SCREAM 2 (1997)

Pendant l’avant-première d’un film d’horreur inspiré des faits sanglants survenus dans Scream, un tueur masqué recommence le massacre…

SCREAM 2

 

1997 – USA

 

Réalisé par Wes Craven

 

Avec Neve Campbell, David Arquette, Courteney Cox, Sarah Michelle Gellar, Jamie Kennedy, Jerry O’Connell, Liev Schreiber

 

THEMA TUEURS I SAGA SCREAM WES CRAVEN

Face au triomphe de Scream, le réalisateur Wes Craven, le scénariste Kevin Williamson et les productrices Kathy Konrad et Marianne Maddalena ont foncé la tête la première vers un Scream 2, à peine six mois après la sortie du premier opus ! Dès les premières minutes, nous apprenons que le drame survenu à Woodsboro a fait l’objet d’un film d’horreur baptisé « Stab ». Le discours postmoderne entamé dans le premier Scream prend du coup une dimension supplémentaire. Les personnages ne se contentent pas d’être familiers avec les codes du cinéma d’horreur. Désormais, ils ont la possibilité d’aller voir au cinéma un long-métrage inspiré des faits survenus dans le film précédent ! Un certain vertige s’installe, d’autant que la première scène de Scream 2 se déroule dans une salle de cinéma et que les spectateurs en folie portent les costumes issus du merchandising de « Stab » (donc de Scream). Et tandis que nous redécouvrons la fameuse intro jadis incarnée par Drew Barrymore et désormais jouée par une autre actrice, un vrai tueur se cache parmi tous les spectateurs habillés en ghostface. Le massacre recommence alors, prélude d’une nouvelle série de meurtres autour de l’étudiante Sidney (Neve Campbell) et de ses amis, du moins ceux qui ont survécu à Scream.

L’entame de Scream 2 est prometteuse, poussant la mise en abîme dans ses retranchements. Le reste du métrage n’est hélas pas aussi novateur, développant un inévitable effet de déjà-vu. Parfaitement conscients de cet écueil, Kevin Williamson et Wes Craven décident de pousser plus loin la lecture au second degré de l’intrigue. De fait, de nombreuses répliques du film tournent désormais autour de l’intérêt des séquelles cinématographiques. « Par définition, la suite est un genre mineur », « Les films d’horreur se sont sabordés avec les suites », ou encore « Bien de suites ont dépassé l’original » peut-on entendre de la bouche des étudiants de cinéma. Et de citer Aliens, Terminator 2, Le Parrain 2, L’Empire contre-attaque ou même House 2. Les dialogues poussent le vice jusqu’à énumérer les recettes d’une bonne suite de film d’horreur, autrement dit plus de cadavres et plus de sang. Cette approche donne au spectateur la sensation d’être complice de la narration et occulte à ses yeux le fait qu’il regarde un film d’épouvante à la facture somme toute très classique. Car le principe est toujours le même : se démarquer à peine des Halloween, Vendredi 13 et autres Bal de l’horreur en désamorçant immédiatement le lieu commun par le mécanisme d’autodérision.

Les visions de Cassandre

Wes Craven n’a rien perdu de son savoir-faire et parvient à concocter quelques moments de peur très efficace, notamment lorsque deux des personnages principaux sont coincés dans une voiture accidentée, avec le tueur inconscient derrière le volant, et s’efforcent de s’échapper sans le réveiller… Mais le comportement de ce psycho-killer est souvent trop absurde pour convaincre. Il passe en effet la grande majorité du film à observer ses futures victimes sur le campus, ce qui nécessite une certaine discrétion. Pourtant, chaque fois qu’il surgit pour tuer quelqu’un, c’est dans sa panoplie complète, sans que personne ne s’en aperçoive ! Aux côtés de Neve Campbell, on retrouve avec plaisir David Arquette et Courtney Cox (qui s’amuse à cligner de l’œil vers ses complices de Friends à travers des allusions à David Schwimmer et Jennifer Aniston). Nous apercevons également le vénérable David Warner dans le rôle d’un professeur de théâtre. Car Craven, soucieux d’élever le débat à travers des références culturelles inattendues, convoque le mythe de Cassandre – héroïne maudite qui prévoit les meurtres et les massacres – via une représentation théâtrale qui tourne au cauchemar. Dommage que la révélation finale, pas crédible du tout et exprimée artificiellement par de longs dialogues explicatifs, fasse définitivement retomber le soufflé de cette suite facultative.

 

© Gilles Penso


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