OBI-WAN KENOBI (2022)

Ewan McGregor et Hayden Christensen croisent une fois de plus leurs sabres-laser dans cette série prometteuse mais décevante…

OBI-WAN KENOBI

 

2022 – USA

 

Créée par Hossein Amini et Joby Harold

 

Avec Ewan McGregor, Vivian Lyra Blair, Moses Ingram, Hayden Christensen, James Earl Jones, Rupert Friend, Sung Kang, Rya Kihlstedt, Jimmy Smits, Simone Kessell

 

THEMA SPACE OPERA I SAGA STAR WARS

Après deux séries consacrées à des seconds rôles placés sous le feu des projecteurs, The Mandalorian et Le Livre de Boba Fett, les prolongements télévisés de la saga Star Wars passent à la vitesse supérieure en s’intéressant cette fois-ci à un personnage de premier plan, en l’occurrence Obi-Wan Kenobi. Et pour mettre toutes les chances de son côté, Disney confie le rôle à Ewan McGregor, qui reprend donc la bure du chevalier Jedi qu’il incarnait dans La Menace fantôme et ses deux suites. L’événement est de taille, même si cette série TV est un plan B. Obi-Wan Kenobi aurait en effet dû être un long-métrage écrit par Hossein Amini et réalisé par Stephen Daldry (Billy Ellioy, The Hours, The Reader). Mais suite à l’échec commercial de Solo : A Star Wars Story, le projet passe du grand au petit écran. Amini reste attaché à la série en tant que scénariste et Daldry au poste de producteur consultant. Sans cesse repoussée à cause de scénarios visiblement peu satisfaisants (de l’avis de Kathleen Kennedy, qui demande de nombreuses réécritures), la série démarre plus tard que prévu, avec l’aide du co-scénariste Joby Harold. Quant à la mise en scène, elle est confiée à Deborah Chow, une habituée des séries TV qui signa quelques épisodes de Vampire Diaries, Iron Fist, Fear the Walking Dead, Jessica Jones, Better Call Saul, Le Maître du Haut Château, American Gods et The Mandalorian.

Alors que les deux séries précédentes se déroulaient dans la foulée des événements racontés dans Le Retour du Jedi, ceux d’Obi-Wan Kenobi se situent exactement à mi-chemin entre La Revanche des Sith et La Guerre des étoiles (donc entre l’épisode III et l’épisode IV pour ceux qui aiment les chiffres). Le show supervisé par Hossein Amini et Joby Harold a plus d’un atout en poche. Au-delà de la présence d’Ewan McGregor, Hayden Christensen revient incarner Anakin Skywalker, James Earl Jones prête à nouveau sa voix à Dark Vador et même John Williams, qui avait pourtant fait ses adieux à la saga, compose un thème pour Obi-Wan. Hélas, la déception n’en est que plus grande. Car McGregor semble traîner sans conviction sa silhouette de Jedi déchu, Christensen n’a pas grand-chose à défendre (son personnage de grand brûlé en armure ne lui laisse que peu de latitude de jeu), Earl Jones n’est là qu’à titre honorifique (ce sont des échantillons de sa voix déjà enregistrée qui sont prélevés dans la première trilogie pour recréer des dialogues) et le thème de Williams est réorchestré sans éclat par Natalie Holt qui compose par ailleurs une bande originale anonyme.

Kenobi contre Vador

Le fan déçu espère alors se rabattre sur les intrigues et sur leurs enjeux dramatiques. Mais ici aussi, rien ne va plus. Le fait même de mettre en scène des duels entre Obi-Wan et Dark Vador ôte tout son sens à la confrontation qu’ils auront plus tard dans La Guerre des étoiles. D’autant que les combats en question n’ont rien de bien palpitant, le premier se déroulant dans une sorte de terrain vague avec en arrière-plan des grues de chantier ! On aurait légitimement rêvé d’un décor plus iconique pour un tel affrontement (ce que laissaient espérer d’alléchants designs de pré-production hélas abandonnés pour des raisons budgétaires). Vador perd donc une grande partie de son panache, le grand Kenobi n’est plus qu’un homme usé auquel il est bien difficile de s’identifier et certaines séquences ne reculent devant aucune incohérence. La palme revient sans doute à cet épisode dans lequel Obi-Wan dissimule la princesse Leïa enfant sous son grand manteau et passe inaperçu au milieu des gardes impériaux… un passage qui n’aurait pas dépareillé dans un film des Monty Pythons ! Après cette tentative ratée, Disney relèvera le niveau avec la série suivante, Andor, confiée aux bons soins de Tony Gilroy.

 

© Gilles Penso


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