LEVIATHAN (1989)

La mode étant aux fonds marins à la fin des années 80, George Pan Cosmatos tente une variante aquatique d'Alien

LEVIATHAN

1989 – USA

Réalisé par George Pan Cosmatos

Avec Peter Weller, Richard Crenna, Amanda Pays, Daniel Stern, Ernie Hudson, Michael Carmine 

THEMA MONSTRES MARINS

Voilà un film bien huilé, rondement mené, qui s’acquitte proprement des conventions sans ajouter quoi que ce soit de fondamental au genre qu’il explore. C’est d’autant plus flagrant que ce Leviathan recopie ouvertement et quasi littéralement l’incontournable Alien, pourtant suffisamment encombré de plagiats et de suites depuis la fin des années 70. Les deux scénaristes ne sont pourtant pas nés de la dernière pluie, puisqu’il s’agit de David Webb Peoples (Blade Runner et Ladyhawke tout de même) et Jeb Stuart (48 heures et Piège de Cristal, ça n’est pas rien !). Ici, nos deux hommes se contentent paresseusement de déplacer sous l’eau le récit du classique de Ridley Scott, les fonds marins ayant subitement attiré les cinéastes du genre en cette belle année 1989, comme le prouvent notamment Abyss de James Cameron et M.A.L. de Sean Cunningham.

Nous sommes au large de la Floride. Une station de forage sous-marine (substitut du vaisseau Nostromo de Ridley Scott), installée par trois mille cinq cents mètres de fond, abrite une équipe d’ouvriers chargés d’extraire un précieux minerai. Bientôt, ils mettent à jour l’épave d’un navire scientifique russe (équivalent du vaisseau fantôme d’Alien) qui gît dans les abysses depuis la guerre froide et porte le nom de « Leviathan ». Dans la Bible, ce mot sert à désigner un gigantesque serpent de mer dont Gustave Doré tira une magnifique gravure, mais est également l’un des nombreux noms attribués à Satan. Le terme s’avère ici prophétique, dans la mesure où l’épave abrite une immonde créature métamorphe, fruit d’une expérience ratée, qui s’éveille et commence à semer la terreur parmi les mineurs. 

Des abominations héritées de Lovecraft

A partir de là, d’autres influences viennent se greffer au scénario, notamment The Thing de John Carpenter et La Mouche de David Cronenberg. Car les deux premiers ouvriers à découvrir la substance à l’origine de tous les maux connaissent une rapide dégénérescence cellulaire avant que leurs deux corps ne fusionnent tout bonnement. Dès lors, les cadavres vont tranquillement s’enchaîner, chacun se mélangeant ou se divisant pour donner naissance à autant de créatures innommables empruntant leur morphologie à diverses créatures marines et s’inspirant partiellement des abominations décrites par H.P. Lovecraft. Conçus par Stan Winston, ces monstres surprenants sont les principales attractions du film, surgissant régulièrement pour relancer l’action et éclaboussant de temps à autre l’écran de quelques effets gore efficaces (avec notamment une espèce de sangsue qui vide ses victimes de leurs entrailles). Pour le reste, Leviathan laisse froid et ne marquera guère durablement les mémoires. Et ce malgré le savoir-faire du réalisateur George Pan Cosmatos (Rambo 2), la belle photographie du vétéran Alex Thomson (Legend) et la présence en tête d’affiche de quelques trognes savoureuses comme Peter Weller (Robocop), Ernie Hudson (S.O.S. Fantômes) ou encore Richard Crenna (la trilogie Rambo). Quant au designer Ron Cobb et au compositeur Jerry Goldsmith, la production leur a prudemment demandé de réitérer le travail qu’ils avaient effectué sur Alien.

 

© Gilles Penso

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