SOURCE CODE (2011)

Un homme se réveille dans un train, désorienté, et réalise que lui seul est capable d’empêcher un attentat imminent. Mais comment ?

SOURCE CODE

 

2011 – USA

 

Réalisé par Duncan Jones

 

Avec Jake Gyllenhaal, Michelle Monaghan, Vera Farmiga, Jeffrey Wright, Michael Arden, Cas Anvar, Russell Peters, Brent Skagford, Craig Thomas, Gordon Masten

 

THEMA VOYAGES DANS LE TEMPS I MORT I MÉDECINE EN FOLIE

Installé depuis plusieurs années à Hollywood où il s’adonne principalement à la réécriture de films d’horreur pour les studios, quand il ne les signe pas lui-même officiellement (La Mutante 3, La Mutante 4), Ben Ripley développe dans son coin l’idée de Source Code, persuadé qu’elle saura séduire les compagnies de production à qui il les pitchera. Mais les choses ne s’engagent pas aussi facilement qu’il l’espère. « J’ai rencontré quelques producteurs, et les premiers m’ont regardé comme si j’étais fou », avoue-t-il. « En fin de compte, j’ai dû mettre mon projet sur papier pour faire valoir mon point de vue. » (1) Une fois rédigé, le script plait beaucoup, mais personne n’ose encore se lancer. Le voilà alors intégré dans la fameuse « blacklist » de 2007, la liste des scénarios non réalisés les plus appréciés de l’année. Ce sont les producteurs Mark Gordon et Philippe Rousselet qui mettent finalement le film en chantier. Choisi pour en tenir le rôle principal, Jake Gyllenhaal (Donnie Darko, Le Jour d’après, Le Secret de Brokeback Mountain) propose que Duncan Jones en soit le réalisateur, après avoir découvert son premier long-métrage Moon. Aussitôt embauché, le metteur en scène ne cache pas son enthousiasme : « Il y avait toutes sortes de challenges et d’énigmes, et j’aime bien résoudre des énigmes, alors c’était assez amusant pour moi de trouver comment relever tous les défis complexes qui étaient prévus dans le scénario. » (2)

Après que la production ait envisagé de donner le premier rôle féminin du film à Lindsay Lohan, Duncan Jones jette son dévolu sur Michelle Monaghan, dont il a beaucoup apprécié la prestation dans Kiss Kiss Bang Bang (et qu’on reverra dans la saga Mission impossible). Face à elle, Gyllenhaal incarne Colter Stevens, un pilote d’hélicoptère de l’armée américaine dont le dernier souvenir est un vol en Afghanistan. Soudain, il se réveille dans un train de banlieue et découvre qu’il a pris l’identité d’un autre homme. Huit minutes plus tard, le train explose et pulvérise ses passagers… Stevens revient à lui dans une sorte de capsule depuis laquelle il parle à une militaire qu’il n’a jamais vue, Goodwin (Vera Farmiga). Celle-ci l’informe qu’une technologie de pointe lui permet de retourner en arrière pour découvrir qui est le poseur de bombe… Ce scénario intriguant pourrait n’être une énième variante sur le motif de la boucle temporelle, popularisée par Un jour sans fin et déclinée depuis à toutes les sauces. Mais le récit de Source Code prend un chemin différent. Certes, notre héros est un nouvel émule de Sisyphe, condamné à revivre sans cesse les mêmes événements dans l’espoir d’influer sur leur déroulement. Mais le fin mot de l’histoire nous emmène sur un terrain de science-fiction pure qui finit par donner le vertige.

8 minutes pour vivre

La pleine implication de Jake Gyllenhaal et les astuces de mise en scène de Duncan Jones – discrètes mais redoutablement efficaces –contribuent à accroitre deux phénomènes indispensables pour qu’un tel film puisse fonctionner : l’identification du spectateur au protagoniste et sa suspension d’incrédulité. Il faut certes accepter un certain lâcher prise pour adhérer au concept fou du scénario. Mais la capacité qu’a Source Code à communiquer au public la désorientation permanente de son héros y contribue pleinement. De fait, le suspense fonctionne à plein régime et les innombrables tentatives de Colter pour modifier le cours inexorable du destin empêchent de deviner comment le récit va pouvoir évoluer. S’il est résolument original, le scénario de Source Code n’est pas sans évoquer celui de l’épisode « Black Box » de la série Au-delà du réel – l’aventure continue, avec Ron Perlman dans le rôle principal. Mais c’est à une autre série que le film de Duncan Jones semble vouloir se référer frontalement : Code Quantum. Dans les deux cas, en effet, nous sommes en présence d’un héros qui prend possession du corps d’un autre personnage dans le but d’empêcher un drame et de sauver des vies, tout en développant une attache émotionnelle avec son nouvel entourage. Pour officialiser la référence, le père de notre protagoniste se prénomme Donald – comme Donald P. Bellisario, créateur de Code Quantum – et c’est Scott Bakula lui-même qui lui prête sa voix (en se fendant même de la fameuse réplique « Oh boy ! »). Sam Beckett devient ainsi le père spirituel officiel de cette nouvelle itération du « voyageur quantique ».

 

(1) Extrait d’une interview parue dans le magazine de la Writers Guild of America en juin 2011

(2) Extrait d’une interview parue dans The Hollywood Reporter en mai 2011

 

© Gilles Penso

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