

Désespéré de voir vieillir les « scream queens » qu’il adore, un homme solitaire décide de les décapiter et de transformer leurs têtes en trophées !
TROPHY HEADS
2014 – USA
Réalisé par Charles Band
Avec Adam Roberts, Maria Olsen, Brinke Stevens, Darcy DeMoss, Jacqueline Lovell, Linnea Quigley, Michelle Bauer, Denice Duff, Irena Murphy, Stuart Gordon
THEMA TUEURS I CINÉMA ET TÉLÉVISION I SAGA CHARLES BAND
Pour s’adapter au développement de plus en plus important de plateformes de streaming partout dans le monde, le producteur/réalisateur Charles Band, patron de Full Moon Entertainment, décide de prendre le train en marche. Puisqu’il faut désormais en passer par là, il crée son propre service de streaming en 2013 et commence à l’alimenter avec les films de son catalogue, des compilations d’extraits de ses titres les plus connus et des programmes originaux. La prochaine étape s’impose d’elle-même : la création d’une web série. C’est une publicité improbable dans un magazine (vantant la possibilité d’acheter des fausses têtes de femmes grandeur nature pour les exposer chez soi comme des trophées !) qui lui donne l’idée première de ce qui s’apprête à devenir Trophy Heads. Fidèle collaborateur de Full Moon, Roger Barron (alias Neal Marshall Stevens) écrit en deux semaines à peine les cinq épisodes de vingt minutes de cette première série. En proposant à plusieurs « scream queens » de jouer leur propre rôle (Brinke Stevens, Darcy DeMoss, Jacqueline Lovell, Linnea Quigley, Michelle Bauer et Denice Duff), Trophy Heads propose une réflexion drôle et désenchantée sur le caractère éphémère des stars hollywoodienne, surtout celles qui brillent dans les films d’horreur de série B. Après sa diffusion, la série sera remontée sous forme d’un long-métrage autonome et peut désormais s’apprécier sous ce format.


Au cours du prologue, l’actrice Darcy DeMoss (que les amateurs du genre ont pu voir dans Jason le mort-vivant, Return to Horror High ou Zombie Academy) est poursuivie en pleine nuit par un tueur déguisé en extra-terrestre qui la décapite brutalement d’un coup de faucille. Voilà une entrée en matière diablement efficace ! Trophy Heads s’intéresse à Max (Adam Noble Roberts), un homme oisif qui vit seul avec sa mère et se repasse en boucle des VHS de séries B qu’il adore (de préférence celles de Full Moon, bien sûr). Désabusé, il se rend compte que ses films préférés vieillissent, tout comme leurs stars. Son seul souhait est de les préserver pour toujours. Pour y parvenir, il décide de recréer les scènes de mort de ces starlettes dans leurs films les plus fameux, de leur couper la tête et d’en faire des trophées pour son sous-sol. Avec l’aide de sa mère (Maria Olsen, qu’on retrouvera en psychopathe dans I Spit on Your Grave : déjà vu), il met son plan à exécution…
Tête à tête
Gingerdead Man 2 jouait déjà fortement la carte de la mise en abyme et de l’autodérision, mais sur un ton ouvertement burlesque et parodique. Si l’humour noir et les gags visuels ne sont pas absents de Trophy Heads, l’hommage se veut ici plus sincère. Entrant pleinement dans le jeu, nos « stars » écornent volontairement leur image. Ici, Brinke Stevens (Sideshow) est devenue masseuse spécialisée dans la chiropractie, Linnea Quigley (Le Retour des morts-vivants) fait du porte-à-porte pour diffuser la parole de Dieu, Michelle Bauer (Hollywood Chainsaw Hookers) vend des jus de fruit et des photos dédicacées sur la plage… L’un des moments humoristiques les plus réussis du film oppose Jacqueline Lowell (Hideous) et Denice Duff (Subspecies) qui jugent non sans mépris leurs carrières respectives. Charles Band accepte lui-même de passer à la moulinette, ses films étant résumés le temps d’une réplique à « du sang, des seins et des petits monstres ». Dans le même esprit, le connaisseur s’amusera de cette séquence de casting dans laquelle tout le monde joue son propre rôle. Stuart Gordon incarne donc le réalisateur d’un film qui s’appelle Re-Possessed et pour lequel postulent plusieurs actrices, parmi lesquelles Robin Sydney (Gingerdead Man), Amy Paffrath (Evil Bong 2) et Jessica Morris (Les Geôles du diable). À travers les reconstitutions des scènes clés de plusieurs de ses films fétiches avec les moyens du bord (Alien Abduction, Slave Girls, Creepozoids, Sorority Babes, Subspecies 2, Le Cerveau de la famille), notre fanboy psychopathe se lance presque dans une version trash de Soyez sympa rembobinez. Ce n’est pas l’un des moindres atouts de ce film bourré de clins d’œil, sur lequel plane aussi l’ombre de Psychose et Maniac lorsque les victimes décapitées et empaillées commencent à tourmenter le jeune homme en s’adressant directement à lui. Bref, voilà une « traversée du miroir » certes modeste mais très recommandable.
© Gilles Penso
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