

Panique à bord du train à grande vitesse Hikari 109 en direction de Hakata : s’il ralentit, une bombe le fera exploser et tuera ses 1500 passagers…
SHINKANSEN DAIBAKUHA / BULLET TRAIN
1975 – JAPON
Réalisé par Junya Satô
Avec Ken Takakura, Sonny Chiba, Kei Yamamoto, Eiji Gô, Akira Oda, Raita Ryû, Masayo Utsunomiya, Yumiko Fujita, Yumo Takigawa, Etsuko Shihomi, Ken Utsui
THEMA CATASTROPHES
Depuis le début des années 70, porté par les succès de Airport, La Tour infernale, L’Aventure du Poséidon ou Tremblement de terre, le cinéma catastrophe est à la mode aux Etats-Unis. Pour profiter de cette vogue, les studios japonais décident d’entrer dans la danse. La Toho n’y va pas par quatre chemins et se lance dans des désastres cataclysmiques à grande échelle tels que La Submersion du Japon ou Fin du Monde – Nostradamus an 2000. La compagnie concurrente Toei se lance à son tour, mais sous un angle différent, plus subtil et plus complexe. Ainsi naît Super Express 109. Le concept est développé par Junya Satô, réalisateur pour la Toei depuis le début des années 60, qui s’associe à l’occasion avec le scénariste Ryûnosuke Ono pour pondre un concept infaillible : un train à grande vitesse est contraint de ne jamais ralentir, sous peine d’exploser et de faire périr tous ses passagers. Habitué aux rôles de mafieux, star du Yakuza de Sydney Pollack aux côtés de Robert Mitchum, Ken Takakura entre dans la peau du poseur de bombes. Deux autres vétérans du cinéma nippon, Sonny Chiba (The Street Fighter) et Ken Utsui (L’Invincible Spaceman), incarnent respectivement le conducteur du train et le chef du centre de contrôle. L’œil attentif reconnaîtra aussi parmi les « insurgés » un tout jeune acteur, Akira Oda, qui n’est autre que le Ryu de la série San Ku Kaï.


Une bombe a été posée à bord du train express Hikari 109, au départ de Tokyo et en direction de Hakata. 1500 passagers se trouvent à bord. Si le train passe en dessous de la vitesse de 80 kilomètres/heure, il explosera. Pour prouver ses dires, le poseur de bombe a installé le même dispositif sur un train de fret, qui effectivement se désagrège dans une grande déflagration au moment où il ralentit son allure. Pour compliquer davantage les choses, un système de contrôle à distance sophistiqué est conçu pour faire freiner le Hiraki 109 automatiquement s’il va trop vite. Les autorités sont sur les dents et les passagers commencent à s’agiter, se doutant que quelque chose ne tourne pas rond. Lorsque le terroriste et ses complices fixent enfin leurs conditions, la tension monte d’un cran : ils réclament en effet cinq millions de dollars en petites coupures. L’affaire monte jusqu’au ministère des finances et au premier ministre. Le gouvernement va-t-il céder ?
Runaway Train
Regorgeant d’excellentes scènes de suspense, truffé d’effets spéciaux de haut niveau (maquettes, pyrotechnie, incrustations, transparences), Super Express 109 décrit en parallèle la panique qui s’installe à bord du train, les efforts de la police pour retrouver le coupable, les stratégies qu’échafaudent les autorités pour tenter de sauver les passagers et les manœuvres du poseur de bombes et de son équipe pour s’adapter à une situation qui ne cesse de changer. Les codes du film catastrophe et du film policier s’entremêlent donc étroitement. Soudain, à mi-parcours, le scénario entre dans l’esprit du terroriste pour nous faire découvrir ses motivations, ses sentiments et ses doutes. « Si on persiste, on va devenir des monstres », finit-il même par dire à un de ses complices, alors qu’il perd peu à peu le contrôle des événements. Ce n’est donc pas l’acte d’un être machiavélique mais plutôt celui d’un homme désespéré, ce que nous confirment des flash-backs disséminés entre deux rebondissements. Le film prend alors une dimension sociale inattendue (reflet des préoccupations bien réelles de la population japonaise de l’époque), la psychologie s’invite, le récit se complexifie et le manichéisme s’effrite. Tout en cultivant une tension qui ne cesse de croître jusqu’au point de non-rupture, Super Express 109 révèle ainsi des couches de profondeur inattendues. Exploité avec succès partout dans le monde (souvent dans des versions raccourcies), le film de Junya Satô aura une influence durable sur de nombreux cinéastes. Comment ne pas penser par exemple au Speed de Jan de Bont ou au Unstoppable de Tony Scott ?
© Gilles Penso
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