L’HOMME INVISIBLE CONTRE LA MOUCHE HUMAINE (1957)

Face aux méfaits d’un tueur en série capable de se miniaturiser, un scientifique décide d’être le cobaye de son propre rayon invisibilisant…

TÔMEI NINGEN TO HAE OTOKO

 

1957 – JAPON

 

Réalisé par Mitsuo Murayama

 

Avec Ryûji Shinagawa, Yoshirô Kitahara, Junko Kanô, Ikuko Môri, Jôji Tsurumi, Yoshihiro Hamaguchi, Shôzô Nanbu, Bonttarô Miake

 

THEMA HOMMES INVISIBLES I NAINS ET GÉANTS

Motivés par L’Homme invisible de James Whale et ses suites produites par le studio Universal, les réalisateurs japonais s’engouffrèrent dans cette brèche avec un certain succès à l’occasion de L’Homme invisible apparaît (produit par la compagnie Daei) et Le Vengeur invisible (produit par la Toho), deux longs-métrages ne présentant aucun lien narratif mais un sujet voisin. En 1957, les responsables de la Daei souhaitent exploiter une nouvelle fois le filon. Mais un homme invisible ne leur suffit pas. Ils se mettent donc en tête d’y adjoindre un autre personnage doté de pouvoirs hors du commun. Et – allez savoir pourquoi – les voilà qui jettent leur dévolu sur un homme-mouche ! Rien à voir pour autant avec l’infortuné héros de La Mouche noire qui allait crever l’écran l’année suivante face à la caméra de Kurt Neumann. Nous sommes ici plus proches d’une version psychopathe de Ant-Man ! Ne reculant devant aucune outrance, le scénariste Hajime Takaiwa (Le Secret du ninja, Histoire d’une prostituée, L’Embuscade) se lance dans l’écriture d’un récit riche en rebondissements où s’entremêlent une histoire de gangsters, une enquête policière, les crimes d’un tueur en série énigmatique et un argument de science-fiction hautement farfelu.

Tout commence dans un avion en vol. Alors qu’elle sert aux passagers des rafraîchissements, une hôtesse pousse soudain un hurlement : un cadavre gît au sol. La police est sur les dents. Cinq homicides du même acabit viennent en effet de se dérouler au Japon, sans aucune explication. À chaque fois, la victime est retrouvée au sol, le corps transpercé par une arme blanche, l’assassin demeurant quant à lui introuvable. D’autres meurtres mystérieux s’enchaînent inlassablement, avec un point commun étrange qui semble les lier : le bruit d’un bourdonnement de mouche. L’explication de cette énigme s’avère invraisemblable. Le tueur est en effet le cobaye d’une expérimentation qui lui permet, grâce à des fioles de produit chimique, de se miniaturiser et de voler comme un insecte pour s’approcher discrètement de ses victimes. Là, il reprend sa taille normale, les tue, puis redevient minuscule et s’envole au loin. Rien, du reste, ne justifie le bruit du bourdonnement, puisque le criminel vole comme Superman. Mais à ce stade, nous ne sommes plus à une aberration près. Face à cet assassin insaisissable, un scientifique qui menait des expériences sur l’invisibilité pour tester les radiations cosmiques (pourquoi pas ?) décide d’agir. Il se soumet donc lui-même à son invention pour partir traquer le meurtrier…

La tête flottante

Construit d’abord comme un film policier très terre-à-terre, L’Homme invisible contre la mouche humaine met en place progressivement ses éléments de science-fiction. Nous assistons donc d’abord à une démonstration du rayon d’invisibilité qui fait disparaître un verre, lequel redevient visible après s’être brisé. Mais toute crédibilité s’évapore lorsqu’un assistant du laboratoire devient lui-même le cobaye du rayon, échouant à devenir totalement invisible. Nous voici donc face au spectacle improbable d’une tête flottante qui mange une banane ! Les dernières parcelles de crédibilité s’évaporent face à « la mouche humaine » qui grandit ou rétrécit en accéléré, volète au-dessus des personnages en faisant bzzz, ou encore se promène sur le corps moite et à moitié nu d’une chanteuse de cabaret. Car à l’instar de L’Homme invisible apparaît et du Vengeur invisible, L’Homme invisible contre la mouche humaine contient son lot de numéros musicaux distrayants mais parfaitement gratuits. Face à une telle débauche d’excentricités, on aurait pu imaginer un long-métrage drôle et déluré, abordant toutes ses péripéties extravagantes au second degré. Or le film reste désespérément sérieux, comme s’il essayait de nous faire croire dur comme fer à cette histoire impensable, à ces personnages caricaturaux ou à ce climax parfaitement absurde !

 

© Gilles Penso

 

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