THE MUNSTERS (2022)

Rob Zombie s’essaie à la comédie pour la première fois de sa carrière en revisitant une série culte des années soixante…

THE MUNSTERS

 

2022 – USA

 

Réalisé par Rob Zombie

 

Avec Jeff Daniel Phillips, Sheri Moon Zombie, Daniel Roebuck, Richard Brake, Sylvester McCoy, Jorge Garcia, Catherine Schell, Cassandra Peterson

 

THEMA VAMPIRES I FRANKENSTEIN I ZOMBIES I MOMIES I LOUPS-GAROUS I SORCELLERIE ET MAGIE I ROBOTS

Rob Zombie a toujours été un grand fan des Monstres, série culte des années 60 parodiant allègrement les créatures gothiques du répertoire classique (Frankenstein et Dracula en tête) en se positionnant sur le même registre que La Famille Addams, l’une étant diffusée sur CBS, l’autre sur ABC. Cette passion pour la tribu des Munsters – variante loufoque des crossovers orchestrés par Erle C. Kenton dans La Maison de Frankenstein et La Maison de Dracula – transparaît dans le premier long-métrage de Zombie, La Maison des 1000 morts, qui doit autant à Massacre à la tronçonneuse qu’aux Universal Monsters. C’est d’ailleurs à l’époque de ce film, au début des années 2000, que le musicien devenu réalisateur commence à réfléchir à une nouvelle version des Monstres. Voir ce cinéaste porté sur le gore, la violence hardcore et les ambiances malsaines se laisser tenter par un spectacle familial et burlesque peut sembler de prime abord totalement improbable, mais après tout pourquoi pas ? En déplaçant le curseur de l’horreur vers la comédie tout en conservant son penchant pour l’épouvante old-school, Zombie réalise ainsi le tout premier film de sa carrière qui ne soit pas classé R (interdit aux mineurs non accompagnés d’un adulte). Il démarre son tournage en novembre 2021, à Budapest, et se lance dans une « prequel » du célèbre show télévisé.

C’est donc l’idylle naissante de Lily et Herman Munster que le film nous raconte. La première, incarnée par l’incontournable égérie/épouse du réalisateur, Sheri Moon Zombie, est une ghoule gothique dont la garde-robe semble empruntée à un film de Tim Burton. Languide, elle erre dans le grand château familial en compagnie de son père vampire (Daniel Roebuck) et de leur domestique Igor (Sylvester McCoy). En quête du grand amour, Lily découvre l’existence d’une créature qui fait soudain palpiter son cœur : Herman Munster (Jeff Daniel Philips), sosie du monstre de Frankenstein né des folles expériences du professeur Henry Augustus Wolfgang (Richard Brake) assisté du maladroit Floop (Jorge Garcia) ayant par erreur remplacé le cerveau d’un grand savant initialement prévu par celui d’un humoriste minable. Entre Herman et Lily commence une romance euphorique, au grand dam du patriarche qui regarde ce futur gendre rustre et lourdaud d’un très mauvais œil…

Train fantôme

Très généreux, The Munsters nous offre une jolie galerie de monstres à l’ancienne : vampires à la Max Schreck ou à la Bela Lugosi, momies, zombies, loup-garou, sorcières, robot échappé d’un serial, homme-poisson écailleux… Les clins d’œil frontaux aux Universal Monsters abondent (des extraits de Deux nigauds contre docteur Jekyll et de L’Étrange créature du lac noir passent à la télé, une photo de Boris Karloff dans La Momie repose sur un guéridon), bref nous sommes de toute évidence en présence d’un hommage énamouré et sincère. Mais pour que le film fonctionne, Zombie se devait de construire une véritable histoire avec des enjeux dramatiques dignes de ce nom, au lieu de se contenter d’une succession de sketches très modérément drôles. Le jeu outrancier des acteurs (grimaces excessives, pantomimes pataudes, dialogues déclamés comme « Au théâtre ce soir ») et la musique éléphantesque (qui se lance dans des « pouet pouet » de circonstance pour indiquer les passages drôles) n’arrangent rien. D’autant que les décors – certes très graphiques et très joliment éclairés – semblent empruntés à ceux d’un train fantôme de fête foraine. Autrement dit, The Munsters ressemble plus à un show télévisé d’Halloween qu’à un véritable film. Il est difficile de ne pas se laisser gagner par un élan de nostalgie en repensant aux merveilles que fit Mel Brooks dans Frankenstein Junior dont le cahier des charges était finalement assez similaire. Au jeu de la comparaison, ce bon vieux Rob Zombie ne fait évidemment pas le poids. Les effets cartoon (gros plans des acteurs incrustés sur des motifs dessinés, façon Creepshow) et les guest stars (Cassandra « Elvira » Peterson en agent immobilier, Dee Wallace en voix off de l’émission « Good Morning Transylvania ») n’y changent pas grand-chose : The Munsters est poussif, preuve que la comédie n’est vraiment pas le point fort de Zombie, à moins qu’elle soit cynique, cruelle et tachée de sang.

 

© Gilles Penso


Partagez cet article