DEMON IN THE BOTTLE (1996)

Pour son baptême de réalisateur, le roi des effets spéciaux Randall William Cook confronte quatre gamins curieux à d’inquiétantes créatures…

DEMON IN THE BOTTLE

 

1996 – USA

 

Réalisé par Randall William Cook

 

Avec Ashley Tesoro, Michael Malota, Rahi Azizi, Michael Dubrow, Michael Walters, Franklin A. Vallette, Randall William Cook, Lucian Cojocaru, Petre Constantin

 

THEMA DIABLE ET DÉMONS I MILLE ET UNE NUITS I SAGA CHARLES BAND

Parmi les nombreux films développés pour le jeune public par le producteur Charles Band, Demon in the Bottle occupe une place particulière. Il marque d’abord le baptême de réalisateur de Randall William Cook, maestro des effets spéciaux qui œuvra sur des films aussi variés que S.O.S. fantômes, The Thing, Vampire vous avez dit vampire ? ou The Gate. Habitué aux productions Charles Band (il participa aussi à Rayon laser, Le Jour de la fin des temps, Puppet Master 2 et Le Château du petit dragon), Cook se conforme aux restrictions budgétaires de mise sans pour autant réfréner ses ambitions. « C’est un film très peu onéreux qui a été tourné en trois semaines à peine, le temps qu’il nous avait fallu pour filmer la séquence du temple avec les chiens de la terreur dans S.O.S. fantômes », raconte-t-il. « Il n’est pas aussi spectaculaire que si nous avions bénéficié d’un “vrai” planning de tournage, mais j’ai tout de même essayé de l’agrémenter de créatures intéressantes. » (1) Très motivé, le réalisateur joue en outre trois rôles dans le film : un professeur d’histoire, un chef pirate et la voix d’un personnage mythique surnommé « Le Gardien ». L’autre particularité de Demon in the Bottle est qu’il fait l’objet d’un deal hypothétique avec le studio Disney, qui envisage à l’époque de le diffuser sur ses canaux et même de le distribuer en vidéo.

Le film commence en 1737, au large des côtes de Louisiane. Un pirate maudit et désabusé voit son navire sombrer, entraînant l’équipage dans les profondeurs. Avant de périr, il enfouit un trésor au cœur d’une grotte et fait tout sauter afin de le sceller pour l’éternité. Des siècles plus tard, cette légende est racontée en classe par Amanda (Ashley Tesoro, qu’on retrouvera dans The Werewolf Reborn), une élève passionnée de mystères, qui dit l’avoir découverte en manipulant une planche de Ouija. À la sortie des cours, pour prouver que certaines énigmes échappent à la raison, elle montre à un camarade sceptique, Russell (Michael Malota, futur héros de Shandar, la cité miniature), un collier surmonté d’un cristal ayant appartenu à son grand-père. Cet artefact, affirme-t-elle, vient tout droit de l’Atlantide. Mais le collier lui échappe et tombe dans une bouche d’égout. Pour le récupérer, Amanda et Russell s’aventurent dans les souterrains de la ville. Une chute brutale les entraîne au fond d’une fosse où reposent des squelettes et un imposant coffre débordant de richesses. Au milieu de ce trésor – celui du pirate du prologue, on l’aura compris -, une étrange bouteille dorée attire leur attention : son bouchon est surmonté d’un petit personnage enturbanné. Lorsque la figurine s’anime soudainement avant de s’enfuir, la bouteille, désormais ouverte, libère une entité démoniaque. Pris de panique, Amanda et Russell tentent de fuir, bientôt rejoints par deux camarades entraînés malgré eux dans une lutte contre la créature qu’ils viennent d’éveiller…

Le Gardien et le Démon

Si les péripéties du film n’ont rien de foncièrement palpitant, il faut reconnaître le soin apporté à sa mise en forme : de beaux décors décrépits filmés à Bucarest, une musique attrayante de John Morgan qui évoque dès le générique l’univers féerique des mille et une nuits, une photographie léchée que signe le vétéran Adolfo Bartoli… et bien sûr les effets spéciaux de Randall William Cook. Les deux créatures vedette sont d’indiscutables réussites. La première, « Le Gardien », est entièrement conçue en images de synthèse – un exploit pour l’époque – et prend la forme d’une tête très bavarde montée sur des accroches qui lui permettent de marcher comme une araignée. « Depuis des années, je rêvais de créer un personnage qui joue vraiment la comédie, contrairement à ceux qui se contentent de rugir ou de sauter dans tous les sens », avoue le réalisateur. « J’ai dû attendre de réaliser mon propre film pour pouvoir y parvenir. » (2) La seconde, le démon, a un indiscutable air de famille avec plusieurs des créations précédentes de Cook, notamment les monstres de The Gate et Gate 2. Il prend d’abord la forme d’une sorte de tornade grimaçante en dessin animé, puis celles d’un colosse mi-simiesque mi-reptilien. Construite par l’équipe de Mark Rappaport, la marionnette est extrêmement expressive et animée avec des baguettes. On sent bien que Cook aurait adoré l’animer en stop-motion – sa grande spécialité – s’il en avait eu le temps. Pour pallier les mouvements limités du monstre, notre homme utilise habilement des décors miniatures, des incrustations et des effets de perspective. Malgré ses qualités formelles, Demon in the Bottle ne sera finalement pas distribué par Disney et sombrera dans un oubli franchement injustifié. Car sans être un chef d’œuvre, cette petite aventure exotique se situe clairement sur le dessus du panier des productions Charles Band pour enfant.

 

(1) et (2) Propos recueillis par votre serviteur en mai 1999 

© Gilles Penso

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