EBIRAH CONTRE GODZILLA (1966)

Le nouvel ennemi de Godzilla n’est ni un dinosaure, ni une mite titanesque, ni un dragon à trois têtes… mais un homard géant !

GOJIRA EBIRAH MOSURA NANKAÏ NO DAÏKETTÖ

 

1966 – JAPON

 

Réalisé par Jun Fukuda

 

Avec Akira Takarada, Kumi Mizuno, Akihiko Hirata, Jun Tazaki, Hideo Sunazuka, Toru Watanabe, Emi et Yumi Ito

 

THEMA DINOSAURES I MONSTRES MARINS I INSECTES ET INVERTÉBRÉS I REPTILES ET VOLATILES I SAGA GODZILLA

Comme le laissaient clairement entrevoir King Kong contre Godzilla, Ghidrah et Invasion Planète X, les années soixante marquèrent un rajeunissement considérable de la cible des spectateurs visés par la série consacrée au dinosaure radio-actif de la Toho, orientation confirmée par ce nouvel opus. Le jeune Yoshimura déplore la perte de son frère dans un naufrage. Mais depuis qu’une voyante lui a révélé qu’il était toujours en vie, notre homme s’est mis en tête de le retrouver coûte que coûte. La Marine refusant de l’aider, il s’efforce de remporter le premier prix d’un marathon de danse, autrement dit un magnifique yacht. Après un bref remake pop de On achève bien les chevaux, Yoshimura baisse les bras et, en, compagnie de deux autres concurrents, décide de voler un yacht dans la marina la plus proche. Ce qu’il fait, sauf qu’un voleur a déjà eu la même idée que lui. Voici donc nos quatre compagnons d’infortune voguant vers l’océan. Bientôt, un orage colossal surprend le yacht, et Ebirah paraît pour la première fois. Certes, il s’agit d’un homard géant, ce qui à priori peut prêter à rire, mais il faut reconnaître que le surgissement des pinces gigantesques au milieu de l’océan déchaîné est assez spectaculaire, grâce aux très inventifs effets spéciaux de Sadamasa Arikawa, sous la supervision distante d’Eiji Tsuburaya.

Après la tempête, schéma classique, les quatre naufragés s’échouent sur une île sauvage. Là, ils découvrent qu’une mystérieuse armée étrangère, « les bambous rouges », réduit en esclavage les autochtones et construit un arsenal atomique. L’une des indigènes parvient à s’échapper et se joint aux quatre héros, lesquels trouvent refuge dans une caverne où – le hasard faisant bien les choses – repose le corps endormi de Godzilla. Les « bambous rouges » mitraillant à tout va en direction de nos fugitifs, une idée lumineuse gagne ces derniers : « et si nous réveillions Godzilla ? » A l’aide d’un paratonnerre de fortune et d’un orage fort bienvenu, le dinosaure radioactif est ainsi tiré de sa torpeur, comme un monstre de Frankenstein qui s’éveillerait à la vie, et daigne enfin montrer le bout de son museau au bout d’une heure de métrage. Son faciès a encore gagné en bonhommie : yeux globuleux, visage arrondis, mâchoire plate…

Les monstres se déchaînent

Le combat entre Ebirah et Godzilla, promis par le titre du film, n’est pas des plus palpitants, car nos deux monstres se contentent principalement de se jeter un gros rocher comme dans un match de volley. Godzilla se mesure ensuite à un vautour géant (fabriqué autour du costume de Rodan) puis à une escouade d’avions, calquant quelque peu son attitude sur King Kong dans la mesure où il semble se laisser séduire par une jolie demoiselle. Cet état de fait – ainsi que son éveil dans une caverne sur une île isolée – s’explique en partie dans la mesure où le scénario initial n’était pas prévu pour mettre en scène le dinosaure radioactif mais le gorille géant, ce que la Toho fera finalement deux années plus tard avec King Kong s’est échappé. Les destructions de maquettes, marque de fabrique de la série, restent les moments les plus visuellement gratifiants, Godzilla piétinant à tout va l’usine des vilains jusqu’à ce que ces derniers, en désespoir de cause, déclenchent une bombe atomique pour raser l’île. Le final d’Ebirah contre Godzilla voit nos héros sauvés in-extremis par l’arrivée inopinée de Mothra, le papillon géant, soudain réveillé de son sommeil léthargique. On le voit, la finesse n’est pas vraiment au rendez-vous, sans pour autant que l’état de grâce miraculeux qui nimbe chaque épisode de cette saga multiforme ne se dissipe totalement.

 

© Gilles Penso



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