HOLLYWOOD CHAINSAW HOOKERS (1988)

Des filles dénudées et des tronçonneuses : tel est le postulat décomplexé de ce slasher sanglant et parodique signé par le spécialiste de genre Fred Olen Ray

HOLLYWOOD CHAINSAW HOOKERS

1988 – USA

Réalisé par Fred Olen Ray

Avec Michelle Bauer, Linnea Quigley, Gunnar Hansen, Jay Richardson, Dawn Wildsmith, Esther Elise, Tricia Burns, Susie Wilson

THEMA TUEURS

En 1988, Fred Olen Ray s’était déjà taillé une belle réputation de spécialiste du cinéma bis avec des productions telles que ScalpsBiohazard ou Evil Spawn. Les connaisseurs ne s’étonnèrent donc pas outre mesure de le voir se lancer dans un slasher érotico-parodique baptisé Hollywood Chainsaw Hookers (autrement dit « les prostituées à la tronçonneuse d’Hollywood »). Et le moins qu’on puisse dire, c’est que le film respecte les promesses tenues par son titre improbable. Le texte qui s’affiche en guise d’introduction donne assez bien le ton : « Les tronçonneuses utilisées dans le film sont réelles et dangereuses ! Elles sont manipulées par des professionnels. L’équipe du film vous recommande de ne pas reproduire ces scènes à la maison. Surtout si vous êtes nu et sur le point d’entamer une partie de jambes en l’air. » 

Bien sûr, le cruel manque de moyens, le semi-amateurisme des comédiens et la mise en scène rudimentaire de ce bon vieux Fred sautent quelque peu aux yeux. Mais l’équation horreur+sexe+comédie fonctionne plutôt bien, et ce dès le prologue, au cours duquel l’affriolante Mercedes (Michelle Bauer) drague un ouvrier  (Jimmy Williams) dans un bar, le conduit dans la chambre de son motel, se déshabille intégralement, puis empoigne une tronçonneuse – non sans avoir préalablement protégé avec une bâche en plastique son poster d’Elvis – et découpe sa victime en morceaux avec une bonne humeur désarmante. Un témoin mystérieux assiste à la scène. Il s’agit d’un homme massif et barbu interprété par Gunnar Hansen, le célèbre Leatherface de Massacre à la Tronçonneuse. Nous faisons alors connaissance avec le détective privé Jack Chandler (Jay Richardson) qui narre toute l’intrigue en voix off comme dans un vieux film noir. Chargé de retrouver Samantha (Linnea Quigley), une jeune fille ayant fugué après que son beau-père ait tenté d’abuser d’elle, il tombe bientôt dans les griffes d’une secte d’adoratrices des tronçonneuses dirigée par un gourou taciturne (Gunnar Hansen bien sûr). Alors que ce dernier explique avec un sérieux papal que sa petite communauté s’efforce de perpétuer un culte en vigueur depuis l’Egypte antique, Chandler rétorque stoïquement : « qu’invoquez-vous ? Black et Decker ? »

« Merci de ne pas reproduire ces scènes à la maison ! »

Profiter des charmes généreux des deux légendaires scream queens Michelle Bauer (The Tomb, Electric Blue, Transmutations) et Linnea Quigley (Douce Nuit Sanglante NuitLe Retour des Morts-Vivants, Creepozoïds) et de la trogne patibulaire de Leatherface pour une fois délesté de son masque de chair sont des plaisirs simples qu’Hollywood Chainsaw Hookers nous offre sans la moindre prétention. Alors qu’importent les défauts de ce film aux ambitions ouvertement limitées et à la facture sommaire (il fut tourné en moins de six jours avec une toute petite équipe), notamment des longueurs un peu fatigantes au cours de sa cérémonie finale et une bande originale assez inaudible. Le générique de fin nous promet une séquelle nommée « Student Chainsaw Nurses » et sous-titrée « Bad to the bone », mais celle-ci ne verra hélas jamais le jour. 

© Gilles Penso

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FRÈRE DE SANG (1982)

Un jeune new-yorkais transporte partout avec lui un panier en osier qui camoufle son frère siamois, un monstre vorace et violent…

BASKET CASE

1982 – USA

Réalisé par Frank Henenlotter

Avec Kevin Van Hentenryck, Terri Susan Smith, Beverly Bonner, Robert Vogel, Diana Browne, Lloyd Pace, Bill Freeman, Joe Clarke

THEMA DOUBLES I FREAKS PETITS MONSTRES

Dédié à Herschell Gordon Lewis, le père officiel du gore, Frère de Sang a fait découvrir au public la personnalité hors norme du réalisateur Frank Henelotter, concoctant là un récit où tous les excès sont permis. Duane Bradley (Kevin Van Hentenryck), un jeune homme candide de Glen Falls, New York, s’installe dans un hôtel miteux de la 42ème en ne quittant jamais son mystérieux panier d’osier. À l’intérieur se trouve Belial, son frère siamois monstrueux, mutant et télépathe. Chaque fois que Duane tente d’entamer une relation sentimentale, son frère jaloux intervient, et les choses s’achèvent généralement dans un bain de sang. Hargneux, Belial poursuit en fait une quête vengeresse dans laquelle il souhaiterait entraîner Duane : retrouver les médecins qui les ont séparés afin de les massacrer un à un…

Le charme de Frère de Sang réside d’abord dans la sobriété de sa mise en scène, induite par un budget anémique et des moyens ridicules. Les décors sont donc réels, les éclairages réduits à leur plus simple expression, et la caméra souvent portée à bout de bras. Ce minimalisme évoque quelque peu celui des premières œuvres de David Cronenberg, William Lustig ou Larry Cohen. Certaines séquences sont filmées dans les rues de New York sans la moindre autorisation, d’autres dans les appartements des amis du réalisateur, avec un sens de la débrouillardise inhérent à ce type de production. L’équipe du film fut d’ailleurs tellement réduite que la plupart des gens apparaissant au générique de fin n’existent pas, afin d’éviter de répéter inlassablement les mêmes noms !

Le charme des premiers films

Même si le jeu des comédiens sent souvent l’amateurisme, Frère de Sang bénéficie d’un certain naturalisme qui en est presque corollaire. Le flash-back central du récit, qui raconte la naissance des frères siamois, puis leur séparation et le début de leur vengeance, s’avère assez éprouvant, en particulier lorsque le spectateur voit pour la première fois Duane adolescent et Belial accroché à son flanc (dans la version française, allez savoir pourquoi, les deux frères ont été rebaptisés Frank et Martial). Le « monstre » lui-même est plutôt réussi, si l’on tient compte de la teneur du budget. Tour à tour marionnette à main, masque grimaçant, figurine immobile ou poupée animée image par image, il nimbe d’angoisse chacune de ses apparitions, à grands coups de cris stridents horriblement humains. Les meurtres s’avèrent volontiers saignants, en particulier celui de la vétérinaire, dont le visage se retrouve criblé de scalpels. Parfois, la suggestion (stimulée par le petit budget) s’avère tout aussi efficace. Témoin ces deux jambes qui tombent chacune d’un côté de l’écran, alors qu’une malheureuse victime vient de se faire couper en deux ! Le viol final, vu à travers les yeux du monstre, est lui aussi particulièrement gratiné. Quant au dénouement, il s’avère à la fois surprenant et inévitable, clôturant avec pathos cette étrange fable horrifique oscillant entre comédie, drame et épouvante, son indéniable sincérité assurant son unité et ses principales qualités. Frère de Sang sera suivi par deux séquelles tout aussi excessives, réalisées respectivement en 1990 et 1991.

 

© Gilles Penso

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GHOULIES (1985)

Gremlins cartonne dans tous les cinémas du monde ? Qu'à cela ne tienne : le producteur Charles Band lance illico une imitation bricolée avec les moyens du bord…

GHOULIES

1985 – USA

Réalisé par Luca Bercovici

Avec Peter Liapis, Lisa Pelikan, Michael des Barres, Jack Nance, Peter Risch, Tamara de Treaux, Bobbie Bresse

THEMA DIABLE ET DEMONS PETITS MONSTRES I SAGA CHARLES BAND

Toujours à l’affût des succès du moment, Charles Band demanda au scénariste et réalisateur Luca Bercovici de plancher en vitesse sur une imitation de Gremlins. Le résultat de ces réflexions donna naissance à Ghoulies, un film d’horreur sans prétention pour lequel Band convoqua quelques-uns de ses collaborateurs artistiques réguliers, notamment le concepteur d’effets spéciaux John Carl Buechler et le compositeur Richard Band. Au cours du prégénérique, un bébé est sauvé de justesse du sacrifice rituel auquel le destinait une cérémonie sataniste dirigée par un Rutger Hauer du pauvre équipé de verres de contact verdâtres. Quelques années plus tard, ignorant tout de ce passé tumultueux, le bébé est devenu un jeune homme, Jonathan Graves, qui hérite d’un château gothique et décide de s’y installer avec sa petite amie. Pour pendre leur crémaillère, nos deux tourtereaux organisent une petite fête dans leur vaste demeure, et la galerie d’adolescents abrutis estampillés « années 80 » qui nous est alors offerte vaut à elle seule son pesant de cacahuètes. Tout y est : le junkie coiffé comme Kiefer Sutherland qui danse le smurf, le séducteur écervelé au regard bovin et au look de Matt Dillon, les bimbos hilares… A un stade avancé de la soirée, les idées pour prolonger les festivités s’épuisent. Un Trivial Pursuit ? Un Strip Poker ? Jonathan opte finalement pour une messe noire. Devant ses amis incrédules, le maître des lieux invoque ainsi des démons d’un autre âge, mais ses tentatives semblent vaines. Sauf qu’une fois que tout le monde a regagné ses pénates, un monstre fait son apparition. 

Mais au lieu de l’effroi escompté, un fou rire difficile à contenir frappe les spectateurs. Car le démon tant attendu ressemble à un étron sur pattes affublé d’un faciès mi-porcin mi-canin, de dents pointues et de lèvres baveuses. Le grognement d’asthmatique qu’il pousse parachève cette vision surréaliste. Les petites marionnettes créées par Buechler sont pourtant attrayantes, chaque « Ghoulie » adoptant des caractéristiques morphologiques différentes (un homme-poisson carnassier, un mixage pataud entre le gorille et le crapaud, une teigne féline et vorace…), mais la mise en scène de Bercovici ne les met franchement pas en valeur. Il faut dire que le scénario part assez vite dans tous les sens, mêlant aux démons miniatures deux nains félons et un sorcier ressuscité, le tout dans le désordre le plus total.

Un climax à la Star Wars

Le seul véritable mérite de ce script sous acide aura finalement été d’échapper à l’influence de Gremlins (seuls les petits monstres évoquent vaguement les bébêtes de Joe Dante). Le public se distrait donc avec quelques mises à mort improbables (un homme étranglé par la langue démesurée d’une sorcière démoniaque qu’incarne Bobbie Bresee, une femme agressée par un pantin en forme de clown qui abrite un ghoulie géant), jusqu’à ce qu’un climax à la Star Wars ne parachève le ridicule. Car une espèce d’Obi-Wan interprété par Jack Nance surgit soudain pour affronter le grand méchant, qui vient d’avouer au héros qu’il était son père avant de l’inciter à rejoindre le côté obscur de la force ! Quant au faux happy end, c’est probablement l’un des plus grotesques de l’histoire du cinéma.

 

© Gilles Penso

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LE RETOUR DES MORTS-VIVANTS 3 (1993)

Au lieu de poursuivre la voie comique et potache assumée par l'épisode 2 de la saga, Brian Yuzna signe un opus sombre, grave et désespérément nihiliste

RETURN OF THE LIVING DEAD III

1993 – USA

Réalisé par Brian Yuzna

Avec Mindy Clarke, Kent Mac Cord, Basil Wallace, J. Trevor Edmond, James T. Callahan, Sarah Douglas

THEMA ZOMBIES I SAGA LE RETOUR DES MORTS-VIVANTS

Le Retour des Morts-Vivants ayant abordé la thématique du zombie sous le jour de la comédie satirique, et sa séquelle versant carrément dans la franche rigolade, on présageait une nouvelle escalade potache à l’occasion de ce troisième opus. Or contre toute attente, Brian Yuzna a eu l’intelligence de remettre les compteurs à zéro en proposant une vision toute personnelle du sujet, une sorte de Roméo et Juliette au pays des morts-vivants qui existe à part entière, sans aucun besoin de se référer aux deux films précédents. Le seul lien qui rattache Le Retour des Morts-Vivants 3 aux épisodes réalisés par Dan O’Bannon et Ken Wiederhorn est l’idée que l’armée américaine tente de créer une escouade de soldats indestructibles à l’aide de fûts emplis d’un produit chimique, la trioxine, qui a la capacité de ramener les morts à la vie. Le chef de ce projet est le colonel John Reynolds (Kent McCord), un homme strict et austère dont le fils Curt (J. Trevor Edmond) est transi d’amour pour la magnifique Julie (Mindy Clarke). Un soir, les jeunes tourtereaux en quête de sensations fortes pénètrent dans le laboratoire de Reynolds et découvrent avec horreur l’incroyable fruit de ses expériences. Fuyant pour ne pas tomber entre les mains des vigiles, Curt et Julie sont victimes d’un accident de moto au cours duquel la belle trouve la mort. Fou de douleur, Curt décide en désespoir de cause d’utiliser les recherches de son père pour ressusciter sa bien-aimée, suivant en cela l’exemple de Bruce Abbott à la toute fin de Re-Animator. La trioxine fait son petit effet, et Julie revient effectivement d’entre les morts, mais désormais elle est dévorée par un insatiable appétit de chair humaine… 

Mieux maîtrisé que Society, plus abouti que Re-Animator 2Le Retour des Morts-Vivants 3 est probablement l’un des meilleurs films de Brian Yuzna, oscillant avec talent entre l’horreur crue et le drame poignant, sans  se priver de quelques écarts gore volontiers excessif. A cet effet, le maquilleur Steve Johnson et son équipe ont déployé toute leur inventivité pour concevoir des zombies surprenants, du squelette recouvert de chair en décomposition à l’homme sans calotte crânienne en passant par la tête rattachée à sa moelle épinière… Des délires visuels à la Screaming Mad George qui rappellent parfois ceux de Braindead.

La douleur comme obstacle à la zombification

Au passage, Yuzna détourne un phénomène de mode alors en pleine croissance, le piercing, car pour pouvoir réfréner sa faim anthropophage et se raccrocher à ses dernières parcelles d’humanité, Julie s’inflige volontairement des douleurs physiques, plantant une myriade d’objets métalliques et de bouts de verre tout au long de son corps. D’où un look particulièrement destroy qui hisse sans peine cette femme-zombie désespérée au rang de nouvel icône marquant du cinéma d’horreur, bien plus mémorable que la fiancée zombie de Re-Animator 2. Le climax, qui nous évoque à nouveau les excès du premier Re-Animator, voit tous les zombies cobayes du laboratoire militaire s’échapper et attaquer les scientifiques, jusqu’à un final poignant et inéluctable, parachevant cette œuvre d’exception dont les faibles moyens n’entachent aucunement l’impact émotionnel.

 

© Gilles Penso

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EXPLORERS (1986)

Après Gremlins, Joe Dante décide d'emmener un tout jeune casting aux confins de l'espace pour y découvrir d'étranges extra-terrestres

EXPLORERS

1986 – USA

Réalisé par Joe Dante

Avec Ethan Hawke, River Phoenix, Jason Presson, Bobby Fite, Bradley Gregg, Georg Olden, Chance Schwass, Dick Miller 

THEMA EXTRA-TERRESTRES

« Le succès de Gremlins m’a beaucoup profité », raconte Joe Dante. « Je suis passé de la liste des réalisateurs de films de séries B à celle de ceux à qui on confie des blockbusters. On m’a même proposé de faire Batman. Bref je suis resté au sommet un petit moment… et j’ai tout saboté en choisissant mon film suivant, qui fut un désastre ! » (1) Ce film suivant, Explorers, semblait pourtant taillé sur mesure pour le cinéaste. C’est Jeffrey Katzenberg, alors chef de production chez Paramount, qui lui fit parvenir ce scénario d’Eric Luke. A travers l’histoire de jeunes garçons de la banlieue américaine dont les yeux sont tournés vers les étoiles et dont le rêve est de rencontrer des extra-terrestres pacifiques, bravant ainsi l’indifférence du monde adulte, Joe Dante envisageait le film comme une œuvre personnelle propre à véhiculer son univers, ses références et sa joyeuse impertinence. Mais il déchanta en comprenant que Paramount tenait à faire d’Explorers un blockbuster spectaculaire truffé d’effets spéciaux couteux en profitant de la notoriété récente de son metteur en scène.

Là où Dante imaginait une relecture post-moderne des Envahisseurs de la Planète Rouge, le studio rêvait plutôt d’un nouveau E.T. Cette désynchronisation dans les intentions s’aggrava lorsque la direction de Paramount changea, Katzenberg rejoignant Michael Eisner chez Disney, et lorsque le studio raccourcit le planning du film pour pouvoir le sortir le plus tôt possible. Dante accoucha donc d’un film qu’il considère aujourd’hui encore comme inachevé. Effectivement, malgré ses nombreuses qualités formelles (dont une magnifique partition de Jerry Goldsmith et de somptueux effets visuels signés ILM), Explorers semble hésiter entre plusieurs tons et peine à construire son récit avec rigueur.

Rencontres de drôles de types

Nous sommes pourtant prêts à croire à Wolfgang (River Phoenix), Ben (Ethan Hawke) et Darren (Jason Presson), ces copains de lycée inventifs et géniaux, hantés par le même rêve truffé d’explications techniques conçues pour les aider à construire un vaisseau spatial. Nous sommes tout disposés à accepter cet engin fabriqué avec des objets de récupération, notamment une poubelle, enveloppé dans une sphère d’énergie et capable de quitter la Terre après avoir semé une belle panique dans leur petite ville (avec de mémorables séquences de poursuites d’hélicoptères et de crash dans un drive-in qui projette une mauvaise imitation de La Guerre des Etoiles). Mais lorsque nos héros, transportés dans l’espace, rencontrent les extra-terrestres tant attendus, rien ne va plus : pourquoi diable avoir choisi des échappés caoutchouteux du Muppet Show (créés pourtant par le génial Rob Bottin) intoxiqués par nos émissions télévisées au point de débiter une longue série d’imitations de nos célébrités via un sketch besogneux qui n’en finit plus ? Absolument pas préparé à une telle énormité, le spectateur a donc bien du mal à avaler la suite, et regarde donc la fin du film d’un œil distrait. Altéré au moment du montage (le personnage interprété par Dick Miller disparaît littéralement du film sans laisser de trace), Explorers ne fit guère d’éclat au box-office et infléchit hélas la carrière de son cinéaste.

 

(1) Propos recueillis par votre serviteur en mars 2014.

 

© Gilles Penso

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CRITTERS 2 (1988)

Une séquelle largement supérieure à son modèle pour laquelle Mick Garris déploie des trésors d'inventivité

CRITTERS 2

1988 – USA

Réalisé par Mick Garris

Avec Terrence Mann, Don Opper, Cynthia Garris, Scott Grimes, Al Stevenson, Tom Hodges, Douglas Rowe 

THEMA EXTRA-TERRESTRES PETITS MONSTRES I SAGA CRITTERS

Pour amusant qu’il soit, le premier Critters ne volait guère au-dessus des pâquerettes, multipliant à outrance les invraisemblances scénaristiques et les séquences absurdes. Que pouvait-on espérer d’une séquelle ? Pas grand-chose, assurément. Et c’est là que David Twohy et Mick Garris, respectivement scénariste et co-auteur/réalisateur de Critters 2, nous prennent par surprise, concoctant une série B savoureuse bourrée d’inventivité et de bonnes idées. Futurs auteurs respectifs de Pitch Black et La Nuit Déchirée, Twohy et Garris se lancent un défi incroyable et pour le moins remarquable : non contents d’imaginer une toute nouvelle intrigue riche en rebondissements, ils gomment méthodiquement toutes les incohérences de l’épisode précédent en répondant aux questions paresseusement laissées en suspens par leurs prédécesseurs.

Désormais, les chasseurs de prime polymorphes Ug et Lee, lancés aux trousses des Critters, ont une véritable personnalité, des motivations claires. L’une des trouvailles les concernant est liée à Lee, qui ne trouve pas de corps susceptible de lui convenir (alors que dans le premier film, il changeait sans cesse d’apparence sans aucune explication logique). D’où ces scènes hilarantes au cours desquelles il se mue en bimbo sculpturale au décolleté affriolant (Cynthia Garris, épouse du réalisateur) puis en citoyen binoclard au sourire béat (l’inimitable Eddie Deezen). L’indécis alien manque même de se muer en Freddy Kruger face à une affiche de vidéo-club !  Le héros du film précédent, toujours incarné par Scott Grimes et désormais collégien, s’est considérablement épaissi, le jeune comédien gagnant du coup en assurance et en conviction (à l’âge adulte, Grimes deviendra acteur récurrent des séries Band of Brothers et Urgences).

La « critter-boule » géante

L’intrigue elle-même est savoureuse, puisqu’elle se situe pendant les fêtes de Pâques, en pleine distribution d’œufs en chocolat dans la petite bourgade de Grover’s Bend. Or les œufs des Critters se mélangent avec ceux qui sont joyeusement cachés dans les jardins, prélude à une série de sanglants quiproquos. L’humour est donc omniprésent dans cette séquelle, mais sous un jour référentiel et avec un amour manifeste du genre qui rapproche la démarche de Mick Garris de celle de Joe Dante. On trouve d’ailleurs dans le film des références à quelques « classiques » de la SF tels Le Cerveau de la planète Arous ou la série Au-delà du réel. Grâce à un budget revu à la hausse (quatre millions et demi de dollars au lieu des deux millions du premier Critters), Garris et Twohy se permettent une poignée de séquences folles et diablement généreuses, comme ce climax d’anthologie au cours duquel tous les monstres, assemblés les uns aux autres, se muent en gigantesque boule velue et vorace qui dévale les rues de Grover’s Bend, mue les infortunés humains qu’elle croise en squelettes pantelants et prend en chasse la voiture des héros ! Alors certes, Critters 2 n’est ni Le Blob de Chuck Russell, ni le Tremors de Ron Underwood, mais il se classe sans difficulté comme l’un des plus sympathiques films de monstres de la fin des années 80. 

 

© Gilles Penso

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KING KONG 2 (1986)

Déjà pas très folichon, le remake de King Kong produit par Dino de Laurentiis accouche d'une séquelle involontairement hilarante

KING KONG LIVES

1986 – USA

Réalisé par John Guillermin

Avec Linda Hamilton, Brian Kerwin, Peter Elliott, George Yiasomi, John Ashton, Peter Michael Gœtz, Frank Maraden, Alan Sader 

THEMA SINGES I SAGA KING KONG

Le King Kong produit par Dino de Laurentiis et réalisé par John Guillermin était loin d’avoir convaincu les fans du grand singe, mais sa diffusion sur les petits écrans au milieu des années 80 battit tous les records d’audience. Les deux hommes trouvèrent alors judicieux de donner une suite à leur remake, sans s’inquiéter outre mesure de la mort de leur héros simiesque à la fin du film précédent au point de choisir comme titre King Kong Lives. Les distributeurs français optèrent pour un King Kong 2 plus trivial, assorti d’un slogan laissant rêveur : « Il revient et il n’est pas content » ! Cette phrase pourrait tout autant qualifier l’état d’esprit du spectateur, tant le spectacle s’avère inepte. Le scénario, pourtant œuvre de Ronald Shussett (Alien), ressemble à une mauvaise blague. Dix ans plus tôt, King Kong avait été abattu par les hélicoptères de l’armée américaine. Mais il a depuis été maintenu en vie par une équipe de chercheurs, dans un but qui nous échappe quelque peu vu les dégâts occasionnés dans la ville de New York. Son cœur commence toutefois à être fatigué. Hank Mitchell (Brian Kerwin), un intrépide aventurier, capture donc dans la jungle de Bornéo un gorille femelle qu’il ramène aux Etats-Unis et grâce à laquelle le docteur Amy Franklin (Linda Hamilton, à peine échappée de Terminator) va pouvoir tenter une opération sur Kong pour le ramener à la vie.

Armé de ce script stupide, John Guillermin, tout juste remis de l’échec de son fadasse Sheena, reine de la jungle, ne peut évidemment guère faire de merveilles. D’autant que le très surestimé Carlo Rambaldi se charge à nouveau de créer le gorille géant (où plutôt les gorilles, car Kong côtoie ici une femelle à la crinière orange et un bébé touffu !), sans oser cette fois-ci se lancer dans l’élaboration d’un robot géant inutilisable. Succédant à Rick Baker, l’acteur et mime Peter Elliott endosse le costume poilu et s’efforce de nous faire oublier que nous avons affaire à un homme dans une panoplie.

« Il revient et il n'est pas content ! »

Peine perdue. Ni les maquettes, ni les incrustations sur fond bleu ne font illusion une seule seconde, et certaines séquences sont si ridicules (Kong qui mâchonne une demi-douzaine de petits alligators à la queue frétillante) qu’elles arrachent de francs fous rires. Car King Kong 2 a au moins ce mérite : loin de la prétention de son prédécesseur, il s’affirme ouvertement comme une série B à gros budget mal fichue et suscite volontiers le rire au second degré. Dans le rôle de l’Indiana Jones du pauvre, Brian Kerwin passe une bonne partie du film dans la main géante de Lady Kong, inversant donc la donne sexuelle habituelle et nous rappelant Queen Kong (qui, lui, était volontairement parodique). Seul élément un tant soit peu réjouissant de ce spectaculaire navet : la partition de John Scott, à peine échappé des jungles sauvages de Greystoke, qui livre ici une œuvre épique et puissante, où se lisent en filigrane quelques hommages aux travaux respectifs de Max Steiner et John Barry. Fort heureusement, le succès de cette aberrante séquelle fut tant mitigé qu’il dissuada De Laurentiis de se lancer dans un King Kong 3. Nous avons donc échappé de peu aux aventures du gentil Baby Kong.

 

© Gilles Penso

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KING KONG (1976)

Un remake monumental produit par Dino de Laurentiis et réalisé par John Guillermin, qui sacrifie hélas la poésie au profit du spectaculaire

KING KONG

1976 – USA

Réalisé par John Guillermin

Avec Jessica Lange, Jeff Bridges, Charles Grodin, John Randolph, René Auberjonois, Ed Lauter, Mario Gallo et Rick Baker dans le rôle de Kong

THEMA SINGES I SAGA KING KONG

Coiffant au poteau le studio Universal, qui envisageait de produire un remake de King Kong le plus fidèle possible au film original, le producteur Dino de Laurentiis et Paramount mettent en chantier en 1976 une colossale relecture du mythe créé par Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack en la précédant d’une massive campagne publicitaire. Cherchant de toute évidence à capitaliser sur le succès des films catastrophes de l’époque, De Laurentiis fait logiquement appel à John Guillermin, alors sacré meilleur réalisateur du genre grâce à La Tour infernale. Hélas, le puissant producteur pousse le talentueux cinéaste à accepter un grand nombre de fautes de goûts qui portent atteinte au chef d’œuvre séminal de 1933. Dans ce remake, la douloureuse crise économique des années 30 s’est muée en crise de l’énergie, et c’est donc le pétrole qui attire les protagonistes sur l’île du Crâne. Faut-il y sentir la crainte inconsciente de mettre en scène un cinéaste mégalomane et prêt à tout pour épater son public (Carl Denham en 1933), personnage qui ressemblerait de trop près à Dino de Laurentiis lui-même ? Corollaire de cette révision scénaristique, la comédienne au chômage Ann Darrow est devenue une rescapée de naufrage prénommée Dwan (interprétée par une délicieuse Jessica Lange en début de carrière, au jeu encore balbutiant), et le marin Jack Driscoll s’est mué en chercheur hippie embarqué clandestinement (Jeff Bridges).

Plus que tout, c’est l’absence de poésie, omniprésente chez Schoedsack et Cooper, qui fait ici le plus cruellement défaut, supplantée par un « modernisme » froid et sans charme. La magnifique jungle brumeuse aux allures de gravures de Gustave Doré n’est plus qu’une banale forêt dénuée de créatures préhistoriques, si l’on excepte un ridicule serpent mécanique. Évidemment, l’erreur la plus monumentale reste d’avoir choisi un homme dans un costume pour interpréter Kong, comme dans Konga ou King Kong contre Godzilla. Un robot grandeur nature a certes été fabriqué par Carlo Rambaldi pour certains plans larges, mais il ne fonctionnait pas au moment du tournage, et ne servit finalement que dans une dizaine de plans où il est parfaitement immobile… C’était bien la peine d’investir des millions dans un automate de quinze mètres de haut ! Rick Baker se chargea donc de concevoir une panoplie simiesque qu’il endossa lui-même, les nombreuses annonces publicitaires de l’époque continuant à mentir sur le rôle déterminant du robot géant dans la réalisation du film. 

Le robot géant qui ne savait pas bouger

Ce King Kong reçut pourtant l’Oscar des meilleurs effets spéciaux en 1976. « Le Comité des Nominations des effets visuels, dont je faisais partie, avait d’emblée écarté King Kong et s’était fortement prononcé pour L’Âge de cristal », nous raconte le concepteur d’effets spéciaux Jim Danforth. « Mais après avoir reçu une lettre visiblement intimidante de Dino de Laurentiis, disant en substance « Allez les gars, reconsidérons cette décision, nous avons dépensé 26 millions de dollars sur ce film… », le Conseil d’Administration a décidé de décerner l’Oscar à King Kong, sans nous demander notre avis ! Le King Kong de 1933 n’avait gagné aucun Oscar, et celui, ridicule, de Dino de Laurentiis en remportait un ! » (1) Malgré les violentes attaques subies par les amoureux du King Kong original, John Guillermin ne reniera pas ce film, conscient de ses faiblesses et de ses maladresses mais également du tour de force technique intéressant qu’il aura représenté. Toujours heureux de pouvoir relever des défis et de projeter sur écran géant des spectacles plus grands que nature, il semblait être l’homme idéal pour revisiter les aventures du gorille géant le plus célèbre de tous les temps. Avec un scénario mieux construit, des dialogues plus subtils et des choix technologiques plus adéquats, nul doute que Guillermin aurait pu faire des merveilles. Mais son talent s’efface souvent sous l’influence omniprésente d’un Dino de Laurentiis que l’on connut plus inspiré. Les mélomanes peuvent tout de même se consoler avec la somptueuse bande originale de John Barry, qui dote le film de puissance et de mélancolie.


(1) Propos recueillis par votre serviteur en avril 1998.


© Gilles Penso

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EDGE OF TOMORROW (2014)

Prisonniers d'une boucle temporelle, Tom Cruise et Emily Blunt luttent inlassablement contre une race extra-terrestre insaisissable

EDGE OF TOMORROW

2014 – USA

Réalisé par Doug Liman

Avec Tom Cruise, Emily Blunt, Brendan Gleeson, Bill Paxton, Jonas Armstrong, Tony Way, Kick Gurry, Franz Drameh 

 

THEMA FUTUR I EXTRA-TERRESTRES I VOYAGES DANS LE TEMPS

Vendu comme un croisement surréaliste entre Un Jour sans fin et Starship TroopersEdge of Tomorrow avait de quoi laisser perplexe. D’autant que la bande-annonce affichait d’autres sources d’inspiration tout aussi disparates : District 9, Il faut sauver le soldat RyanSource Code, Aliens… Ce blockbuster porté par la superstar Tom Cruise ne serait-il qu’un patchwork conçu pour capitaliser sur plusieurs succès passés ? Que nenni ! Mû par une énergie et un savoir-faire qui semblaient s’être évaporés depuis La Mémoire dans la peau, Doug Liman met en scène une superbe épopée de science-fiction aux rebondissements vertigineux. Le scénario de Christopher McQuarrie (collaborateur régulier de Bryan Singer) adapte « All You Need is Kill », un roman japonais de Hiroshi Sakurazaka illustré par Yoshitoshi Abe puis transformé en manga quelques années plus tard. Les personnages ont été américanisés mais le récit reste identique. Nous sommes sur la Terre du futur, frappée par une guerre sanglante opposant les humains à une race extra-terrestre insaisissable et extrêmement puissante, les Mimics.

Plongé malgré lui au cœur du conflit, le colonel Bill Cage (Tom Cruise) est tué dès son premier jour de bataille. Mais aussitôt, coincé dans une boucle temporelle, il revient à lui la veille et revit inlassablement la même journée de préparatifs puis de combat. Pour sortir de ce cycle et donner une chance à l’humanité de remporter cette guerre sans espoir, Cage va devoir s’associer à la combattante Rita Vrataski (Emily Blunt) et trouver la seule faille susceptible de défaire l’ennemi. Ne cherchez pas dans Edge of Tomorrow la charge antimilitariste et la cinglante satire politique d’un Paul Verhoeven. Le propos du film de Liman est ailleurs. Divertissement pur porté par une mise en forme extrêmement soignée, une photographie âpre de Dion Beebe (Collatéral, Miami Vice), une musique efficace de Christophe Beck (on aurait préféré John Powell, mais bon…) et d’hallucinants effets visuels donnant corps aux hideux Mimics, Edge of Tomorrow embrasse sans complexe son statut de fable de SF pure et dure sans chercher ailleurs que dans la folie de son concept une quelconque légitimité aux yeux du public.

Vivre, mourir, recommencer…

Parfaitement en phase avec la tonalité mi-légère mi-sombre du film (un exercice d’équilibre délicat auquel s’astreint Liman sans fausse note), Tom Cruise s’investit totalement dans son rôle, avec un charisme et une conviction toujours intacts. Chacun est libre de penser ce qu’il veut de l’homme, de ses frasques, de ses sympathies et de ses déclarations parfois embarrassantes. Mais l’acteur, lui, reste impeccable, ses accointances avec la science-fiction (Minority ReportLa Guerre des Mondes, Oblivion) lui permettant d’élargir son registre sans se départir de cette implication physique inconditionnelle qui fait défaut à bien de ses collègues. A ses côtés, Emily Blunt ne démérite pas, parfaitement crédible en émule futuriste des guerrières de Robert Howard, tandis que Bill Paxton et Brendan Gleeson nous offrent des seconds rôles savoureux. Bref, voilà un spectacle de haut niveau qui s’assume et parvient à échapper à ses influences premières pour définir un style finalement très personnel.

 

© Gilles Penso

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LES NAUFRAGÉS DE L’ESPACE (1969)

Une course contre la montre s'engage pour sauver trois astronautes incarnés par Richard Crenna, James Franciscus et Gene Hackman

MAROONED

1969 – USA

Réalisé par John Sturges

Avec Gregory Peck, Richard Crenna, David Janssen, James Franciscus, Gene Hackman

THEMA SPACE OPERA

Plus connu pour ses réalisations comme Règlement de compte à OK Corral, La Grande évasion ou Les Sept mercenaires, John Sturges s’embarque pour l’espace à la fin de l’année 1969 en adaptant le roman Marooned de Martin Caidin. Cela donne Les Naufragés de l’espace. Une curiosité à redécouvrir. Après plusieurs mois passés en orbite terrestre, les astronautes de la mission Ironman 1 Jim Pruett (Richard Crenna), Buzz Lloyd (Gene Hackman) et Clayton Stone (James Franciscus) se préparent à rentrer sur Terre. Cependant, un dysfonctionnement impromptu des rétrofusées de leur vaisseau exclut toute rentrée atmosphérique. La NASA ne dispose que de quarante-huit heures pour lancer une opération de sauvetage en direction de la capsule Apollo dont les réserves d’oxygène s’amenuisent inexorablement.

De discussion en discussion, l’agence spatiale finit par monter ladite opération de sauvetage à l’aide d’un avion spatial expérimental. Ce dernier doit être lancé au sommet d’une fusée Titan III-C avec à son bord Ted Dougherty (David Jansen). Il rejoint finalement in extremis les hommes d’Ironman 1 et profite du soutien d’un vaisseau Voskhod russe venu en renfort pour sauver ces Naufragés de l’espace dont le casting est irréprochable. Gregory Peck donne tout le charisme nécessaire à son personnage du directeur des vols habités de la NASA. Idem pour David Jansen, qui semble encore vêtu des habits du Docteur Richard Kimble de la série Le Fugitif et dont le physique évoque curieusement le patron du bureau des astronautes de l’époque, en l’occurrence Deke Slayton. Pour leur part, le regretté Richard Crenna et son équipage, James Franciscus (disparu en 1991) et Gene Hackmann, s’acquittent fort bien de leur mission.

Un superbe catalogue du matériel de la NASA

Bon soyons franc, scénarisitiquement parlant ce très bon divertissement, aujourd’hui un poil daté, est quand même un peu léger. Néanmoins, il nous offre tout de même de beaux moments de bravoure et un superbe catalogue du matériel de la NASA de l’ère Apollo (lorsque le film sort, le programme lunaire est à son zénith). On notera en effet que la station « SIV-B », dans laquelle séjournent les astronautes du film, n’est autre que la future station Skylab, légèrement modifiée pour les besoins du film, et qui sera lancée autour de la Terre en 1973. Pour sa part, le petit avion spatial X-RV n’existait pas, bien sûr. Toutefois, son lien de parenté avec feu le CRV est évident. Sorti le 10 novembre 1969, soit quelques jours avant le départ de la mission Apollo 12 – et surtout quatre mois après l’alunissage historique d’Apollo 11-, le film annonce également la collaboration dans l’espace puisque un vaisseau russe et un américain effectuent un rendez-vous spatial. Ce film a également un caractère prémonitoire, la réalité rattrappant la fiction puisque seulement six mois plus tard, ce sont les astronautes de la mission Apollo 13 qui se retrouvent en danger de mort dans l’espace. Mission qui heureusement se terminera bien grace au sang-froid des ingénieurs de la NASA. Mais ceci est une autre histoire, portée à l’écran vingt-cinq ans plus tard…

 

© Antoine Meunier

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