VERONICA 2030 (1999)

Après un court-circuit, une femme robot conçue par des scientifiques du futur se retrouve propulsée à la fin des années 90 en plein Hollywood…

VERONICA 2030

 

1999 – USA

 

Réalisé par Gary Graver

 

Avec Julia Ann, Joseph Roth, Everett Rodd, Stephanee LaFleur, E.R. Wolf, Nikki Fritz, Sandy Wasko, Wendy Davidson, Kurt Sinclair, Steve Curtis, Johnny Styles

 

THEMA ROBOTS I VOYAGES DANS LE TEMPS I SAGA CHARLES BAND

Avec à son actif plus de 140 films en tant que réalisateur, Gary Graver s’est taillé l’image d’une véritable icône de la série B. Après avoir fait ses débuts dans des films érotiques à petit budget, il devient directeur de la photographie spécialisé dans le fantastique (The Mighty Gorga, Dracula contre Frankenstein, La Foreuse sanglante, Cérémonie mortelle,  Dinosaur Island), puis retourne en fin de carrière vers les modestes longs métrages « pour adultes ». Le voilà donc à la tête de Veronica 2030, son avant-dernière réalisation. « Je suis très heureux que nos chemins se soient croisés plus d’une fois et que nos noms aient été associés à ces films amusants et sans importance, conçus pour être regardés tard le soir en grignotant du pop-corn et en buvant des bières » (1), raconte le scénariste C. Courtney Joyner, qui utilise ici l’un de ses pseudonymes habituels : Earl Kenton (clin d’œil à l’homme qui réalisa la première version de L’Île du docteur Moreau). Féru de références, il donne à plusieurs personnages des noms empruntés au film d’animation Mad Monster Party de Jules Bass. L’héroïne robotique, elle, est d’abord baptisée Veronique, à l’initiative du producteur Pat Siciliano, mais elle portera finalement le prénom de Veronica pour une raison toute bête : une des actrices s’avère incapable de prononcer « Veronique ». Après le tournage d’une interminable série de prises où l’on entend « Veroniquiou », le changement de nom s’impose.

En 2030, après trois années de recherches acharnées, le Dr Felix Flankton (E.R. Wolf) et sa collègue Maxine (Stephanee LaFleur) s’apprêtent à présenter au monde leur chef-d’œuvre : Veronica (Julia Ann), un androïde conçu pour assouvir les désirs les plus intimes. Mais l’intervention maladroite de leur assistant Chambers (Steve Curtis), qui a succombé à son charme, provoque une surchauffe imprévue. En un éclair, Veronica disparaît, happée dans une décharge d’énergie, et se retrouve projetée dans le passé. Nous voilà alors dans le Los Angeles de la fin des années 90 (Le Chinese Grauman’s Theater d’Hollywood Boulevard affiche L’Arme fatale 4, ce qui nous donne un repère temporel). Désorientée, Veronica trouve refuge dans un studio photo et, grâce à sa plastique irréprochable, se glisse parmi les mannequins de lingerie. Très vite, elle attire l’attention d’Harry Horner (Joseph Roth), patron en perte de vitesse d’une maison spécialisée dans le fétichisme. Voyant en elle une chance de relancer son entreprise, il la propulse nouvelle égérie de sa marque. Mais cette ascension fulgurante ne passe pas inaperçue. Camilla (Nikki Fritz), rivale acharnée et reine autoproclamée du « bondage glamour », entend bien s’approprier cette blonde venue de nulle part.

Taille mannequin

Veronica 2030 a le bon goût de ne jamais vraiment se prendre au sérieux, et même si ses régulières séquences érotiques sont traitées au premier degré, le reste du métrage assume le caractère absurde de son intrigue et s’autorise quelques « privates jokes ». D’où la présence, sur le bureau du personnage masculin principal, d’une série de jouets à l’effigie des poupées de la saga Puppet Master. Si Veronica 2030 s’appuie sur un argument de science-fiction pur et dur, cet aspect du film s’évapore rapidement. De fait, l’androïde qui découvre la vie clinquante des mannequins de lingerie pourrait tout aussi bien être une provinciale candide ou une étrangère fraîchement débarquée, sans que l’histoire en soit bouleversée. Nous revoyons certes de temps en temps nos deux scientifiques, à la recherche de leur robot perdu, tandis que celle-ci s’interroge naïvement sur les mœurs humaines, mais le film n’en tire pas particulièrement parti. Nous avons tout de même droit en fin de métrage à une séquence au cours de laquelle les deux savants décident de voyager dans le temps à leur tour pour retrouver leur création. À l’instar d’Arnold Schwarzenegger dans Terminator, ils doivent alors se débarrasser de tous leurs vêtements. Un prétexte parfait pour dénuder à nouveau les acteurs. Ce qui aurait pu être une variation intéressante sur le mythe de la machine intelligente en quête de sensations humaine se contente finalement d’une suite de saynètes aguicheuses, mais conserve suffisamment d’ironie pour se distinguer du tout-venant de la production érotico-fantastique des années 2000.

 

(1) Extrait d’une interview publiée dans The Schlock Pit en décembre 2020

 

© Gilles Penso

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