AU COMMENCEMENT (2000)

Le réalisateur du Sixième continent raconte en accéléré tout l’Ancien Testament au fil d’un long téléfilm au casting prestigieux…

IN THE BEGINNING

 

2000 – GB

 

Réalisé par Kevin Connor

 

Avec Martin Landau, Jacqueline Bisset, Bill Campbell, Eddie Cibrian, Fred Weller, Alan Bates, Steven Berkoff

 

THEMA DIEU, LA BIBLE, LES ANGES

Ce téléfilm de luxe, retitré La Terre Promise lors de son édition DVD en France, tente de relever un bien difficile défi : raconter les passages les plus importants de l’Ancien Testament en trois heures, de la création du monde jusqu’à l’arrivée du peuple Hébreu en Terre Sainte. C’était à craindre, le résultat n’est pas vraiment à la hauteur des ambitions du studio Hallmark (Les Voyages de Gulliver, Alice au pays des merveilles) et du réalisateur Kevin Connor (Le Sixième continent, Les Sept cités d’Atlantis). Car à vouloir narrer autant d’événement en si peu de temps, le scénario est obligé d’éluder bon nombre d’éléments primordiaux, comme si l’histoire avançait en vitesse accélérée. Exit la profondeur des personnages, la richesse des thématiques, l’importance des enjeux… Tout est survolé à la vitesse grand V, comme si nous assistions à un enchaînement rapide de sketches. Les protagonistes naissent, grandissent, puis meurent en cédant le pas à leur descendance sans que nous n’ayons eu la moindre possibilité de nous attacher ou même nous intéresser à eux. C’est tout de même un comble, quand on connaît la richesse du matériau initial. Sans doute un format plus long (une mini-série en trois ou quatre parties par exemple) eut été plus adapté à cette adaptation digest de l’a Genèse et l’Exode.

De plus, étant donné que certaines de ces histoires ont déjà été contées à l’écran avec autrement plus de panache, on se demande un peu où réside l’intérêt d’une telle entreprise. Le sacrifice d’Abraham, par exemple, a fait l’objet d’un traitement plus riche dans La Bible de John Huston. Quant à l’adaptation de l’histoire de Moïse, elle se contente ici de recycler les idées visuelles et narratives des Dix Commandements de Cecil B. De Mille et du formidable dessin animé Le Prince d’Égypte, évacuant tout effet de surprise auprès du spectateur qui connaît déjà non seulement le récit mais aussi ses différentes transcriptions visuelles. Comme en outre les effets visuels déployés ne sont pas particulièrement performants (le Buisson Ardent, notamment, est un sérieux ratage artistique et technique), la mise en scène de Connor manque singulièrement d’emphase lors des moments magiques ou spectaculaires.

Têtes d’affiche

Et pourtant, on sent bien qu’Hallmark a mis le paquet en termes de moyens, ne reculant pas devant les centaines de figurants, les accessoires luxueux, les costumes soignés, les éléments de décors colossaux ou les animaux traversant l’écran par troupeaux entiers. Dommage qu’un tel déploiement ne permette pas au film de posséder l’ampleur requise. On se console alors en retrouvant bon nombre de visages familiers tout au long du casting, car Au commencement surprend tout de même par les guest-stars qu’il a réussi à réunir sur un même plateau. On retiendra notamment Martin Landau (Cosmos 1999) en Abraham, Jacqueline Bisset (Bullitt) en Sarah, Bill Campbell (Rocketeer) en Moïse, Géraldine Chaplin (Docteur Jivago) en Yocheved, Christopher Lee (Dracula en personne !) en Ramsès, Diana Rigg (la trop rare Emma Peel de Chapeau melon et bottes de cuir) en Rebeccah ou encore David Warner (La Malédiction) en Eliezer. Rien que pour eux, ce téléfilm vaut un petit coup d’œil.

 

© Gilles Penso


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