COCO (2017)

Un conte gorgé d’émotion qui s’appuie sur les traditions mexicaines pour nous emporter dans le monde des morts…

COCO

 

2017 – USA

 

Réalisé par Lee Unkrich et Adrian Molina

 

Avec les voix de Anthony Gonzalez, Gael Garcia Bernal, Benjamin Bratt, Alanna Ubach, Renee Victor, Jaime Camil, Alfonso Arau, Herbert Siguenza, Gabriel Iglesias

 

THEMA MORT I SAGA PIXAR

C’est Lee Unkrich, réalisateur de Toy Story 3, qui se voit confier la mise en scène de Coco, dont le développement aura été assez long. Son héros Miguel est un jeune Mexicain de douze ans qui n’a qu’un seul rêve dans la vie : devenir un musicien comme son idole Ernesto de la Cruz, mort sur scène et désormais adulé comme un demi-dieu. Le problème est que la famille de Miguel a banni la musique, à cause d’une vieille histoire remontant quelques générations en arrière. Mais le jeune mélomane refuse de tourner le dos à son destin. Le soir de la fête des morts, Miguel subtilise la guitare de Ernesto de la Cruz, en espérant qu’elle l’inspire et lui donne le même don. Mais les conséquences ne sont pas du tout celles qu’il attendait. Il disparaît du monde des vivants pour entrer dans celui des morts, un univers coloré et très animé qui n’est pas sans rappeler par son exubérance bigarrée l’au-delà décrit par Tim Burton dans Les Noces funèbres. Désormais, Miguel doit se faire passer pour un trépassé en espérant trouver le moyen de rentrer chez lui. Mais sa quête est semée d’embûches et de surprises, la moindre n’étant pas la rencontre avec le grand Ernesto.

Dans Coco, les squelettes qui hantent le monde des morts jouent un rôle prépondérant, s’agitant avec beaucoup plus d’élasticité et de souplesse que les guerriers d’outre-tombe conçus par Ray Harryhausen pour Le 7ème voyage de Sinbad et Jason et les Argonautes, même si ces derniers restent la référence absolue en matière de « sacs d’os » animés. Parmi les autres créatures qui hantent le monde des morts de Coco, les « Alebrijes » s’avèrent particulièrement étonnants. Ce sont des animaux aux couleurs très vives qui s’inspirent directement de la mythologie mexicaine. Non contents de doter le film d’une touche légendaire et colorée du plus bel effet, ces créatures volantes et hybrides jouent un rôle clé au moment de dénouer le drame qui se construit dans le monde de l’au-delà. La musique joue ici un rôle prépondérant, puisqu’il s’agit d’un des thèmes principaux du film. L’une des idées initiales est de confier l’intégralité de la bande originale à un compositeur mexicain. Mais après réflexion, on opte pour une solution mixte. Le très talentueux Michael Giacchino (Les Indestructibles, Ratatouille, Là-haut) supervise la musique et compose tous les morceaux originaux, tandis que de nombreuses chansons émaillent le film. Le co-réalisateur Adrian Molina s’associe à cet effet à la compositrice Germaine Franco pour écrire certaines les chansons du répertoire d’Ernesto de la Cruz. Pour l’anecdote, le chef d’orchestre du spectacle qu’Ernesto donne dans l’au-delà a été conçu comme une caricature de Michael Giacchino.

Le devoir de mémoire

Les films Pixar n’ont jamais été ouvertement politisés, mais cette déclaration d’amour pour la culture mexicaine est entrée en production pendant une période de tension forte entre le gouvernement de Donald Trump et celui de Peña Nieto, les deux pays étant sur le point d’être séparés par un mur de 1600 kilomètres de long. Or c’est un pont – donc le contraire d’un mur – qui sépare les deux mondes décrits dans Coco, celui des vivants (le présent) et celui des morts (le passé), tous deux se nourrissant sans cesse l’un de l’autre. Les vivants ont besoin du souvenir des morts pour connaître leurs racines, et les morts ont besoin d’exister dans la mémoire des vivants pour ne pas s’évaporer dans les limbes. D’où la nécessité de préserver cette tradition mexicaine selon laquelle les gens décédés doivent être honorés un jour par an en déposant des offrandes près de leur photographie. Coco parle donc de l’importance du devoir de mémoire, du poids de la famille, de la responsabilité, de la passion, de l’individualisme et du difficile équilibre qu’il faut savoir conserver entre le désir et le devoir. Si les anciens ont la responsabilité de transmettre leur histoire aux jeunes générations (un motif qu’on trouve déjà dans Cars 3), la jeunesse a la responsabilité de porter ce flambeau et de le transmettre à son tour. Il est difficile de ne pas se laisser toucher par le récit ni de verser une petite larme lors d’un final poignant. Immense succès à travers toute la planète, Coco remporte l’Oscar du meilleur long-métrage et de la meilleure chanson originale. Deux de plus dans la grande collection d’Academy Awards acquise au fil des ans par les artistes de Pixar.

 

© Gilles Penso


Partagez cet article