HYSTERICAL (1982)

Dans cette parodie bancale et mal-fichue, le fantôme d’un gardien de phare surgit cent ans après sa mort pour transformer ceux qu’il croise en zombies…

HYSTERICAL

 

1982 – USA

 

Réalisé par Chris Bearde

 

Avec Richard Kiel, Bill Hudson, Mark Hudson, Brett Hudson, Cindy Pickett, Julie Newmar, Robert Donner, Murray Hamilton, Clint Walker, Franklyn Ajaye, Bud Cort

 

THEMA FANTÔMES I ZOMBIES

Au début des années 1980, alors que le cinéma parodique bat son plein dans le sillage du succès de Y a-t-il un pilote dans l’avion ?, trois frères musiciens et comédiens – Mark, Brett et Bill Hudson, alias les Hudson Brothers – décident de se lancer dans leur propre pastiche cinématographique. Originaires de Portland et stars d’une série télé pour enfants dans les années 70 (The Hudson Brothers Razzle Dazzle Show), ils mêlent depuis toujours humour burlesque, pop culture et autodérision. Le trio veut désormais parodier le cinéma d’horreur gothique dans un long métrage où fantômes, zombies et savants fous se télescoperaient sur un tempo infernal. Pour mettre en scène ce joyeux chaos, ils font appel à Chris Bearde, scénariste de renom ayant œuvré sur Rowan & Martin’s Laugh-In et co-créé The Gong Show. Bearde, habitué au rythme frénétique des émissions de variétés et au nonsense télévisuel, partage leurs goûts. Mais le passage du petit au grand écran ne se fait pas sans heurt. Malgré un casting de seconds rôles solides – Richard Kiel (L’Espion qui m’aimait), Julie Newmar (Batman), Charlie Callas (Peter et Elliot) -, le film passe relativement inaperçu à sa sortie en 1983, éclipsé par les comédies plus structurées de l’époque (comme Y’a-t-il enfin un pilote dans l’avion ?, sorti la même année). Il devient pourtant culte auprès des amateurs de nanars assumés et de comédie slapstick déjantée, culte alimenté par la relative difficulté pour pouvoir revisionner cette pellicule tombée aux oubliettes.

Le 31 octobre 1882, à Cape Hellview, dans l’Oregon, le capitaine Howdy (Richard Kiel), gardien de phare adultère, succombe en même temps que son épouse et que sa maîtresse Venetia (Julie Newmar) après une crise de jalousie spectaculaire aux répercussions catastrophiques. Un siècle plus tard, à New York, Frederic Lansing (Bill Hudson), auréolé par le succès de son livre polisson Bouche à bouche, rêve d’une reconnaissance littéraire plus prestigieuse. Pour s’isoler et chercher l’inspiration, l’écrivain décide de faire ses bagages et de partir dans l’Oregon où il prend comme nom de plume Casper Brown. Sur place, il fait la rencontre de la charmante Kate (Cindy Pickett) et s’installe dans le phare maudit. Mais les vieilles légendes s’apprêtent à refaire leur apparition. Stimulé par la présence du bel écrivain, le fantôme de Venetia décide de se servir de lui comme hôte pour l’esprit de son défunt amant. Le spectre de Howdy réapparaît bientôt et commence à tuer les habitants de la bourgade, qui se muent aussitôt en zombies blafards. Deux scientifiques maladroits (Mark et Brett Hudson) sont alors appelés à la rescousse pour aider à résoudre cette affaire.

Fantômes en fête

L’intention d’Hysterical est louable et la volonté de bien faire transparaît derrière ce scénario abracadabrant, mais aucun gag ne fait vraiment mouche. Poussifs, mal amenés, tellement insistants que tout effet comique s’évapore aussitôt, ils nous embarrassent plus qu’ils ne nous amusent. Les voix off censément humoristiques (qui traduisent les pensées des personnages) tombent elles aussi à plat, à cause d’un tempo mal géré et d’une écriture franchement pataude. Les traducteurs français en rajoutent, à grands coups de jeux de mots approximatifs et de contrepèteries : « Quelle braguette magique a réveillé la belle au phare dormant ? », ou encore « Je suis le speaker qui ne se laisse pas brouiller l’écoute ! ». En roue libre, les adaptateurs prennent même des initiatives bizarres, comme le remplacement de la phrase récurrente que répètent tous les zombies du film (« what difference does it make ? », autrement dit « qu’est-ce que ça peut bien faire ? ») par un incompréhensible « à la limite, je t’emmerde ». Les nombreux clins d’œil cinéphiliques du film sont insérés « au forceps » dans le récit, du chauffeur de taxi punk hystérique échappé de Taxi Driver au capitaine qui émerge des eaux aux accents d’une musique imitant celle des Dents de la mer (avec même la convocation de Murray Hamilton dans le rôle du maire de la bourgade), en passant par deux émules d’Indiana Jones qui rivalisent de bêtises et de maladresses, Dracula qui sort de son tombeau et se transforme en chauve-souris, l’écrivain qui se prend pour le Jack Nicholson de Shining ou la séance de possession façon L’Exorciste. Tout ça ne vole pas très haut, malgré quelques idées audacieuses (la grande séquence de comédie musicale dans la fête foraine qui annonce le Thriller de Michael Jackson avec quelques mois d’avance), ce qui explique l’oubli dans lequel est tombé cet anecdotique Hysterical.

 

© Gilles Penso

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