LE BUS EN FOLIE (1976)

180 passagers embarquent dans un bus futuriste à propulsion nucléaire dans ce film catastrophe parodique…

THE BIG BUS

 

1976 – USA

 

Réalisé par James Frawley

 

Avec Joseph Bologna, Stockard Channing, Ned Beatty, John Beck, José Ferrer, Larry Hagman, Sally Kellerman, Ruth Gordon, Lynn Redgrave, René Auberjonois

 

THEMA CATASTROPHES

Le texte d’introduction du Bus en folie nous donne très vite le ton : « Après les films sur les grands tremblements de terre, sur les grands naufrages de navires, sur les grands incendies de buildings, sur les grandes explosions de dirigeables allemands, voici maintenant un film sur le Grand Bus. » Le Bus en folie est donc une réponse parodique à la vogue du cinéma catastrophe amorcée à l’aube des années 70, Tremblement de terre, L’Aventure du Poséidon, La Tour infernale et L’Odyssée du Hindenburg en tête. Pour faire bonne mesure, le casting du film s’orne – comme chez ses modèles « sérieux » – de visages familiers du public américain : John Beck (Rollerball), René Auberjonois (M.A.S.H.), Ned Beatty (Délivrance), José Ferrer (Lawrence d’Arabie), Ruth Gordon (Rosemary’s Baby), Harold Gould (L’Arnaque), Richard Mulligan (Little Big Man), Richard B. Shull (Klute) et même Larry Hagman (le futur J.R. de la série Dallas). Tout ce beau monde s’agite autour d’une intrigue récréative – à défaut d’être très subtile – prétexte pour mettre en avant un autobus futuriste d’un nouveau genre : le Cyclope. Fer de lance de la compagnie Coyote Bus, cet engin à deux étages contient des salles à manger, un bar, des salons, une salle de bains, un terrain de bowling, une piscine et une série de gadgets avant-gardistes. Propulsé grâce à un réacteur nucléaire, le Cyclope est orné au-dessus de son pare-brise d’un gros hublot en forme d’œil, d’où son nom.

Alors que ce monstre sur roues s’apprête à inaugurer le premier voyage sans escale entre New York et Denver, avec à son bord une galerie de passagers hétéroclites, une bombe qui explose dans l’usine blesse grièvement le professeur Baxter (Harold Gould), le scientifique en charge du projet, ainsi que le chauffeur et son co-pilote. En désespoir de cause, Kitty Baxter (Stockard Channing), fille du professeur et conceptrice du Cyclope, doit solliciter son ancien amant Dan Torrance (Joseph Bologna), un chauffeur tombé dans la disgrâce après un accident de bus fatal au cours duquel il fut accusé d’avoir mangé tous les passagers pour survivre ! Torrance accepte de conduire le Cyclope, à condition de s’adjoindre les services d’un co-pilote neurasthénique surnommé Shoulders (John Beck). On se doute que le voyage ne sera pas de tout repos, d’autant que le maléfique « Ironman » (José Ferrer) complote pour saboter l’engin…

Y’a-t-il un pilote dans le bus ?

Le Bus en folie regorge de gags visuels absurdes dont l’inventivité est hélas souvent entravée par un tempo mal géré : la chambre d’hôpital bricolée sur le trottoir de l’usine, la bagarre dans un bar réservé aux chauffeurs de bus, la cacophonie des gens qui parlent aux pierres tombales, le grand méchant allongé dans son salon avec un gigantesque poumon d’acier… En revanche, il faut saluer l’audace des effets spéciaux et des cascades, notamment le pick-up qui s’incruste dans le flanc du Cyclope lancé à pleine vitesse, le bus qui se retrouve en équilibre au bord d’un précipice et bien sûr le climax vertigineux au-dessus du vide repris sur les posters du film. Conçu par le directeur artistique Joel Schiller (Le Lauréat, Rosemary’s Baby, Lenny), l’engin vedette est un monstre de 75 tonnes fabriqué sur la structure de deux camions recouverts d’une carrosserie en fibre de verre. C’est lui, la véritable star du long-métrage. Pour rappeler les grands classiques du cinéma catastrophe, David Shire (déjà à l’œuvre sur L’Odyssée du Hindenburg) compose une partition parfaitement calibrée, évoquant le grand spectacle, l’aventure et le suspense, avec quelques clins d’œil apparents à la bande originale de la saga Airport. Un extrait du « Zarathustra » de 2001 est en outre convoqué pour donner un maximum de puissance à la première apparition du Cyclope, émergeant de son hangar avec emphase. Malgré les moyens déployés, Le Bus en folie reste un film mineur, qu’on peut envisager comme le brouillon maladroit de l’ultime parodie du cinéma catastrophe, également produite par le studio Paramount : l’indétrônable Y’a-t-il un pilote dans l’avion ?

 

© Gilles Penso


Partagez cet article