AUSTIN POWERS : L’ESPION QUI M’A TIREE (1999)

Un deuxième épisode encore plus délirant que son prédécesseur, dont l'une des meilleures idées est sans conteste l'invention du personnage de « Mini Me »

AUSTIN POWERS, THE SPY WHO SHAGGED ME

1999 – USA

Réalisé par Jay Roach

Avec Mike Myers, Heather Graham, Seth Green, Michael York, Robert Wagner, Rob Lowe, Verne Troyer

THEMA ESPIONNAGE ET SCIENCE-FICTION I SAGA AUSTIN POWERS

Une fois n’est pas coutume, Austin Powers l’espion qui m’a tirée (amis de la subtilité bonsoir !) est plus réussi encore que l’épisode précédent. Les petites pertes de rythme et les quelques gags un peu mous du premier Austin Powers ont complètement disparu, et la folie semble avoir gagné les scénaristes, à la grande joie d’un public qui en redemande. Ici, le docteur Denfer utilise une machine à remonter le temps pour se transporter en 1969 afin de dérober l’arme secrète d’Austin Powers, son « mojo » (autrement dit son fluide sexuel). L’agent secret britannique s’empresse de rejoindre son ennemi de toujours dans les années 60 afin de l’affronter et de recouvrer son intégrité, avec l’aide de la délicieuse espionne Felicity Shagwell. Denfer envisage pour sa part d’installer sur la Lune un canon gigantesque, auquel il aimerait donner le nom d’« Etoile Noire » ou d’« Alan Parson’s Project » !

James Bond contre Dr No, On ne vit que deux fois, Cosmos 1999, Moonraker, Au cœur du temps, L’Empire contre-attaque, Retour vers le futur, tout passe à la moulinette parodique de Mike Myers et Jay Roach, qui s’érigent là en dignes successeurs du trio Zucker-Abrahams-Zucker. Plus que jamais, Myers effectue un véritable grand écart humoristique entre le rire gras des Frères Farelli (Mary à tout prix et consorts) et le flegme britannique de Peter Sellers, qui adorait lui-même multiplier les métamorphoses, comme le prouve notamment son triple personnage de Docteur Folamour. Ainsi, le comédien s’octroie-t-il ici trois rôles antithétiques : Austin Powers, bien sûr, le docteur Denfer, toujours, mais aussi l’immonde Gras Double, un Ecossais obèse dont le maquillage étonnant (qui nécessitait pas moins de sept heures de pose) est l’œuvre de rien moins que Stan Winston (Jurassic Park).

Austin Powers dans la Lune !

Autres trouvailles du casting : choisir Rob Lowe pour interpréter Robert Wagner jeune, et demander au nain cascadeur Verne Troyer de jouer une version miniature du docteur Denfer, le fameux Mini Me entré depuis dans la légende. Myers semble là se référer à L’Île du docteur Moreau de John Frankenheimer, dans lequel Marlon Brando conversait avec un confident miniature au cours de longues séquences involontairement drôles. Quant à la « Austin Power’s Girl » de cette séquelle, il ne s’agit plus d’Elizabeth Hurley, mise au rencard en quelques minutes à l’occasion d’un prologue robotique expéditif, mais d’Heather Graham, qu’on avait connue bien moins extravertie dans la série Twin Peaks. L’hommage aux 007 d’antan passe par la mise en scène de décors grandioses, notamment les deux repaires des méchants, l’un dans le cratère d’un volcan, l’autre à la surface de la Lune ! Le compositeur George S. Clinton, de son côté, poursuit ses clins d’œils aux partitions flamboyantes de John Barry, reprenant quasiment des passages entiers de la mythique bande originale d’On ne vit que deux fois. Face à l’immense succès de cette séquelle, qui remporta plus en un seul week-end que le film précédent au cours de sa carrière cinématographique complète, il était clair que la série n’allait pas s’en tenir là…

 

© Gilles Penso

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