

Un bong extra-terrestre atterrit sur Terre et commence à capturer tous ceux qui ont le malheur d’aspirer sa fumée…
EVIL BONG 3 : THE WRATH OF BONG / EVIL BONG 3 : REEFER MADNESS
2011 – USA
Réalisé par Charles Band
Avec John Patrick Jordan, Brian Lloyd, Mitch Eakins, Peter Stickles, Sonny Carl Davis, Jacob Witkin, Robin Sydney, Christina DeRosa, Amy Paffrath
THEMA DIABLE ET DÉMONS I EXTRA-TERRESTRES I SAGA EVIL BONG I CHARLES BAND
Le scénario d’Evil Bong 3 est né d’un malentendu. Patrick Klepek, critique de jeux vidéo, a proposé l’intrigue du film après avoir mal interprété les règles d’un concours en ligne organisé autour du troisième volet de la saga. Pensant qu’il fallait soumettre une histoire complète plutôt qu’un simple titre, il envoie un pitch détaillé. Surprise : son idée séduit Charles Band et son équipe, qui décident d’utiliser non seulement son titre (The Wrath of Bong, clin d’œil à Star Trek 2) mais aussi son histoire originale, celle d’un bong extraterrestre maléfique qui s’écrase sur Terre. L’objet venu d’ailleurs est recueilli par un type patibulaire (Irwin Keyes) qui vient d’enterrer sa femme. Le personnage d’Allistair McDowell, intello à lunettes récurrent de la série, change une nouvelle fois de visage. Après David Weidoff et Brent Chukerman, c’est Peter Stickles qui hérite du rôle. Employé de l’institut spatial, il se rend sur le lieu du crash pour l’étudier, bientôt rejoint par son ancien colocataire Larnell (John Patrick Jordan), habillé désormais comme un émule de Karaté Kid. Bientôt, tous deux découvrent que le bong venu de l’espace cherche à dominer le monde. Pour atteindre ses ambitions hégémoniques, l’engin grimaçant capture les humains et les transporte dans un monde parallèle où ils sont la proie de tentatrices extraterrestres à moitié nues qui les traient comme des vaches pour extraire leur semence ! Leur seul espoir de s’échapper et de sauver la planète Terre : retrouver Eebee, le bong maléfique original.


Les effets spéciaux de ce troisième Evil Bong sont signés Tom Devlin, fidèle artisan du bis (Poultrygeist, Zombies of Mass Destruction, Mega Piranha). « J’ai reçu un appel de Charlie Band, qui ne m’avait toujours pas payé pour Killjoy 3, sur lequel j’avais travaillé un an plus tôt », raconte-t-il. « Je ne sais pas pourquoi il m’a contacté, je crois qu’il n’avait plus personne d’autre sous la main. Jeff Farley (à l’œuvre sur les deux précédents Evil Bong) avait sans doute décliné. » Malgré ce passif, Devlin accepte avec enthousiasme : « J’adore Full Moon et j’ai toujours voulu faire partie de cette famille. Je ne lui ai jamais tenu rigueur de ne pas m’avoir payé intégralement, parce qu’en échange, j’ai eu droit à un voyage gratuit en Chine – ce qui était plutôt cool. » Déterminé à offrir quelque chose de marquant pour ce troisième volet, Devlin s’applique tout particulièrement sur les bouches des bongs. Il conçoit un système radiocommandé pour Eebee et le Bong Alien, leur permettant enfin de bouger les lèvres en synchronisation avec leurs répliques. Une avancée par rapport aux précédents films, où l’animation des bouches se faisait par câbles. « J’ai travaillé chaque mot, chaque syllabe, mais le montage final ne rend pas justice à mes efforts », déplore-t-il. (1) Si les effets spéciaux physiques se sont améliorés, on ne peut pas en dire autant des trucages numériques, toujours aussi fauchés et tape-à-l’œil. Cette esthétique cheap est certes en accord avec la tonalité du film, mais on peut regretter que le travail en ce domaine ne soit pas plus soigné. Pour être honnête, c’est le film tout entier qui sent le bâclage à plein nez.
Rencontres du troisième spliff
Car à trop vouloir prolonger une formule déjà épuisée, Evil Bong 3 finit par s’étouffer dans ses propres volutes de fumée. Le film multiplie les tunnels de dialogues inutiles – pas spécialement drôles – et peine à retrouver la fraîcheur absurde du premier volet. Si une tentative d’autodérision surnage – les personnages se moquant eux-mêmes du bong spatial, qualifié d’accessoire de cinéma bon marché -, elle ne suffit pas à masquer la paresse du scénario. Charles Band profite tout de même du film pour renouer avec une vieille passion : la 3D. Nostalgique du relief récréatif qu’il avait jadis expérimenté dans Parasite et Metalstorm, il profite du « 3 » du titre pour lui coller un « D », comme à l’époque de Amityville 3D et Jaws 3D. Par chance, le directeur de la photographie Terrance Ryker vient alors de travailler sur un autre projet en 3D doté d’un budget plus confortable, ce qui lui permet de louer du matériel adapté. Le film est donc miraculeusement tourné en 8 jours avec un système stéréoscopique modeste mais efficace. Mais Evil Bong 3 ne sera exploité en relief que lors de sa brève sortie en salles en 2011, à l’occasion de laquelle le public aura même droit à des cartes à gratter inspirées des films en odorama de John Waters. Si le générique de fin nous promet un Evil Bong vs. The Killa Crack Pipe, cet épisode imaginaire ne verra jamais le jour. L’opus suivant sera en effet un crossover avec la « saga » Gingerdead Man.
(1) Propos extraits du livre « It Came From the Video Aisle ! » (2017)
© Gilles Penso
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