

Un buveur de sang émerge de sa tombe en pleine nuit et s’en prend à un jeune couple, tuant l’homme et engrossant la femme…
GRAVE OF THE VAMPIRE
1972 – USA
Réalisé par John Hayes
Avec William Smith, Michael Pataki, Kitty Vallacher, Lyn Peters, Diane Holden, Lieux Dressler, Ernesto Macias, Jay Adler, Jay Scott, William Guhl, Margaret Farirchild
THEMA VAMPIRES
Au début des années 70, le cinéma d’horreur traverse une phase de transition. Le cycle des Dracula produits par la Hammer commence à s’essouffler et le public est désormais avide de sensations plus modernes. Le succès surprise de Comte Yorga, vampire de Bob Kelljan (1970) prouve qu’il existe un nouvel appétit pour des histoires vampiriques transposées dans un cadre contemporain, plus cru et plus brutal. C’est précisément dans cette mouvance que surgit Bébé Vampire, une production fauchée mais singulière qui tente de réinventer le mythe. Réalisé en onze jours à peine avec un budget dérisoire de 50 000 dollars, le film s’inspire d’un roman obscur de David Chase, The Still Life, tellement obscur que même les cinéphiles et bibliophiles les plus opiniâtres n’en trouvent trace nulle part, au point de finir par douter de son existence. Toujours est-il que son présumé auteur, par ailleurs scénariste du film et futur créateur de la mythique série Les Sopranos, n’a jamais revendiqué son travail sur Bébé vampire, un titre sans doute trop éloigné de ses ambitions littéraires et qui ferait donc « tâche » sur sa filmographie.


Les deux premières minutes, sur lesquelles défile le générique du film, installent d’emblée un climat pesant. La caméra tourne lentement autour d’une tombe, au milieu d’une nuit embrumée, tandis que la bande son est scandée par un battement oppressant et une respiration sépulcrale. Cette tombe, sur laquelle est inscrite le nom de Caleb Croft, finit par s’ouvrir lentement, sans que s’en rendent compte deux fêtards venus batifoler dans le cimetière. Un vampire au visage momifié apparaît alors sous le couvercle, tandis qu’une araignée se promène sur sa main et que des lézards rampent sur sa tête. L’horreur organique et poisseuse de cette vision de cauchemar tranche ouvertement avec l’élégance des productions Hammer. Pas très frais, blafard, notre buveur de sang émerge lentement de son cercueil, attaque le couple, tue le jeune homme et laisse sa fiancée traumatisée. Cette entrée en matière n’est pas sans évoquer celle de La Nuit des morts-vivants, l’une des sources d’inspiration manifestes du film. Lorsqu’elle reprend ses esprits, la malheureuse découvre qu’elle est enceinte. Mais le père n’est pas son défunt fiancé. C’est le vampire !
Les liens du sang
La première partie du film repose sur une idée taboue : un bébé qui se nourrit de sang. Dans une scène troublante, la jeune mère, comprenant l’appétit anormal de son enfant, s’ouvre la poitrine au couteau pour l’allaiter de son propre sang, tout en lui chantant une berceuse. Plus tard, elle lui prépare carrément des biberons remplis d’hémoglobine. Le scénario présente le mérite d’évoluer sans cesse en empêchant le spectateur de voir venir les péripéties. Car Bébé vampire dépasse son simple pitch – et ce titre français finalement très réducteur – pour nous emmener ailleurs. Revers de la médaille, l’intrigue est distendue et les enjeux pas très clairs. Ici, le vampire ne reste pas une créature tapie dans l’ombre. Caleb Croft, une fois réveillé, se reconstruit une existence humaine. On le retrouve ainsi sous les traits d’un professeur d’occultisme, autoritaire et manipulateur. Le récit suggère qu’il n’est pas qu’un buveur de sang, mais aussi un ancien sataniste lié aux traditions de Salem. Le rôle est tenu par Michael Pataki (Sweet Sixteen, Remo, Halloween 4, et futur Dracula dans Zoltan), dont le principal adversaire est ici campé par William Smith (acteur enfant dans Le Spectre de Frankenstein et Le Garçon aux cheveux verts, et futur pilier des séries TV américaines). Ce sont du reste les seules présences charismatiques du film, le reste du casting se révélant beaucoup moins convaincant. Distribué en double programme avec Le Jardin des morts (également signé John Hayes la même année), Bébé Vampire reste un film peu connu, même des amateurs du genre. Hayes réalisera quelques années plus tard le calamiteux Destruction planète Terre avec Christopher Lee en faux prêtre extra-terrestre.
© Gilles Penso
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