Les décors du film, merveilleusement irréels, ressemblent à une série de gravures du début du siècle. Œuvre de Fred Knoth, les dinosaures s’avèrent plus ou moins convaincants selon la technique utilisée. L’intervention des lézards véritables, hérités de Tumak fils de la jungle, est franchement impressionnante. Le plésiosaure mécanique qui glisse sur le lac, réminiscence de King Kong, fait lui aussi son petit effet, sauf lorsque les gros plans révèlent ses traits quelque peu grossiers. Mais c’est le choix d’un acteur se dandinant dans un costume caoutchouteux de tyrannosaure qui constitue la plus grosse erreur artistique du film, d’autant que sa tête, actionnée par des pompes hydrauliques, est aussi peu réaliste que celle d’une marionnette de fête foraine. Fort heureusement, les irréprochables trucages optiques du talentueux Clifford Stinne (Tarantula, L’Homme qui rétrécit, La Cité pétrifiée) permettent d’hallucinantes combinaisons d’acteurs, de dinosaures, de maquettes et de peintures dans des plans somptueux. Comme en outre la mise en scène nerveuse de Vogel tire au mieux partir d’un huis-clos naturel oppressant, L’Oasis des tempêtes s’inscrit comme une vraie petite réussite du genre, sertie dans un très beau Cinemascope noir et blanc.
© Gilles Penso