L’INVASION DES ARAIGNEES GEANTES (1975)

L'affiche promet un film d'horreur spectaculaire, mais les effets spéciaux ont hélas beaucoup de mal à suivre !

GIANT SPIDER INVASION

1975 – USA

Réalisé par Bill Rebane

Avec Steve Brodie, Barbara Hale, Alan Hale Jr, Robert Easton, Leslie Parrish, Christiane Schmidtmer, Kevin Brodie, Tain Bodkin

THEMA ARAIGNEES

Œuvre culte pour les uns, nanar indécrottable pour les autres, L’Invasion des araignées géantes est un film pour le moins ambitieux, sérieusement réfréné hélas par des moyens plus que limités. Le récit s’amorce par un postulat science-fictionnel des plus hasardeux. L’ouverture d’un trou noir dans l’espace provoque en effet une pluie de météorites qui s’abattent sur la Terre, juste derrière une ferme du Wisconsin, via un trucage optique des plus hasardeux. Des couleurs psychédéliques et des lumières mouvantes maladroitement incrustées derrière la maisonnette symbolisent en effet ce crash venu d’outre-espace. Le couple de fermiers découvre dans les bois avoisinants des dizaines de pierres rondes qu’ils ramènent chez eux. En les ouvrant, ils y trouvent avec joie des myriades de diamants. Ce qu’ils ne voient pas, en revanche, sans doute aveuglés par l’appât du gain, c’est que chaque pierre abrite une tarentule qui s’en extrait lentement et part se cacher aux quatre coins de la maison. Les premières séquences de suspense, au cours desquelles les bestioles velues rampent à deux pas des humains qui ne les voient pas, s’avèrent plutôt efficaces, d’autant que les spécimens choisis sont particulièrement hideux. Mais pour justifier le titre, le réalisateur ne pouvait pas se contenter de tarentules de taille normale. Il passe donc au calibre supérieur, et là rien ne va plus, car les effets spéciaux ont beaucoup de mal à suivre.

La première « araignée géante » est une espèce de peluche grosse comme un chat qui surgit d’un tiroir, provoquant aussitôt les hurlements de la femme du fermier et les rires du spectateur. L’infortunée protagoniste s’enfuit de sa chambre, s’empêtre dans une toile au centre de laquelle trône une jolie petite araignée en plastique parfaitement immobile, puis trouve refuge dans la grange. Là, un amas de poils inerte censé représenter une araignée de la taille d’un gros chien lui tombe dessus. Et le rire du public de redoubler. Mais ce n’est rien à côté du très gros modèle, c’est-à-dire un arachnide de quatre mètres de long qui démolit une maison, grimpe sur une voiture, avale une ou deux personnes puis sème la panique dans la fête foraine du coin.

Une voiture déguisée en araignée géante

Le monstre est en fait une espèce de marionnette mécanique de foire, mue par une Vokswagen, qui agite ses pattes en tous sens. Si la bébête fait presque illusion dans les plans lointains et furtifs où elle se déplace en pleine campagne, elle manque singulièrement de conviction dans les gros plans, notamment à cause de ses deux grands yeux sphériques et blancs pas crédibles pour un sou. A vrai dire, le trucage n’est pas beaucoup moins efficace que celui utilisé pour les fourmis géantes de Des monstres attaquent la ville, mais nous étions alors en 1954. Vingt ans plus tard, les spectateurs étaient en droit d’espérer des effets plus sophistiqués. Le monstre est finalement éliminé par les flammes, et se met alors à fondre en une série de gros plans dégoulinants. Vaguement calquée sur Tarantula, cette mise à mort surréaliste met un point final à ce film bizarroïde, hésitant sans cesse entre l’horreur des années 70 et la science-fiction des années 50 sans parvenir à se décider.

© Gilles Penso

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