PUPPET MASTER : THE LITTLEST REICH (2018)

Une relecture originale de la célèbre saga créée par Charles Band, plus gore, drôle et impertinente que les épisodes précédents…

PUPPET MASTER : THE LITTLEST REICH

 

2018 – USA

 

Réalisé par Sonny Laguna et Tommy Wiklund

 

Avec Thomas Lennon, Jenny Pellicer, Nelson Franklin, Charlyne Yi, Michael Pare, Alex Beh, Matthias Hues, Skeeta Jenkins, Barbara Crampton, Udo Kier

 

THEMA JOUETS I SAGA PUPPET MASTER CHARLES BAND

Alors que Charles Band tournait le dernier opus en date de la saga la plus longue de sa carrière, Puppet Master : Axis Termination, un autre film consacré aux poupées tueuses entrait en production quasi-simultanément. Mais Puppet Master : The Littlest Reich est un cas à part, car il ne se rattache pas au reste de la franchise et s’apprécie comme un long-métrage autonome, une sorte de « reboot » déclinant plusieurs idées des films précédents pour les réaménager à sa sauce. Avec la bénédiction de Charles Band (dont l’appât du gain est légendaire), ce Puppet Master indépendant prend donc beaucoup de libertés avec le concept initial. Produit par la branche production du célèbre magazine Fangoria, le film est écrit par S. Craig Zahler (qui réalisa le perturbant Bone Tomahawk) et réalisé par les duettistes Sonny Laguna et Tommy Wiklund (Cabin of the Death, We Are Monsters). Le cahier des charges de cette œuvre insolite est assez clair : s’affirmer comme l’épisode le plus drôle, le plus gore et le plus impertinent de toute la saga, quitte à balayer du revers de la main plusieurs tabous et à bousculer l’image du professeur André Toulon, personnage central de la franchise. Car si le maître des poupées luttait jusqu’alors farouchement contre les nazis (tout particulièrement dans Puppet Master III), il a ici prêté allégeance aux SS avec qui il partage les mêmes idéologies. C’est ce que nous raconte un générique dessiné monté sur une musique étrangement mélancolique de Fabio Frizzi. Nous sommes donc dans une sorte de monde alternatif où Toulon serait un vil suppôt d’Hitler à la tête d’une redoutable armée miniature.

Après un pré-générique situé en 1989 (l’année de sortie du premier Puppet Master) qui nous permet de découvrir un sinistre André Toulon au visage partiellement brûlé qu’incarne le vétéran Udo Kier (Chair pour Frankenstein, Du sang pour Dracula), l’histoire se déplace trente ans plus tard. Nous faisons alors connaissance avec Edgar Easton, un personnage auquel nous n’avons aucun mal à nous attacher grâce à son interprète Thomas Lennon, tout en justesse et en humour pince-sans-rire. Vendeur dans un magasin de comic books, récemment divorcé, dessinateur de bandes dessinées à ses heures, Edgar retourne momentanément vivre chez ses parents et tombe dans les bras de son amie d’enfance Ashley Sommers (Jenny Pellicer). En fouillant dans un carton ayant appartenu à son défunt frère, il trouve une poupée bizarre. Le visage blafard, l’uniforme sombre, le chapeau à larges bords, un couteau dans une main, un crochet dans l’autre, les connaisseurs n’ont pas de mal à reconnaître le fameux Blade relooké sous un aspect plus squelettique. En cherchant l’objet sur Google, Edgar apprend qu’il fait partie d’une collection d’objets rares ayant appartenu au sinistre marionnettiste Toulon. Or une vente aux enchères dédiée à ce genre d’artefacts est organisée dans un hôtel tout proche. Il s’y rend donc avec Ashley et avec son patron et ami Markowitz (Nelson Franklin). Le massacre est alors sur le point de commencer…

Des jouets qui font Führer

Si les poupées tueuses assassinent soudain tout ce qui passe à leur portée, elles visent en priorité ce qui peut heurter les idéologies nazies, autrement dit les homosexuels, les gitans, les afro-américains et bien sûr les juifs. Cette idée scénaristique sert de prétexte à une cohorte de blagues de mauvais goût où le gore se taille la part du lion : visages brûlés vif, corps perforés, décapitations sanglantes, étripages, égorgements, énucléations, tête écrasée, bras arraché, c’est un véritable festival ! De la nudité, de l’humour bête et méchant (la scène des toilettes, l’enfant qui s’accroche derrière le barman, le saut dans la poubelle) et de la provocation (la séquence de la femme enceinte) complètent le cocktail d’un film auquel on pourrait reprocher des élans transgressifs un peu trop calculés et autosatisfaits pour sonner juste. Au-delà de Blade (qui existe ici dans deux versions différentes), plusieurs jouets familiers refont leur apparition (Torch, Pinhead, Tunneler) auxquels s’ajoute une galerie de nouveaux venus plus ou moins réussis : le robot volant Autogyro, l’armure roulante Mechanicker, la grenouille Amphibian, la sauterelle Grasshüpfer, le clown pompe à essence Mr Pumper ou encore l’impensable Führer Junior ! Côté casting, deux ex-stars du cinéma de genre des années 80 sont de la partie dans le rôle de policiers butés et autoritaires, Barbara Crampton (Re-Animator, From Beyond) et Michael Paré (Philadelphia Experiment, Moon 44). Après un climax totalement « bis », Puppet Master : The Littlest Reich s’achève sur une fin très ouverte qui laisse imaginer une suite possible.

 

© Gilles Penso


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