MA VIE EST UN ENFER (1991)

Josiane Balasko rencontre un démon incarné par Daniel Auteuil qui s’apprête à lui faire signer un pacte diabolique en échange d'une vie meilleure…

MA VIE EST UN ENFER

 

1991 – FRANCE

 

Réalisé par Josiane Balasko

 

Avec Josiane Balasko, Daniel Auteuil, Michael Lonsdale, Catherine Samie, Richard Berry, Jean Benguigui, Luis Rego

 

THEMA DIABLE ET DÉMONS I DIEU, LES ANGES, LA BIBLE

Variation féminine et très libre sur le thème de Faust, Ma vie est un enfer est le troisième long-métrage réalisé par Josiane Balasko après Sac de nœuds et Les Keufs. Le scénario, qu’elle co-écrit avec l’écrivain Joël Houssin (surtout connu par la série « Le Dobermann » éditée chez Fleuve Noir entre 1981 et 1984), lui permet d’incarner une fois de plus la fille ordinaire, solitaire et complexée dont elle fit un archétype avec des films comme Les Hommes préfèrent les grosses, et que Bertrand Blier détourna allègrement dans Trop belle pour toi en 1989. Ici, retour à la case départ. Balasko incarne donc Léah, assistante dans un cabinet dentaire souffrant des brimades d’un employé tyrannique. Alors qu’elle s’apprête à fêter seule son 35ème anniversaire dans un appartement trop grand pour elle, sa mère (délectable Catherine Samie) lui rend visite. Cette dernière se caractérisant par son égoïsme et sa superficialité, on ne peut pas dire qu’il s’agisse d’une présence très réconfortante. Léah fête donc son anniversaire seule, en tête à tête avec le chien de sa mère partie dîner dehors. Puis elle découvre un étrange artefact que celle-ci a laissé dans l’appartement : un miroir du 18ème siècle orné d’un crâne hideux. En lisant l’incantation écrite au dos de cet objet sinistre, elle fait venir Abargadon, un des lieutenants du diable, incarné avec gouaille et décontraction par Daniel Auteuil. Après lui avoir prouvé ses pouvoirs surnaturels, le démon lui propose un échange classique : son âme contre la concrétisation de ses rêves.

Ma vie est en enfer tente de transcender son scénario bancal aux idées inégales par le jeu de ses deux principaux comédiens. De fait, le potentiel comique provient moins de ses situations, souvent triviales et parfois très vulgaires (le psychologue macho sodomisé par un top model, la porte qui défèque !), que des performances du duo Balasko-Auteuil. Une poignée de seconds rôles cocasses vient égailler le film, de Richard Berry en psy inefficace (il fait sa liste de courses pendant les séances) à Jean Benguigui en voisin collectionneur de cassettes vidéo porno, en passant par Luis Rego en barman de l’enfer (affublé de la mèche et de la moustache d’hitler), Ticky Holgado en magicien déguisé en diable rouge, Emmanuelle Escourrou (Baby Blood) en femme panthère et même la toute jeune Marilou Berry en petite fille dans la salle d’attente du dentiste. De tous ces « guest », le plus savoureux est sans conteste Michael Lonsdale, qui prête son charisme imperturbable, sa haute carrure et sa voix doucereuse à l’ange Gabriel, venu vérifier la validité du contrat d’Abargadon. Chacune de ses trop brèves apparitions est un régal, d’autant que son personnage s’inscrit dans une vision administrative de l’Enfer et du Paradis qui nous rappelle Le Ciel peut attendre.

Une fausse bonne idée

Si la première partie du film pique la curiosité, il devient vite évident que le scénario ne saura pas rebondir de manière satisfaisante. Plus l’intrigue avance, plus l’histoire est poussive, moins les gags sont drôles. Et l’on finit par ressentir un profond embarras pour les comédiens principaux, forcés de se plonger dans des situations foncièrement grotesques. Techniquement, Ma vie est un enfer bénéficie du savoir-faire de l’as des effets visuels Kent Houston (Brazil, Legend, Princess Bride) qui concocte une multitude de trucages efficaces (l’héroïne qui se miniaturise, la traversée des murs, le grand incendie final), épaulé par le maquilleur spécial Jacques Gastineau (Lifeforce, Les Prédateurs de la nuit) et l’expert des effets mécaniques Jean-Marc Mouligné (Jean de Florette, Les Visiteurs). De ce point de vue, Balasko a su s’entourer. On peut émettre plus de réserves sur les choix musicaux du film, les Rita Mitsouko concoctant une bande originale funk/pop dissonante originale mais complètement à côté de la plaque. On ne peut s’empêcher de penser que Ma vie est un enfer était une fausse bonne idée qui aurait mérité une sacrée couche de réécriture pour pouvoir convaincre totalement. Balasko réalisatrice touchera la grâce quatre ans plus tard avec Gazon maudit, sans conteste son film le plus drôle et le plus réussi.

 

© Gilles Penso

 

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