LA PLANETE DES SINGES : L’AFFRONTEMENT (2014)

Une séquelle ambitieuse et radicale qui choisit d'adopter le point de vue des primates pour mieux dénoncer les travers des humains

DAWN OF THE PLANET OF THE APES

2014 – USA

Réalisé par Matt Reeves

Avec Andy Serkis, Gary Oldman, Jason Clarke, Keri Russell, Toby Kebbell, Kodi Smit-McPhee, Kirk Acevedo

THEMA SINGES I SAGA LA PLANETE DES SINGES

A quelques jours d’intervalle sortaient sur les écrans du monde entier Transformers 4 de Michael Bay et La Planète des Singes : l’Affrontement de Matt Reeves, qui poussaient dans leurs retranchements les possibilités incroyables des images de synthèse en proposant, chacun à sa manière, un spectacle totalement inédit. Ce fut l’occasion de mesurer l’abysse qui séparait les intentions des deux films. A ma droite : Michael Bay, pyrotechnicien régressif pour qui chaque avancée technologique permet de casser plus de jouets et de saturer son écran d’explosions, de destructions orgiaques jusqu’à l’indigestion. A ma gauche : Matt Reeves, qui emploie l’outil numérique comme véhicule d’émotion et de dramaturgie, sans jamais occulter la performance du comédien sous le déferlement spectaculaire. Et force est de constater qu’un simple gros plan sur le regard du chimpanzé César, d’une intensité quasi-hypnotique, s’avère mille fois plus impressionnant que tous les robots hystériques de Michael Bay.

Mine de rien, ces deux approches antithétiques permettent d’anticiper sur la manière dont le cinéma des décennies à venir utilisera la technologie digitale, divisant comme toujours les cinéastes en deux catégories : les auteurs et les faiseurs. Assez perdu de temps avec les Transformers, concentrons-nous sur cette magistrale séquelle de La Planète des singes : les origines qui va jusqu’à dépasser son modèle grâce à la mise en scène toute en retenue de Matt Reeves et au scénario audacieux de Rick Jaffa, Amanda Silver et Mark Bomback, privilégiant le point de vue des singes à celui des humains. De fait, la première partie du film nous familiarise avec la communauté simiesque qui s’est installée dans une forêt post-apocalyptique des Etats-Unis, vivant de chasse et de pêche selon un modèle assez proche de celui des hommes de Neanderthal, sous l’autorité du vénérable César (Andy Serkis toujours, dont la prestation incroyable mériterait largement un Oscar). 

La guerre appelle la guerre

Mais le fléau qui a décimé l’humanité a épargné quelques individus, réunis dans le centre dévasté de San Francisco et unifiés tant bien que mal par l’ancien militaire Dreyfus (Gary Oldman). Bientôt à cours d’énergie, les humains souhaitent réactiver un barrage situé en lisière de forêt et dépêchent donc une petite expédition sur place. La rencontre avec les singes est inévitable, et les tensions qui en découlent laissent prévoir le pire. Chaque incident, chaque malentendu, chaque faux pas marque une progression vers l’affrontement qui semble inévitable, et que le sous-titre français annonce d’emblée. Les parallèles avec maints conflits ethniques bien réels nous viennent fatalement à l’esprit. Le fait que la guerre se déclare à cause de l’omniprésence d’armes à feu dans le camp des humains permet d’appréhender sans ambigüité le positionnement politique du film. D’autant qu’ici – et le cas est assez rare pour être signalé – aucun spectateur normalement constitué ne souhaite assister à cette bataille. Il s’avère en effet difficile de prendre parti pour l’un ou l’autre des deux fronts, tandis que l’espoir de paix s’érode inexorablement jusqu’à un climax époustouflant qui s’ouvre vers une nouvelle séquelle…

 

© Gilles Penso

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LE DRAGON DU LAC DE FEU (1981)

Le plus beau dragon de l'histoire du cinéma s'anime avec fougue dans cette somptueuse production Disney

DRAGONSLAYER

1981 – USA

Réalisé par Matthew Robins

Avec Peter MacNicol, Ralph Richardson, Caitlin Smith, John Hallam, Peter Eyre, Albert Salmi, Sydney Bromley, Chloe Salaman 

THEMA HEROIC FANTASY I DRAGONS

Le relatif échec du Dragon du Lac de Feu lors de sa sortie sur les écrans, et l’anonymat presque complet dans lequel il est tombé depuis, s’expliquent probablement par le fait que ce conte sombre et inquiétant correspond fort peu aux critères habituels des productions Disney. On y trouve des séquences d’épouvante pure, des morts violentes, et même un soupçon d’érotisme. Autant dire que les pontes de Disney ont tôt fait d’enterrer ce produit un peu gênant, et c’est dommage, car Le Dragon du Lac de Feu est pétri de qualités. Le récit commence au château de Cragganmore, où résident le magicien Ulrich et son jeune apprenti Galen. Un groupe de visiteurs, conduit par un certain Valerian, vient réclamer l’aide d’Ulrich pour débarrasser le lointain royaume d’Urland du dragon qui les oppresse. Ulrich accepte, mais il est assassiné par Tyrian, chef des soldats d’Urland. Le jeune Galen décide alors d’accomplir la tâche de son maître. Il découvre vite que tuer un dragon n’est pas le seul problème qu’il doit résoudre. Un pacte, en effet, a été conclu entre le roi d’Urland, Casiodurus, et le monstre. Périodiquement, de jeunes vierges, choisies au hasard sont offertes en pâture au dragon qui, en échange, protège le roi. Ni Casiodorus ni Tyrian ne désirent donc voir Galen réussir sa mission.

La vedette reptilienne du film met un certain temps à montrer le bout de son museau, mais l’attente est largement méritée. Car Vermithrax Pejorative (c’est son petit nom) est probablement l’un des plus beaux dragons que le cinéma fantastique nous ait offert. Il prouvait une fois de plus que la bonne vieille technique de l’animation image par image était le meilleur moyen, en ces temps pré-numériques, de donner vie aux monstres mythologiques. « Cette créature mixe l’imagerie traditionnelle des dragons du moyen âge et l’aspect reptilien de certains dinosaures » (1), nous explique Phil Tippett, auteur de son animation. Techniquement, le film marquait une première dans la mesure où l’équipe d’ILM y expérimentait pour la première fois la technique de la go-motion, qui permettait d’agrémenter l’animation traditionnelle de flous de mouvements réalistes grâce à l’informatisation de certaines parties de la marionnette.

Les premiers pas de la « go-motion »

Cela dit, le parti pris de plonger tous les plans du dragon dans l’obscurité et la fumée finit par s’avérer frustrant. A tel point qu’on en vient à se demander pourquoi l’équipe ne s’est pas contentée de la traditionnelle animation à la Ray Harryhausen, façon Le 7ème Voyage de Sinbad ou Jason et les Argonautes. La lumière du film est d’ailleurs signée Derek Van Lindt, qui avait mis en image trois ans plus tôt l’Alien de Ridley Scott. Cette aventure fantastico-médiévale se pare aussi de l’interprétation toute en fraîcheur de Peter MacNicol, qui allait triompher quinze ans plus tard dans la série Ally McBeal, de la « garçonne » Caitlin Clarke et du vétéran Ralph Richardson, qui s’acquitte du passif des productions Disney puisque son personnage semble combiner le Merlin l’Enchanteur de 1964 et le magicien de L’Apprenti-Sorcier dans Fantasia

(1) Propos recueillis par votre serviteur en avril 1998

© Gilles Penso 

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HITCHER (1986)

Un road movie qui vire au cauchemar et qui permet à Rutger Hauer de jouer l'un de ses rôles les plus intenses

THE HITCHER

1986 – USA

Réalisé par Robert Harmon

Avec Rutger Hauer, C. Thomas Howell, Jennifer Jason Leigh, Jeffrey DeMunn, John M. Jackson, Billy Green Bush, Jack Thibeau 

THEMA TUEUR

Hitcher repose sur un scénario d’Eric Red, futur auteur du mémorable Aux frontières de l’aube de Kathryn Bigelow. Atemporelle, universelle, cette fable cruelle n’est pas sans évoquer le Duel de Steven Spielberg, à la différence près que cette fois-ci, le machiavélique tueur des routes a un visage. Le protagoniste de Hitcher est Jim Halsey (C. Thomas Howell, que les amateurs de comédie ont pu apprécier dans l’excellent Soul Man de Steve Miner). Ce jeune homme accepte de convoyer une voiture à travers les Etats-Unis pour s’éviter des frais de voyage onéreux. Par une nuit pluvieuse il prend en auto-stop Ryder (Rutger Hauer), un personnage étrange et inquiétant. Jim comprend très rapidement qu’il a affaire à un tueur psychopathe et réussit à se débarrasser de son dangereux compagnon de route. Dès lors, une course poursuite commence entre Ryder et sa proie, qui endosse malgré elle les meurtres de son poursuivant. Injustement accusé de plusieurs homicides sanglants, Jim est bientôt poursuivi par la police et ne trouve personne à qui se confier, sauf peut-être Nash (Jennifer Jason Leigh), une serveuse qu’il est forcé de prendre en otage… 

La force de Hitcher réside non seulement dans son excellent concept digne d’une légende urbaine – l’auto-stoppeur assassin qui multiplie les victimes sur la route – mais aussi dans son casting en béton armé. C. Thomas Howell et Jennifer Jason Leigh y crèvent l’écran dans la peau du jeune couple persécuté par le tueur au grand manteau, au fusil à pompe et au regard froid comme l’acier. Quant à Rutger Hauer, il trouve là l’un de ses rôles les plus fascinants, au sein d’une période qui lui fut ô combien propice (La Chair et le Sang, Blade RunnerLadyhawkeexcusez du peu !). Un sous-texte homosexuel manifeste s’immisce sourdement dans la relation établie de force entre l’auto-stoppeur et sa proie, la présence de Nash (finalement plus masculine que Halsey) faisant visiblement obstacle au « couple ». Et lorsque notre infortuné héros l’interroge sur ses intentions, le diabolique Ryder répond inlassablement : « arrête-moi ». Autrement dit : « fais le premier pas ». Même si le « viol » demeure principalement psychologique, les métaphores ne manquent pas, notamment le couteau à cran d’arrêt que le psychopathe place entre les jambes de son otage pour l’inciter à filer doux. 

Le premier pas…

A cheval entre le slasher, le thriller et le road movie, Hitcher est donc une œuvre choc, plusieurs fois primée au Festival du Film Policier de Cognac en 1986. Si Jennifer Jason Leigh a su depuis rebondir avec le talent qu’on sait (Short Cuts, Le Grand saut, Dolores Claiborne), ses deux partenaires masculins ont hélas connu une seconde partie de carrière bien moins glorieuse, errant de série B en série Z sans espoir de rédemption. Le réalisateur Robert Harmon lui-même essaya en vain de réitérer son exploit avec Cavale sans issue et Highwaymen, avant de se réfugier sur le petit écran. Reste le film, objet de culte pour tous les amateurs d’action et d’épouvante, œuvre unique en son genre qui n’a pas pris une ride et aurait même plutôt tendance à se bonifier avec l’âge.

 

© Gilles Penso

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HOLLYWOOD CHAINSAW HOOKERS (1988)

Des filles dénudées et des tronçonneuses : tel est le postulat décomplexé de ce slasher sanglant et parodique signé par le spécialiste de genre Fred Olen Ray

HOLLYWOOD CHAINSAW HOOKERS

1988 – USA

Réalisé par Fred Olen Ray

Avec Michelle Bauer, Linnea Quigley, Gunnar Hansen, Jay Richardson, Dawn Wildsmith, Esther Elise, Tricia Burns, Susie Wilson

THEMA TUEURS

En 1988, Fred Olen Ray s’était déjà taillé une belle réputation de spécialiste du cinéma bis avec des productions telles que ScalpsBiohazard ou Evil Spawn. Les connaisseurs ne s’étonnèrent donc pas outre mesure de le voir se lancer dans un slasher érotico-parodique baptisé Hollywood Chainsaw Hookers (autrement dit « les prostituées à la tronçonneuse d’Hollywood »). Et le moins qu’on puisse dire, c’est que le film respecte les promesses tenues par son titre improbable. Le texte qui s’affiche en guise d’introduction donne assez bien le ton : « Les tronçonneuses utilisées dans le film sont réelles et dangereuses ! Elles sont manipulées par des professionnels. L’équipe du film vous recommande de ne pas reproduire ces scènes à la maison. Surtout si vous êtes nu et sur le point d’entamer une partie de jambes en l’air. » 

Bien sûr, le cruel manque de moyens, le semi-amateurisme des comédiens et la mise en scène rudimentaire de ce bon vieux Fred sautent quelque peu aux yeux. Mais l’équation horreur+sexe+comédie fonctionne plutôt bien, et ce dès le prologue, au cours duquel l’affriolante Mercedes (Michelle Bauer) drague un ouvrier  (Jimmy Williams) dans un bar, le conduit dans la chambre de son motel, se déshabille intégralement, puis empoigne une tronçonneuse – non sans avoir préalablement protégé avec une bâche en plastique son poster d’Elvis – et découpe sa victime en morceaux avec une bonne humeur désarmante. Un témoin mystérieux assiste à la scène. Il s’agit d’un homme massif et barbu interprété par Gunnar Hansen, le célèbre Leatherface de Massacre à la Tronçonneuse. Nous faisons alors connaissance avec le détective privé Jack Chandler (Jay Richardson) qui narre toute l’intrigue en voix off comme dans un vieux film noir. Chargé de retrouver Samantha (Linnea Quigley), une jeune fille ayant fugué après que son beau-père ait tenté d’abuser d’elle, il tombe bientôt dans les griffes d’une secte d’adoratrices des tronçonneuses dirigée par un gourou taciturne (Gunnar Hansen bien sûr). Alors que ce dernier explique avec un sérieux papal que sa petite communauté s’efforce de perpétuer un culte en vigueur depuis l’Egypte antique, Chandler rétorque stoïquement : « qu’invoquez-vous ? Black et Decker ? »

« Merci de ne pas reproduire ces scènes à la maison ! »

Profiter des charmes généreux des deux légendaires scream queens Michelle Bauer (The Tomb, Electric Blue, Transmutations) et Linnea Quigley (Douce Nuit Sanglante NuitLe Retour des Morts-Vivants, Creepozoïds) et de la trogne patibulaire de Leatherface pour une fois délesté de son masque de chair sont des plaisirs simples qu’Hollywood Chainsaw Hookers nous offre sans la moindre prétention. Alors qu’importent les défauts de ce film aux ambitions ouvertement limitées et à la facture sommaire (il fut tourné en moins de six jours avec une toute petite équipe), notamment des longueurs un peu fatigantes au cours de sa cérémonie finale et une bande originale assez inaudible. Le générique de fin nous promet une séquelle nommée « Student Chainsaw Nurses » et sous-titrée « Bad to the bone », mais celle-ci ne verra hélas jamais le jour. 

© Gilles Penso

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FRÈRE DE SANG (1982)

Un jeune new-yorkais transporte partout avec lui un panier en osier qui camoufle son frère siamois, un monstre vorace et violent…

BASKET CASE

1982 – USA

Réalisé par Frank Henenlotter

Avec Kevin Van Hentenryck, Terri Susan Smith, Beverly Bonner, Robert Vogel, Diana Browne, Lloyd Pace, Bill Freeman, Joe Clarke

THEMA DOUBLES I FREAKS

Dédié à Herschell Gordon Lewis, le père officiel du gore, Frère de Sang a fait découvrir au public la personnalité hors norme du réalisateur Frank Henelotter, concoctant là un récit où tous les excès sont permis. Duane Bradley (Kevin Van Hentenryck), un jeune homme candide de Glen Falls, New York, s’installe dans un hôtel miteux de la 42ème en ne quittant jamais son mystérieux panier d’osier. À l’intérieur se trouve Belial, son frère siamois monstrueux, mutant et télépathe. Chaque fois que Duane tente d’entamer une relation sentimentale, son frère jaloux intervient, et les choses s’achèvent généralement dans un bain de sang. Hargneux, Belial poursuit en fait une quête vengeresse dans laquelle il souhaiterait entraîner Duane : retrouver les médecins qui les ont séparés afin de les massacrer un à un…

Le charme de Frère de Sang réside d’abord dans la sobriété de sa mise en scène, induite par un budget anémique et des moyens ridicules. Les décors sont donc réels, les éclairages réduits à leur plus simple expression, et la caméra souvent portée à bout de bras. Ce minimalisme évoque quelque peu celui des premières œuvres de David Cronenberg, William Lustig ou Larry Cohen. Certaines séquences sont filmées dans les rues de New York sans la moindre autorisation, d’autres dans les appartements des amis du réalisateur, avec un sens de la débrouillardise inhérent à ce type de production. L’équipe du film fut d’ailleurs tellement réduite que la plupart des gens apparaissant au générique de fin n’existent pas, afin d’éviter de répéter inlassablement les mêmes noms !

Le charme des premiers films

Même si le jeu des comédiens sent souvent l’amateurisme, Frère de Sang bénéficie d’un certain naturalisme qui en est presque corollaire. Le flash-back central du récit, qui raconte la naissance des frères siamois, puis leur séparation et le début de leur vengeance, s’avère assez éprouvant, en particulier lorsque le spectateur voit pour la première fois Duane adolescent et Belial accroché à son flanc (dans la version française, allez savoir pourquoi, les deux frères ont été rebaptisés Frank et Martial). Le « monstre » lui-même est plutôt réussi, si l’on tient compte de la teneur du budget. Tour à tour marionnette à main, masque grimaçant, figurine immobile ou poupée animée image par image, il nimbe d’angoisse chacune de ses apparitions, à grands coups de cris stridents horriblement humains. Les meurtres s’avèrent volontiers saignants, en particulier celui de la vétérinaire, dont le visage se retrouve criblé de scalpels. Parfois, la suggestion (stimulée par le petit budget) s’avère tout aussi efficace. Témoin ces deux jambes qui tombent chacune d’un côté de l’écran, alors qu’une malheureuse victime vient de se faire couper en deux ! Le viol final, vu à travers les yeux du monstre, est lui aussi particulièrement gratiné. Quant au dénouement, il s’avère à la fois surprenant et inévitable, clôturant avec pathos cette étrange fable horrifique oscillant entre comédie, drame et épouvante, son indéniable sincérité assurant son unité et ses principales qualités. Frère de Sang sera suivi par deux séquelles tout aussi excessives, réalisées respectivement en 1990 et 1991.

 

© Gilles Penso

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GHOULIES (1985)

Gremlins cartonne dans tous les cinémas du monde ? Qu'à cela ne tienne : le producteur Charles Band lance illico une imitation bricolée avec les moyens du bord…

GHOULIES

1985 – USA

Réalisé par Luca Bercovici

Avec Peter Liapis, Lisa Pelikan, Michael des Barres, Jack Nance, Peter Risch, Tamara de Treaux, Bobbie Bresse

THEMA DIABLE ET DEMONS I SAGA CHARLES BAND

Toujours à l’affût des succès du moment, Charles Band demanda au scénariste et réalisateur Luca Bercovici de plancher en vitesse sur une imitation de Gremlins. Le résultat de ces réflexions donna naissance à Ghoulies, un film d’horreur sans prétention pour lequel Band convoqua quelques-uns de ses collaborateurs artistiques réguliers, notamment le concepteur d’effets spéciaux John Carl Buechler et le compositeur Richard Band. Au cours du prégénérique, un bébé est sauvé de justesse du sacrifice rituel auquel le destinait une cérémonie sataniste dirigée par un Rutger Hauer du pauvre équipé de verres de contact verdâtres. Quelques années plus tard, ignorant tout de ce passé tumultueux, le bébé est devenu un jeune homme, Jonathan Graves, qui hérite d’un château gothique et décide de s’y installer avec sa petite amie. Pour pendre leur crémaillère, nos deux tourtereaux organisent une petite fête dans leur vaste demeure, et la galerie d’adolescents abrutis estampillés « années 80 » qui nous est alors offerte vaut à elle seule son pesant de cacahuètes. Tout y est : le junkie coiffé comme Kiefer Sutherland qui danse le smurf, le séducteur écervelé au regard bovin et au look de Matt Dillon, les bimbos hilares… A un stade avancé de la soirée, les idées pour prolonger les festivités s’épuisent. Un Trivial Pursuit ? Un Strip Poker ? Jonathan opte finalement pour une messe noire. Devant ses amis incrédules, le maître des lieux invoque ainsi des démons d’un autre âge, mais ses tentatives semblent vaines. Sauf qu’une fois que tout le monde a regagné ses pénates, un monstre fait son apparition. 

Mais au lieu de l’effroi escompté, un fou rire difficile à contenir frappe les spectateurs. Car le démon tant attendu ressemble à un étron sur pattes affublé d’un faciès mi-porcin mi-canin, de dents pointues et de lèvres baveuses. Le grognement d’asthmatique qu’il pousse parachève cette vision surréaliste. Les petites marionnettes créées par Buechler sont pourtant attrayantes, chaque « Ghoulie » adoptant des caractéristiques morphologiques différentes (un homme-poisson carnassier, un mixage pataud entre le gorille et le crapaud, une teigne féline et vorace…), mais la mise en scène de Bercovici ne les met franchement pas en valeur. Il faut dire que le scénario part assez vite dans tous les sens, mêlant aux démons miniatures deux nains félons et un sorcier ressuscité, le tout dans le désordre le plus total.

Un climax à la Star Wars

Le seul véritable mérite de ce script sous acide aura finalement été d’échapper à l’influence de Gremlins (seuls les petits monstres évoquent vaguement les bébêtes de Joe Dante). Le public se distrait donc avec quelques mises à mort improbables (un homme étranglé par la langue démesurée d’une sorcière démoniaque qu’incarne Bobbie Bresee, une femme agressée par un pantin en forme de clown qui abrite un ghoulie géant), jusqu’à ce qu’un climax à la Star Wars ne parachève le ridicule. Car une espèce d’Obi-Wan interprété par Jack Nance surgit soudain pour affronter le grand méchant, qui vient d’avouer au héros qu’il était son père avant de l’inciter à rejoindre le côté obscur de la force ! Quant au faux happy end, c’est probablement l’un des plus grotesques de l’histoire du cinéma.

 

© Gilles Penso

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LE RETOUR DES MORTS-VIVANTS 3 (1993)

Au lieu de poursuivre la voie comique et potache assumée par l'épisode 2 de la saga, Brian Yuzna signe un opus sombre, grave et désespérément nihiliste

RETURN OF THE LIVING DEAD III

1993 – USA

Réalisé par Brian Yuzna

Avec Mindy Clarke, Kent Mac Cord, Basil Wallace, J. Trevor Edmond, James T. Callahan, Sarah Douglas

THEMA ZOMBIES I SAGA LE RETOUR DES MORTS-VIVANTS

Le Retour des Morts-Vivants ayant abordé la thématique du zombie sous le jour de la comédie satirique, et sa séquelle versant carrément dans la franche rigolade, on présageait une nouvelle escalade potache à l’occasion de ce troisième opus. Or contre toute attente, Brian Yuzna a eu l’intelligence de remettre les compteurs à zéro en proposant une vision toute personnelle du sujet, une sorte de Roméo et Juliette au pays des morts-vivants qui existe à part entière, sans aucun besoin de se référer aux deux films précédents. Le seul lien qui rattache Le Retour des Morts-Vivants 3 aux épisodes réalisés par Dan O’Bannon et Ken Wiederhorn est l’idée que l’armée américaine tente de créer une escouade de soldats indestructibles à l’aide de fûts emplis d’un produit chimique, la trioxine, qui a la capacité de ramener les morts à la vie. Le chef de ce projet est le colonel John Reynolds (Kent McCord), un homme strict et austère dont le fils Curt (J. Trevor Edmond) est transi d’amour pour la magnifique Julie (Mindy Clarke). Un soir, les jeunes tourtereaux en quête de sensations fortes pénètrent dans le laboratoire de Reynolds et découvrent avec horreur l’incroyable fruit de ses expériences. Fuyant pour ne pas tomber entre les mains des vigiles, Curt et Julie sont victimes d’un accident de moto au cours duquel la belle trouve la mort. Fou de douleur, Curt décide en désespoir de cause d’utiliser les recherches de son père pour ressusciter sa bien-aimée, suivant en cela l’exemple de Bruce Abbott à la toute fin de Re-Animator. La trioxine fait son petit effet, et Julie revient effectivement d’entre les morts, mais désormais elle est dévorée par un insatiable appétit de chair humaine… 

Mieux maîtrisé que Society, plus abouti que Re-Animator 2Le Retour des Morts-Vivants 3 est probablement l’un des meilleurs films de Brian Yuzna, oscillant avec talent entre l’horreur crue et le drame poignant, sans  se priver de quelques écarts gore volontiers excessif. A cet effet, le maquilleur Steve Johnson et son équipe ont déployé toute leur inventivité pour concevoir des zombies surprenants, du squelette recouvert de chair en décomposition à l’homme sans calotte crânienne en passant par la tête rattachée à sa moelle épinière… Des délires visuels à la Screaming Mad George qui rappellent parfois ceux de Braindead.

La douleur comme obstacle à la zombification

Au passage, Yuzna détourne un phénomène de mode alors en pleine croissance, le piercing, car pour pouvoir réfréner sa faim anthropophage et se raccrocher à ses dernières parcelles d’humanité, Julie s’inflige volontairement des douleurs physiques, plantant une myriade d’objets métalliques et de bouts de verre tout au long de son corps. D’où un look particulièrement destroy qui hisse sans peine cette femme-zombie désespérée au rang de nouvel icône marquant du cinéma d’horreur, bien plus mémorable que la fiancée zombie de Re-Animator 2. Le climax, qui nous évoque à nouveau les excès du premier Re-Animator, voit tous les zombies cobayes du laboratoire militaire s’échapper et attaquer les scientifiques, jusqu’à un final poignant et inéluctable, parachevant cette œuvre d’exception dont les faibles moyens n’entachent aucunement l’impact émotionnel.

 

© Gilles Penso

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EXPLORERS (1986)

Après Gremlins, Joe Dante décide d'emmener un tout jeune casting aux confins de l'espace pour y découvrir d'étranges extra-terrestres

EXPLORERS

1986 – USA

Réalisé par Joe Dante

Avec Ethan Hawke, River Phoenix, Jason Presson, Bobby Fite, Bradley Gregg, Georg Olden, Chance Schwass, Dick Miller 

THEMA EXTRA-TERRESTRES

« Le succès de Gremlins m’a beaucoup profité », raconte Joe Dante. « Je suis passé de la liste des réalisateurs de films de séries B à celle de ceux à qui on confie des blockbusters. On m’a même proposé de faire Batman. Bref je suis resté au sommet un petit moment… et j’ai tout saboté en choisissant mon film suivant, qui fut un désastre ! » (1) Ce film suivant, Explorers, semblait pourtant taillé sur mesure pour le cinéaste. C’est Jeffrey Katzenberg, alors chef de production chez Paramount, qui lui fit parvenir ce scénario d’Eric Luke. A travers l’histoire de jeunes garçons de la banlieue américaine dont les yeux sont tournés vers les étoiles et dont le rêve est de rencontrer des extra-terrestres pacifiques, bravant ainsi l’indifférence du monde adulte, Joe Dante envisageait le film comme une œuvre personnelle propre à véhiculer son univers, ses références et sa joyeuse impertinence. Mais il déchanta en comprenant que Paramount tenait à faire d’Explorers un blockbuster spectaculaire truffé d’effets spéciaux couteux en profitant de la notoriété récente de son metteur en scène.

Là où Dante imaginait une relecture post-moderne des Envahisseurs de la Planète Rouge, le studio rêvait plutôt d’un nouveau E.T. Cette désynchronisation dans les intentions s’aggrava lorsque la direction de Paramount changea, Katzenberg rejoignant Michael Eisner chez Disney, et lorsque le studio raccourcit le planning du film pour pouvoir le sortir le plus tôt possible. Dante accoucha donc d’un film qu’il considère aujourd’hui encore comme inachevé. Effectivement, malgré ses nombreuses qualités formelles (dont une magnifique partition de Jerry Goldsmith et de somptueux effets visuels signés ILM), Explorers semble hésiter entre plusieurs tons et peine à construire son récit avec rigueur.

Rencontres de drôles de types

Nous sommes pourtant prêts à croire à Wolfgang (River Phoenix), Ben (Ethan Hawke) et Darren (Jason Presson), ces copains de lycée inventifs et géniaux, hantés par le même rêve truffé d’explications techniques conçues pour les aider à construire un vaisseau spatial. Nous sommes tout disposés à accepter cet engin fabriqué avec des objets de récupération, notamment une poubelle, enveloppé dans une sphère d’énergie et capable de quitter la Terre après avoir semé une belle panique dans leur petite ville (avec de mémorables séquences de poursuites d’hélicoptères et de crash dans un drive-in qui projette une mauvaise imitation de La Guerre des Etoiles). Mais lorsque nos héros, transportés dans l’espace, rencontrent les extra-terrestres tant attendus, rien ne va plus : pourquoi diable avoir choisi des échappés caoutchouteux du Muppet Show (créés pourtant par le génial Rob Bottin) intoxiqués par nos émissions télévisées au point de débiter une longue série d’imitations de nos célébrités via un sketch besogneux qui n’en finit plus ? Absolument pas préparé à une telle énormité, le spectateur a donc bien du mal à avaler la suite, et regarde donc la fin du film d’un œil distrait. Altéré au moment du montage (le personnage interprété par Dick Miller disparaît littéralement du film sans laisser de trace), Explorers ne fit guère d’éclat au box-office et infléchit hélas la carrière de son cinéaste.

 

(1) Propos recueillis par votre serviteur en mars 2014.

 

© Gilles Penso

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CRITTERS 2 (1988)

Une séquelle largement supérieure à son modèle pour laquelle Mick Garris déploie des trésors d'inventivité

CRITTERS 2

1988 – USA

Réalisé par Mick Garris

Avec Terrence Mann, Don Opper, Cynthia Garris, Scott Grimes, Al Stevenson, Tom Hodges, Douglas Rowe 

THEMA EXTRA-TERRESTRES I SAGA CRITTERS

Pour amusant qu’il soit, le premier Critters ne volait guère au-dessus des pâquerettes, multipliant à outrance les invraisemblances scénaristiques et les séquences absurdes. Que pouvait-on espérer d’une séquelle ? Pas grand-chose, assurément. Et c’est là que David Twohy et Mick Garris, respectivement scénariste et co-auteur/réalisateur de Critters 2, nous prennent par surprise, concoctant une série B savoureuse bourrée d’inventivité et de bonnes idées. Futurs auteurs respectifs de Pitch Black et La Nuit Déchirée, Twohy et Garris se lancent un défi incroyable et pour le moins remarquable : non contents d’imaginer une toute nouvelle intrigue riche en rebondissements, ils gomment méthodiquement toutes les incohérences de l’épisode précédent en répondant aux questions paresseusement laissées en suspens par leurs prédécesseurs.

Désormais, les chasseurs de prime polymorphes Ug et Lee, lancés aux trousses des Critters, ont une véritable personnalité, des motivations claires. L’une des trouvailles les concernant est liée à Lee, qui ne trouve pas de corps susceptible de lui convenir (alors que dans le premier film, il changeait sans cesse d’apparence sans aucune explication logique). D’où ces scènes hilarantes au cours desquelles il se mue en bimbo sculpturale au décolleté affriolant (Cynthia Garris, épouse du réalisateur) puis en citoyen binoclard au sourire béat (l’inimitable Eddie Deezen). L’indécis alien manque même de se muer en Freddy Kruger face à une affiche de vidéo-club !  Le héros du film précédent, toujours incarné par Scott Grimes et désormais collégien, s’est considérablement épaissi, le jeune comédien gagnant du coup en assurance et en conviction (à l’âge adulte, Grimes deviendra acteur récurrent des séries Band of Brothers et Urgences).

La « critter-boule » géante

L’intrigue elle-même est savoureuse, puisqu’elle se situe pendant les fêtes de Pâques, en pleine distribution d’œufs en chocolat dans la petite bourgade de Grover’s Bend. Or les œufs des Critters se mélangent avec ceux qui sont joyeusement cachés dans les jardins, prélude à une série de sanglants quiproquos. L’humour est donc omniprésent dans cette séquelle, mais sous un jour référentiel et avec un amour manifeste du genre qui rapproche la démarche de Mick Garris de celle de Joe Dante. On trouve d’ailleurs dans le film des références à quelques « classiques » de la SF tels Le Cerveau de la planète Arous ou la série Au-delà du réel. Grâce à un budget revu à la hausse (quatre millions et demi de dollars au lieu des deux millions du premier Critters), Garris et Twohy se permettent une poignée de séquences folles et diablement généreuses, comme ce climax d’anthologie au cours duquel tous les monstres, assemblés les uns aux autres, se muent en gigantesque boule velue et vorace qui dévale les rues de Grover’s Bend, mue les infortunés humains qu’elle croise en squelettes pantelants et prend en chasse la voiture des héros ! Alors certes, Critters 2 n’est ni Le Blob de Chuck Russell, ni le Tremors de Ron Underwood, mais il se classe sans difficulté comme l’un des plus sympathiques films de monstres de la fin des années 80. 

 

© Gilles Penso

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KING KONG 2 (1986)

Déjà pas très folichon, le remake de King Kong produit par Dino de Laurentiis accouche d'une séquelle involontairement hilarante

KING KONG LIVES

1986 – USA

Réalisé par John Guillermin

Avec Linda Hamilton, Brian Kerwin, Peter Elliott, George Yiasomi, John Ashton, Peter Michael Gœtz, Frank Maraden, Alan Sader 

THEMA SINGES I SAGA KING KONG

Le King Kong produit par Dino de Laurentiis et réalisé par John Guillermin était loin d’avoir convaincu les fans du grand singe, mais sa diffusion sur les petits écrans au milieu des années 80 battit tous les records d’audience. Les deux hommes trouvèrent alors judicieux de donner une suite à leur remake, sans s’inquiéter outre mesure de la mort de leur héros simiesque à la fin du film précédent au point de choisir comme titre King Kong Lives. Les distributeurs français optèrent pour un King Kong 2 plus trivial, assorti d’un slogan laissant rêveur : « Il revient et il n’est pas content » ! Cette phrase pourrait tout autant qualifier l’état d’esprit du spectateur, tant le spectacle s’avère inepte. Le scénario, pourtant œuvre de Ronald Shussett (Alien), ressemble à une mauvaise blague. Dix ans plus tôt, King Kong avait été abattu par les hélicoptères de l’armée américaine. Mais il a depuis été maintenu en vie par une équipe de chercheurs, dans un but qui nous échappe quelque peu vu les dégâts occasionnés dans la ville de New York. Son cœur commence toutefois à être fatigué. Hank Mitchell (Brian Kerwin), un intrépide aventurier, capture donc dans la jungle de Bornéo un gorille femelle qu’il ramène aux Etats-Unis et grâce à laquelle le docteur Amy Franklin (Linda Hamilton, à peine échappée de Terminator) va pouvoir tenter une opération sur Kong pour le ramener à la vie.

Armé de ce script stupide, John Guillermin, tout juste remis de l’échec de son fadasse Sheena, reine de la jungle, ne peut évidemment guère faire de merveilles. D’autant que le très surestimé Carlo Rambaldi se charge à nouveau de créer le gorille géant (où plutôt les gorilles, car Kong côtoie ici une femelle à la crinière orange et un bébé touffu !), sans oser cette fois-ci se lancer dans l’élaboration d’un robot géant inutilisable. Succédant à Rick Baker, l’acteur et mime Peter Elliott endosse le costume poilu et s’efforce de nous faire oublier que nous avons affaire à un homme dans une panoplie.

« Il revient et il n'est pas content ! »

Peine perdue. Ni les maquettes, ni les incrustations sur fond bleu ne font illusion une seule seconde, et certaines séquences sont si ridicules (Kong qui mâchonne une demi-douzaine de petits alligators à la queue frétillante) qu’elles arrachent de francs fous rires. Car King Kong 2 a au moins ce mérite : loin de la prétention de son prédécesseur, il s’affirme ouvertement comme une série B à gros budget mal fichue et suscite volontiers le rire au second degré. Dans le rôle de l’Indiana Jones du pauvre, Brian Kerwin passe une bonne partie du film dans la main géante de Lady Kong, inversant donc la donne sexuelle habituelle et nous rappelant Queen Kong (qui, lui, était volontairement parodique). Seul élément un tant soit peu réjouissant de ce spectaculaire navet : la partition de John Scott, à peine échappé des jungles sauvages de Greystoke, qui livre ici une œuvre épique et puissante, où se lisent en filigrane quelques hommages aux travaux respectifs de Max Steiner et John Barry. Fort heureusement, le succès de cette aberrante séquelle fut tant mitigé qu’il dissuada De Laurentiis de se lancer dans un King Kong 3. Nous avons donc échappé de peu aux aventures du gentil Baby Kong.

 

© Gilles Penso

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