DEAD SHADOWS (2012)

Des créatures tentaculaires à la Lovecraft et toutes sortes de mutants hybrides s'agitent dans ce premier long-métrage décomplexé

DEAD SHADOWS

2012 – FRANCE

Réalisé par David Cholewa

Avec Fabian Wolfrom, Blandine Marmigère, Gilles Barret, Rurik Sallé, John Fallon, Baya Rehaz

THEMA MUTATIONS

Le cinéma de genre en France n’a jamais connu son heure de gloire. Notre pays étant bien trop cartésien pour laisser aller son imagination, la majorité des réalisateurs préférent mettre en scène des comédies lourdingues ou des faits divers qu’on voit sans cesse au journal télévisé. Une poignée d’irréductibles tente toutefois de ne pas se laisser brider et oeuvre pour un cinéma différent, marginal. Principal problème rencontré par ces talentueux réalisateurs : le financement de leur projet. Peu de producteurs mettent la main au panier, surtout quand le projet est un « film de genre », et encore plus quand il s’agit du genre horreur/fantastique/science-fiction, le succès en salles n’étant quasiment jamais assuré sur notre territoire. Heureusement, il reste les ventes à l’étranger où le cinéma de genre hexagonal cartonne bien plus que chez nous et rencontre un réel succès. C’est d’ailleurs grâce aux préventes à l’étranger que David Cholewa a pu assurer le tournage de Dead Shadows. Prévu au départ comme un court-métrage, ce jeune metteur en scène passionné de cinéma de genre a vendu son projet à l’export via une belle affiche, un scénario et un teaser avant même que le film soit tourné ! Avec un budget microscopique avoisinant les 150 000 euros, Dead Shadows a donc pu voir le jour, avec 20 jours de tournage et plus d’un an de post-production. 

Si le manque d’argent se fait ressentir, si le film n’est pas exempt de nombreux défauts (passée l’excellente scène d’introduction, les quarante minutes suivantes m’ont parues interminables), on sent un réel investissement de la part du réalisateur et de son équipe. La première séquence mettant en scène les fameux tentacules lovecraftiens est juste énorme et verse dans une ambiance érotico-horrifique et un mauvais goût assumé qui risque de marquer les esprits. Une fois les quarante premières minutes laborieuses derrière nous, Dead Shadows prend ses marques et gagne en rythme, en intensité, en intérêt. L’action se fait plus énergique, les bastons à grand coup de batte de baseball ou de fusil à pompe sont légion, le côté fun et décomplexé de l’entreprise fonctionne à plein régime.

Femme-arachnide et tentacules envahissants

Les effets de maquillage sont superbes, dus à David Scherer, et les mutants sanguinolents, purulents et liquéfiants assurent le spectacle. Les effets numériques ne sont pas en reste et s’associent parfaitement bien avec les acteurs de chair et d’os : une main tentaculaire se forme sur le bras de Rurik Sallé (excellent dans son rôle de truand de quartier ringard), le héros se retrouve enlacé par une femme arachnide de toute beauté qui nous évoque l’univers des jeux vidéo Silent Hill ou Evil Within, des tentacules sortent des bouches d’égout. On s’amuse enfin autant que les acteurs et on se dit qu’au final, Dead Shadows aurait certainement bien mieux fonctionné en tant que court ou moyen-métrage et que ce format long métrage de 74 minutes ne lui convient pas vraiment. L’impression de visionner un film fait entre potes se faisant bien trop ressentir. Dommage. 

 

© Stéphane Erbisti

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BURYING THE EX (2014)

Joe Dante adapte le court-métrage d'Alan Trezza pour raconter les malheurs d'un jeune homme harcelé par son ex petite amie revenue d'entre les morts

BURYING THE EX

2014 – USA

Réalisé par Joe Dante

Avec Anton Yelchin, Ashley Greene, Alexandra Daddario, Oliver Cooper, Dick Miller, Archie Hahn, Julia Marchese, Mark Alan

THEMA ZOMBIES

Pas démonté par la sortie confidentielle de The Hole (exploité en dépit du bon sens par des distributeurs peu scrupuleux), Joe Dante enchaîne en 2014 sur Burying the Ex, une comédie d’horreur qui lui est suggérée par le scénariste Alan Trezza, signataire d’un court-métrage sur le même sujet. L’histoire, propice à de nombreuses situations gorgées d’humour noir, met en vedette Max (Anton Yelchin, interprète de Chekov dans les Star Trek de J.J. Abrams et de Kyle Reese dans Terminator Renaissance). Fan de films d’horreur, il travaille dans une boutique de Los Angeles spécialisée dans le genre cinématographique qui le passionne et est follement amoureux d’Evelyn (Ashley Greene, que les amateurs de la saga Twilight ont découvert dans le rôle d’Alice Cullen). Possessive et autoritaire, elle a pourtant tendance à frustrer Max en préférant largement les plantes vertes et la nourriture bio aux films d’horreur, ce qui commence à poser problème lorsqu’elle décide de s’installer chez lui. Or un jour, Evelyn passe de vie à trépas sous les roues d’un bus. Endeuillé, Max se reprend peu à peu en main et rencontre une autre fille, Olivia (Alexandra Daddario, héroïne récurrente de la série True Detective et Annabeth dans le diptyque Percy Jackson) avec qui il commence à couler des jours heureux. C’est le moment que choisit Evelyn pour revenir d’outre-tombe avec la ferme intention de remettre la main sur son ex-petit ami !

Tourné en vingt jours à Hollywood, avec un budget extrêmement modeste, Burying the Ex souffre de ce manque de moyens. La bonne humeur de Joe Dante est toujours aussi communicative, mais on le sent sans cesse bridé dans son élan. L’intrigue se résume finalement à peu de choses et les situations deviennent vite limitées, comme s’il avait fallu arracher des pages du scénario au fur et à mesure pour entrer dans le budget. La mise en image elle-même souffre de ces limitations, prenant presque les atours de celle d’une sitcom, et révélant ses failles lors de certains moments clé (comme l’accident d’autobus qui scelle le destin des héros et dont le montage s’avère d’une extrême maladresse).

Une profusion de clins d'œils cinéphiliques

Dante accumule comme toujours les clins d’œil cinématographiques et les diffusions d’extraits, profitant du métier de son héros pour surcharger les écrans de références au cinéma d’épouvante. Mais on ne peut s’empêcher d’appréhender cette abondance d’extraits comme une sorte de « cache-misère » masquant la finesse de l’intrigue et la relative transparence des personnages sous des couches de cinéphilie (La FélineVaudouRobot MonsterL’Attaque des crabes géantsLa chambre des torturesLa planète des vampires, Dementia 13Plan 9 From Outer SpaceLa nuit des morts-vivants, tout y passe !). La partition de Jo LoDuca, génial compositeur de la saga Evil Dead, semble vouloir se mettre au diapason des ambitions du film, préférant la légèreté sautillante et les instrumentations rock à une ambitieuse partition de film d’épouvante. Seul le maquilleur Gary J. Tunnicliffe joue vraiment la carte de l’horreur, sans se départir de la tonalité burlesque du film. Fort de son expérience sur des films tels que The Collector, Scream 4 ou Piranha 3DD, il gorge Burying the Ex de séquences gore cartoonesques et exubérantes.

 

© Gilles Penso

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PUNISHER : ZONE DE GUERRE (2008)

Cette troisième adaptation à l'écran des exploits du célèbre justicier de Marvel est probablement la meilleure et la plus fidèle au comic book original

PUNISHER – WAR ZONE

2008 – USA

Réalisé par Lexi Alexander

Avec Ray Stevenson, Dominic West, Doug Hutchison, Wayne Knight, Colin Salmon, Julie Benz, Dash Mihok 

THEMA SUPER-HEROS I SAGA MARVEL

Le Punisher n’a vraiment pas de chance. Deux fois adapté à l’écran, deux fois boudé par le public, cet anti-héros adepte de l’auto-justice et des gros calibres peine à sortir des cases des comics qui l’ont vu naître pour conquérir les salles de cinéma. Echaudé par les échecs financiers respectifs du Punisher de 1989 avec Dolph Lundgren et de celui de 2004 avec Thomas Jane, Marvel tente pourtant de redonner sa chance à Frank Castle. Le parti pris de cette troisième version, confiée à la réalisatrice d’origine allemande Lexi Alexander (Hooligans), est d’ignorer celle qui la précéda d’à peine quatre ans pour redémarrer sur de nouvelles bases, avec un nouveau casting et une nouvelle redéfinition du personnage. Ainsi, alors que le Punisher réalisé par Jonathan Hensleigh misait sur des têtes d’affiche (Thomas Jane et John Travolta), Punisher : Zone de Guerre s’appuie sur des « gueules », en l’occurrence Ray Stevenson et Dominic West, respectivement héros des séries Rome et Sur écoute. Plus menaçant que Thomas Jane, plus expressif que Dolph Lundgren, Stevenson semble être un choix judicieux. Son regard noir sait se montrer intimidant, mais les failles et la douleur y affleurent parfois. Face à lui, West cabotine sans doute un peu trop, car dès qu’un accident le défigure et le transforme en super-vilain au faciès grotesque – version presque cartoonesque du Leatherface de Massacre à la Tronçonneuse – ses facéties détonnent un peu au sein du cadre réaliste dans lequel s’inscrit le film.

Étant donné qu’il s’agit d’un reboot, Punisher : War Zone s’emploie à nous raconter une fois de plus les origines du justicier, sous un angle différent. « Il y a six ans, Frank Castle était instructeur au sein des forces spéciales, ainsi qu’un père de famille sans histoire », nous raconte ainsi un policier obsédé par les faits et gestes du justicier à tête de mort. « Un jour, il a emmené sa femme et ses enfants pique-niquer. Et par hasard, ou alors sur un coup du destin, ça dépend de ce en quoi on croit, ils sont témoins d’une exécution mafieuse. Malheureusement quelqu’un les voit. Castle est le seul à s’en être sorti. Depuis ce jour-là, il s’est employé à éliminer les grandes familles de la pègre les unes après les autres. » Mine de rien, cette biographie est celle qui – des trois films – s’approche le plus du comics original.

Esthétique, nerveux et violent

L’esprit « graphic novel » plane d’ailleurs sur la réalisation de Lexi Alexander, et ce dès son générique de début qui annonce en quelques secondes le style du film : esthétique, nerveux et extrêmement violent. De fait, les nombreux combats qui ponctuent le métrage versent volontiers dans le gore. Une heure et demie durant, le sang coule à flots, les membres s’arrachent et les têtes explosent sans retenue. Mais les hectolitres d’hémoglobine n’empêchent pas le film de jouer sur d’autres registres, y compris celui de l’émotion lorsque Castle transfère les sentiments qu’il éprouvait pour sa famille décimée vers une jeune veuve et sa fille menacées de mort. Hélas, ce troisième Punisher ne trouvera pas plus de grâce que les deux autres aux yeux du public, et sortira d’ailleurs directement en DVD/Blu-Ray sans passer par la case cinéma.

 

© Gilles Penso

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PUNISHER (2004)

La version incarnée par Dolph Lundgren n'ayant pas convaincu grand-monde, le vigilante de Marvel s'offre une deuxième chance dans la peau de Thomas Jane

THE PUNISHER

2004 – USA

Réalisé par Jonathan Hensleigh

Avec Thomas Jane, John Travolta, Rebecca Romjin, Laura Harring, Samantha Mathis, Roy Scheider, Will Patton, Ben Foster

THEMA SUPER-HEROS I SAGA MARVEL

Le « Punisher » créé par Gerry Conway, Ross Andru et John Romita avait déjà tenté une percée au cinéma en 1989 à l’occasion d’un film musclé réalisé par Mark Goldblatt, avec en vedette le monolithique Dolph Lundgren. Mais cet essai s’était avéré modérément concluant, et l’anti-héros à la gâchette facile reprit sans sourciller le chemin des planches de BD, loin des salles obscures. Une seconde chance lui fut offerte dans les années 2000, Marvel ayant entre-temps prouvé la viabilité de son univers sur grand écran suite aux succès répétés de BladeX-Men et Spider-Man. Scénariste de Jumanji, Une Journée en enfer et Armageddon, Jonathan Hensleigh se vit ainsi offrir la possibilité de réaliser son premier long-métrage via une nouvelle adaptation des aventures du vigilante amateur de têtes de mort. Après un court générique esthétisant, nous faisons connaissance avec Frank Castle (Thomas Jane), un agent du FBI désireux de prendre sa retraite après avoir démantelé un réseau d’armes illégales. Mais tandis qu’il coule des jours heureux à Porto Rico avec sa famille, Howard Saint (John Travolta), un mafieux hargneux, cherche à venger la mort de son fils, tombé pendant la dernière mission de Castle. Saint charge ses hommes d’occire non seulement l’ex-agent mais aussi toute sa famille.

Le suspense fonctionne avec une redoutable efficacité quand le commando débarque parmi la famille de Castle et tire sur tout ce qui bouge. La tension monte d’un cran lorsque son épouse et son fils sont pris en chasse par les tueurs. En cet instant précis, les nombreux points communs entre Castle et Mad Max nous sautent aux yeux, d’autant que le film d’Hensleigh renforce les analogies avec le premier film de George Miller en reproduisant à peu de chose près la même séquence de mise à mort. Mais Thomas Jane n’a pas le grain de folie qui rendait Mel Gibson si inquiétant dans le dernier chapitre de Mad Max (une démence autodestructrice qu’on retrouvait aussi chez le Martin Riggs de L’Arme fatale). Un peu trop lisse, le jeu du futur héros de The Mist manque d’intensité. Laissé pour mort dans une explosion, son personnage survit miraculeusement (ce qui s’avère inexplicable dans la mesure où il a été abattu à bout portant) et le film applique dès lors le fameux axiome « ce qui ne tue pas rend plus fort » qui transformera notre homme en Punisher.

Ce qui ne tue pas rend plus fort

Mais une fois de plus, la rage et la froideur de ce justicier sociopathe ne sont ressenties qu’à moitié par le spectateur, à cause d’une tonalité trop tiède et d’une interprétation trop fade. Ici, Castle torture pour de faux, assomme avec des casseroles, fait de l’humour, ose quelques punchlines et habite sur le même palier que deux geeks comiques, tandis que sa némésis est un John Travolta en roue libre qui nous amuse plus qu’il ne nous effraie. Sans parler de ces moments bizarroïdes que rien ne justifie, comme le mariachi qui pousse la chansonnette, en une sorte d’hommage incompréhensible aux premières œuvres de Robert Rodriguez. Honorable mais sans éclat, ce second Punisher n’aura pas plus convaincu le grand public que la version précédente, malgré une bonne volonté manifeste et quelques séquences émotionnellement très fortes en première partie de métrage.

 

© Gilles Penso

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PUNISHER (1989)

Dolph Lundgren entre dans la peau d'un "héros" adepte de la justice expéditive, tout droit issu des pages des comics Marvel

THE PUNISHER

1989 – USA

Réalisé par Mark Goldblatt

Avec Dolph Lundgren, Louis Gossett Jr, Jeroen Krabbé, Kim Miyori, Nancy Everhard, Barry Otto, Brian Rooney

THEMA SUPER-HEROS I SAGA MARVEL

Le Punisher est un pur produit de son époque. Né en 1974 sous la plume de Ross Andru et le crayon de Gerry Conway, il s’inscrit dans la vogue d’autojustice popularisée au cinéma par des films tels que L’Inspecteur Harry ou Un Justicier dans la Ville, eux-mêmes générés par une remise en cause des institutions américaines consécutives à la guerre du Vietnam et au scandale du Watergate. Cet ex-flic transformé en justicier/juge/bourreau est d’abord apparu en guest star d’une série d’aventures de Spider-Man avant d’avoir droit à ses propres publications. A la fin des années 80, le cinéma d’action US étant gorgé de testostérone dans la foulée des exploits de Mel Gibson, Bruce Willis, Sylvester Stallone, Arnold Schwarzenegger, Chuck Norris ou Jean-Claude Van Damme, une adaptation sur grand écran des exactions du Punisher semblait alléchante. La compagnie New World Pictures fondée par Roger Corman s’efforça donc de mettre toutes les chances de son côté. Devant la caméra : Dolph Lundgren, une montagne de muscles découverte dans Rocky IV, Les Maîtres de l’Univers et Le Scorpion Rouge. Derrière la caméra : Mark Goldblatt, superstar du montage (HurlementsTerminator, Rambo 2, Commando) réalisant là son second long-métrage après le sympathique Flic ou Zombie. Dans l’esprit du comic book qui l’inspire, le film assume une tonalité très sombre et une violence décomplexée.

Ancien policier ayant assisté impuissant à la mort de sa femme et de ses enfants, Frank Castle a disparu de la circulation pour réapparaître sous les traits du Punisher, qui aurait déjà tué 125 membres de la pègre. Réfugié dans les égouts de la ville, il médite nu et monologue intérieurement sur ses motivations, quand il n’arpente pas les rues sur sa moto pétaradante pour jouer de la gâchette. Les puristes regrettent d’emblée l’absence de tête de mort sur la tenue noire du anti-héros, un logo emblématique dont la production décida de se priver. Quelques astuces tentent bien de rattraper cette carence (le maquillage de Lundgren qui lui donne presque des allures de tête de mort, le crâne que l’on voit sur le manche de ses couteaux) mais le célèbre uniforme du Punisher brille malgré tout par son absence.

Le muscle saillant et le regard éteint

Cela dit, le problème majeur du film est d’avoir expédié le trauma initial du héros dans un flash-back minimaliste. Il devient dès lors impossible de s’identifier à lui, d’autant que Lundgren s’avère particulièrement inexpressif malgré son indéniable présence physique. Or parvenir à faire jaillir – même furtivement – une lueur d’humanité dans ce regard éteint eut été un atout indéniable pour conférer au personnage un minimum d’épaisseur. Le public peu regardant se satisfait alors des généreuses séquences d’action, de poursuites et de fusillades qui inondent massivement l’écran, notamment lors des divers affrontements entre le Punisher, les mafieux américains et les redoutables yakusas qui leur volent la vedette. Petit plaisir coupable sans grande conséquence, Punisher aura souffert de critiques globalement assassines et des difficultés financières de New World l’empêchant de sortir en salles sur le territoire américain.

© Gilles Penso

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ELEKTRA (2005)

A peine esquissée dans le Daredevil de Mark Steven Johnson, la super-héroïne incarnée par Jennifer Gardner aura eu droit à son propre long-métrage

ELEKTRA

2005 – USA

Réalisé par Rob Bowman

Avec Jennifer Garner, Terence Stamp, Goran Visnjic, Kirsten Prout, Will Yun Lee, Cary-Hiroyuki Tagawa, Bob Sapp, Chris Ackerman

THEMA SUPER-HEROS I SAGA MARVEL

Même les fans les plus irréductibles du Marvel Comic Group attendaient cet Elektra avec beaucoup de méfiance. Comment pouvait-il en être autrement, quand on voit à quel point le personnage fut sabordé dans le calamiteux Daredevil de Mark Steven Johnson ? Pourtant, ce spin-of à priori fort dispensable part avec deux atouts en poche : un scénario évacuant toute référence au film précédent, et une mise en scène assurée par un Rob Bowman très inspiré (celui-là même qui nous offrit l’étonnant Règne du feu). Revenue d’entre les morts grâce au maître des arts martiaux Stick (interprété par l’immense Terence Stamp), Elektra gagne désormais sa vie comme tueuse à gage. Sa réputation d’assassin infaillible la précède de loin, ce qui nous vaut une savoureuse séquence d’ouverture mettant trop brièvement en vedette le savoureux Jason Isaacs. Sa nouvelle mission consiste à s’installer dans une maison en bord de mer et d’abattre ses voisins. Lorsqu’elle constate que ses cibles sont un père et sa fille de 13 ans, Mark et Abby Miller, elle renonce à sa mission. Aussitôt, ses victimes potentielles sont assaillies par une horde de démons-ninjas dépêchés par une organisation maléfique dénommée « La Main ». De tueuse, Elektra se mue donc en protectrice et se heurte aux pouvoirs surnaturels d’adversaires hors du commun. 

On le voit, la rupture avec Daredevil est totale, les exploits urbains du justicier aveugle ayant ici cédé le pas à une aventure purement fantastique mâtinée de sorcellerie et de mysticisme. Montée sur le podium des superstars grâce à son rôle musclé dans la série d’espionnage Alias, Jennifer Garner campe ici un personnage pas très éloigné de l’agent Sidney Bristow qui la rendit célèbre, dont on retrouve au moins deux composantes fondamentales : une aptitude impressionnante aux combats les plus variés, et un crise d’identité génératrice de dilemmes fréquents. Nimbé d’une noirceur surprenante en pareil contexte, Elektra s’inspire largement du cinéma asiatique, dont il reprend de nombreux codes sans toutefois verser dans la caricature imitative. D’où de surprenantes échauffourées défiant les lois de la gravité (la super-héroïne y évite les projectiles avec plus de grâce que Keanu Reeves dans Matrix) et des effets spéciaux empreints de poésie et de magie. 

Une aventure teintée de magie et de mysticisme

A ce titre, les trois super-vilains qu’affronte Elektra en pleine forêt sont de mémorables trouvailles : Stone, un colosse qui semble aussi solide que du roc, Typhoïde, une femme pâle comme la mort qui fait faner les fleurs sur son passage et délivre des baisers fatals, et surtout Tatoo, dont les tatouages prennent vie et pour espionner ou attaquer ses adversaires à la vitesse de l’éclair. Même s’il ne transcende pas le genre, le scénario d’Elektra révèle quelques intéressantes surprises, notamment la nature du « trésor » que convoitent ardemment les sbires à la solde de « La Main », et se passe du second degré décalé souvent de mise chez les super-héros adaptés à l’écran. Doté en outre d’un casting impeccable, le film de Rob Bowman se détache donc du lot surchargé de films de justiciers en collants, mais l’accueil très mitigé que lui réserva le public le laissa sans suite.

© Gilles Penso

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GREEN LANTERN (2011)

Malgré la présence du solide Martin Campbell derrière la caméra, cette incarnation à l'écran d'un des super-héros de l'univers DC est un spectacle plutôt embarrassant

GREEN LANTERN

2011 – USA

Réalisé par Martin Campbell

Avec Ryan Reynolds, Blake Lively, Peter Sarsgaard, Mark Strong, Temuera Morrison, Jeena Craig, Jon Tenney, Mike Doyle

THEMA SUPER-HEROS I EXTRA-TERRESTRES I SAGA DC COMICS

Green Lantern est un super-héros de l’écurie DC Comics créé par Bill Finger et Martin Nodell en juillet 1940. Alors que ses petits camarades Superman et Batman ont rapidement assailli les grands et petits écrans, « La Lanterne verte » est sagement restée cantonnée sur le support papier jusqu’au milieu des années 90 où quelques séries animées lui offrirent de timides apparitions. Lorsqu’on découvre le premier long-métrage consacré au justicier vert, on comprend aisément les raisons de ce débarquement tardif au cinéma. Tous ces extra-terrestres multicolores, ces boules d’énergie disco, ces planètes tourbillonnantes et ces rayons verdâtres sont certes très jolis sous les crayons et les pinceaux des dessinateurs, mais à l’écran leur restitution s’avère assez risible. Ainsi, malgré la présence expérimentée de Martin Campbell derrière la caméra (Le Masque de Zorro, Casino Royale), Green Lantern a bien du mal à convaincre. Le prologue nébuleux nous explique que l’univers est protégé par une confrérie de protecteurs de la paix portant un anneau émeraude aux vertus exceptionnelles. Qu’ils aient une peau violette, un faciès de poisson, des allures de crocodile bipède, de méduse géante ou de cyclope gélatineux, ces milliers de guerriers portent tous le surnom de « Green Lantern » et doivent faire face à une entité redoutable du nom de Parallax qui commence à décimer leurs rangs.

L’intrigue se transporte ensuite sur Terre où le pilote Hal Jordan (Ryan Reynolds), dans une ambiance post-Top Gun, joue les mauvaises têtes avec sa hiérarchie et agace la jolie Carol Ferris (Blake Lively) qui fut son amour d’enfance. Soudain, sans crier gare, des images de synthèse vertes surgissent à l’écran et entourent Jordan, car il a été choisi pour devenir le tout premier être humain à intégrer le corps des Green Lantern. Le voilà désormais revêtu d’une combinaison synthétique moulante et d’un loup qui masque son identité. La suite du récit enchaîne les péripéties improbables : un savant contaminé par du sang extra-terrestre se boursoufle comme un ballon de baudruche et développe des pouvoirs télékinésico-télépathiques, les Green Lanterns décident de créer une bague avec de l’énergie jaune parce que « le vert est la couleur de la volonté et le jaune la couleur de la peur », notre super-héros conte fleurette à son amoureuse sur une terrasse comme dans Superman, puis un gigantesque monstre mi-vaporeux mi-tentaculaire (fort bien conçu au demeurant) attaque notre planète en provoquant une belle panique.

« Le vert est la couleur de la volonté »

Cette succession d’événements épars bénéficie souvent d’effets visuels réussis (fruit du labeur d’une armada de techniciens dépensant sans compter les cinquante millions de dollars mis à leur disposition) et d’actions surprenantes, dans la mesure où les Green Lanterns ont le pouvoir de matérialiser tous les objets qui leur viennent à l’esprit pour les muer en armes offensives ou défensives. Mais ce film patchwork ne parvient jamais à véhiculer la moindre émotion, si ce n’est la tristesse de voir Tim Robbins y cachetonner dans le rôle d’un sénateur véreux. Suivant le modèle des productions Marvel, une mini-scène post-générique annonce sous forme de teaser une suite possible. Une suite qui, fort heureusement, ne verra jamais le jour, Ryan Reynolds préférant effacer ce film de sa mémoire pour passer quelques années plus tard du côté de Marvel, sous la défroque impertinente de Deadpool.

 

© Gilles Penso

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LE JUSTICIER D’ACIER (1997)

Le basketteur Shaquille O'Neal incarne un super-héros DC engoncé dans une armure truffée de gadgets

STEEL

1997 – USA

Réalisé par Kenneth Johnson

Avec Shaquille O’Neal, Annabeth Gish, Judd Nelson, Richard Roundtree, Irma P. Hall, Charles Napier, Ray J. Harvey Silver

THEMA SUPER-HEROS I SAGA DC COMICS

Conforté par les succès télévisés de L’Homme qui valait trois milliards, Super Jaimie et L’Incroyable Hulk, Kenneth Johnson choisit pour son second long-métrage cinéma (après Appelez-moi Johnny 5) de persister dans la voie du super-héros. D’où ce Justicier d’acier, librement inspiré d’un personnage de DC Comics créé par Louise Simonson et Jon Bogdanove. Le basketteur Shaquille O’Neal interprète donc du haut de ses deux mètres seize John Henry Irons (ça ne s’invente pas !), concepteur d’armes pour l’armée américaine. Son dernier projet en date est un projectile hyper-puissant qui crée de gros dégâts sans blesser aucun humain. Le rêve de tous les militaires soucieux de se donner bonne conscience, en somme. Mais le jour de la démonstration, l’arme est sabotée, provoquant un gros désastre et paralysant les jambes de Susan Sparks, collègue d’Irons. Dégoûté, celui-ci démissionne de l’armée et décide de retrouver sa famille pour oublier le drame. Or l’auteur du sabotage, Nathaniel Burke, a intégré une société de jeux vidéo servant de couverture à du trafic d’armes, et s’est mis en tête de lancer sur le marché les redoutables fusils expérimentaux imaginés par Irons et Sparks. Ces derniers décroisent leurs bras et décident d’intervenir.

Irons deviendra l’homme d’acier, un super-héros engoncé dans une armure invincible truffée de gadgets, et Sparks le guidera à distance depuis son fauteuil roulant. Et c’est parti pour de nouvelles aventures ! Dans la bande-dessinée originale, largement inspirée par le personnage d’Iron Man des Marvel Comics, l’homme d’acier était sauvé de la mort par Superman, et lorsque celui-ci mourait, le super-héros métallique reprenait son flambeau en lui rendant hommage. D’où une cape rouge et un bouclier arborant fièrement un grand « S ». Ici, l’allusion à Superman ayant été évacuée (à l’exception d’un tatouage sur l’épaule), notre homme d’acier se contente d’une carcasse à la Robocop et d’un marteau multi-fonctions ! Quant aux envolées du héros de papier, elles se sont muées en escalades à bout de filin et en poursuites à moto. Pourquoi pas ? A vrai dire, le problème du Justicier d’acier ne réside pas dans son manque de fidélité au matériau dessiné initial, mais dans son manque d’ambition et d’ampleur.

Un homme d'acier tombé dans l'oubli

Certes, les cascades et la pyrotechnie sont largement de la partie, et les effets spéciaux sont tout à fait honorables. Mais le ton gentillet, le scénario basique et l’interprétation lisse de Shaquille O’Neal et de Judd Nelson, méchant sans aucun charisme, jouent sérieusement en sa défaveur. Le choix d’un basketteur superstar en guise de tête d’affiche fut probablement dicté par le succès de Space Jam, qui mettait en vedette Michael Jordan l’année précédente, mais il ne suffit guère à faire passer à la postérité Le Justicier d’acier, qui ressemble beaucoup plus au pilote d’une série TV des années 80 qu’à un long-métrage post-Batman. Le résultat reste distrayant d’un bout à l’autre, notamment pour le jeune public à qui il semble être destiné en priorité, mais le film sombra rapidement dans l’oubli et dans l’univers impitoyable des rediffusions tardives et anonymes sur les chaînes câblées.

 

© Gilles Penso 

AVENGERS : L’ÈRE D’ULTRON (2015)

Joss Whedon tente un nouveau film choral réunissant tous les Vengeurs du Marvel Cinematic Universe mais ne retrouve pas l'alchimie de l'opus précédent

AVENGERS : AGE OF ULTRON

2015 – USA

Réalisé par Joss Whedon

Avec Robert Downey Jr, Chris Hemsworth, Mark Ruffalo, Scarlett Johansson, Chris Evans, Jeremy Renner, Aaron Taylor-Johnson

THEMA SUPER-HEROS I ROBOTS I SAGA MARVEL I AVENGERS I IRON MAN  CAPTAIN AMERICA I THOR  HULK

Soyons honnêtes : Avengers : l’ère d’Ultron est impossible à appréhender comme un film traditionnel. A la fois séquelle du premier Avengers et crossover de pas moins de huit longs-métrages, il doit aussi tenir compte de toutes les productions Marvel programmées par le studio jusqu’en 2019 et de l’ensemble des comics consacrés aux Vengeurs depuis 1963. Or si Avengers avait su trouver le parfait équilibre entre les impératifs stratégiques d’un studio en pleine expansion et les intentions d’un auteur amoureux de son sujet, ce second opus peine à retrouver l’harmonie et la pureté de son modèle. Certes, les séquences d’action irradient avec générosité un écran saturé de visions iconiques conçues comme autant de cadeaux livrés aux appétits des amateurs de comics. Les morceaux de bravoure s’enchaînent, donnant la part belle à des chorégraphies d’autant plus grisantes qu’elles reposent souvent sur le principe de la complémentarité. Les pouvoirs respectifs de chaque membre de l’équipe des Avengers s’additionnent ainsi pour décupler leur efficacité.

Mais deux bémols viennent entraver la force de ces pugilats spectaculaires : une lisibilité parfois difficile due à une propension systématique à la secousse de caméra doublée d’une 3D inconfortable, ainsi qu’un sentiment de répétition et d’accumulation des péripéties, l’ultime bataille rappelant par bien des aspects celle qui opposait nos héros aux aliens du Avengers précédent. Soucieux de ne pas perdre de vue l’angle humain de son récit, Joss Whedon laisse ses héros exposer leurs tourments au sein de séquences dialoguées redéfinissant leurs rapports et leurs statuts respectifs au sein du groupe. Inattendue, la relation presque fusionnelle qui lie Natasha Romanoff et Bruce Banner ou la vie de famille paisible d’Hawkeye ouvrent de nouveaux horizons narratifs et placent sur le devant de la scène des personnages habituellement en retrait. Mais du coup, le « trio vedette » constitué de Captain America, Thor et Iron Man, perd de sa consistance. Tony Stark, notamment, vit très peu de conflits internes au fil du récit, alors qu’il est censé en être le personnage central dans la mesure où il est à l’origine du redoutable Ultron.

La spontanéité n'a plus cours

Or la décision qui préside à la création du robot meurtrier est expédiée en quelques minutes, l’inquiétude face à ce danger soudain est à peine esquissée, et le syndrome de l’apprenti-sorcier – qui aurait dû logiquement constituer le cœur même de la narration – n’est quasiment jamais traité. D’autant que la toute-puissance d’Ultron le rend techniquement invincible. Il peut se faufiler dans tous les réseaux, contrôler toutes les machines, habiter tous les corps mécaniques qu’il souhaite… Lorsque les Avengers finissent par se débarrasser de lui au bout de deux heures vingt de métrage, d’une manière somme toute assez expéditive, on ne peut s’empêcher d’y voir une certaine facilité scénaristique, là où un autre atout que la force physique aurait sans doute dû être sollicité. Le bilan de ce second Avengers est donc mitigé, fixant les limites d’un système menaçant d’enfermer ses films dans une mécanique narrative sclérosée empêchant l’émergence de la personnalité de leurs auteurs. 

 

© Gilles Penso

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LE VILLAGE DES DAMNÉS (1995)

John Carpenter nous offre un remake fidèle du classique de Wolf Rilla, avec Christopher Reeve en tête d'affiche

VILLAGE OF THE DAMNED

1995 – USA

Réalisé par John Carpenter

Avec Christopher Reeves, Kirtsie Alley, Linda Kozlowski, Michael Paré, Meredith Salenger, Mark Hamill, Pippa Pearthree 

THEMA ENFANTS I EXTRA-TERRESTRES I SAGA JOHN CARPENTER

« J’adore les vieux films de science-fiction. C’est mon amour premier, mon genre de prédilection », confesse John Carpenter. « J’ai vu Le Village des Damnés lorsque j’avais douze ans, et j’étais tombé amoureux d’une des jeunes filles du film ! » (1) En réalisant un remake du classique de Wolf Rilla trente-cinq ans plus tard, le réalisateur d’Halloween s’est heurté à un obstacle de taille : réussir à étonner un public qui a gardé en mémoire les incroyables péripéties du film original. La surprise n’est donc pas le moteur principal de cette nouvelle version, d’autant que contrairement à son remake de The Thing ou sa relecture de L’Homme Invisible, ce nouveau Village des Damnés reste fidèle, dans les grandes lignes, au film original, lui-même tiré du roman « Les Coucous de Midwich » de John Wyndham. Christopher Reeve reprend le rôle tenu par George Sanders en 1960, et se trouve à son tour confronté aux enfants télépathes et albinos. Petite différence avec le film original : au lieu d’être menée par un garçon (interprété jadis par Martin Stephens), la petite bande est dirigée par une fillette, à qui Lindsey Haun prête ses traits inquiétants. Le scénario intègre également deux éléments nouveaux : la scientifique qui tente de percer à jour le mystère de cette génération spontanée, et le petit garçon qui, privé de sa « compagne », se détache du groupe d’enfants assassins et commence à ressentir des émotions.

Aux côtés de Christopher Reeve, on reconnaît le visage marqué de Mark Hamill, dans le rôle du révérend George. Transfuges respectifs de Superman et La Guerre des Etoiles, ces deux solides comédiens nous font magistralement oublier leur passé de super-héros, pour camper des personnages désespérément humains, fragilisés par une menace résidant dans ce qu’ils ont de plus cher : leur progéniture. « Que se passe-t-il si vous êtes le père d’un enfant qui n’a pas d’émotions, qui tue… ? C’est ce qui se passe en ce moment en Amérique, et c’est la métaphore que j’ai souhaité faire passer », nous explique John Carpenter. « Attention, ce n’est pas un film à message. Je me suis simplement demandé à quoi ce genre de comportement pourrait aboutir, en quoi est-ce que cela éveille une émotion chez nous, spectateurs. Avant tout, Le Village des Damnés traite d’extra-terrestres qui descendent sur notre planète pour engrosser toutes les filles qu’ils croisent ! » (2) 

« Ce n'est pas un film à message ! »

Si les cheveux blond platine passent moins bien en couleur qu’en noir et blanc, le regard hypnotique des enfants voit en revanche son potentiel inquiétant décuplé par l’ajout d’effets visuels et sonores agressifs (ceux de 1960, créés avec des caches optiques, étaient déjà très impressionnants). Quant aux suicides des adultes sous l’emprise des têtes blondes, ils ont évidemment gagné en violence. Carpenter se permet même quelques écarts gore que n’aurait jamais osé Wolf Rilla en 1960, comme cet homme grillé sur un barbecue pendant le black-out de Midwich. Le mur de brique, image clef du dénouement du premier film qui symbolise la barrière mentale créée par le héros adulte, a évidemment été repris par Carpenter, offrant au spectateur une ultime séquence de suspense franchement éprouvante.

 

(1) et (2) Propos recueillis par votre serviteur en février 1995

 

© Gilles Penso

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