traiter cette aventure comme un film d’action moderne. Les attaques des primates tirent parti des progrès technologiques déployés dans la saga La Planète des singes, les séquences de voltige à bout de liane sont gorgées d’adrénaline, les assauts des hippopotames et des crocodiles paient leur tribut à Jurassic Park… En s’appuyant sur les mêmes choix techniques que Le Livre de la jungle de Jon Favreau, sorti sur les écrans quelques mois plus tôt, ce Tarzan opte pour une faune numérique, gagnant en spectaculaire ce qu’elle perd en réalisme. Car tout fait un peu faux dans cette jungle africaine reconstituée en grande partie en Angleterre, malgré le soin manifeste apporté aux décors et à la photographie. Le film oscille ainsi entre une volonté de réalisme – en prenant son sujet très au sérieux, à l’exception de quelques furtives digressions au second degré assurées par Samuel L. Jackson – et une approche presque fantasmagorique – motivée par son titre original, qui met en avant le caractère légendaire du récit. Tarzan est d’ailleurs traité comme un être surnaturel, une sorte de super-héros aussi agile que Spider-Man, doté d’une ouïe digne de Super Jamie et de la capacité communiquer avec tous les animaux de la forêt. D’où un climax dantesque qui n’hésite pas à en faire trop, soutenu par une bande originale éléphantesque de Rupert Gregson-Williams. C’est la seule véritable fausse note de ce Tarzan finalement très fréquentable.

 

(1) Extrait d’une interview publiée sur le site The Fan Carpet en juin 2016.

 

© Gilles Penso

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