NICK FURY : AGENT OF SHIELD (1998)

David Hasselhoff incarne le célèbre agent secret de Marvel dans un téléfilm aujourd’hui tombé dans l’oubli…

NICK FURY : AGENT OF SHIELD

 

1998 – USA

 

Réalisé par Rod Hardy

 

Avec David Hasselhoff, Lisa Rinna, Sandra Hess, Neil Roberts, Garry Chalk, Tracy Waterhouse, Tom McBeath, Ron Canada, Peter Haworth, Scott Heindl

 

THEMA ESPIONNAGE ET SCIENCE-FICTION I ROBOTS I SAGA MARVEL

Nous sommes à la fin des années 90. À l’exception des téléfilms et de la série consacrés à L’incroyable Hulk, aucune adaptation live des personnages de l’écurie Marvel n’a encore réussi à convaincre le grand public. Le costume plissé de L’Homme-araignée, le casque de motard de Captain America, les facéties de Howard et les coups de sang du Punisher se sont en effet montrés indignes de la richesse de l’univers créé par Stan Lee. Pour tenter de contrer cette « malédiction », le studio 20th Century Fox tente sa chance en misant sur une tête d’affiche populaire et un personnage s’éloignant de la galerie classique des super-héros : Nick Fury, le fameux colonel borgne et acariâtre à la tête du S.H.I.E.L.D, que le David Hasselhoff de K 2000 et Alerte à Malibu est chargé d’interpréter. David S. Goyer, alors surtout connu pour son travail sur de modestes séries B d’action et de SF, est chargé d’écrire le scénario, tandis que la mise en scène est confiée à Rod Hardy (signataire du passionnant film de vampires Soif de sang). Fox pense avoir trouvé le bon concept et l’équipe adéquate, allouant à cet ambitieux téléfilm un budget de six millions de dollars.

En début de métrage, nous apprenons que Nick Fury est à la retraite dans le Yukon depuis la fin de la guerre froide. Le S.H.I.E.L.D. (Strategic Homeland Intervention Enforcement and Logistics Division) se passe donc de ses services. Bien sûr, les choses ne vont pas en rester là. Les agents de l’organisation terroriste HYDRA viennent en effet de se manifester, avec à leur tête les enfants du baron Wolfgang von Strucker, un ancien nazi dont le corps vient d’être subtilisé. HYDRA a créé une arme biologique redoutable : le « virus Tête de mort » aux effets mortellement efficaces. Mégalomane, psychopathe et digne descendante de son père, Andrea von Strucker, alias Viper, veut mettre en place rien moins que le quatrième Reich. Pour prouver qu’elle ne plaisante pas, elle menace de répandre dans Manhattan le « virus Tête de mort » à l’aide d’un lance-missiles caché quelque part dans la ville. Nick Fury est donc appelé à la rescousse. L’œil gauche sous son éternel patch, le cigare aux lèvres, les dents serrées, le colonel dur à cuire prend donc la tête des opérations anti-terroristes, au grand dam d’une hiérarchie qui n’apprécie pas du tout ses méthodes expéditives.

Mission non accomplie

Le Nick Fury incarné par David Hasselhoff est donc une espèce de brute sympathique à la gâchette facile, adepte de la réplique cinglante et du coup de poing impulsif, une sorte de cousin du John Spartan de Demoliton Man avec qui il partage un manque de respect effronté de l’autorité et une approche très frontale du danger. Même si la charge est ouvertement caricaturale, l’ex-Michael Knight a le physique de l’emploi et donne de sa personne. L’équipe de mercenaires qu’il met sur pied comprend son ancienne petite-amie Val (Lisa Rinna), la médium Kate Neville (Tracy Waterhouse) et l’agent Alexander Price (Neil Roberts). On note que ce dernier personnage fera son retour sur les écrans seize ans plus tard dans Captain America : le soldat de l’hiver, sous les traits de Robert Redford. Face à eux, Sandra Hess incarne une véritable super-vilaine de bande-dessinée, multipliant les tenues extravagantes et les éclats de rire sardoniques. Audacieux, le téléfilm n’est pas avare en effets visuels (la plateforme volante du S.H.I.E.L.D., les batailles aériennes, les robots), en décors imposants (la base des héros, le Q.G. d’HYDRA), en figuration costumée et en accessoires futuristes. Et il faut bien avouer que rétrospectivement, cet attentat qui se profile en plein New York avec deux missiles pointés vers les tours jumelles du World Trade Center, trois ans avant le 11 septembre 2001, fait un drôle d’effet. On retrouvera d’ailleurs certaines composantes de Nick Fury : agent du S.H.I.E.L.D. dans la série 24 heures chrono. Mais le public n’est pas au rendez-vous. La série prévue par Fox ne sera jamais produite et le téléfilm sombrera dans l’oubli, précipitant David Hasselhoff dans une seconde carrière ouvertement axée vers le second degré. Nick Fury représente donc une étrange parenthèse dans la carrière de scénariste de David S. Goyer, auteur la même année deux scripts beaucoup plus mémorables : Dark City, source d’inspiration majeure de Matrix, et Blade, premier succès au cinéma d’une adaptation Marvel qui finira par donner à la « maison aux idées » l’idée de fonder son propre studio… et de créer sa propre série consacrée aux hommes de Nick Fury, Les Agents du S.H.I.E.L.D., en 2013.

 

© Gilles Penso

 

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