BIG ASS SPIDER ! (2013)

Un exterminateur d’insectes et un agent de sécurité tentent de stopper une araignée mutante qui grossit à vue d’œil et sème la terreur dans Los Angeles…

BIG ASS SPIDER !

 

2013 – USA

 

Réalisé par Mike Mendez

 

Avec Greg Grunberg, Clare Kramer, Lombardo Boyar, Ray Wise, Patrick Bauchau, Lin Shaye, Alexis Knight, Ruben Pla, Lloyd Kaufman

                          

THEMA ARAIGNÉES

Les films SyFy pullulant de grands monstres en image de synthèse bas de gamme saturent les petits écrans depuis la fin des années 90. Face à cette masse grouillante et vorace, il n’est pas toujours simple de voir émerger des perles se distinguant du lot. Big Ass Spider se hisse pourtant au-dessus de la mêlée, en grande partie grâce à la personnalité et l’humour de son réalisateur Mike Mendez, dont les « titres de gloire » précédents s’appellent Serial Killers, Bimbo Movie Bash, Profanations et Le Couvent. En s’appuyant sur un scénario de Gregory Gieras (lui aussi coutumier du genre avec des films tels que Dark Asylum, Centipede ou Final Battle of the Lost Island), Mendez se réapproprie le motif de l’araignée géante (devenu un véritable sous-genre de l’horreur depuis Tarantula) qu’il traite avec un second degré permanent. Si le cocktail fonctionne, c’est surtout parce que l’humour est moins lié aux situations – traitées finalement avec autant de sérieux que dans un film au premier degré – qu’aux personnages. Greg Grunberg, ami d’enfance et acteur fétiche de J.J. Abrams, incarne un exterminateur de nuisibles zélé et opiniâtre. Le duo comique qu’il forme avec Lombardo Boyar est la trouvaille majeure du film. D’autres visages familiers égaient le métrage, comme Ray Wise (Twin Peaks) en chef militaire, Patrick Bauchau (Le Caméléon) en savant exalté ou Lloyd Kaufman (le légendaire patron de la compagnie Troma) dans le rôle minuscule d’un jogger qui se fait dévorer par la bête.

Lorsque Big Ass Spider ! commence, on croirait assister à la parodie d’un film de Zack Snyder. Tout est au ralenti, dans une ambiance de chaos, de panique et de destruction. Tandis que résonne la chanson « Where is my Mind » de Storm Large, Greg Grunberg ouvre les yeux, se redresse et avance au milieu de la tourmente, jusqu’à lever son regard vers un spectacle surréaliste : prise d’assaut par une nuée d’hélicoptères, une araignée grosse comme King Kong est juchée au sommet d’un building. Voilà une entrée en matière pour le moins efficace. Un flash-back nous ramène quelques heures en arrière. Piqué par une araignée lors d’une de ses interventions, l’exterminateur Alex Mathis (Grunberg) part se faire soigner à l’hôpital. Or dans les sous-sols du bâtiment, un sac mortuaire s’ouvre pour libérer une énorme araignée qui agresse un médecin légiste puis quelques patients avant de prendre la fuite. Aussitôt, le major Braxton Tanner (Ray Wise), le lieutenant Karly Brant (Clare Kramer) et un contingent militaire prennent possession des lieux pour gérer la crise. Ce monstre est né d’une expérience visant au départ à utiliser de l’ADN extra-terrestre pour faire croître les fruits et légumes et régler le problème de la famine dans le monde. Malheureusement, une petite araignée se promenait par-là, et la voilà désormais lâchée dans la nature, grandissant à vue d’œil… Alex décide de faire équipe avec l’agent de sécurité de l’hôpital José Ramos (Lombardo Boyar) pour tenter d’arrêter la créature…

Une araignée culottée

Comme à l’époque des shockers des années 80 qui ne se prenaient pas au sérieux mais soignaient tout particulièrement leurs séquences horrifiques (on pense notamment au Blob de Chuck Russell), Big Ass Spider nous offre quelques passages d’épouvante très efficace lorsque le monstre, alors gros comme un chat, rampe dans les conduits de l’hôpital en menaçant les malades alités. Des moments gore furtifs ponctuent par ailleurs le film, comme ce visage qui se décompose en accéléré lorsque la bête lui crache son venin, ces cadavres desséchés et grimaçants dans les cocons visqueux ou ces nombreux corps transpercés par les pattes acérées. Lorsque l’araignée atteint la taille d’un bulldozer, les images de synthèse ont du mal à suivre, malgré l’audace de certaines séquences comme l’attaque dans le parc ou la poursuite de la voiture des héros. Les travers des micro-productions estampillés SyFy apparaissent ainsi à mi-parcours, même si le monstre au stade final de sa mutation s’avère franchement impressionnant. Après avoir un peu bataillé pour conserver le titre Big Ass Spider (les distributeurs auraient préféré Mega Spider, moins « culotté » à leur goût), Mike Mendez boucle son film avec un budget minuscule, sollicitant même ses amis Facebook pour jouer la foule, les moyens à sa disposition ne lui permettant pas de se payer des figurants ! Le film est projeté en festival, sort dans quelques salles et connaît sa véritable carrière à la télévision, où il remporte un succès mérité.

 

© Gilles Penso

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