APE VS. MONSTER (2021)

Toujours dans les bons coups, le studio Asylum nous propose son imitation low-cost de Godzilla Vs. Kong

APE VS. MONSTER

 

2021 – USA

 

Réalisé par Daniel Lusko

 

Avec Eric Roberts, Adrianna Scott, Katie Sereika, Shayne Hartigan, Nerek Kirakossian, Irina Picard, Rudy Benz, Gregg Marcantel, R.J. Wagner, Quinn Baker

 

THEMA SINGES I REPTILES ET VOLATILES I EXTRA-TERRESTRES

En dignes successeurs de Roger Corman, qui sut en son temps sortir Carnosaur juste avant Jurassic Park pour damer le pion aux dinosaures de Steven Spielberg, les producteurs de The Asylum ne reculent devant rien et osent se lancer en quatrième vitesse dans une imitation low-cost de Godzilla vs. Kong dont ils confient la réalisation à Daniel Lusko. Celui-ci, coutumier du fait, avait signé l’année précédente un Top Gun du pauvre titré tout simplement Top Gunner, avec Eric Roberts dans le rôle d’un colonel. Le frère de Julia, décidément abonné aux films Asylum, jouait aussi dans Monster Island, qui essayait en 2019 de profiter de la sortie de Godzilla King of the Monsters. Le revoici donc au générique de Ape vs. Monster, dans un rôle différent puisque les deux films ne sont pas connectés entre eux. Cela dit, la présence de son nom en tête d’affiche est un peu abusive dans la mesure où l’ancien héros de L’Ambulance se contente ici de rester assis dans son bureau pour une poignée de séquences dialoguées. Tourné dans la précipitation, Ape vs. Monster ne peut pas vraiment s’appuyer sur le scénario de son modèle Godzilla vs. Kong, qui n’est alors pas encore sorti, et brode donc autour d’un sujet de science-fiction improbable dont certains éléments ne sont pas sans évoquer Rampage.

Lancée dans l’espace en 1985, une capsule spatiale manque d’entrer en collision avec l’ISS et atterrit au milieu du désert de Virginie. Alors qu’à Washington on s’agite, le docteur Linda Murphy (Arianna Scott) convoque une réunion d’urgence du Pentagone. Elle identifie la capsule comme étant l’ELBE, une sonde secrète américano-soviétique lancée dans l’espoir d’établir un contact avec des extraterrestres. Cette mission, conçue pour mettre fin à la guerre froide, avait été considérée comme un échec suite à la disparition de la capsule. Or la revoilà, avec à son bord le chimpanzé Abraham. Mais entretemps, celui-ci est entré en contact avec une substance verte extra-terrestre et se met à grandir jusqu’à atteindre des proportions dignes de King Kong. Alors que le singe géant est capturé et installé dans un bunker sous surveillance, un reptile qui se promène dans le désert s’approche des restes de la capsule et boit à grandes gorgées le liquide vert qui traîne encore au sol. La suite est prévisible : le petit saurien va se transformer en émule de Godzilla et le grand primate va s’échapper…

Le singe et le lézard

Si l’on apprécie le fait que les scénaristes aient évité l’aberration consistant à transformer le chimpanzé en gorille au moment de son changement de taille (le Konga de Charles Lamont avait moins de scrupules), force est de constater que ce bon vieil Abraham n’est pas vraiment convaincant. Son design, son rendu, son animation, son incrustation dans les prises de vues réelles rivalisent d’approximation. Ces effets visuels bons marchés sont supervisés par Glenn Campbell, qui fut pourtant un talentueux pionnier (on le trouve aux génériques de Star Trek le film, Tron, Lifeforce ou la série X-Files) avant de s’échouer dans les micro-productions aux budgets ridicules directement conçues pour le petit écran. Pour le monstre reptilien, la production n’y va pas par quatre chemins et achète sur Internet un modèle 3D tout fait, en l’occurrence le « Dino Beast » de Turbosquid (pour la modique somme de 54 dollars, avis aux amateurs !) pour éviter d’avoir à concevoir et modéliser la créature. Il fallait y penser ! La prochaine étape consistera-t-elle à concevoir les séquences d’effets spéciaux en utilisant des applis pour smartphone ? Nous n’en sommes pas loin. De fait, ce grand reptile qui ressemble au Godzilla de Roland Emmerich n’a aucun rapport physiologique avec le saurien original, mais à ce stade du scénario plus rien ne nous étonne. D’autant que nous apprenons bientôt que la substance verte qui a transformé les animaux en titans est contrôlée par des extra-terrestres qui survolent la Terre en soucoupe volante ! Tout ceci serait un minimum réjouissant si les monstres se donnaient généreusement en spectacle. Hélas, la grande majorité du film est constituée d’interminables scènes de dialogues, de réunions au sommet et de pianotages sur ordinateur. Malgré quelques scènes d’action audacieuses à défaut d’être réussies – Le Godzi-lézard qui attaque un train et un hélicoptère, Abraham-Kong qui escalade le monument de Washington – le temps de présence des deux bêtes est très limité et leur affrontement final se règle en quelques secondes. Bref, mieux vaut encore revoir King Kong contre Godzilla d’Inoshiro Honda. Là au moins, il y avait des combats de catch inter-monstres dignes de ce nom…

 

© Gilles Penso

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