GHOST TOWN (1988)

À la recherche d’une jeune femme disparue, un policier se retrouve dans une ville de western peuplée par des fantômes…

GHOST TOWN

 

1988 – USA

 

Réalisé par Richard McCarthy

 

Avec Franc Luz, Catherine Hickland, Jimmie F. Skaggs, Penelope Windust, Bruce Glover, Zitto Kazann, Blake Conway, Laura Schaefer, Michael Alldredge

 

THEMA FANTÔMES I SAGA CHARLES BAND

Ghost Town est l’un des nombreux films qui furent victimes de l’effondrement de la compagnie de production Empire Pictures. Projet ambitieux et prometteur, ce western fantastique devait au départ être produit par Ron Underwood (Tremors), réalisé par David Schmoeller (Tourist Trap) et co-écrit par Duke Sandefur (auteur de quelques épisodes de La Petite maison dans la prairie et Mike Hammer). Mais pendant les préparatifs, la production s’enraye et la réalisation change de main. Jeff Burr (Massacre à la tronçonneuse 3) est envisagé, avant que finalement un certain Richard Governor ne prenne les rênes. Derrière ce pseudonyme se cache le réalisateur australien Richard McCarthy, grand spécialiste des spots publicitaires luxueux qui passe ici pour la première fois au format long et juge bon de revoir entièrement le scénario, quitte à improviser de nombreuses choses pendant le tournage. Ces conditions de travail, déjà hasardeuses, se gâtent lorsque le producteur Charles Band décide de sortir le film le plus vite possible avant la faillite de sa société, quitte à ce que le montage et la post-production soient inachevés. C’est cette version non finalisée qui sera projetée dans quelques salles de cinéma puis commercialisée en VHS. Quant à la bande originale de Harvey R. Cohen, elle sera presqu’entièrement remplacée par des morceaux empruntés à d’autres productions Empire.

Alors qu’elle traverse en voiture le désert de l’Arizona, Kate (Catherine Hickland, l’héroïne de Robowar) est engloutie par une tempête de sable et disparaît sans laisser de trace. Langley (Franc Luz, vu dans Voyage au bout de l’horreur), l’adjoint du shérif, découvre bientôt sa voiture accidentée, juste avant d’être pris pour cible par un mystérieux cavalier surgi de nulle part. Sa voiture explose, le laissant seul au milieu du désert. Errant à la recherche de Kate, il atteint Cruz del Diablo, une ville fantôme figée dans le temps, peuplée d’ombres et de squelettes poussiéreux. Très vite, Langley comprend qu’il a franchi les frontières du monde des vivants : les rues résonnent encore des cris des habitants massacrés par le hors-la-loi Devlin (Jimmie F. Skaggs, dealer de drogue dans L’Arme fatale) et sa bande. Selon la légende, leurs âmes maudites ne trouveront le repos que lorsqu’un homme de loi affrontera et vaincra Devlin, le même démon qui, jadis, crucifia le shérif Harper (Blake Conway, l’un des flics de Jason va en enfer) sur les ailes d’un moulin avant de l’enterrer vivant. Langley va donc devoir reprendre le duel là où l’ancien shérif l’avait arrêté…

Evil West

Dès les premières minutes, Ghost Town installe un climat inquiétant digne de Stephen King. Une route déserte, des corbeaux tournoyant dans le ciel, une tempête de sable mystérieuse… Voilà qui semble annoncer les atmosphère agoraphobes du Fléau ou de Désolation. La mise en scène joue alors habilement à faire apparaître et disparaître furtivement les visions macabres bizarres (un squelette pendu à un arbre, un spectre à cheval). Mais ces effets de style s’atténuent peu à peu pour céder la place à un registre plus horrifique et presque pulp, à la E.C. Comics, lorsqu’apparaît le cadavre décomposé de l’ancien shérif, surgissant de sa tombe pour remettre son étoile au héros. On pense aussi à Evil Dead, quand Langley, reclus momentanément dans une vieille bâtisse isolée, le fusil sur les genoux, tente de faire face aux phénomènes surnaturels qui l’assaillent. Mais là aussi, le film change de cap, témoin de son indécision quant à la bonne tonalité à adopter. Richard McCarthy pratique d’ailleurs le grand écart entre une violence plutôt crue (la mise à mort du shérif, les victimes de Devlin) et des péripéties beaucoup plus récréatives façon « Lucky Luke chez les fantômes ». De fait, malgré sa très belle photographie, ses effets spéciaux efficaces et la plastique des décors naturels d’Arizona, Ghost Town nous laisse sur notre faim, à l’image de ce climax qui oscille bizarrement entre l’épure et le Grand-Guignol. Sans doute échaudé par les problèmes innombrables rencontrés pendant la production, McCarthy ne transformera pas l’essai. Ce sera son seul long-métrage.

 

© Gilles Penso

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