BAD CHANNELS (1992)

Une créature extra-terrestre et son robot pénètrent dans une station de radio et kidnappent plusieurs Terriennes qu’ils miniaturisent…

BAD CHANNELS

 

1992 – USA

 

Réalisé par Ted Nicolaou

 

Avec Paul Hipp, Martha Quinn, Aaron Lustig, Ian Patrick Williams, Charlie Spradling, Robert Factor, Roumel Reaux, Rodney Ueno, Daryl Strauss

 

THEMA EXTRA-TERRESTRES I ROBOTS I NAINS ET GÉANTS I SAGA CHARLES BAND

Bad Channels est un film au concept particulièrement bizarre dont le producteur Charles Band confie le scénario à Jackson Barr après lui avoir montré le poster (car la méthode habituelle de Band est de faire dessiner un poster d’abord et de trouver l’histoire ensuite). « Une fois de plus, nous étions dans une situation où il fallait écrire le film à partir d’une affiche », raconte le scénariste. « Le concept de l’animateur radio qui s’enferme lui-même vient de moi. Les personnes miniaturisées dans les fioles étaient sur le poster, donc c’est une idée de Charles. J’ai alors pensé à une intervention extra-terrestre pour essayer de raccorder tout ça. J’essayais de faire au mieux pour me conformer à ce qu’on voyait sur le poster. » (1) Cette méthode de travail très peu orthodoxe explique l’aspect « patchwork » du film. Contacté pour réaliser Bad Channels, Ted Nicolaou montre d’abord quelques réticences, craignant de se retrouver dans une sorte d’imitation du Terrorvision qu’il réalisa pour Band en 1986. Mais l’aspect musical du film l’attire, notamment la possibilité de réaliser quelques faux vidéoclips et d’appuyer son montage sur une bande originale rock’n roll composée et interprétée par le groupe Blue Öyster Cult.

Paul Hipp interprète Dangerous Dan, un DJ qui ne recule devant aucun excès pour augmenter l’audience de la station de radio KDUL. Son dernier coup de pub ? S’enchaîner à une chaise et passer en boucle un disque de polka jusqu’à ce qu’un auditeur soit capable de trouver la combinaison susceptible de le libérer. Ce genre de « happening » n’est pas du goût de la journaliste Lisa Cummings (Martha Quinn), qui flaire là l’arnaque. Le patron de la station de radio, en revanche, se frotte les mains, même si les méthodes de ce DJ incontrôlable sont loin de le rassurer. Soudain, une créature extra-terrestre à la tête en forme de chou-fleur et un petit robot (qui semblent tous deux échappés d’un film de SF des années 50) font irruption dans la station, séquestrent Dan et son technicien Corky (Michael Huddleston), enduisent les lieux d’une substance verte végétale et kidnappent plusieurs auditrices qu’ils miniaturisent pour les faire entrer dans de petites fioles, une vision surréaliste qui nous rappelle irrésistiblement les homuncules du docteur Pretorius dans La Fiancée de Frankenstein.

Une opportunité manquée

Le caractère résolument insolite de Bad Channels emporte l’adhésion, en grande partie grâce au rythme enlevé du film, à son ton léger et au charisme de Paul Hipp (qui faisait la même année de petites apparitions dans L’Arme fatale 3 et Bad Lieutenant). L’idée la plus étrange du film est liée à la capture des terriennes. Celles-ci subissent momentanément des hallucinations qui leur donnent le sentiment de jouer dans des clips vidéo. Bad Channels est donc régulièrement ponctué par des morceaux de hard rock, de heavy metal et de rock psychédélique. Le principe est amusant, même si les chansons sont beaucoup trop longues et semblent faire office de remplissage. « Le film aurait pu être beaucoup plus réussi, mais il n’y avait clairement pas assez d’argent », déplore Jackson Barr. « Avec un budget un peu plus élevé, Ted Nicolaou aurait vraiment pu faire un film d’enfer. » (2) Ce manque cruel d’argent induit des situations répétitives et des décors limités qui finissent par engendrer un certain ennui. L’intérêt se renouvelle en fin de métrage avec l’apparition d’un monstre farfelu qui semble échappé de Beetlejuice ou de Evil Dead 2, une marionnette bricolée avec les moyens du bord par l’atelier Criswell Productions sous la supervision de Greg Aronowitz (accessoiriste et homme à tout faire sur des films comme Dark Angel, Demonic Toys, Critters 4 ou Forever Young). Passé inaperçu au moment de sa distribution vidéo, même auprès des amateurs des productions Charles Band, Bad Channels est considéré par beaucoup comme une opportunité manquée.

 

(1) et (2) Propos extraits du livre « It Came From the Video Aisle ! » (2017)

 

© Gilles Penso


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