SKULL HEADS (2009)

Une famille bizarre, qui vit recluse dans un château gothique italien, reçoit la visite de trois étrangers qui se heurtent bientôt à des « gardiens » surnaturels…

SKULL HEADS

 

2009 – USA

 

Réalisé par Charles Band

 

Avec Robin Sydney, Samantha Light, Steve Kramer, Rane Jameson, Kim Argetsinger, Lucia Stara, Antonio Covatta, Giacomo Gonnella

 

THEMA SORCELLERIE ET MAGIE I ZOMBIES I SAGA CHARLES BAND

Entre deux épisodes des franchises Gingerdead Man et Evil Bong, cultivant un humour décomplexé et une épouvante très inoffensive, l’hyperactif Charles Band se lance dans Skull Heads qui ambitionne visiblement, malgré des moyens très modestes, de renouer avec un certain gothisme à l’ancienne teinté de bizarrerie. Le scénario, signé Domonic Muir (sous le pseudonyme d’August White), convoque les figures classiques de la famille dégénérée repliée sur elle-même. Dans un château isolé du monde, les Arkoff vivent sous le joug d’un patriarche brutal, Carver (Steve Kramer), qui exerce sur sa fille Naomi (Robin Sydney), son demi-frère Peter (Giacomo Gonnella) et sa domestique Claudia (Lucia Stara) une autorité marquée par la violence psychologique et physique. Son épouse, Lisbeth (Samantha Light), reste généralement en retrait. Infantilisée, Naomi rêve de s’échapper, d’aller à l’université, de découvrir ce monde extérieur dont elle est tenue éloignée. Mais son désir de liberté se heurte à un huis clos rigide, ponctué de cruautés régulières. L’arrivée de trois étrangers – se présentant comme une équipe de tournage à la recherche d’un décor – fait monter la tension d’un cran. Mais quand ils révèlent leur véritable intention, voler les œuvres d’art du château, ils sont attaqués par les véritables gardiens du lieu : les « Skull Heads ».

Ces créatures miniatures, sortes de squelettes grotesques aux pouvoirs surnaturels (notamment celui de ressusciter les morts grâce à leurs yeux laser pour les transformer en zombies anthropophages), constituent l’élément fantastique le plus intéressant du film. Elles obéissent une fois de plus à l’obsession fascinante de Charles Band pour les petits monstres. Mais ces « Skull Heads » se contentent de faire de la figuration, ricanant dans les coins ou fumant des pétards ! Animés très sommairement, ces personnages mystérieux aux designs insolites (œuvre de Gage Munster) auraient mérité mieux que cette frustrante sous-exploitation. Le film bénéficie tout de même du décor très photogénique d’un véritable château italien, éclairé avec talent par Terrance Ryker (Ghost Poker, Evil Bong 2), ainsi que d’une bande originale soignée dont Richard Band signe le thème principal. Même si les restrictions budgétaires l’obligent à se contenter de sons synthétiques, le compositeur offre au film une musique dynamique et étrange dans l’esprit de ses travaux sur les franchises Re-Animator et Puppet Master.

Rien dans le crâne

Mais ces qualités esthétiques ne parviennent pas à masquer les faiblesses structurelles du film. Car honnêtement, il ne se passe pas grand-chose de palpitant dans Skull Heads, malgré la belle implication de Robin Sydney qui campe cette étonnante femme-enfant, partagée entre un comportement de fillette immature et le soudain éveil à la sensualité d’une jeune adulte en quête d’émancipation. S’il semble puiser partiellement son inspiration dans le Spider Baby de Jack Hill, le scénario tient surtout à rendre plusieurs hommages au cycle d’adaptations d’Edgar Poe par Roger Corman, notamment La Chambre des tortures. D’où la présence de cette cave gothique emplie d’appareils conçus pour les supplices, l’évocation des écrits de Poe et le détournement du nom de Samuel Z. Arkoff (co-fondateur de la compagnie A.I.P.). Hélas, Skull Heads ne mène nulle part, gâchant des idées intéressantes pour les diriger vers un cul de sac narratif désarmant. Dommage que Band préfère trop souvent la quantité à la qualité, tellement désireux d’ajouter des titres à son catalogue (et des produits dérivés à sa boutique) qu’il oublie de mener correctement à terme la grande majorité de ce qu’il produit ou réalise.

 

© Gilles Penso

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