MANIAC COP 2 (1990)

Pour capitaliser sur le succès du premier Maniac Cop, William Lustig et Larry Cohen ressuscitent le policier psychopathe

MANIAC COP 2

 

1990 – USA

 

Réalisé par William Lustig

 

Avec Robert Davi, Claudia Christian, Michael Lerner, Bruce Campbell, Laurene Landon, Robert Z’Dar, Clarence Williams III

 

THEMA TUEURS I SAGA MANIAC COP

Le premier Maniac Cop offrait un bel effet de surprise : non seulement le serial killer prenait les traits d’un policier en uniforme, mais en plus le héros était Bruce Campbell, enfin dirigé par quelqu’un d’autre que Sam Raimi. Avec cette séquelle, le principe du « whodunit » ne fonctionne évidemment plus puisque cette fois-ci nous connaissons l’identité du tueur qui, tel les indestructibles Jason Voorhees et Michael Meyers, a ressuscité et continue son massacre. Aux postes clés de son film, William Lustig retrouve les mêmes artistes et techniciens : Larry Cohen au scénario et à la production, Spiro Razatos aux cascades, Jay Chattaway à la musique. Mais si Robert Z’Dar reprend le rôle du massif Matt Cordell, les héros changent de visage. Certes, Bruce Campbell et Laurene Landon incarnent une fois de plus les officiers Forrest et Mallory, mais c’est pour disparaître brutalement de l’intrigue au bout de vingt minutes. Exit donc les stars de Evil Dead et Hundra, place à un nouveau duo. Il s’agit de la psychologue Susan Riley (Claudia Christian) et d’un flic taciturne et dur à cuir (cigarette au bec et chapeau mou) campé par Robert Davi. « J’ai choisi Robert parce que je voyais son visage partout sur les posters de Permis de tuer », raconte Lustig. « Je l’avais rencontré par le passé et nous avions sympathisé. J’étais donc content pour lui en sachant qu’il jouait le méchant d’un James Bond. Sur un coup de tête, alors que Maniac Cop 2 était encore en préparation, j’ai annoncé aux distributeurs que Robert Davi allait jouer dans notre film. C’était une invention pure. Prenant la mesure de mon coup de bluff, je lui ai fébrilement envoyé le scénario en priant pour qu’il accepte. Fort heureusement, il a dit oui. Il m’a juste dit : “Pourquoi appeler ce film Maniac Cop 2 ? C’est un titre grotesque !“ Je lui ai répondu que ce titre était la raison d’être du film ! » (1)

Maniac Cop 2 n’est pas avare en scènes sanglantes excessives, notamment le policier accroché comme un quartier de viande à une dépanneuse de la fourrière, le massacre des flics dans le stand de tir (dans lequel un panneau rappelle : « notre objectif : aucun accident ») ou encore la fusillade sanglante dans le commissariat qui évoque irrésistiblement Terminator. Larry Cohen nous rappelle qu’il fut le réalisateur du délirant L’Ambulance en imaginant des séquences d’action tour à tour spectaculaires (la poursuite entre la voiture de police et le taxi sans pneus) ou à la limite du cartoon (Claudia Christian qui court à côté d’une voiture lancée à vive allure au volant de laquelle elle est attachée, Laurene Landon qui attaque le tueur avec une tronçonneuse). Moins novateur que celui du premier Maniac Cop, le scénario tente ainsi de masquer ses déficiences par une surenchère de violence et d’action. Pour tenter de relancer l’intérêt, l’intrigue s’efforce d’enrichir les origines de Cordell à travers le personnage du commissaire Edward Doyle (Michael Lerner) qui fut jadis responsable de son arrestation. Un autre personnage entre dans la danse pour varier les plaisirs : un serial killer minable qui étrangle des strip-teaseuses et devient complice du Maniac Cop. On sent bien que le récit patine un peu et que la fluidité du film précédent n’est plus de mise.

Le spectre de la vengeance

Plus massif et trapu que dans le premier Maniac Cop, Matt Cordell redouble d’énergie pour faire voltiger ses victimes en tous sens. Son maquillage (signé cette fois-ci Dean Gates) n’a hélas guère gagné en finesse. Le caractère surnaturel du tueur étant désormais pleinement assumé, il a pris les traits d’un zombie à la bouche et au nez décharnés. Son masque est tellement rudimentaire qu’il reste presque inchangé lorsque le cascadeur qui double Robert Z’Dar porte une cagoule ignifugée pour l’impressionnante scène de l’incendie dans la prison. Car même lorsqu’il est transformé en torche humaine, notre flic monstrueux et vengeur poursuit ses exactions, bien décidé à massacrer les prisonniers qui jadis l’agressèrent. « Nous nous sommes installés sur un plateau à Culver City, en Californie, et nous avons tourné cette scène d’incendie pendant trois jours d’affilée », raconte Lustig. « Il fallait beaucoup de temps pour préparer les cascadeurs et le feu. Cette séquence était tournée avec trois ou quatre caméras, petit bout par petit bout. Il fallait que nous conservions sans cesse la continuité en tête. Mon inspiration principale, pour cet incendie final, était le climax de La Chose d’un autre monde avec James Arness. » (2) La musique de Jay Chattaway s’enrichit ici de chœurs masculins religieux lointains, comme pour véhiculer l’idée d’une vie après la mort… De fait, le Maniac Cop agit comme un fantôme qui ne connaîtra le repose qu’une fois que l’injustice ayant provoqué sa « mort » sera réparée et vengée.

 

(1) et (2) Propos recueillis par votre serviteur en septembre 2016

 

© Gilles Penso

 

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