THE BABYSITTER: KILLER QUEEN (2020)

McG donne une suite au slasher parodique qu’il avait conçu pour Netflix en basculant cette fois-ci dans le surnaturel…

THE BABYSITTER: KILLER QUEEN

 

2020 – USA

 

Réalisé par McG

 

Avec Judah Lewis, Emily Alyn Lind, Jenna Ortega, Robbie Amell, Andrew Bachelor, Hana Mae Lee, Bella Thorne, Samara Weaving, Ken Marino

 

THEMA TUEURS I DIABLE ET DÉMONS

Face à la vacuité un tantinet suffisante de The Babysitter, que McG avait écrit et réalisé pour Netflix, personne ne s’attendait à un chef d’œuvre en apprenant la mise en chantier d’une suite. Et effectivement, de ce point de vue, le réalisateur de Charlie et ses drôles de dames et Terminator Renaissance ne nous trompe pas sur la marchandise. Les ingrédients sont les mêmes. La finesse, l’intelligence et la rigueur ne sont donc pas au rendez-vous, loin s’en faut. L’intrigue se situe deux ans après les événements décrits dans le premier Babysitter. Judah Lewis reprend le rôle du jeune Cole et nous semble beaucoup plus âgé que ce que le scénario veut nous faire croire (car en réalité cinq ans séparent les tournages des deux films). En première année de lycée, il passe pour un adolescent sérieusement perturbé ayant inventé de toutes pièces cette histoire de secte satanique dirigée par son ancienne baby-sitter. Personne ne croit à son témoignage, à l’exception de sa meilleure amie Melanie (Emily Alyn Lind), une blonde pétillante avec laquelle il aimerait bien approfondir sa relation au-delà de la simple amitié. Le reste du monde, y compris ses parents, est persuadé qu’il a été victime d’une crise psychotique. Lorsque Cole accepte de fuguer avec Melanie pour festoyer au bord d’un grand lac en compagnie d’un petit groupe d’amis, la situation ne tarde pas à dégénérer. Les vieux démons sont en effet de retour…

Refusant toute nuance, McG force sans cesse le trait. Cole est donc devenu l’archétype du lycéen coincé, avec ses cheveux bien peignés, son costume en velours côtelé, sa timidité maladive et sa maladresse digne d’un Pierre Richard. Nouvelle venue dans l’aventure, la lycéenne ténébreuse Phoebe est incarnée par Jenna Ortega, future chouchou des ados gothiques (Scream 2022, X, la série Mercredi). Ici aussi, pas de demi-mesure : la jeune fille est rebelle, boudeuse, injurieuse, marginale… et tout de noir vêtue bien sûr. Quelques idées de mise en scène intéressantes surnagent, notamment les séquences de discussions entre Judah et Melanie devant l’école où tout le monde – à part eux deux – bouge au ralenti, comme si le temps se figeait. Mais l’humour de The Babysitter Killer Queen, moteur principal du film, est la plupart du temps pesant, graveleux, pour ne pas dire embarrassant. Les rebondissements eux-mêmes sont parfaitement improbables, le traitement systématique de toute l’intrigue au second degré semblant servir d’excuse à McG pour aborder son scénario et ses personnages par-dessus la jambe.

Low Faust

Comme s’ils se croyaient dans un énième Scream, le réalisateur et ses co-scénaristes (Dan Lagana, Brad Morris et Jimmy Warden) jugent bon de gorger les dialogues de clins d’œil cinématographiques, de Terminator 2 à Délivrance en passant par Star Trek, Alien, Matrix, Thelma & Louise, Pee Wee’s Big Adventure, Le Silence des agneaux, Indiana Jones, Black Panther ou Will Hunting. C’est bien sympathique mais sans grand intérêt. L’intrigue globale s’inspirant vaguement du mythe de Faust, le script n’en finit plus d’insister et d’expliquer la référence, comme si le public était trop stupide pour comprendre du premier coup. Il y a bien ça et là quelques débordements gore cartoonesques amusants, mais leur traitement majoritairement digital les prive de tout charme « à l’ancienne », loin des délires sanguinolents d’un Braindead. Les effets numériques sont d’ailleurs globalement ratés, pas beaucoup plus élaborés que ceux d’un mockbuster de The Asylum. Voilà pour le bilan, globalement peu enthousiasmant. Si l’on accepte de jouer le jeu de la simili-parodie sans queue ni tête, on peut certes passer un bon moment, mais à condition de revoir considérablement à la baisse ses exigences en termes d’horreur et de comédie.

 

© Gilles Penso


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