

Cette aventure délicieusement kitsch met en vedette un super-vilain campé par Jack Palance et annonce la future vogue de l’heroic-fantasy au cinéma…
HAWK THE SLAYER
1980 – GB
Réalisé par Terry Marcel
Avec John Terry, Jack Palance, Bernard Bresslaw, Ray Charleson, Peter O’Farrell, William Morgan Sheppard, Patricia Quinn, Cheryl Campbell, Catriona MacColl
THEMA HEROIC FANTASY
Réalisateur de deuxième équipe et assistant réalisateur pour Richard Fleischer (L’Étrangleur de Rillington Place, Terreur aveugle), Sam Pekinpah (Les Chiens de paille) ou Ridley Scott (Les Duellistes), Terry Marcel est un technicien solide qui, à force d’œuvrer à l’ombre de tels géants, ambitionne de diriger son propre film. Il démarre donc sa modeste carrière de metteur en scène avec les comédies Why Not Stay for Breakfast ? (avec George Chakiris) et There Goes the Bride (avec Martin Balsam), puis décide de changer de registre. En se découvrant des goûts communs avec le producteur Harry Robertson, Marcel élabore avec lui un récit d’heroic-fantasy sous la double influence des écrits de J.R.R. Tolkien et du succès récent de La Guerre des étoiles. Les deux hommes ont du flair, dans la mesure où le genre s’apprête à devenir extrêmement populaire grâce au futur succès de Conan le barbare. Hawk the Slayer fait donc un peu office de pionnier en la matière. D’ailleurs, les distributeurs français ne s’y trompent pas, puisqu’ils le rebaptisent Voltan le barbare pour sa sortie en vidéo (après une unique présentation en salles au cours du Festival du Film Fantastique de Paris), histoire de cligner de l’œil sans la moindre subtilité vers le classique de John Milius.


Nous sommes dans une sorte de moyen-âge fantaisiste. Ce bon vieux Jack Palance incarne Voltan, un seigneur maléfique au visage à moitié défiguré qui s’introduit dans le château familial et exige de son père la clé d’un ancien pouvoir magique : la « dernière pierre mentale elfique ». Devant le refus de ce dernier, Voltan l’assassine. Futur Felix Leiter de Tuer n’est pas jouer et lieutenant Lockhart de Full Metal Jacket, John Terry incarne Hawk, le frère de Voltan, qui arrive trop tard sur le lieu du crime. Avant de mourir, leur père transmet à Hawk une épée au pommeau en forme de main. En s’unissant à la pierre elfique, elle se transforme en arme redoutable capable d’obéir aux ordres mentaux de son porteur. Hawk jure alors de venger la mort de son père en tuant Voltan. Or celui-ci étend sa domination un peu partout, massacrant à tour de bras tous ceux qui lui résistent. En pénétrant dans un couvent, il kidnappe l’abbesse et exige contre sa libération une forte rançon en or. Hawk en profite pour préparer sa revanche, en s’adjoignant les services d’un guerrier manchot, d’un géant, d’un nain et d’un elfe…
Saturday Hawk Fever
La musique outrageusement disco composée par le producteur Harry Robertson (dont le mixage d’instruments symphoniques, pop et électroniques préfigure ce que feront Andrew Powell et Alan Parsons sur Ladyhawke), la photographie saturée et ouatée, les effets spéciaux joyeusement kitsch, les bruitages au synthétiseur et les décors noyés de fumigènes (parfois prolongés par de jolis matte paintings) accusent immédiatement l’époque du film, tout en le parant du même coup d’une patine savoureuse. Voltan le barbare est ouvertement un film du début des années 80, dont il collecte les effets de style les plus marqués. Les duels, eux, sont filmés comme dans un western spaghetti, tandis que le thème musical à la flûte qui accompagne pas à pas notre héros semble vouloir faire écho à la bande originale du Bon, la brute et le truand. Anachronique en diable, le film de Terry Marcel assume pleinement son caractère fantastique en mettant en scène un magicien maléfique encapuchonné qui vit dans un décor écarlate et lance des rayons laser avec un cristal ensorcelé, une sorcière qui prédit l’avenir et téléporte les gens, et même un étrange troll difforme qui rampe dans une forêt brumeuse (il s’agit en réalité d’une marionnette de bébé monstrueux « empruntée » au film Une fille pour le diable). Si John Terry est un héros relativement insipide, Jack Palance en fait des tonnes dans le rôle du grand méchant, Catrionna MacColl (Frayeurs, L’Au-delà) joue la fiancée diaphane de Hawk dans une série de flash-backs cotonneux et Patrick Magee (Orange mécanique) apparaît furtivement en chef d’une secte mystique. Pas follement palpitant mais raisonnablement distrayant, Hawk the Slayer n’attirera guère les foules. Sa fin très ouverte restera donc sans suite, malgré le Hawk the Destroyer que Terry Marcel prévoyait dans la foulée.
© Gilles Penso
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