CATACOMBS (1988)

Venue visiter une vieille abbaye italienne, une enseignante américaine se heurte à une malédiction ancestrale sur le point de s’éveiller…

CATACOMBS

 

1988 – USA

 

Réalisé par David Schmoeller

 

Avec Timothy Van Patten, Laura Schaefer, Jeremy West, Vernon Dobtcheff, Feodor Chapliaplin, Ian Abercrombie, Mapi Galán

 

THEMA DIABLE ET DÉMONS I SAGA CHARLES BAND

Coécrit par R. Barker Price (transfuge de la série Arabesque) et par le réalisateur David Schmoeller (Tourist Trap), Catacombs est intégralement tourné en Italie : dix jours sur les plateaux de la société de production Empire, à Rome, et dix autres jours dans un monastère de Terni, au cœur de la région d’Ombrie. L’intrigue démarre en 1506 dans la vieille abbaye de San Pietro en Valle. Là, des moines gardent enchaîné un homme visiblement possédé par le démon. Les yeux révulsés, le sourire diabolique, ce dernier transforme les crucifix en serpent, inflige des blessures à distance et pousse des hurlements inhumains. Le prêtre qui tentait de l’exorciser a tout juste le temps de sceller la porte de sa geôle avant de se retrouver affublé d’une terrible griffure. La suite du film se déroule à notre époque. Le Frère Orsini, responsable des lieux, accueille une nouvelle venue, l’Américaine Elizabeth Magrino, enseignante d’art et d’histoire dans un établissement catholique. Cette arrivée est très mal vue par le fanatique frère Marinus, qui n’a que « Satan » à la bouche et semble nostalgique du bon vieux temps de l’inquisition. Bientôt, d’étranges phénomènes commencent à frapper les lieux, comme si la bête enfouie au fin fond des catacombes s’apprêtait à refaire surface…

Dès l’entame, la musique lyrique de Pino Donaggio déploie des psalmodies religieuses et des mélodies atonales dignes de la bande originale de La Malédiction de Jerry Goldsmith, avant de retrouver l’énergie dévastatrice de la partition qu’il écrivit pour Carrie lorsque le Mal prend corps et se déchaîne. Cette plus-value artistique, dont David Schmoeller avait déjà pu bénéficier à l’occasion de Tourist Trap et Fou à tuer, apporte beaucoup à l’atmosphère de Catacombs. Plastiquement, le film tire habilement parti de ses beaux extérieurs naturels italiens mais aussi de ses impressionnants décors souterrains qui, s’ils sentent la reconstitution en studio à plein nez, contribuent beaucoup à sa photogénie globale. L’ambiance de Catacombs est finalement beaucoup plus proche de celle d’un film européen que d’une série B d’épouvante américaine. La photographie signée par Sergio Salvati, collaborateur régulier de Lucio Fulci (L’Au-delà, Frayeurs) n’y est sans doute pas étrangère. Fulci, Argento ou Michele Soavi semblent d’ailleurs figurer parmi les sources d’inspiration du réalisateur.

Dans les limbes de l’oubli

Au détour de son intrigue purement fantastique, le film interroge la foi, la peur de la mort, les regrets d’abstinence chez les prêtres, bref creuse beaucoup plus profond qu’on aurait pu l’imaginer. Aux chocs visuels, Catacombs préfère les moments d’angoisse insidieux : des crânes qui semblent ricaner, une main griffue qui apparaît parmi les ossements ou cette scène surréaliste dans laquelle un Christ grandeur nature descend lentement de sa croix – un moment troublant ajouté par David Schmoeller dans l’histoire, malgré les protestations peu convaincues de la coscénariste R. Barker Price. Ceux qui s’attendent à un film d’horreur pur et dur seront donc déçus, d’autant que le réalisateur semble beaucoup moins s’intéresser aux scènes de meurtres et de possessions qu’aux tensions psychologiques entre les personnages. Mais n’est-ce pas justement par sa singularité et sa manière de contourner les attentes que le film est intéressant et se distingue du tout-venant ? En optant pour cet angle audacieux et en s’appuyant sur des acteurs solides et convaincants, Schmoeller prouve une fois de plus qu’il fut sans conteste l’un des plus talentueux réalisateurs ayant œuvré pour les productions Charles Band. Son film sera hélas sabordé par la faillite de la compagnie Empire. Trans World Entertainment, repreneur du catalogue, annoncera une sortie vidéo en 1989, fera même paraître des publicités dans la presse spécialisée… puis plus rien. Catacombs disparaît pendant des années dans les limbes, avant de ressurgir en 1993, retitré Curse IV: The Ultimate Sacrifice par Columbia-Tristar – un choix marketing absurde laissant imaginer qu’il s’agit d’une séquelle de La Malédiction céleste.

 

© Gilles Penso

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