LE LOCATAIRE (1976)

Après Répulsion et Rosemary's Baby, Roman Polanski clôt son angoissante "trilogie de l'enfermement" en se mettant lui-même en scène

LE LOCATAIRE

1976 – FRANCE

Réalisé par Roman Polanski

Avec Roman Polanski, Isabelle Adjani, Melvyn Douglas, Shelley Winters, Jo Van Fleet, Bernard Fresson, Lila Kedovra

THEMA FANTÔMES

Le Locataire clôt une trilogie de Roman Polanski liée à ce qu’on pourrait appeler «l’épouvante d’appartement». Comme dans Répulsion et Rosemary’s Baby, nous assistons ici à la lente descente aux enfers d’un protagoniste perdant pied avec la réalité entre les quatre murs d’un huis clos étouffant. Qu’il soit londonien, new-yorkais ou parisien, l’appartement est donc chez Polanski le siège idéal de toutes les névroses paranoïaques. A cette thématique récurrente, Le Locataire, tiré d’un roman de Roland Topor, ajoute une certaine dose d’autobiographie puisque Trekolski, le personnage principal qu’incarne le réalisateur lui-même (sans en être crédité au générique), est un timide Polonais fraîchement débarqué à Paris. Alors qu’il visite un appartement, ce petit homme discret apprend que Mademoiselle Choule, la locataire précédente, s’est jetée par la fenêtre sans raison apparente. Trekolski prend possession des lieux, et le malaise s’installe par petites touches successives. En rendant visite à la suicidée, clouée sur un lit d’hôpital, couverte de bandages et la bouche édentée, notre homme est pétrifié lorsque cette dernière pousse un hurlement atroce et incompréhensible. Elle meurt quelques jours plus tard.

Le trouble se fait alors plus persistant. Il y a d’abord la vision morbide de cette verrière brisée par la chute de la locataire, à laquelle Trekolski ne peut échapper chaque fois qu’il ouvre ses fenêtres. Puis la présence obsédante des effets personnels de Madame Choule dans l’appartement, notamment une robe qui trône dans la penderie. Peu à peu, sans s’en rendre compte, il acquiert les habitudes de la défunte, s’assoit à la même table qu’elle au café du coin, boit les mêmes boissons qu’elle, fume les mêmes cigarettes, récupère son courrier, essaie même son vernis à ongles et son maquillage ! Plus le film avance, plus le cauchemar se fait envahissant, et le pauvre Trekolski se laisse gagner par un sentiment croissant de persécution. Comme dans Rosemary’s Baby, les voisins sont des êtres intrusifs et effrayants. Comme dans Répulsion, la barrière entre la réalité et les hallucinations devient floue. Trekolski est-il obsédé par Mademoiselle Choule, ou est-ce l’esprit de cette dernière qui s’ingénie à prendre possession de lui ? Le phénomène est-il psychiatrique ou parapsychologique ?

L'épouvante naît du quotidien

Pour illustrer son propos, Polanski plante sa caméra dans un Paris réaliste et saupoudre son casting de seconds rôles savoureux : Isabelle Adjani, Bernard Fresson, Romain Bouteille, Claude Pieplu, Rufus, Bernard-Pierre Donnadieu, Josiane Balasko, Gérard Jugnot, Michel Blanc. Chacun participe à sa manière à l’établissement d’un climat d’oppression, le moindre atout du film n’étant pas Philippe Sarde, qui compose là une partition entêtante à souhait. Avec Le Locataire, Roman Polanski nous livre ainsi l’un des films les plus effrayants qui soient, avec d’autant plus d’efficacité qu’il évite tout effet spectaculaire, se contentant de nimber d’étrangeté et d’inquiétude le moindre petit détail, la chose la plus anodine. C’est là la patte d’un très grand cinéaste. Et le film s’achève sur un plan ultime propre à glacer le sang.

 

© Gilles Penso

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SIMPLE MORTEL (1991)

Pierre Jolivet concocte un film de science-fiction ancré dans la réalité qui prend peu à peu des proportions apocalyptiques

SIMPLE MORTEL

1991 – FRANCE

Réalisé par Pierre Jolivet

Avec Philippe Volter, Christophe Bourseiller, Nathalie Roussel, Roland Giraud, Arlette Thomas, Marcel Maréchal, Daniel Milgram

THEMA EXTRA-TERRESTRES

Issu de la musique et de la scène, Pierre Jolivet a fait ses premiers pas au cinéma à travers la science-fiction, puisqu’il fut l’interprète principal, le co-scénariste et le co-producteur du Dernier combat, premier long-métrage de Luc Besson. Après avoir dirigé trois films ancrés dans le monde réel (dont le magistral Force majeure), il revient au genre avec ce Simple mortel pour le moins déroutant. Philippe Volter y incarne Stéphane Marais, professeur et traducteur de langues anciennes dans un centre de documentation et de recherche en linguistique. Son crédo : « les langues mortes, il faudrait pouvoir les parler couramment pour faire reculer la mort ». S’il est beaucoup plus terre-à-terre, son collègue et meilleur ami Fabien (l’inimitable Christophe Bourseiller) partage ses passions et son talent pour la traduction. Un jour, Stéphane se met à capter des interférences dans son walk-man, son réveil, son auto-radio… Bientôt, une voix émerge des parasites pour lui parler en teangorlarch, une langue gaélique que lui seul comprend. Confus, le message évoque un enjeu très important et lui enjoint de ne parler à personne de ce qu’il entend, sous peine de mettre ses proches en danger. Persuadé qu’il s’agit d’un canular, Stéphane s’interroge sur la technologie capable d’un tel prodige. Mais la voix revient régulièrement, provoquant chez le linguiste un trouble qui le pousse à consulter en vain une psychothérapeute. Les messages insistent sur l’importance des missions qui seront confiées à Stéphane : il doit traduire une série de mots anciens. S’il refuse, des vies humaines seront sacrifiées.

A bout, notre homme décide de se débarrasser de tous les appareils susceptibles de le perturber : radio, chaîne audio, téléphone, réveil, répondeur, fax… La conséquence ne se fait pas attendre : vingt personnes meurent dans un incendie à Madrid ! S’il ne se conforme pas aux messages suivants, un tremblement de terre ravagera le Japon. Evitant le désastre de justesse, Stéphane demeure dans l’incompréhension la plus totale. Tout semble se dérouler comme dans un gigantesque jeu de piste, mais qui tire les ficelles ? Une idée aberrante frappe alors l’imagination de Stéphane : et si des extra-terrestres jouaient avec lui comme des enfants avec un jeu vidéo ? Il n’a pas le temps de longtemps développer cette théorie, car la mission suivante a pour enjeu la survie ou la destruction de la planète Terre…

La survie ou la destruction de la planète Terre

Le concept de Simple mortel se distingue par son originalité et son inqiuétante étrangeté, dont Jolivet s’évertue à exploiter le potentiel à travers une mise en scène élégante, une direction d’acteurs sobre et une série de seconds rôles savoureux (Roland Giraud en agent d’assurance, Daniel Milgram en patron de bar, Guy Laporte en chasseur). Certes, le scénario ne parvient pas toujours à tirer le meilleur profit de cette idée de départ, et la relative pauvreté des dialogues ne concourt pas toujours à crédibiliser le récit. La suspension d’incrédulité du spectateur n’est donc pas gagnée d’avance. Le film parvient cependant à s’articuler autour de rebondissements captivants et de séquences de suspense d’une indéniable efficacité. Face à l’échec cuisant de Simple mortel, Jolivet reviendra à des intrigues plus réalistes qui lui vaudront une vraie reconnaissance auprès du public.

© Gilles Penso

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HAUTE TENSION (2003)

Après un premier long-métrage passé inaperçu, Alexandre Aja frappe très fort avec ce slasher brutal et surprenant

HAUTE TENSION

2003 – FRANCE

Réalisé par Alexandre Aja

Avec Cécile de France, Maïwenn Le Besco, Philippe Nahon, Franck Khalfoun, Anderi Finiti, Oana Pellea, Marco Clauciu Pascu

THEMA TUEURS I SAGA ALEXANDRE AJA

Qui aurait pu croire qu’Alexandre Aja, le blondinet bambin qui exhibait furtivement sa frimousse dans Le Grand pardon réalisé par son père Alexandre Arcady, passerait un jour derrière la caméra pour mettre en scène un thriller d’horreur pur et dur ? « L’idée était de rendre hommage aux films qui ont nourri notre adolescence, comme Massacre à la tronçonneuse, Halloween, Maniac, La Dernière maison sur la gauche, Délivrance ou Les Chiens de paille », explique Aja. « C’étaient des films très sérieux, très premier degré. Nous avons donc choisi des ingrédients simples : deux filles, une nuit, une maison et un tueur. » (1) D’emblée, le jeune cinéaste donne le ton, montrant le psychopathe, seul dans sa vieille camionnette rouillée, goûter aux joies d’une fellation nécrophile octroyée par une tête féminine décapitée ! Le scénario nous familiarise ensuite avec Marie et Alex, deux étudiantes complices chez qui on sent poindre une attirance dépassant le cadre d’une amitié standard. Celles-ci viennent passer un séjour chez les parents d’Alex, dans une grande maison de campagne suffisamment isolée pour que le drame puisse s’y nouer.

Et effectivement, dès que la nuit tombe, l’horreur pointe le bout de son nez, sous les traits d’un affreux camionneur en tenue de travail, dont la casquette élimée et les cheveux sales dissimulent le visage patibulaire de Philippe Nahon, déjà à l’œuvre sur les films de Gaspar Noé (Carne, Seul contre tous). Sans préavis ni motivation apparente, l’homme entreprend de massacrer les parents et le jeune frère d’Alex, avant de kidnapper celle-ci et de l’enfermer dans son van. Horrifiée, Marie s’efforce de conserver son sang-froid et de prendre en chasse le tueur pour pouvoir sauver son amie. Loin des délires sanguinolents d’un Braindead, Alexandre Aja multiplie les séquences de meurtres horribles sans concession : homme décapité par un meuble violemment poussé contre sa nuque, femme au bras tranché avec force jets de sang, égorgement en gros plan, éventrement à la scie circulaire… Très efficaces, les effets gore sont signés Gianetto de Rossi, le légendaire maquilleur des films de Lucio Fulci. Ce choix témoigne clairement des sources d’inspiration d’Aja, qui connaît bien ses classiques.

Le twist final

Passées ses premières minutes un peu poussives, Haute tension est un film d’horreur diablement efficace, fort effrayant, bénéficiant d’une mise en scène ciselée et soutenu par l’interprétation tout à fait convaincante d’une Cécile de France très en forme. Mais au bout d’un moment, le scénario se met à tourner un peu en rond, d’autant qu’il emprunte assez rapidement des sentiers familiers, à mi-chemin entre le slasher à la Vendredi 13 et le survival façon Massacre à la tronçonneuse. Certes, l’imitation des grands classiques est réussie, mais elle demeurerait anecdotique si l’exercice se limitait à un hommage à Wes Craven, Tobe Hooper et consorts. Fort heureusement, un retournement de situation très surprenant survient au cours du dernier quart d’heure, relançant l’intrigue et plaçant sous un angle tout nouveau ce que nous venons de voir. Du coup, la scène finale s’apprécie comme un clin d’œil direct à celle de Psychose.


(1) Propos recueillis par votre serviteur en mai 2006

© Gilles Penso

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LES YEUX SANS VISAGE (1959)

Sur un postulat digne d'une bande dessinée pulp des années 50, Georges Franju signe un chef d'œuvre troublant et poétique

LES YEUX SANS VISAGE

1959 – FRANCE

Réalisé par Georges Franju

Avec Pierre Brasseur, Alida Valli, Juliette Mayniel, Edith Scob, François Guérin, Béatrice Altariba, Alexandre Rignault

THEMA MEDECINE EN FOLIE

Les œuvres marquantes du cinéma fantastique français sont suffisamment rares pour qu’on puisse les saluer avec l’enthousiasme qu’elles méritent. Surtout lorsque nous avons affaire à un chef d’œuvre absolu, comme ces Yeux sans visage adaptés du roman de Jean Redon. Le film de Georges Franju, auteur jusqu’alors de mémorables documentaires comme Le Sang des bêtes ou Hôtel des Invalides et du long-métrage La Tête contre les murs, s’est aussitôt érigé en classique digne de ce statut. Le thème abordé dans Les Yeux sans visage, ingénieux, riche, complexe et troublant, a dès lors très abondamment été imité au cinéma, dans la bande dessinée, et aux quatre coins du monde. Il faut dire que le scénario choral fut l’œuvre de rien moins que l’écrivain Jean Redon, le cinéaste Claude Sautet, et le fameux duo Pierre Boileau et Thomas Narcejac à qui nous devons Les Diaboliques et Sueurs froides. Excusez du peu !

Tout commence lorsqu’une femme jette dans la Seine le cadavre d’une jeune fille au visage affreusement mutilé. Le professeur Genessier (Pierre Brasseur) reconnaît formellement le corps retrouvé comme étant celui de sa fille mystérieusement disparue. En réalité, Christiane (Edith Scob, portant dans le film des robes conçues par Givenchy) n’est pas morte. Son père tente d’opérer une greffe faciale sur le visage de sa fille défigurée dans un accident de voiture, en prélevant le masque dermique de jeunes femmes enlevées par son assistante Louise (Alida Valli). Celles-ci sont alors victimes de ses folles expériences. Pierre Brasseur possède tout le charisme nécessaire pour que son rôle de chirurgien méthodique aux actes déments échappe aux lieux communs du savant fou de série B, prononçant avec aplomb des phrases telles que : « le futur, Madame, est une chose que nous aurions dû commencer il y a bien longtemps ». Quant aux grands yeux tristes d’Edith Scob, transparaissant sous un masque blanc inexpressif, ils justifient totalement le choix de ce titre magnifique (étrangement, le film fut rebaptisé aux Etats-Unis The Horror Chamber of Dr Faustus).

Une scène chirurgicale presque insoutenable

Quelque part, on pense à Jean Cocteau et aux surréalistes, et la somptueuse photographie d’Eugen Shufftan y est pour beaucoup. L’impact du film est d’ailleurs d’autant plus fort que son cadre parisien, pour sa part, est traité avec le réalisme le plus minutieux. L’intrusion du fantastique et de l’horreur, on le sait, n’est jamais plus efficace que lorsqu’elle s’inscrit dans un cadre crédible et familier. En ce sens, la scène chirurgicale du prélèvement du visage d’une victime, effroyablement réaliste et à peine soutenable, surprend pour son audace, quelques années avant qu’Herschell Gordon Lewis n’invente le cinéma gore. Même les débordements sanglants auxquels nous avons été rompus depuis sont rarement allés aussi loin, du point de vue du choc émotionnel. Car c’est bien d’émotions qu’il s’agit ici, et non de simples jets d’hémoglobine. D’où la révolte progressive de Christiane contre les agissements inavouables de son père, aveuglé par son amour paternel au point de perdre tout sens moral. Le final, gorgé de poésie, clôt superbement cette œuvre d’exception.

 

© Gilles Penso

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MASSACRE À LA TRONÇONNEUSE (2003)

Malgré tous les écueils dressés sur sa route, Marcus Nispel a su doter le classique de Tobe Hooper d'un remake de très haut niveau

THE TEXAS CHAINSAW MASSACRE

2003 – USA

Réalisé par Marcus Nispel

Avec Jessica Biel, Jonathan Tucker, Erica Leerhsen, Mike Vogel, Eric Balfour, Andrew Bryniarski, R. Lee Ermey, David Dorfman

THEMA TUEURS I CANNIBALES I SAGA MASSACRE À LA TRONÇONNEUSE

Michael Bay à la production, un réalisateur de clips derrière la caméra, un casting beau et musclé qu’on croirait issu d’une sitcom… A priori, rien de bon n’était à attendre de ce remake du chef d’œuvre de Tobe Hooper. Et bien au diable les à priori ! Massacre à la tronçonneuse version 2003 est une formidable réussite, un déferlement d’horreurs et de violence probablement aussi traumatisant pour le spectateur du 21ème siècle que pouvait l’être l’original trente ans plus tôt. La tâche était d’autant plus ardue que le personnage de Leatherface s’est mué en croquemitaine quasi-cartoonesque au fil des séquelles du premier film, et que le slasher lui-même a pris un tour rigolard et bon enfant depuis sa relecture par Wes Craven et ses trois Scream. Mais la donne a changé ici. L’homme au masque de cuir ne prête absolument pas à rire et ses sanglants méfaits font vraiment froid dans le dos. C’est que Michael Bay et son poulain Marcus Nispel se sont mis en tête d’effectuer un authentique retour aux sources. Ce parti pris s’affirme par un positionnement de l’intrigue en 1974 (avec de fausses images d’actualité d’époque en guise de prologue et d’épilogue), par un casting beaucoup plus solide et convaincant qu’on aurait pu le croire de prime abord, dominé par la toute belle Jessica Biel, et par une ambiance de terreur sourde magnifiée par la photographie de Daniel Pearl, qui signa les images du premier Massacre à la tronçonneuse.

Le scénario met en vedette cinq amis, traversant le Texas en direction du Mexique, et prenant en chemin une auto-stoppeuse étrange qui se suicide sous leurs yeux. Afin de prévenir la police locale, nos infortunés protagonistes se séparent et se heurtent à des autochtones pour le moins inquiétants. En particulier un shérif sadique et psychopathe, et un Leatherface plus déchaîné que jamais. Ancré dans une atmosphère très seventies (avec en prime le bon vieux van à la Scoo-Bee-Doo et l’inusable tube « Sweet Home Alabama » des Lynyrd Skynyrd), le film choisit de respecter scrupuleusement tous les éléments du récit original, en modifiant cependant leur agencement et parfois leur nature, histoire de réserver quelques surprises à ceux qui connaissent déjà le classique de Tobe Hooper. Il ne s’agissait tout de même pas de réitérer l’erreur du Psycho de Gus Van Sant, qui péchait par excès de fidélité. Même Marcus Nispel prend fidèlement la relève du réalisateur de Poltergeist.

L'efficacité dans la sobriété

Car à part quelques facéties visuelles qu’on croirait issues du cerveau fertile d’un Sam Raimi, comme la caméra traversant la tête trouée d’une suicidée, la mise en scène du jeune clipeur trouve son efficacité dans la sobriété de ses effets. Ce qui ne l’empêche pas d’être ciselée au millimètre près. Parmi les moments les plus marquants de ce remake, on se souviendra notamment de la course-poursuite au milieu des linges tendus, fort stressante, et surtout la fameuse séquence du crochet à viande, atrocement interminable. Du coup, ce nouveau Massacre à la tronçonneuse fait vraiment peur, et même si sa fin ouverte laisse imaginer une juteuse séquelle en cas de succès, il aura su échapper aux travers du film d’horreur à la chaîne.

© Gilles Penso

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THE DESCENT (2005)

Un groupe d'amies noue ses liens en s'embarquant dans une aventure spéléologique qui vire au cauchemar

THE DESCENT

2005 – GB

Réalisé par Neil Marshall

Avec Shauna Macdonald, Natalie Mendoza, Alex Reid, Saskia Mulder, Nora-Jane Noone, Myanna Buring

THEMA CANNIBALES

« Il y a des films d’horreur… Et il y a des films qui font peur… » Tel était le slogan un tant soit peu prétentieux de The Descent. Or, si le film ne révolutionne pas les règles du genre, il faut bien avouer qu’il se révèle d’une efficacité redoutable. Le prologue repose sur le principe classique du trauma, siège de terreurs et de démons que le protagoniste devra affronter de manière décuplée plus loin dans le film, au moment du climax. L’infortunée héroïne promise à ce peu enviable traitement est Sarah (Shauna Macdonald), une trentenaire athlétique qui partage avec ses amies la passion des sports extrêmes. Un jour, revenant d’une expédition en rafting, elle perd son époux et sa fillette dans un accident de la route dont elle sort miraculeusement indemne. Inconsolable, Sarah est prise en charge par ses amies qui, un an après le drame, décident de lui changer les idées en lui proposant une virée spéléologique. Voilà donc nos six jeunes femmes solidement harnachées, en partance pour un massif isolé des Appalaches. Jonchée d’obstacles et de chausse-trappes, cette expédition souterraine à la limite du train fantôme prend bientôt les allures d’un Vertical Limit inversé. On pense alors aux mots de Victor Hugo : « Abandonner la surface soit pour monter, soit pour descendre, est toujours une aventure. La descente surtout est un acte grave. »

Lorsqu’un éboulement bloque le chemin du retour, la ballade entre copines tourne au cauchemar. Mais ce n’est qu’un prélude à l’Enfer. Car nos six sportives ne sont pas seules dans ces ténèbres souterraines. Une horde de créatures anthropophages veille, bien décidée à en faire leur dîner… Si Neil Marshall avait fait preuve d’un goût communicatif pour les monstres classiques à l’occasion de son sympathique mais peu surprenant Dog Soldiers, il foule ici d’autres plates-bandes, gommant ses erreurs de jeunesse en livrant un film d’une noirceur étouffante et d’une précision infaillible. Le génie de The Descent est son jeu permanent avec les peurs les plus basiques de l’être humain : l’obscurité, la claustrophobie, le vertige et surtout l’inconnu.

Les monstres tapis dans l'ombre

Certes, le réalisateur cède à la tentation des « bouh je te fais peur », des entrées de champ violentes, des explosions sonores et de tout l’arsenal habituel. Mais il va plus loin, et bien souvent le spectateur se surprend à éprouver un malaise qui dépasse les effets de l’épouvante traditionnelle, comme s’il était lui-même prisonnier de cette grotte sans issue. Difficile d’imaginer que ce décor, d’un réalisme inouï, fut en réalité reconstitué de toutes pièces aux studios Pinewood. La réussite du film tient aussi beaucoup à la profondeur et à la crédibilité de ses protagonistes. Et si le trauma initial semble sans rapport avec le danger décrit plus loin, il a une vraie résonance sur le comportement de chacune d’entre elles. Quant aux « crawlers », les monstres tapis dans l’ombre, ce sont d’indéniables réussites. Même s’ils n’évitent pas le déjà-vu (on pense beaucoup à la créature de The Creep et au Gollum du Seigneur des Anneaux), ils s’avèrent franchement effrayants, Marshall refusant de recourir à la 3D au profit de prothèses classiques et de prises de vues au shutter qui dotent ces étranges cannibales d’une vivacité proprement surnaturelle.  

© Gilles Penso

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MASSACRE À LA TRONÇONNEUSE 2 (1986)

Seul Tobe Hooper pouvait oser doter son chef d'œuvre éprouvant d'une séquelle aussi délirante

THE TEXAS CHAINSAW MASSACRE 2

1986 – USA

Réalisé par Tobe Hooper

Avec Dennis Hopper, Bill Johnson, Caroline Williams, Jim Siedow, Bill Moseley, Bill Johnson, Ken Evert, Harlan Jordan, Kirk Sisco

THEMA TUEURS I CANNIBALES I SAGA MASSACRE À LA TRONÇONNEUSE

En donnant une suite à son mythique Massacre à la tronçonneuse, Tobe Hooper décide de changer de ton, comme l’annonce le poster du film qui parodie celui de Breakfast Club. Ici, le cinéaste cède ouvertement aux courants stylistiques des années 80. Au réalisme brut du premier opus, il oppose des décors baroques, une musique électro-rock, des couleurs saturées, des effets spéciaux excessifs et un second degré très présent. De là à parler de trahison du concept initial, il n’y a qu’un pas. Pourtant, les choses ne sont pas si simples. Après un texte d’introduction nous apprenant que la seule survivante du film précédent est tombée dans un état de catalepsie et que l’enquête menée au Texas par la police n’a pas pu prouver son témoignage, nous assistons à une course poursuite entre la voiture de deux supporters de foot passablement éméchés et une camionnette sur le toit de laquelle Leatherface, tronçonneuse à la main, s’adonne à son sport favori : l’équarrissage humain. Le meurtre passe en direct à la radio (les victimes étaient en train de téléphoner à la station locale) et l’animatrice Vantia « Stretch » Brock (Caroline Williams) décide de mener sa propre enquête. Elle joint ses forces à celles du lieutenant « Lefty » Enright (Dennis Hopper), décidé à venger coûte que coûte la mort de son frère découpé par la famille cannibale.

Si cette séquelle frôle souvent la parodie (il faut voir Dennis Hopper s’acheter des tronçonneuses et les essayer comme s’il s’agissait de colts !), le caractère dérangeant du propos est loin d’avoir été évacué. C’est là toute l’étrangeté et le paradoxe de Massacre à la tronçonneuse 2. Certains meurtres sont particulièrement brutaux (le massacre au marteau du collègue de Stretch n’en finit plus), certaines allusions érotico-déviantes vont assez loin (Leatherface substitue visiblement son pénis à sa tronçonneuse qu’il promène fébrilement entre les cuisses de Stretch), et le mythe universel de la Belle et la Bête est abordé frontalement quand le tueur au masque de cuir s’éprend de la jeune femme. Lorsque Stretch, telle Alice au Pays des Merveilles, fait une chute vertigineuse qui l’entraîne jusque dans le repaire souterrain des bouchers anthropophages, c’est aux Enfers que Tobe Hooper nous emmène. Halluciné, Hopper s’exclame d’ailleurs « ici vient s’ébattre le malin » en découvrant des kilos de viscères sanglantes s’écoulant mollement à ses pieds.

« Ici vient s'ébattre le malin ! »

Dès lors, l’humour n’a plus droit de cité, et dans cette escalade cauchemardesque, le cinéaste atteint le point de non-retour avec une scène désormais entrée dans la légende : Leatherface appose sur le visage de sa dulcinée le masque de chair de son ami. Ce moment éprouvant trouvera son écho dans Le Silence des agneaux et The Devil’s Rejects. Mais ici, comble de l’horreur, la victime à moitié écorchée est encore vivante ! Et c’est le spécialiste des maquillages gores Tom Savini qui est sollicité pour visualiser de manière très graphique les meurtres et les mutilations, ce qui faillit faire échouer le film dans le ghetto du classement X. Cette séquelle s’achève sur un duel hallucinant à coups de tronçonneuses, et sur un hurlement de folie furieuse qui n’a pas fini de nous glacer le sang.  

 

© Gilles Penso

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ANTHROPOPHAGOUS (1980)

L'un des films les plus gore, les plus excessifs et les plus malsains de Joe d'Amato

ANTHROPOPHAGUS

1980 – ITALIE

Réalisé par Joe d’Amato

Avec Tisa Farrow, Saverio Vallone, Serena Grandi, Margaret Donnelly, Mark Bodin, George Eastman

THEMA CANNIBALES

Joe d’Amato n’a jamais été réputé pour son bon goût ni son sens de la demi-mesure, et c’est probablement dans ce film qu’il atteint le sommet de son « art ». George Eastman, halluciné et fort inquiétant, y campe Nikos Karamanlis, le survivant d’un naufrage obligé de dévorer sa femme et son fils pour ne pas mourir de faim. Forcément, avec un tel passif, difficile de poursuivre une vie équilibrée. Lorsque nous le retrouvons quelques années plus tard sur une île de la mer Egée, il n’a effectivement plus grand-chose d’humain. Le crâne rugueux, le teint blafard, la barbe abondante, le regard fou et la démarche zombiesque, notre cannibale est retourné à l’état de bête sauvage. Au moment où trois couples de touristes débarquent innocemment sur l’île en question et découvrent avec stupeur un village désert laissé à l’abandon, on imagine aisément la suite du programme. D’autant que l’une des femmes du groupe, médium a ses heures, a prévu le pire en tirant les cartes du tarot avant leur arrivée sur l’île.

Le massacre qui s’ensuit est donc très prévisible, et ne génère pas vraiment de surprise, jouant sur la mécanique ennuyeuse de l’errance des personnages n’en finissant plus de se chercher les uns les autres et trépassant à tour de rôle de fort sanglante manière. L’intrigue se pare malgré tout de quelques moments de suspense plutôt efficaces. Notamment lorsque l’anthropophage affamé avance inexorablement vers un des jeunes protagonistes, tranquillement allongé, un casque de walkman sur les oreilles, sourd à la mort brutale qui s’apprête à le frapper. Au sommet d’une colline, dans la chambre cachée d’une vieille demeure abandonnée, les victimes du monstre trouvent une jeune fille aveugle terrorisée, seule survivante d’un innommable carnage, qui décrit la bête qui rôde aux alentours comme « un homme qui a une odeur de sang ». Nos protagonistes découvrent également sur place un journal de bord qui relate à la première personne la terrible mésaventure de Karamanlis, puis sa métamorphose progressive en prédateur cannibale.

L'homme qui se mangeait lui-même

Là où Anthropophagous bat tous les records, c’est en matière d’horreur malsaine mâtinée de grand-guignol. Les chairs sont déchirées, le sang coule à flot, les têtes coupées flottent dans des seaux d’eau, une femme est même scalpée à mains nues. Comme chez Lucio Fulci, les séquences gore sont dénuées de concession et volontairement extrêmes, mais souvent desservies par des effets spéciaux approximatifs pas vraiment performants. Le sommet de ces abominations est atteint dans une séquence devenue mémorable où Eastman arrache le fœtus d’une femme enceinte pour le dévorer à belles dents ! Il fallait oser, et personne ne se permettrait de filmer de telles choses aujourd’hui. Le final lui aussi est assez gratiné, puisque notre insatiable cannibale, éventré à coup de pioche par l’un des survivants, empoigne ses propres entrailles pour les mastiquer avec appétit, en un ultime réflexe de survie. Totalement interdit sur le territoire britannique pendant de longues années, Anthropophagous est donc le film de tous les excès, ces débordement gore masquant à peine, il faut bien l’avouer, un scénario, une mise en scène et une interprétation d’assez médiocre facture.

 

© Gilles Penso

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SWEENEY TODD (2007)

En adaptant le spectacle musical de Stephen Sondheim, Tim Burton signe l'un de ses films les plus sombres et les plus violents

SWEENEY TODD, THE DEMON BARBER OF FLEET STREET

2007 – USA

Réalisé par Tim Burton

Avec Johnny Depp, Helena Bonham Carter, Alan Rickman, Tomothy Spall, Sacha Baron Cohen, Jayne Wisener

THEMA TUEURS I CANNIBALES I SAGA TIM BURTON

Avec Johnny Depp (son acteur fétiche depuis Edward aux mains d’argent), Helena Bonham Carter (son épouse à la ville), une partition chantée (comme dans L’Etrange Noël de monsieur Jack), des décors gothiques (à l’instar de Sleepy Hollow) et le récit d’un monstre humain isolé de ses semblables (la thématique de quasiment tous ses films), Tim Burton semblait, avec Sweeney Todd, fouler sans trop d’audace des sentiers bien familiers. Mais ce n’était qu’une apparence. Car si Sweeney Todd marque indéniablement l’empreinte du réalisateur d’Ed Wood, ce dernier ne nous avait guère habitué à une telle noirceur. Œuvre puissante, désespérée, violente et profondément émouvante, cette adaptation d’un show musical très populaire de Stephen Sondheim (lui-même inspiré d’une vieille légende urbaine londonienne) semble même marquer un tournant inattendu dans la filmographie burtonienne.

Alors que Big FishCharlie et la chocolaterie et Les Noces funèbres nous rabibochaient avec un auteur ayant quelque peu perdu son mordant, Sweeney Todd semble nous montrer son nouveau visage. L’exploit est d’autant plus étonnant que l’auteur-compositeur Sondheim a tenu à valider la moindre des décisions artistiques du film, Burton ayant même eu besoin de son aval pour pouvoir engager ses acteurs ! L’histoire, mélodramatique en diable, concerne le barbier Barker, injustement incarcéré après que l’ignoble juge Turpin (excellent Alan Rickman) ait jeté son dévolu sur son épouse Lucy puis adopté sa fille Johanna. Quinze ans plus tard, le barbier s’évade, regagne Londres sous l’identité de Sweeney Todd et, ivre de vengeance, regagne son ancienne échoppe. Là sévit désormais Madame Lovett, une piètre pâtissière qui se vante de vendre « les pires tourtes de la ville » et qui, secrètement amoureuse de cet homme brisé, accepte de l’aider à prendre sa revanche. Animé par une folie meurtrière depuis qu’il a appris que sa fille est cloîtrée chez Turpin et que son épouse s’est empoisonnée, Todd égorge désormais tous ses clients et se débarrasse des corps avec la complicité de Miss Lovett, qui trouve là une matière première inespérée pour ses tourtes à la viande… Lesquelles, comble d’ironie, deviennent les plus prisées de toute la ville !

Le rouge vif de la Hammer

Un tel postulat, doublé d’une trentaine de chansons interprétées par l’ensemble du casting, aurait pu muer Sweeney Todd en farce grand-guignolesque et satirique, une sorte de Petite boutique des horreurs version mousse à raser. Il n’en est rien. Le drame y est douloureux, les émotions exacerbées, et les meurtres sacrément gratinés. « Avec un film qui parle de meurtres en séries et de cannibalisme, les gens se doutent qu’ils ne vont pas voir La Mélodie du bonheur ! », confesse Burton. « Mais la violence du film est très exagérée. Notre sang rouge vif est plus proche des films de la Hammer que de Hostel. » (1) Porté par un casting habité, une partition envoûtante et une direction artistique sublime (les « Universal Monsters » des années 30 ne sont pas loin), Sweeney Todd est donc une œuvre pleine de surprise, dont la conclusion nihiliste accentue encore l’impact.

 

(1) Propos recueillis par votre serviteur en janvier 2008

 

© Gilles Penso

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LE SILENCE DES AGNEAUX (1990)

Le Sixième Sens de Michael Mann n'ayant pas reçu l'accueil qu'il méritait, Hannibal Lecter revient sous les traits d'Anthony Hopkins

THE SILENCE OF THE LAMBS

1990 – USA

Réalisé par Jonathan Demme

Avec Jodie Foster, Anthony Hopkins, Scott Glenn, Anthony Heald, Ted Levine, Charles Napier, Diane Baker, Roger Corman

THEMA TUEURS I CANNIBALES I SAGA HANNIBAL LECTER

Le romancier Thomas Harris avait inspiré le magistral Sixième sens de Michael Mann, qui révolutionnait quelque peu le thriller horrifique malgré un échec cuisant au box-office. Prenant la relève, Jonathan Demme transpose sur grand écran un second roman de l’écrivain, reposant sur les mêmes thématiques, adoptant une structure voisine et donnant à nouveau un rôle clef à Hannibal Lecter, tueur psychopathe et anthropophage enfermé à vie dans une cellule ultra-sécurisée. Interprété cette fois-ci par Anthony Hopkins, habitué au répertoire classique et aux tragédies shakespeariennes, « Hannibal le Cannibale » crève l’écran et l’immense succès du Silence des agneaux lui doit beaucoup. Face à lui, suite au désistement de Michelle Pfeiffer un peu effrayée par la noirceur du scénario, Jodie Foster incarne Clarice Starling, une jeune stagiaire du FBI chargée par son supérieur Jack Crawford (l’impérial Scott Glenn) d’enquêter sur les abominables méfaits d’un tueur en série surnommé Buffalo Bill. La particularité de ce dernier, interprété par Ted Levine, est de s’en prendre aux jeunes filles bien en chair et de les écorcher vives. Pour retrouver sa trace, Clarice va devoir solliciter l’aide de Lecter et son passé de brillant psychiatre. Le redoutable cannibale accepte, à condition que chaque indice de sa part soit échangé contre des révélations sur la vie privée de Clarice. Bien décidée à faire ses preuves, celle-ci se prête au jeu, et ses confrontations régulières avec le machiavélique captif vont prendre la tournure d’un éprouvant parcours initiatique, la conduisant progressivement dans les tréfonds de l’horreur.

Le Silence des agneaux – un titre étrange qui prend tout son sens vers le milieu du film – peut être considéré comme un thriller ou un film policier, dont il possède maintes caractéristiques, mais il s’agit surtout un film d’épouvante qui recule assez loin les limites de la peur. Il y est question de tueurs psychopathes, de cannibalisme, mais à la différence des psycho-killers fabriqués à la chaîne ou des séries Z gore italiennes, la mise en scène de Jonathan Demme joue sur la suggestion. Les détails macabres sont rares et furtifs, laissant au spectateur le soin d’imaginer les éléments les plus atroces, même si de temps à autres des visions choc viennent surgir à l’écran. On se souviendra notamment du cadavre bien amoché d’une des victimes de Buffalo Bill, du policier éventré dans la position d’un papillon de nuit ou encore du masque de chair, une idée reprise à Massacre à la tronçonneuse 2.

Les expérimentations de Jonathan Demme

Si la scène de suspense du climax, d’une redoutable efficacité, repose sur des mécanismes connus, les confrontations entre Jodie Foster et Anthony Hopkins, en revanche, doivent leur pesant d’angoisse au jeu diablement convaincant des acteurs et à Jonathan Demme qui choisit souvent des cadrages très serrés, à la limite de la profondeur de champ. Issu de la série B et de l’école Roger Corman – à qui il confie d’ailleurs un petit rôle dans le film – Demme montre ici toute l’étendue de son talent, portant aux nues les techniques expérimentées sur des polars noirs tels que Dangereuse sous tous rapports ou Meurtres en cascade.  

© Gilles Penso

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