

Une adaptation à tout petit budget d’une nouvelle de Lovecraft avec Jeffrey Combs, Dean Stockwell et un monstre tentaculaire…
THE DUNWICH HORROR
2008 – USA
Réalisé par Leigh Scott
Avec Sarah LIeving, Griff Furst, Dean Stockwell, Jeffrey Combs, Natacha Itzel Badar, Leigh Scott, Lauren Michele, Lacey Minchew, M. Steven Felty
THEMA DIABLE ET DÉMONS
Leigh Scott est un des piliers de la compagnie Asylum, spécialisée dans les imitations à micro-budgets des blockbusters du moment. Parmi l’infinité de séries B ou Z que Scott a commises, citons les inénarrables Le Seigneur du monde perdu (effroyable crossover entre King Kong et Jurassic Park – Le Monde perdu), Les Ailes de la terreur (tentative de mixage impensable entre Les Oiseaux et 28 jours plus tard) ou encore Transmorphers (dont le titre est suffisamment éloquent). Le voir s’attaquer à une adaptation d’un des récits de H.P. Lovecraft n’avait donc rien de particulièrement rassurant. L’histoire en question, L’Abomination de Dunwich, avait déjà été très librement portée à l’écran en 1970 par Daniel Haller sous le titre Horreur à volonté. Dean Stockwell y tenait le rôle du mystérieux Wilbur Whateley. Or curieusement, Stockwell est également à l’affiche du Dunwich Horror de 2008 (rebaptisé chez nous Necronomicon : le livre de Satan). Cette fois-ci, il ne joue pas Whateley mais le docteur Henry Armitage, rôle que tenait Ed Begley dans la version de 1970. Convoquer le même acteur pour cette version plus récente semble procéder d’un geste cinéphilique adressé à une toute petite niche. D’autant que Whateley, lui, est ici joué par Jeffrey Combs, un habitué des adaptations de Lovecraft (Re-Animator, From Beyond, Pulse Pounders, La Peur qui rôde, Castle Freak, Necronomicon).


Même s’il est localisé en Louisiane et non en Nouvelle-Angleterre, le scénario est manifestement plus fidèle au texte original que la version précédente, reprenant même quelques phrases de la nouvelle en guise de voix off introductive. Mère célibataire de trente-cinq ans, Lavina accouche d’un petit garçon et d’un monstre – le bien-nommé Yog Sothoth – dans la maison Whateley. Dix ans plus tard, le Dr Henry Armitage et son assistante, le professeur Fay Morgan, découvrent que la page 751 de chaque exemplaire du livre maudit le Necronomicon a disparu et que la « Confrérie noire » s’apprête à ouvrir le portail de notre monde pour laisser entrer les démons et les anciens dieux. En désespoir de cause, Armitage et Morgan invitent le professeur Walter Rice, un homme sceptique et imbu de lui-même, à les aider à retrouver le livre, qu’il est capable de traduire grâce à ses connaissances linguistiques…
Poulpe friction
La scène d’exorcisme qui ouvre le film trahit d’emblée ses travers : des effets visuels bon marché, une musique synthétique à côté de la plaque, une mise en scène statique, une direction d’acteurs réduite à sa plus simple expression… De toute évidence, ce n’est pas ce Necronomicon : le livre de Satan qui saura rendre justice à L’Abomination de Dunwich. Dean Stockwell nous y apparaît vieilli et apathique, Jeffrey Combs joue les rednecks dégénérés sans beaucoup de subtilité et un certain Jeffrey Alan Pilars (inconnu au bataillon) entre dans la peau de l’improbable Olas, un homme mystérieux qui flotte dans les airs et vit depuis des siècles dans une sorte de harem au milieu des bayous avec des femmes orientales à moitié nues qui se trémoussent et fument de l’opium ! Leigh Scott semble malgré tout avoir fait ses devoirs, constellant son film d’allusions à différents textes de Lovecraft, mettant même brièvement en scène le personnage légendaire d’Abdul Halazred, en transe, qui remplit frénétiquement les pages du futur Necronomicon. Le film tente bien de nous montrer la créature difforme et tentaculaire qui menace les protagonistes en fin de métrage, mais les effets visuels ont beaucoup de mal à suivre et ne nous offrent qu’une sorte de poulpe en plastique avec un visage squelettique. Scott utilise donc tous les caches misères possibles, abusant par ailleurs d’effets de montage bizarres reprenant les artefacts des cassettes vidéo (accélérés, sautes d’images, etc.). Dommage que cette œuvrette soit si maladroite, car on la sent malgré tout pétrie de bonnes intentions. Les amateurs de l’écrivain de Providence n’y trouveront hélas pas leur compte.
© Gilles Penso
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