LES DENTS DE LA MER 3 (1983)

Le directeur artistique des Dents de la Mer prend les commandes d'une seconde séquelle délirante… en relief !

JAWS 3D

1983 – USA

Réalisé par Joe Alves

Avec Dennis Quaid, Bess Armstrong, Louis Gossett Jr, Simon Mac Corkindale, Lea Thomson, John Putch, P.H. Moriarty, Dan Blasko

THEMA MONSTRES MARINS I SAGA LES DENTS DE LA MER

Si Les Dents de la mer 2ème partie ne parvenait guère à renouveler le mythe créé par Steven Spielberg, Jeannot Szwarc y avait injecté une mise en scène efficace et des séquences plutôt bien ficelée. En revanche Joe Alves, directeur artistique promu réalisateur à l’occasion de cette seconde séquelle, ne réussit plus vraiment à faire illusion. Au cours de la scène d’intro, un poisson se retrouve décapité en vue subjective, puis sa tête se met à flotter à l’avant-plan, au beau milieu de l’océan, en un plan spécifiquement conçu pour le relief. Car Les Dents de la Mer 3 a été tourné en 3D, conformément à un regain aussi soudain qu’éphémère pour ce procédé très en vogue dans les années 50. Tout au long du métrage, des séquences d’une grande gratuité exploitent donc la vue tridimensionnelle (bras tranché qui flotte, visite en bathyscaphe d’un vieux galion échoué sous l’eau, tir à l’arbalète, cascades en ski nautique), tandis que le compositeur Alan Parker (aucun lien avec le réalisateur de Midnight Express) reprend servilement le thème de John Williams.

Le scénario, qui emprunte sans risque la structure habituelle des films catastrophe, commence par l’inauguration de Sea World, un nouveau parc d’attractions sous-marines équipé de galeries en plexiglass et d’un laboratoire immergé où le public peut voir évoluer des dauphins, des phoques et même des requins, le tout étant installé dans un lagon artificiel relié à la mer par un canal. Mike Brody (Dennis Quaid), qui y est employé, retrouve bientôt son jeune frère Sean (John Putch), tous deux étant le seul lien entre ce film et les deux précédents (ce sont les fils du shérif joué par Roy Scheider). Une fois que tous les protagonistes sont en place (l’entrepreneur incarné par Lou Gossett Junior, le cinéaste intrépide que campe Simon McCorkindale, l’employée de Sea World jouée par Lea Thompson), la menace prend enfin la forme prévisible d’un grand requin blanc. Capturé et exhibé dans le parc, le poisson carnivore ne survit pas à sa captivité…

Aquatic Park

Et c’est là qu’intervient sa mère, longue de dix mètres et pas du tout contente. Si les protagonistes et les dialogues rivalisent d’insipidité et de stupidité, les scènes de panique fonctionnent plutôt bien, notamment grâce à l’excellence des effets spéciaux mécaniques qui rendent le monstre fort impressionnant. Quelques séquences choc font également mouche, comme l’apparition d’une tête de victime défigurée au milieu d’un aquarium, ou l’engloutissement intégral d’un homme par la maman requin en colère. Mais cette seconde séquelle demeure grossière d’un bout à l’autre et s’achemine vers un final singulièrement tiré par les cheveux. Difficile de reconnaître dans ce fatras d’incohérences la patte de Richard Matheson, excellent auteur de science-fiction qui fut sollicité pour écrire le scénario mais dont le travail fut saboté par une batterie d’auteurs additionnels. On regrette surtout qu’Universal ne soit pas allé au bout de son idée initiale, qui consistait à faire de ce troisième épisode une parodie titrée Jaws 3 – People 0 et réalisée par Joe Dante. Le résultat eut certainement été plus réjouissant que cette baudruche en relief sans âme.

 

© Gilles Penso

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PREMIER CONTACT (2016)

Une experte en linguistique est chargée d'entrer en communication avec d'étranges visiteurs extra-terrestres

ARRIVAL

2016 – USA

Réalisé par Denis Villeneuve

Avec Amy Adams, Jeremy Renner, Forest Whitaker, Michael Stuhlbarg, Tzi Ma, Mark O’Brien

THEMA EXTRA-TERRESTRES

Après un triptyque unanimement salué par la critique et le public – Incendies, Prisonners et Sicario – le cinéaste canadien Denis Villeneuve quitte la terre ferme qui lui était familière pour s’essayer à la science-fiction. Sa source d’inspiration ? Une nouvelle de Ted Chiang, « L’Histoire de ta vie », maintes fois primée dès de sa publication en 1999. Avoir confié le scénario à Eric Heisserer peut surprendre, dans la mesure où ses travaux précédents (le remake des Griffes de la Nuit, la prequel de The Thing, Destination finale 5) ne sont pas des modèles de finesse. Pourtant son script joue la carte de la demi-mesure et de l’épure, respectant assez scrupuleusement la structure établie dans la prose de Chiang. Les premières images du film flirtent ouvertement avec le cinéma de Terrence Malick. Filmées à fleur de peau, les tranches de vie de Louise (Amy Adams) et de sa fille à différents âges de son existence exhalent tour à tour la tendresse, la frustration, le bonheur intense ou la tristesse la plus absolue, en une montagne russe émotionnelle qui sait nous toucher sans pour autant gagner notre pleine implication, dans la mesure où quelque chose nous échappe ouvertement dans cette narration elliptique.

Le récit change brusquement de cap lorsque douze gigantesques vaisseaux extraterrestres de forme oblongue entrent dans l’espace aérien de plusieurs villes de notre planète et stationnent au-dessus du sol. Qui sont ces visiteurs d’outre-espace ? Que veulent-ils ? Comment entrer en communication avec eux ? Louise étant une experte en linguistique, elle fait partie des rares privilégiés qui, à travers le globe, vont entrer dans l’un des vaisseaux pour tenter de comprendre le langage des entités venues d’ailleurs. Si les visions surréalistes de ces objets titanesques en suspension saisissent follement notre imagination, la première apparition des aliens met à mal notre suspension d’incrédulité. Certes, Villeneuve prend bien soin de les masquer dans la brume, derrière une paroi transparente impénétrable, et ne nous laisse distinguer que leur silhouette en contre-jour. Mais ces heptapodes colossaux et tentaculaires, presque frères jumeaux des créatures du Monsters de Gareth Edwards, véhiculent une imagerie pulp que le cinéaste refuse résolument d’assumer. « Rassurez-vous, ce n’est pas qu’un vulgaire film de science-fiction » semble vouloir affirmer sans cesse le cinéaste à son public, comme si le genre cinématographique inventé par Georges Méliès n’était pas assez noble pour se suffire à lui-même. Ce faisant, il met en scène des pieuvres géantes extraterrestres qui contredisent fatalement cette approche intellectualisée.

De la science-fiction qui ne s'assume pas ?

Plus problématique : en laissant reposer la majorité de son scénario sur les tentatives de traduction en langage humain d’un dialecte venu d’ailleurs, Premier Contact tombe dans le piège de l’adaptation littérale incapable de traduire en grammaire cinématographique les mots d’un écrivain. Là où Steven Spielberg avait eu l’intelligence d’opter pour un langage non écrit pour Rencontres du Troisième Type, Villeneuve laisse le texte envahir son film jusqu’à saturation, cultivant en outre le motif de « l’élu » (un seul être humain choisi entre tous pour sauver l’humanité) qui dénoue artificiellement la situation en jouant le rôle providentiel de deus ex-machina. Malgré sa beauté plastique, sa sensibilité et sa pudeur, Premier Contact ne nous convainc donc qu’à moitié, prouvant à quel point la science-fiction est un genre bien plus exigeant et complexe qu’il n’y paraît.

 

© Gilles Penso

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LES ENFANTS DES DAMNÉS (1963)

Une suite du célèbre Le Village des Damnés qui souffre fatalement de la comparaison avec son aîné mais développe son récit de manière novatrice

CHILDREN OF THE DAMNED

1964 – GB

Réalisé par Anton M. Leader

Avec Ian Hendry, Alan Badel, Barbara Ferris, Alfred Burke, Sheila Allen, Ralph Michael, Patrick Wymark, Martin Miller

THEMA ENFANTS I MUTATIONS

Connue également sous le titre Ces Êtres Venus d’Ailleurs, cette séquelle du Village des Damnés ne manque pas de qualités, mais elle ne s’apprécie pleinement que si l’on évite toute comparaison avec son extraordinaire prédécesseur. Le film de Wolf Rilla suggérait la présence d’autres groupes d’enfants doués de télépathie aux quatre coins du globe, en dehors de ceux de Midwich. Les Enfants des Damnés part de ce principe pour mettre en jeu la présence de six de ces inquiétants surdoués. Ramenés à Londres par leurs gouvernements respectifs afin de faire l’objet de tests scientifiques poussés, ils échappent sans difficulté à la vigilance de leurs tuteurs et se réunissent dans une vieille église désaffectée. Là, ils usent de leurs pouvoirs (avec le fameux effet des yeux lumineux, toujours aussi efficace) pour échapper à l’assaut des adultes venus les débusquer.D’où l’éprouvante séquence d’un homme qui abat son complice puis se jette dans le vide pour s’empaler sur une grille, sous le regard parfaitement impassible des bambins menés par un petit chef qui n’est pas sans évoquer, avec douze ans d’avance, le Damien de La Malédiction. Aux enfants pâles et blonds platine du premier film, ce second opus oppose un casting plus coloré, Anglais, Asiatiques, Africains, Indiens et Russes formant une nouvelle armée en culotte courte dont les intentions demeurent mystérieuses jusqu’au bout.

Car si Le Village des Damnés sous-entendait une présumée invasion venue d’une autre planète, Les Enfants des Damnés ne fait plus la moindre allusion à la moindre origine extra-terrestre, occultant du même coup les phénomènes surnaturels ayant précédé leur naissance (le black-out de Midwich, l’immaculée conception) et optant plutôt pour une mutation génétique en guise d’explication. « Je crois que ce sont les cellules d’un homme qui aurait un million d’années d’avance », affirme ainsi le vénérable professeur Gruber (Martin Miller) après avoir effectué une prise de sang sur l’un des enfants. « Ils ne sont pas humains, c’est une espèce supérieure, ils nous battront toujours » s’empresse d’ajouter l’un de ses confrères, prônant leur extermination imminente en concluant sa diatribe de la manière la plus expéditive qui soit :  « nous les dominons ou ils nous dominent, c’est la loi de la nature. » Dans les rangs de la communauté scientifique, les avis se partagent bientôt. Faut-il les détruire, les étudier, les laisser en paix ?

Un final apocalyptique

Le final, apocalyptique, montre la bêtise humaine l’emporter, mais le propos du film demeure un brin évasif dans la mesure où nous ne saurons jamais ce que ces petites créatures au visage poupon attendent des adultes humains et quels projets ils élaborent dans leur camp retranché. C’est d’autant plus dommage qu’une salve contre l’intolérance semblait couver sous le scénario de John Briley. Plus variante sur la thématique du Village des Damnés que véritable séquelle, Les Enfants des Damnés souffre ainsi d’un récit manquant de cohésion et de régulières pertes de rythme, même si son atmosphère générale évoque parfois les très illustres films de la série Quatermass produits quelques années plus tôt par la Hammer.

 

© Gilles Penso

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TOBOR LE GRAND (1956)

Mettez le mot Tobor à l'envers et vous aurez une idée assez précise du sujet de ce film de science-fiction délicieusement rétro

TOBOR THE GREAT

1956 – USA

Réalisé par Lee Sholem

Avec Taylor Holmes, Billy Chapin, Charles Drake, Karin Booth, Lew Smith, Steven Geray, Henry Kulky, Hal Baylor, Franz Roeh

THEMA ROBOTS

Dans un futur proche (quand on se replace dans le contexte des années 50, bien entendu), les voyages dans l’espace sont sur le point de se concrétiser. Refusant qu’on emploie des cobayes humains pour expérimenter la fiabilité des fusées, le docteur Ralph Harrison (Charles Drake) décide de démissionner de l’agence spatiale américaine. Rallié à sa cause, le vénérable professeur Arnold Nordstrom (Taylor Holmes) lui propose de s’associer à lui pour concevoir une solution alternative à la mise en péril des astronautes, autrement dit un robot intelligent capable de piloter un vaisseau spatial. Lorsque la presse est conviée dans le laboratoire bourré de gadgets de Nordstrom (passages secrets, portail à vibrations, horloge qui parle, caméras de surveillance à infrarouge), nous découvrons enfin le fruit de ses travaux avec Harrison, joyeusement baptisé « Tobor » (les amateurs d’anagrammes apprécieront). Deux mètres de haut, une carcasse argentée, un torse cubique, des tuyaux en guise de membres, des mains en forme de pinces et une tête démesurée : Tobor est l’un de ces robots irrésistibles dont seule la SF des fifties avait le secret.

« En fait, le terme robot n’est pas approprié », lance bientôt Nordstrom à l’assistance ébahie. « Je préfère parler de simulacre d’homme électronique. » En effet, Tobor semble posséder une large gamme de sentiments et d’émotions synthétiques. Quant à son système de commande à distance, il ne fonctionne pas par ondes radios mais par perceptions extra-sensorielles. Cumulant bon nombre de clichés du genre, le sympathique professeur Nordstrom a une jolie fille prénommée Janice (Karin Booth) dont s’éprendra le jeune docteur Harrison, ainsi qu’un petit-fils de onze ans, Brian (Billy Chapin), qui se distingue par sa malice et son intelligence. Bientôt, le savant et le petit garçon sont capturés par une puissance étrangère (non identifiée, mais très probablement communiste, comment pourrait-il en être autrement en 1956 ?), soucieuse de soutirer toutes les informations liées au contrôle de la géniale machine. 

« Un simulacre d'homme électronique… »

N’écoutant que son courage électronique, « Tobor le grand » quitte précipitamment le laboratoire de Nordstrom, abat toutes les cloisons qui lui font obstacle, assomme ceux qui entravent son chemin, conduit fièrement une jeep de l’armée et s’en va libérer son créateur et son ami en culottes courtes. Même si le suspense final est plutôt réussi, l’intrigue de Tobor le Grand (également connu en France sous le titre Le Maître du Monde) est franchement simpliste et le film ne sort du lot que par la grâce de sa vedette métallique au look savoureux digne d’un serial de science-fiction, à ranger aux côtés du Robbie de Planète Interdite et du Gort du Jour où la Terre s’Arrêta. Dans la foulée, Duke Goldstone réalisa Tobor and the Atomic Submarine, épisode pilote d’une série baptisée Here Comes Tobor qui aurait dû mettre en scène les exploits de cette boîte de conserve intelligente mais qui ne se concrétisa jamais au-delà de cette première aventure de 26 minutes lançant Tobor à la recherche d’un sous-marin atomique disparu.

 

© Gilles Penso

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DON’T BREATHE (2016)

Trois jeunes malfaiteurs s'apprêtent à cambrioler une maison sans se douter qu'ils se jettent dans la gueule du loup…

DON’T BREATHE

2016 – USA

Réalisé par Fede Alvarez

Avec Stephen Lang, Jane Levy, Dylan Minnette, Daniel Zovatto, Franciska Torocsik

THEMA TUEURS

L’histoire de Fede Alvarez a tout du rêve américain : en 2009, ce jeune uruguayen explose le compteur Youtube avec son court-métrage Ataque de panico, ce qui attire l’attention d’un certain Sam Raimi. La suite est connue : Alvarez se retrouve propulsé réalisateur du remake d’Evil Dead en 2013, sous le regard bienveillant du papa d’Ash, ici producteur avec Ghost House Pictures. La copie est soignée et la critique positive, même si certains fans n’adhèrent pas à la direction torture-porn choisie, loin du slapstick original. Le nouvel effort de cet élève doué, Don’t breathe, débarque dans nos contrées tout auréolé d’un formidable réputation de « high concept thriller » implacable. Méritée ? Rocky, jolie fonceuse au grand cœur, est partagée entre son copain bad boy, Money (les muscles) et un jeunot transi d’amour pour elle, Alex (le cerveau). Ce trio cambriole de riches maisons, animé par une simple et seule motivation : l’argent. L’ultime chance de fuir loin de leur quotidien morose et désargenté est un coup fumant, qui ressemble à une promenade de santé : le braquage de la maison d’un vieil aveugle qui dort sur un véritable pactole suite à un remboursement d’assurance fructueux. Malheureusement, la proie facile va s’avérer être un loup dangereux, prêt à tout pour protéger son magot…

L’exposition est concise et nos malfaiteurs, on l’aura compris, stéréotypés. Alvarez fonce droit au but, investissant rapidement l’imposante demeure où se dérouleront les faits. Et il faut reconnaître que les qualités techniques du réalisateur fonctionnent d’emblée, car complètement au service de l’histoire : les plans-séquences fluides présentant dans le même temps la topographie des lieux et les enjeux à venir sont de toute beauté. La première heure fait preuve d’une réelle efficacité dans son jeu du chat et de la souris, éprouvant le spectateur sans user des sempiternels jump scares, exploitant le moindre recoin de la bâtisse et profitant à plein régime du charisme de Stephen Lang, terrifiant en Zatoichi félin, athlétique et impitoyable (on repense parfois, dans ses pertes de sang-froid, à son personnage de « Party Crasher » dans La Manière Forte de John Badham). Seulement voilà : le film se retrouve rapidement rattrapé par son argument de court-métrage.

Un long court-métrage

Car tenir jusqu’au bout un concept primaire en huis-clos n’est pas chose facile, et Alvarez ne se prononce pas encore Carpenter. Le soufflé retombe avec fracas dans sa dernière partie, la machine commençant à tourner à vide et les incohérences à s’accumuler dangereusement (l’aveugle, selon l’humeur, est doté d’un odorat surdéveloppé ou bien frôle les intrus sans s’en apercevoir, et semble détenir un très commode don d’ubiquité). Le souci de réalisme et de simplicité qui semblait prévaloir s’efface au détriment d’une sous-intrigue peu crédible et carrément sordide, quelque part entre Millenium, Saw et Crossing Guard, sensée à la fois humaniser le méchant et le diaboliser un peu plus. Inutile et maladroit, ce segment par trop explicatif amorce la chute de l’intrigue (et de l’intérêt général), avant de bifurquer vers une redite de Cujo au suspense caduc dès le départ, puisque que, très curieusement, le metteur en scène avait choisi de dévoiler l’issue de la scène dès l’ouverture du film. Le final téléphoné ne remontera pas le niveau, et l’on se prend soudain à réévaluer négativement cette première heure réussie en comptabilisant le pillage référentiel : une poursuite dans le noir complet (Le Silence des Agneaux), des va-et-vient dans les cloisons (Le Sous-Sol de la Peur), une baie vitrée prête à éclater au moindre mouvement (Le Monde Perdu), une gestion nerveuse et silencieuse des déplacements dans un espace clos (Panic Room)… Trop c’est trop. Don’t breathe souffre tristement des mêmes travers que la plupart des films de genre actuels qu’il prétend surpasser : une fausse bonne idée de départ rapidement épuisée, perdue dans les clichés et la flatterie des instincts cinéphiles. Cependant, surnageant de la nuée de navets horrifiques contemporains, son succès public et son buzz flatteur démontrent qu’au royaume des aveugles, les borgnes sont rois.

© Julien Cassarino

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DOCTOR STRANGE (2016)

Le Maître des Arts Mystiques imaginé par Stan Lee et Steve Ditko fait son entrée dans le Marvel Cinematic Universe

DOCTOR STRANGE

2016 – USA

Réalisé par Scott Derrickson

Avec Benedict Cumberbatch, Chiwetel Ejiofor, Tilda Swinton, Benedict Wong, Mads Mikkelsen, Rachel McAdams

THEMA SUPER-HEROS I SORCELLERIE ET MAGIE I MONDES PARALLELES ET MONDES VIRTUELS I SAGA AVENGERS I MARVEL

Parvenir à réaliser un film qui sorte du lot et à imposer son propre style s’avère de plus en plus difficile au sein de l’univers ultra-codifié de la franchise Marvel. Les mémos de production et les passages obligatoires sont tellement légion que l’éclosion d’une quelconque personnalité en pareil contexte tient presque du miracle. De Scott Derrickson, nous ne savions pas trop quoi attendre. Cinéaste très inégal (il sut nous terrifier avec L’Exorcisme d’Emily Rose et nous affliger avec son Jour où la Terre s’Arrêta), quelle pierre pouvait-il apporter au gigantesque édifice des Avengers ? Un petit caillou bien dérisoire, en vérité. Noyé dans la masse des épisodes disparates de cette saga protéiforme, Doctor Strange emprunte en effet des chemins tellement balisés que le sentiment de déjà vu nous étreint de la première à la dernière minute. Ce personnage arrogant et imbu de lui-même, qu’un accident va obliger à découvrir l’humilité et le don de soi pour mieux « ressusciter » sous les atours d’un super-héros opposé aux forces du mal, suit pas à pas le parcours de Tony Stark dont il reprend bien des attributs (l’égocentrisme, la belle maison, les voitures de sport, les « punchlines » pince sans rire, et même le bouc savamment taillé).

A ce titre, le choix de Benedict Cumberbatch est quelque peu surprenant. Pourquoi demander à cet excellent comédien, parfait dans le registre ténébreux et sophistiqué, de singer les facéties de Robert Downey Jr ? D’autant que son ancêtre dessiné, conçu en 1963 par Stan Lee et Steve Ditko, prêtait peu à rire. C’est du contraste fort entre son sérieux imperturbable et le second degré de ses comparses costumés (Spider-Man entre autres) que naissait l’humour, et non de sa propre autodérision. L’apprentissage mystique du personnage, quant à lui, prend les allures d’un édifiant catalogue de clichés : le disciple cynique et incrédule, le maître vénérable qui décèle en lui un don spécial, l’ancien apprenti qui s’est retourné contre son mentor, le héros qui n’est pas encore prêt mais deviendra l’élu seul capable de sauver le monde…

Scott Derrickson n'est pas James Gunn

Même du côté des combats, l’innovation n’a pas cours. Certes, ces affrontements spectaculaires au milieu de cités qui n’en finissent plus de se reconstruire et de réagencer leur architecture nous offrent quelques moments épiques. Mais ils se contentent la plupart du temps de recycler les idées visuelles de Inception et Dark City. Un tel conformisme est d’autant plus regrettable que le personnage du Docteur Strange et sa pratique des arts mystiques auraient permis à l’univers cinématique Marvel de s’offrir un véritable grain de folie, de transporter ses spectateurs à mille lieues des sentiers battus, au cœur d’univers parallèles peuplés d’entités surnaturelles autorisant tous les excès. Mais Scott Derrickson n’est pas James Gunn et son film reste désespérément sage et convenu, loin des fulgurances psychédéliques qu’on aurait pu espérer. Sans surprise, l’épilogue s’ouvre sur une intégration du héros dans l’équipe des Avengers et la naissance d’un nouveau vilain, comme si ce Doctor Strange n’avait finalement d’autre réelle fonction que celle d’un pilote de série TV annonçant la suite du programme.

© Gilles Penso

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THE LOVE WITCH (2016)

Un film de sorcellerie atemporel qui reprend à son compte tous les codes esthétiques du cinéma de genre des années 60

THE LOVE WITCH

2016 – USA

Réalisé par Anna Biller

Avec Samantha Robinson, Gian Keys, Laura Waddell, Jeffrey Vincent Parise, Jared Sanford, Robert Seeley, Jennifer Ingrum

THEMA SORCELLERIE ET MAGIE

Artiste complète, Anna Biller a signé la réalisation, l’écriture, la production, la décoration, les accessoires et une partie de la musique de The Love Witch, au cours d’une très longue période de préparation où, enfermée chez elle suite à une profonde dépression, elle mit à contribution son arrêt maladie pour préparer ce long-métrage résolument atypique. Hommage énamouré au cinéma des années soixante, The Love Witch en reproduit avec une minutie presque maniaque les modes vestimentaires, les maquillages, les décors, la musique mais aussi le jeu des comédiens et les effets de mise en scène. La musique, délicieusement « easy listening », évoque Burt Bacharach et Dave Grusin, quand elle n’emprunte pas directement ses compositions à Ennio Morricone. L’effet de mimétisme est d’autant plus étonnant que l’intrigue ne se déroule pas dans les sixties, comme en témoignent les téléphones portables et les véhicules. Nous sommes donc dans un univers « autre » où les scènes de voiture sont filmées en rétro-projection et où les filles portent toutes des faux cils. Dans cet environnement ultra référentiel, le scénario s’appuie sur le prétexte de la sorcellerie pour s’interroger sur l’incompréhension séculaire et réciproque qui complique les relations entre hommes et femmes, sur la nature du lien amoureux et sur les exigences et frustrations internes aux couples.

Elaine, une jeune et jolie sorcière, y est en quête désespérée d’amour. Pour pouvoir séduire les hommes qui l’attirent, elle concocte des potions et jette des sorts, mais le résultat n’est pas celui escompté. Ses victimes tombent sous son charme, puis, incapable de contenir un trop plein d’émotions, meurent littéralement d’amour. Les cadavres se multiplient donc dans son sillage, et les choses se compliquent lorsqu’Elaine s’éprend de l’inspecteur de police qui enquête sur ces morts mystérieuses. De nombreux films et séries du genre nous viennent à l’esprit face au spectacle étonnant que constitue The Love Witch, des giallo de Mario Bava à l’épouvante gothique de Terence Fisher et Riccardo Freda, en passant par Chapeau Melon et Bottes de Cuir (difficile de ne pas penser à Emma Peel) mais aussi Ma sorcière bien aimée. Une sorcière prénommée Barbara qui n’est pas sans nous rappeler Barbara Steele sert d’ailleurs de « mentor » à l’ingénue Elaine.

La plus glamour des sorcières

Mais Anna Bier ne joue jamais vraiment la carte du pastiche ou du clin d’œil cinéphilique appuyé. Elle préfère s’imprégner d’une époque et d’un genre pour mieux les réinventer. La révélation du film est Samantha Robinson, ancien mannequin qui tourne ici dans son premier film en tant que comédienne. Belle à croquer, drôle, émouvante, elle ressemble comme eux gouttes d’eau à Edwige Fenech et séduit autant les spectateurs que les personnages qu’elle croise tout au long du film. Sans doute le film, long de deux heures, aurait-il gagné à être allégé d’une bonne demi-heure, tant son intrigue finit par se répéter, d’autant que le dernier acte brise la logique narrative jusqu’à la rendre incompréhensible. Mais la démarche artistique reste admirable. Si elle ne suffit pas toujours à maintenir intact l’intérêt du spectateur, elle a des vertus quasi hypnotiques qui s’avèrent troublantes.

 

© Gilles Penso

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THE CALL OF CTHULHU (2005)

Un film muet qui semble avoir été tourné dans les années 20 et capture à merveille l'essence des écrits de H.P. Lovecraft

THE CALL OF CTHULHU

2005 – USA

Réalisé par Andrew Leman

Avec Matt Foyer, Patrick O’Day, David Mersault, Jason McCune, Ralph Lucas, Chad Fifer, Michael Galager, Bruce Graham

THEMA DIABLE ET DEMONS

Considéré par tous ceux qui ont eu la chance de le voir comme l’une des adaptations les plus fidèles et les plus intelligentes d’un récit d’H.P. Lovecraft, The Call of Cthulhu est un projet fou mené par d’inconditionnels admirateurs de l’écrivain maudit de Providence. Loin des enrobages romantiques façon La Malédiction d’Arkham ou des écarts gore burlesques à la manière de Re-Animator ou From BeyondThe Call of Cthulhu s’efforce de restituer l’esprit et la lettre d’une des nouvelles les plus fameuses de l’auteur, parue en France sous le titre « L’appel de Cthulhu ». Avec un budget dérisoire de 50 000 dollars, le réalisateur Andrew Leman et l’équipe de la H.P. Lovecraft Historical Society ont eu l’idée géniale de concevoir un film muet à la façon des classiques de l’horreur des années 20. Le parti pris semble d’autant plus justifié qu’il replace dans son contexte historique le récit original, écrit justement dans les années 20.

Reprenant à son compte tout le langage cinématographique de l’époque, tourné en Californie et à Providence au format DVCAM, puis minutieusement traité en post-production pour son grain reproduise à la perfection celui des pellicules muettes (selon un procédé technique baptisé « Mythoscope »), The Call of Cthulhu s’intéresse à un homme (Matt Foyer) prenant la succession de son grand-oncle mourant, le professeur George Fammell Angell (Ralph Lucas). Après avoir ouvert une de ses boites, il découvre que le vieil homme effectuait des recherches approfondies sur le culte de Cthulhu. La curiosité le pousse à fouiller les documents de son oncle, constitués d’articles de journaux, de témoignages écrits et de divers comptes rendus. Le film se poursuit alors sous forme de flash-backs adoptant tour à tour le point de vue de plusieurs témoins, permettant via un récit à la première personne de rester proche du style narratif de la nouvelle. Peu à peu, notre héros se laisse obséder par cette enquête, jusqu’à ce qu’il échoue dans un marais tourbeux de la Lousiane où il s’apprête à faire face au monstre ultime. 

« Un polype blanc aux yeux phosphorescents… »

« Certaines légendes parlaient d’un lac caché aux regards des mortels, où demeurait une colossale créature informe, semblable à un polype blanc aux yeux phosphorescents », racontait Lovecraft dans sa nouvelle, ne se hasardant pas beaucoup à décrire l’ignoble créature autrement qu’ainsi : « un monstre vaguement anthropoïde dans ses contours ; mais avec une tête de pieuvre dont la face n’était qu’une masse de tentacules, un corps squameux d’aspect caoutchouteux, des griffes formidables aux quatre membres, et deux longues ailes minces sur le dos. » Peu intimidé par la lourde charge de visualiser ce démon, objet de tant de fantasmes et réputé « immontrable », le réalisateur Andrew Leman joue son va-tout en utilisant une figurine animée stop-motion, comme à l’époque du Monde Perdu. En conformant la technique utilisée avec l’époque à laquelle le film est censé avoir été réalisé, le cinéaste fait mouche une fois de plus. A la faveur de ses nombreuses projections en festivals, The Call of Cthulhu s’attira maintes louanges de la part des puristes de l’univers de Lovecraft – pourtant réputés exigeants – et une jolie collection de récompenses.

 

© Gilles Penso

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DAGON (2001)

Stuart Gordon retrouve les écrits de H.P. Lovecraft mais abandonne l'humour burlesque au profit d'une atmosphère glauque et poisseuse

DAGON

2001 – ESPAGNE

Réalisé par Stuart Gordon

Avec Ezra Godden, Francisco Rabal, Raquel Meroño, Macarena Gomez, Brendan Price, Birgit Bofarull, Uxia Blanco, Ferran Lahoz

THEMA MONSTRES MARINS I DIABLE ET DEMONS 

Près de vingt ans après avoir librement adapté les écrits de H.P. Lovecraft avec les mémorables Re-Animator et From Beyond, le réalisateur Stuart Gordon et le producteur Brian Yuzna ont à nouveau puisé leur inspiration chez l’écrivain neurasthénique de Providence. Dans Dagon, le comédien Ezra Godden semble vouloir prendre le relais de Jeffrey Combs en arborant d’ailleurs une paire de lunettes à la Herbert West (même s’il avoue avoir surtout puisé son inspiration dans le jeu d’Harold Lloyd). A l’humour noir, à l’érotisme morbide et au gore cartoonesque des deux précédents films, le duo préfère ici une épouvante plus lancinante et une horreur plus diluée, comme pour manifester une fidélité plus grande à l’esprit de Lovecraft. Effectivement, même si le scénario de Dennis Paolisemble beaucoup plus s’inspirer de la nouvelle « Cauchemar à Innsmouth » (publiée en 1936) que de la très courte histoire « Dagon » (datant de 1917), l’ombre tourmentée du romancier plane assez efficacement sur la première partie du récit. D’ailleurs, l’un des premiers titres du projet, que Gordon le développait depuis la fin des années 80, était « The Shadow Over Innsmouth ».

Deux couples en croisière sur un voilier s’échouent sur un esquif aux abords d’un petit village de pêcheurs espagnols du nom d’Imboca (la nationalité ibérique ayant été préférée à celle du texte initial, anglaise, pour des raisons de co-production). Les habitants de cette sinistre bourgade vouent un culte au monstre aquatique Dagon et chacun se mue progressivement en créature marine. Les effets de mise en scène s’amusent ainsi à distiller une étrangeté glauque et insidieuse, comme cet hôtelier au cou muni de branchies, ce curé aux doigts palmés, ou ces ruelles sombres hantées par des silhouettes boîteuses et magnifiquement éclairées par un chef opérateur visiblement très inspiré (en l’occurrence le talentueux Carlos Suarez). Mais l’intrigue se met à patiner et à tourner en rond au bout de la moitié du métrage, et l’intérêt finit par se relâcher progressivement. Il faut dire que l’interprétation très approximative du casting américano-espagnol n’aide pas beaucoup le film.

L'attaque de l'homme-pieuvre

On note malgré tout quelques scènes choc assez efficaces, comme l’attaque d’un homme-pieuvre dans une vieille bâtisse inondée, ou l’écorchage vif d’un homme à qui on arrache progressivement le visage, une séquence gorissime à la limite du soutenable. De nombreux passages du film évoquent L’Antre de la Folie, notamment les habitants difformes et zombifiés du village, et ce n’est pas un hasard dans la mesure où John Carpenter puisait lui aussi son inspiration dans « Cauchemar à Innsmouth ». Le final nous permet d’apercevoir furtivement le démon Dagon, dont Lovecraft narrait l’apparition avec son emphase habituelle : « D’un aspect répugnant, d’une taille aussi imposante que celle de Polyphème, ce gigantesque monstre du cauchemar s’élança rapidement sur le monolithe, l’étreignit de ses grands bras couverts d’écailles, tandis qu’il inclinait sa tête hideuse. » A l’écran, il prend la forme d’un poulpe géant multiforme qui surgit du fond d’un puits en emportant sa dernière victime. 

 

© Gilles Penso

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PETER ET ELLIOTT LE DRAGON (2016)

Ce remake du classique des studios Disney s'affranchit de son modèle pour tenter une approche plus naturaliste

PETE’S DRAGON

2016 – USA

Réalisé par David Lowery

Avec Bryce Dallas Howard, Robert Redford, Oakes Fegley, Oona Laurence, Wes Bentley, Karl Urban, Isiah Witlock Jr

THEMA CONTES I DRAGONS

Si ce remake de Peter et Elliott cultive une certaine nostalgie, elle n’est pas vraiment liée au « classique Disney » dont il s’inspire – avec lequel il n’entretient qu’un faible nombre de points communs – mais à une époque révolue où l’homme entretenait un lien plus étroit avec la nature qu’avec la technologie, et où la révolution numérique n’avait pas encore eu lieu. Il est d’ailleurs difficile de déterminer à quelle époque exactement se situe le film. Les téléphones n’y sont pas portables, les disques sont en vinyl, et tout laisse à penser que nous naviguons dans une ambiance plus proche des années 70/80 que celle du 21ème siècle. Le réalisateur David Lowery, venu du cinéma indépendant américain, n’insiste pas outre mesure sur le caractère « d’époque » de son métrage. Il apporte en revanche un soin tout particulier à la construction d’un environnement réaliste et naturel.

Dans la petite ville imaginaire de Millhaven, les traditions ont la vie dure et la majeure partie des habitants vit en fonction de la grande forêt qui jouxte les habitations. Les autochtones sont bûcherons, gardes forestiers, tailleurs de bois. Ce caractère « terrien » séculaire est symbolisé par le vénérable Monsieur Meacham, qu’incarne avec sérénité Robert Redford. Plongé dans ses rêves de jeunesse, ce personnage résolument spielbergien raconte à qui veut l’entendre sa rencontre avec un dragon dans les bois. L’histoire amuse les enfants, mais la créature magique existe vraiment, et le lien qu’elle entretient avec l’orphelin Peter constitue le cœur et le moteur du récit. Le jeune héros n’a pas grand-chose à voir avec son modèle de 1977. Ce n’est plus un gavroche en salopette qui fuit sa famille adoptive mais un enfant livré à lui-même au milieu de la forêt après l’accident de voiture ayant couté la vie à ses parents. Nous sommes donc plus proches de l’univers de Mowgli, de Tarzan ou de L’Enfant Sauvage.

Un petit air de Mowgli

Plus encore que son aîné de quarante ans, Elliott ressemble quant à lui à un gros chien. Il est quadrupède, remue la queue quand il est heureux, a la truffe humide, le regard malicieux, les oreilles dressées, les crocs baveux et le corps couvert de pelage. Mais lorsqu’il déploie ses grandes ailes et s’élève dans le ciel, sa silhouette est incontestablement celle d’un majestueux dragon. Cette impression est confirmée pendant le climax du film, alors que sa colère est déchaînée et qu’il crache des torrents de flammes à l’encontre de ceux qui lui veulent du mal. Débarrassé des atours « disneyens » de la version réalisée par Don Chaffey (le mélange de dessin animé et des prises de vues réelles, les chansons), ce nouveau Peter et Elliott assume donc pleinement ses composantes fantastiques sans pour autant se départir d’un certain réalisme dans le traitement des humains. A ce titre, le jeune Oakes Fegley nous touche particulièrement dans la peau de Peter, enfant-loup déraciné qui s’adapte mal à la civilisation malgré un manque cruel d’affection. Voilà toute la force de cette relecture de Peter et Elliott le Dragon : un parfait équilibre entre le conte pour enfants traditionnel et la chronique intimiste, entre le fantastique gorgé d’effets spéciaux spectaculaires et la comédie familiale. 

 

© Gilles Penso

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