LE GUERRIER DE L’ESPACE : AVENTURES EN ZONE INTERDITE (1983)

Un western spatial en relief qui cherche à capitaliser sur le succès de la saga Star Wars en transformant Peter Strauss en émule de Han Solo

SPACE HUNTER : ADVENTURES IN THE FORBIDDEN ZONE

 

1983 – USA

 

Réalisé par Lamont Johnson

 

Avec Peter Strauss, Molly Ringwald, Michael Ironside, Andrea Marcovicci, Ernie Hudson

 

THEMA SPACE OPERA

Depuis 1977 et le triomphe de La Guerre des étoiles, la mode est au space opera. Tous les studios le savent et s’efforcent tant bien que mal d’attraper le train en marche. La Columbia ne fait pas exception et initie Le Guerrier de l’espace qui sera produit par Ivan Reitman, futur réalisateur de S.O.S. fantômes. Auteur et réalisateur de l’obscur film d’aventures La Poursuite mystérieuse, Jean Lafleur écrit l’histoire originale de cette aventure spatiale et se retrouve même parachuté réalisateur. Mais après deux semaines de tournage, il devient évident qu’il n’est pas l’homme de la situation. C’est Lamont Johnson, solide artisan surtout habitué au petit écran, qui est engagé pour le remplacer au pied levé. Après une réécriture complète du scénario, le tournage reprend, les extérieurs « extra-terrestres » étant captés dans l’Utah, en Arizona et à Vancouver. Le rôle principal du mercenaire Wolff, visiblement inspiré par le personnage de Han Solo, échoit à Peter Strauss (acteur récurrent des séries Les Rues de San Francisco et Le Riche et le pauvre, que Michael Mann dirigea dans Comme un homme libre). Dans l’espoir de retrouver la dynamique du duo Solo/Lando de L’Empire contre-attaque, on fait appel à Ernie Hudson (qui connaîtra son heure de gloire l’année suivante dans S.O.S. fantômes). Quant à la « femme-enfant » Niki qui donne la réplique au héros, elle est incarnée par Molly Ringwald, future actrice fétiche de John Hughes.

Nous sommes en l’an 2136. Alors qu’un vaisseau de croisière touristique explose en plein vol, une navette de secours a tout juste le temps de s’extraire du chaos pour partir atterrir en catastrophe sur Terra 11, une planète désertique hostile infestée par la peste depuis 2021 et désormais soumise à la dictature du vil Overlord. Le chasseur de primes Wolff, qui sillonne l’espace avec sa coéquipière Chalmers (Andrea Marcovicci), entend le message de détresse qui promet une juteuse récompense à celui qui saura ramener saines et sauves les trois jeunes femmes égarées sur Terra 11. Mais sur place, la mission semble moins simple que prévu. Pour retrouver les disparues, Wolff va devoir se coltiner Niki, une jeune fille agaçante mais attachante qui promet de lui indiquer le chemin qui mène à la redoutable « zone interdite »…

Les prisonnières du désert

Conçu ouvertement comme un western futuriste, Le Guerrier de l’espace réinterprète tous les passages obligés du genre, de la traversée du désert à l’attaque de la diligence en passant par les multiples gunfights et le sauvetage des prisonnières par un groupe de mercenaires. Sollicité pour mettre le film en musique, Elmer Bernstein compose donc une partition épique à mi-chemin entre Les Sept mercenaires et Superman. L’oreille attentive reconnaîtra aussi cette bande originale quelques accents de Y a-t-il un pilote dans l’avion ? La direction artistique du Guerrier de l’espace est l’un de ses points forts. Le design des costumes et des vaisseaux est une réussite incontestable, digérant l’influence de Flash Gordon et de Barbarella pour la réinventer dans un cadre post-apocalyptique proche de celui de Mad Max 2. Les maquettes et les matte-paintings supervisés par le vétéran Gene Warren Jr rappellent le travail de Derek Meddings et de Gerry Anderson, les véhicules customisés rivalisent d’inventivité (4×4 militaire blindé, vieux galion sur rails, motos futuristes, bulldozer à vapeur) et les maquillages spéciaux conçus par Tom Burman donnent naissance à une galerie de créatures très étranges, des troglodytes obèses et difformes aux enfants mutants en passant par le dragon/reptile/chenille aquatique. Mais le personnage le plus étonnant est sans conteste Overlord, campé par Michael Ironside. Le maquillage de Burman le dote d’arcades sourcilières proéminentes, d’un nez porcin et d’une dentition douteuse. Quant à son corps, il est engoncé dans une sorte d’exosquelette dont les bras se prolongent par d’immenses pinces mécaniques. La mode étant à la 3D (Les Dents de la mer 3, Amityville 3, Meurtres en 3 dimensions), Le Guerrier de l’espace est exploité en relief et appuie une grande partie de sa promotion sur ce gimmick. Pour mettre toutes les chances de leur côté, les distributeurs le sortent même une semaine avant Le Retour du Jedi. Pourtant, le film de Lamont Johnson ne connaîtra pas le succès espéré, ne rapportant pas beaucoup plus que son budget de quatorze millions de dollars.

 

© Gilles Penso

 

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