

Un groupe de voleurs pénètre dans une maison en pleine nuit et découvre une série de cassettes vidéo au contenu très perturbant…
V/H/S
2012 – USA
Réalisé par Matt Bettinelli-Olpin, David Bruckner, Tyler Gillett, Justin Martinez, Glenn McQuaid, Joe Swanberg, Chad Villella, Ti West et Adam Wingard
Avec Calvin Reeder, Lane Hughes, Hannah Fierman, Mike Donlan, Joe Swanberg, Sophia Takai, Norma C. Quinones, Drew Moerlein, Helen Rogers, Chad Villela
THEMA CINÉMA ET TÉLÉVISION I DIABLE ET DÉMONS I TUEURS I EXTRA-TERRESTRES I SAGA VHS
En 2012, l’exercice du « found footage » n’est plus une nouveauté et le public a suffisamment été nourri d’épisodes de [Rec] et de Paranormal Activity pour ne plus trop se laisser impressionner par le dispositif. V/H/S présente tout de même une singularité : il s’agit d’un film à sketches dont chaque segment est dirigé par un réalisateur différent. Le producteur Brad Miska, à l’origine du projet, réunit ainsi un groupe d’amis et leur laisse la bride sur le cou. Le lien qui unit les cinq courts récits filmés en caméra subjective, qui s’intitule « Tape 56 », est mis en scène par Adam Wingrad (signataire de You’re Next, et futur maître d’œuvre des monumentaux Godzilla vs Kong et Godzilla x Kong). On y suit les errances d’un groupe de trentenaires stupides et balourds qui se filment au caméscope en train d’agresser sexuellement une femme dans un parking ou de vandaliser une maison abandonnée. D’emblée se pose un problème pour les spectateurs : comment s’identifier et s’intéresser à de tels protagonistes, et en quoi leur sort nous importe-t-il ? Toujours est-il que ces crapules peu recommandables se voient confier une mission par un mystérieux commanditaire, en échange d’une somme alléchante : pénétrer dans une maison en pleine nuit et lui ramener une cassette VHS bien spécifique. Le problème, c’est que le lieu regorge de cassettes. Pour savoir quel est la bonne, ils entreprennent de les visionner. Voilà le fil conducteur de V/H/S.


C’est « Amateur Night » qui ouvre le bal, sans doute le meilleur opus de cette anthologie. Son réalisateur, David Bruckner (qui allait plus tard se voir confier la version 2022 de Hellraiser), opte pour l’idée d’une histoire filmée avec des lunettes équipées d’une caméra miniature. Au cours d’une soirée, trois amis avides de sexe font la connaissance de deux jeunes femmes et les ramènent dans leur chambre d’hôtel. L’une d’entre elles sombre rapidement dans un coma éthylique. Quant à la seconde, extrêmement réservée, elle adopte un comportement de plus en plus bizarre… Ce sketch repose beaucoup sur la prestation de Hannah Fierman, tour à tour fragile, touchante ou effrayante. Elle reprendra d’ailleurs son rôle dans The Siren, un long-métrage réalisé par Gregg Bishop en 2016. Le deuxième opus, « Second Honyemoon », est l’œuvre de Ti West (The House of the Devil, Innkeepers, puis la trilogie X/Pearl/Maxxxie). Un jeune couple marié y parcourt la route 66 pour une seconde lune de miel en Arizona, documentant leur voyage avec un caméscope. Le soir venu, dans leur chambre d’hôtel, ils reçoivent une visite énigmatique… Fidèle à son style, West prend son temps pour mettre en place son atmosphère. Le malaise s’installe d’autant mieux que l’entame est calme, tranquille et ordinaire. Dommage que la fin – savoureuse – soit si précipitée. « Tuesday the 17th » de Glenn McQuaid, s’inscrit dans un cadre plus familier, à mi-chemin entre Le Projet Blair Witch et Vendredi 13. Un groupe d’amis se retrouve dans les bois près d’un lac où aurait eu lieu un accident inexpliqué par le passé. La mise en scène s’agrémente d’effets vidéo intéressants – les cadavres qui apparaissent furtivement sur la bande, la silhouette sombre et saccadée qui surgit dans le décor – mais l’histoire s’achemine vers un final confus et désordonné.
Bandes à part
Joe Swanberg varie un peu les plaisirs avec « The Sick Thing That Happened to Emily When She Was Younger », puisque son segment prend la forme d’une série de conversations vidéo vues sur un écran d’ordinateur. Nous y suivons les échanges de James, qui aspire à devenir médecin, et de sa petite-amie Emily, troublée de manière répétée par d’étranges bruits dans son appartement. Ce qui ressemble à une variante de Paranormal Activity se révèle bien plus original, mieux rythmé et porté par des acteurs convaincants, même si la chute est un peu tirée par les cheveux. Le dernier sketch, « 10/31/98 », est mis en scène par Matt Bettinelli-Olpin du collectif Radio Silence, futur co-réalisateur de Wedding Nightmare, Abigail, Scream 5 et Scream 6. On y suit quatre amis qui, le soir d’Halloween 1998, se rendent à une fête d’Halloween mais se trompent manifestement d’adresse, puisqu’ils se retrouvent dans une grande maison abandonnée… Très efficace, mêlant habilement les prises de vues accidentées et des effets visuels élaborés, ce sketch est cependant entravé dans sa crédibilité, dans la mesure où aucune raison valable n’explique que la caméra reste en marche quand les événements dérapent. D’une manière générale, on peut être franchement rebuté par cet enchaînement d’images volontairement mal filmées, mal éclairées, accidentées et erratiques qui finissent à la longue par donner le tournis. Par ailleurs, rien n’explique que les films que nous venons de voir se retrouvent sur des cassettes VHS, puisque la plupart d’entre eux sont tournés avec des caméras numériques ou des webcams. La cohérence du film tout entier est donc très fragile, le gimmick rétro de la cassette à bandes ne justifiant pas tout. V/H/S sera malgré tout très bien accueilli, au point d’engendrer une longue descendance de suites et de variantes.
© Gilles Penso
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