LE VILLAGE DES DAMNÉS (1995)

John Carpenter nous offre un remake fidèle du classique de Wolf Rilla, avec Christopher Reeve en tête d'affiche

VILLAGE OF THE DAMNED

1995 – USA

Réalisé par John Carpenter

Avec Christopher Reeves, Kirtsie Alley, Linda Kozlowski, Michael Paré, Meredith Salenger, Mark Hamill, Pippa Pearthree 

THEMA ENFANTS I EXTRA-TERRESTRES I SAGA JOHN CARPENTER

« J’adore les vieux films de science-fiction. C’est mon amour premier, mon genre de prédilection », confesse John Carpenter. « J’ai vu Le Village des Damnés lorsque j’avais douze ans, et j’étais tombé amoureux d’une des jeunes filles du film ! » (1) En réalisant un remake du classique de Wolf Rilla trente-cinq ans plus tard, le réalisateur d’Halloween s’est heurté à un obstacle de taille : réussir à étonner un public qui a gardé en mémoire les incroyables péripéties du film original. La surprise n’est donc pas le moteur principal de cette nouvelle version, d’autant que contrairement à son remake de The Thing ou sa relecture de L’Homme Invisible, ce nouveau Village des Damnés reste fidèle, dans les grandes lignes, au film original, lui-même tiré du roman « Les Coucous de Midwich » de John Wyndham. Christopher Reeve reprend le rôle tenu par George Sanders en 1960, et se trouve à son tour confronté aux enfants télépathes et albinos. Petite différence avec le film original : au lieu d’être menée par un garçon (interprété jadis par Martin Stephens), la petite bande est dirigée par une fillette, à qui Lindsey Haun prête ses traits inquiétants. Le scénario intègre également deux éléments nouveaux : la scientifique qui tente de percer à jour le mystère de cette génération spontanée, et le petit garçon qui, privé de sa « compagne », se détache du groupe d’enfants assassins et commence à ressentir des émotions.

Aux côtés de Christopher Reeve, on reconnaît le visage marqué de Mark Hamill, dans le rôle du révérend George. Transfuges respectifs de Superman et La Guerre des Etoiles, ces deux solides comédiens nous font magistralement oublier leur passé de super-héros, pour camper des personnages désespérément humains, fragilisés par une menace résidant dans ce qu’ils ont de plus cher : leur progéniture. « Que se passe-t-il si vous êtes le père d’un enfant qui n’a pas d’émotions, qui tue… ? C’est ce qui se passe en ce moment en Amérique, et c’est la métaphore que j’ai souhaité faire passer », nous explique John Carpenter. « Attention, ce n’est pas un film à message. Je me suis simplement demandé à quoi ce genre de comportement pourrait aboutir, en quoi est-ce que cela éveille une émotion chez nous, spectateurs. Avant tout, Le Village des Damnés traite d’extra-terrestres qui descendent sur notre planète pour engrosser toutes les filles qu’ils croisent ! » (2) 

« Ce n'est pas un film à message ! »

Si les cheveux blond platine passent moins bien en couleur qu’en noir et blanc, le regard hypnotique des enfants voit en revanche son potentiel inquiétant décuplé par l’ajout d’effets visuels et sonores agressifs (ceux de 1960, créés avec des caches optiques, étaient déjà très impressionnants). Quant aux suicides des adultes sous l’emprise des têtes blondes, ils ont évidemment gagné en violence. Carpenter se permet même quelques écarts gore que n’aurait jamais osé Wolf Rilla en 1960, comme cet homme grillé sur un barbecue pendant le black-out de Midwich. Le mur de brique, image clef du dénouement du premier film qui symbolise la barrière mentale créée par le héros adulte, a évidemment été repris par Carpenter, offrant au spectateur une ultime séquence de suspense franchement éprouvante.

 

(1) et (2) Propos recueillis par votre serviteur en février 1995

 

© Gilles Penso

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BLACULA (1972)

Dans les années 70, le phénomène de la blaxploitation s'étendait à tous les genres, y compris bien sûr le film d'horreur…

BLACULA

1972 – USA

Réalisé par William Crain 

Avec William Marshall, Thalmus Rasulala, Denise Nicholas, Elisha Cook Jr, Vonetta McGee, Gordon Pinsent, Charles Macaulay 

THEMA VAMPIRES I DRACULA

Le début des années 70 ayant marqué les premiers pas de la blaxploitation, le studio AIP (partenaire de longue date de Roger Corman) eut l’idée de se mettre au goût du jour en proposant une série de films d’horreur dont les personnages principaux, héros ou monstres, seraient interprétés par des acteurs noirs. Blacula est le premier du genre, et même s’il a mal traversé le cap des années, il reste probablement le plus intéressant spécimen de cette vogue éphémère. Le prologue, situé en Transylvanie au 18ème siècle, met en scène une délicieuse joute verbale entre le prince africain Manuwalde (William Marshall) et un Dracula aristocrate empli de duplicité, de lubricité et de racisme, à qui Charles Macaulay prête ses traits. Cordiale au début, la discussion vire donc rapidement à la dispute, jusqu’à ce que le comte ne dévoile ses canines tranchantes et ne morde son invité avant de l’enfermer dans une tombe au fin fond de la crypte de son château et de le laisser dépérir.

Passée cette introduction empreinte de classicisme, le générique en animation, accompagné d’une pétillante partition funky de Gene Page, nous donne le vrai ton du film. Nous voilà donc transportés à l’aune des seventies, où un couple homosexuel (l’un arbore une longue chevelure blonde à la Hair, l’autre une improbable coupe afro) achète le château de Dracula dans le but de le retaper. En fouillant la crypte, ils trouvent un cercueil et, curiosité oblige, entreprennent de l’ouvrir. Aussitôt surgit le prince Manuwalde, arborant désormais une cape noire et des crocs acérés, et répondant au doux nom de Blacula. Après avoir saigné à blanc les importuns, le prince vampire gagne Los Angeles, où il croit voir chez la belle Tina (Vonetta McGee) la réincarnation de son épouse, morte des mains mêmes de Dracula. Alors que les victimes s’accumulent, un entreprenant médecin légiste (Thalmus Rasulada) décide de mener une enquête qui le jettera tout droit dans les griffes de Blacula.

A cheval entre deux univers

Le film hésite sans cesse entre les tics inhérent à la blaxploitation (notamment les intermèdes musicaux aux chorégraphies improbables qui ponctuent l’histoire) et les figures imposées de l’épouvante classique (avec quelques scènes choc comme l’attaque d’une morte qui se relève de son lit de morgue, les dents longues et les cheveux hérissés, ou l’affrontement entre la police et une horde de vampires dans un entrepôt). Pourtant, la mayonnaise prend plutôt bien, en particulier grâce au charisme des comédiens et à la mise en scène efficace de William Crain, qui allait se spécialiser dans la réalisation d’épisodes de séries populaires telles que Starsky et HutchMatt Houston et Shérif fais moi peur. Et ce qui aurait pu rapidement se muer en parodie disco des films de la Hammer trouve finalement un assez juste équilibre, jusqu’à un final étrangement triste et pathétique. Bien accueilli lors de sa sortie, Blacula entraînera une séquelle, Scream Blacula Scream, ainsi qu’une succession de réadaptations « noires » des mythes de l’horreur classique, notamment BlackensteinDr Black and Mister Hyde, ou encore Abby la Malédiction Noire.

 

© Gilles Penso

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LA CITÉ DE LA PEUR (1994)

Réalisé par Alain Berbérian, le premier long-métrage des Nuls fait surgir un tueur psychopathe en plein Festival de Cannes

LA CITÉ DE LA PEUR

1994 – FRANCE

Réalisé par Alain Berbérian

Avec Alain Chabat, Chantal Lauby, Dominique Farrugia, Gérard Darmon, Sam Karman, Valérie Lemercier, Jean-Pierre Bacri, Eddy Mitchell, Tcheky Karyo

THEMA CINÉMA ET TÉLÉVISION I TUEURS

Pendant le festival de Cannes, Odile Deray (Chantal Lauby), petite attachée de presse de cinéma, essaie de faire parler de son film « Red is Dead », une série Z d’horreur navrante de médiocrité. Soudain, un tueur se met à commettre des meurtres de la même manière que dans « Red is Dead ». Opportuniste, Odile fait immédiatement venir à Cannes Simon Jérémi (Dominique Farrugia), l’acteur principal de « Red is Dead », histoire de profiter de cette publicité inespérée. Pour le protéger – et surtout pour la frime – elle engage un garde du corps, Serge Karamazov (Alain Chabat). Mais les meurtres continuent inlassablement, frappant un à un tous les projectionnistes qui osent toucher aux bobines du film maudit…

L’idée d’un tueur psychopathe en plein Festival de Cannes est excellente, même si elle était déjà présente dix ans plus tôt dans Les Frénétiques. Mais plutôt que reprendre à son compte l’humour noir et désespéré présent dans l’œuvre de David Wickes, « Le Film de Les Nuls » se réclame de la parodie pure et dure, genre comique peu pratiqué en France. Il faut dire qu’Alain Chabat, Dominique Farrugia et Chantal Lauby puisent directement leur inspiration chez David Zucker, Jim Abrahams et Jerry Zucker, trio impayable à qui le film semble presque dédié. Cela surprend peu, dans la mesure où leurs sketches télévisés étaient déjà très influencés par les ZAZ, ainsi que par les délires absurdes des Monty Pythons. « Ce qui est très agaçant avec les Monty Pythons, c’est qu’ils ont tout inventé trente-cinq ans avant tout le monde », raconte Chabat. « On a beau écrire des comédies, il est sacrément difficile d’être aussi inventif qu’eux. Si on revoit aujourd’hui le Monty Python’s Flying Circus, c’est toujours aussi fort. » (1)

« Meurs, pourriture communiste ! »

Après la télé et la radio, les Nuls franchissent sans mal le cap du grand écran, en particulier grâce à leur réalisateur Alain Berbérian qui a concocté un film techniquement très maîtrisé, lequel se paie le luxe du Dolby SR et du format Cinémascope. « On était entre copains, avec Alain Berbérian qui travaillait avec nous depuis longtemps, donc on était très détendus », confesse Chabat. « On était en famille. » (2) Évidemment, cette histoire de tueur fou n’est qu’un prétexte pour les gags divers, les apparitions de guest stars dans le rôle des projectionnistes assassinés (Jean-Pierre Bacri, Eddy Mitchell, Tchecky Karyo), et quelques savoureuses parodies, en particulier Basic InstinctLes IncorruptiblesTerminatorPretty Woman, et tous les sous Vendredi 13. Gérard Darmon se met au diapason des Nuls avec beaucoup de bonheur. Il faut dire qu’il avait déjà goûté à leur délire au cours d’un de leurs shows live sur Canal Plus « Les Nuls l’émission ». Dommage en revanche que Valérie Lemercier, au lendemain des Visiteurs, soit si sous-exploitée. On peut aussi regretter que certains gags traînent un peu en longueur pour tomber finalement à plat (comme le baiser de Lauby et Darmon, ou l’interminable saut de Chabat en pleine course-poursuite). Quoiqu’il en soit, ce coup d’essai se muera en film culte pour toute une génération de spectateurs et mettra le pied à l’étrier d’Alain Chabat. Quelques années plus tard, ce dernier fera ainsi ses débuts de metteur en scène avec Didier

 

(1) et (2) Propos recueillis par votre serviteur en janvier 2007.

 

© Gilles Penso

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LE DEMON D’HALLOWEEN (1988)

Pour son premier long-métrage en tant que réalisateur, le génie des effets spéciaux Stan Winston crée un monstre diablement iconique

PUMPKINHEAD

1988 – USA

Réalisé par Stan Winston

Avec Lance Henriksen, Jeff East, Kimberly Ross, John d’Aquino, Joel Hoffman, Cynthia Bain, Kerry Remsen, Florence Schauffler 

THEMA DIABLE ET DEMONS

Pour son premier film en tant que réalisateur, l’as des effets spéciaux Stan Winston puise son inspiration dans un poème d’Ed Justin et en tire un scénario qu’il co-écrit avec Mark Patrick Carducci, Richard Weinman et Gary Gerani. Au fin fond de l’Amérique profonde, le fermier Ed Harley (Lance Henriksen) tient une petite épicerie avec son jeune fils Billy (Matthew Hurley). Bientôt débarque la traditionnelle bande de jeunes écervelés, qui ont hâte de faire crisser les pneus de leurs motos dans la montagne. Deux d’entre eux se lancent dans une course pétaradante et Billy est renversé par accident, succombant vite à ses blessures. Fou de douleur, Ed se met en quête de la vieille Haggis (Florence Shauffler), une femme qui vit dans une cabane sinistre au sommet de la montagne et possède selon la rumeur des dons de guérisseuse. « Je n’ai pas le pouvoir de ressusciter les morts », lui dit-elle d’emblée. En revanche, elle peut lui permettre de se venger. Suivant ses instructions, Ed se rend dans un cimetière abandonné, déterre un cadavre desséché et le lui ramène. « Pour chacun des maux de l’homme, il y a un démon particulier », explique Haggis. « Celui-là, c’est la vengeance. La vengeance cruelle, sournoise, pure comme le venin ». Elle entaille la main d’Ed et Billy, fait couler leur sang sur le cadavre.

Aussitôt, Pumpkinhead revient à la vie. Haut de près de trois mètres, le crâne hypertrophié, les doigts griffus et les os saillants, c’est un monstre superbe, entré au pantéhon des créatures légendaires du cinéma d’horreur. Sa morphologie possède bien des points communs avec le prédateur d’Alien, et Stan Winston, qui fut à la bonne école, le filme de manière fort similaire, fractionnant par le cadrage le dévoilement de son anatomie et le plongeant dans une pénombre constante. La mise en scène de Pumpkinhead s’avère ainsi très soignée. La tension est vraiment palpable dans la première moitié du film, celle qui raconte les prémisses de l’accident et ses conséquences immédiates. On constate du coup un décalage entre le traitement formel du film, typique des années 80 (lumières colorées peu réalistes, fumigènes à outrance, musique synthétique), et le réalisme avec lequel sont traitées les situations et les réactions des personnages. 

La quête vengeresse

Hélas, dès que le monstre paraît et entame sa quête vengeresse, les lieux communs prennent le relais. Les protagonistes ne sont plus dès lors que de la chair à saucisse qui hurle et court en tous sens, sous les assauts répétés du croquemitaine sournois. L’originalité est alors à chercher du côté du personnage incarné par Lance Henriksen, qui regrette très vite d’avoir sollicité ce démon. Dévoré par les remords, il se tourne contre lui, tel un capitaine Achab, et n’a plus qu’une idée en tête : le détruire. « Je vais le renvoyer à l’Enfer d’où il vient », lance-t-il, un lance-flammes à la main. C’est là une belle métaphore de l’homme luttant contre ses propres désirs de vengeance. Pumpkinhead se clôt sur un climax déchirant, proche de celui de La Mouche et sur un bel épilogue qui annonce une suite possible. Il y en aura trois, respectivement réalisées par Jeff Burr en 1994, Jake West en 2006 et Michael Hurst en 2007.

 

© Gilles Penso

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THE GATE (1986)

La combinaison des effets de style de Tibor Takacs et des trucages de Randy Cook dote ce petit film d'épouvante de séquences follement surréalistes

THE GATE

1986 – CANADA / USA

Réalisé par Tibor Takacs

Avec Stephen Dorff, Christa Denton, Louis Tripp, Kelly Rowan, Jennifer Irwin, Deborah Grover, Scot Denton 

THEMA DIABLE ET DEMONS PETITS MONSTRES

A peine arrivé à Los Angeles, le réalisateur roumain Tibor Takacs s’est retrouvé aux commandes de The Gate, dont le postulat de départ s’avère être très inspiré de H.P. Lovecraft, à mi-chemin entre « La Couleur Tombée du Ciel » et le mythe de Cthulhu et des Grands Anciens. La foudre s’abat sur une petite ville des Etats-Unis, et dévoile une cavité étrange dans le jardin du jeune Glen (Stephen Dorff). Aidé de son ami Terry (Louis Tripp), Glen entreprend d’élargir le trou. Le sang de ce dernier, blessé au doigt, coule sur le sol. Il suffit alors d’une formule magique pour que les deux garçons libèrent malgré eux des forces maléfiques… Armé de moins d’un million de dollars de budget, Takacs réussit bien des fois à créer une atmosphère insolite, avec un rythme languide et d’inquiétantes images récurrentes comme la fissure dans le sol ou l’ombre des insectes qui se détache sur les murs nocturnes. Quant aux effets visuels de Randy Cook, qui interviennent au bout de trois quarts d’heure de métrage, ils provoquent une surprise permanente dans la mesure où ils sont souvent indécryptables et parfois complètement inédits. Par une combinaison savante de maquillages spéciaux, de perspectives forcées, d’animation image par image et d’effets optiques divers, des démons miniatures s’agitent en tous sens, un bras coupé se mue en serpents gigotants qui se faufilent sous une porte, un titan à la morphologie bestiale et composite jaillit hors d’un plancher… Bref, c’est un festival de visions incroyables, fruit de techniques diablement inventives.

« Dans le scénario, le Seigneur des Démons était décrit comme un grand homme dans un costume de monstre, pourchassant les enfants dans la maison », raconte Randy Cook. « Je l’ai transformé en horreur gigantesque munie de plusieurs bras tentaculaires surgissant du centre de la terre, et ce changement d’apparence a dicté une approche différente : l’emploi d’une figurine d’animation à la Ray Harryhausen. » (1) Autre contribution de Cook au scénario : le mort-vivant qui surgit derrière un mur et s’écroule au sol avant que son corps ne se transforme en une nuée de monstres minuscules. « Ce plan a pratiquement été réalisé en direct sur le plateau », explique-t-il. « Le scénariste Michael Nankin avait écrit que le Démon s’éventrait lui-même, et que les démons se ruaient de l’intérieur de son corps. Je trouvais que l’homme tombant au sol et se démultipliant serait une surprise plus intéressante, une espèce de gag à la Tex Avery. » (2)

Entre H.P. Lovecraft, Ray Harryhausen et Tex Avery

Pourquoi donc, avec tant d’atouts, The Gate ne parvient-il jamais à décoller ? Probablement à cause d’un scénario très évasif qui piétine, fixe ses propres limites et se perd dans la puérilité et l’incohérence. Comment croire une seconde à cette incantation trouvée sur un disque de hard rock ou à ces fusées de carnaval qui permettent de se débarrasser des démons ? Les jeunes héros du film étant par ailleurs assez insipides, le processus d’identification est exclu. Toutes les bonnes idées et les prouesses visuelles du film se perdent donc dans un tissu d’invraisemblances, mais on peut imaginer qu’en présence d’un scénario digne de ce nom, Tibor Takacs et Randy Cook auraient pu faire des merveilles. Les deux hommes se retrouveront d’ailleurs à l’occasion de Lectures Diaboliques, qui remportera en 1990 le grand prix du festival d’Avoriaz.

 

(1) et (2) : Propos recueillis par votre serviteur en mai 1999.

 

© Gilles Penso

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BIENVENUE A GATTACA (1997)

Pour son premier long-métrage, Andrew Niccol nous décrit un futur froid et terriblement réaliste dans lequel la position sociale dépend du patrimoine génétique

GATTACA

1997 – USA

Réalisé par Andrew Niccol

Avec Ethan Hawke, Uma Thurman, Jude Law, Alan Arkin, Loren Dean, Ernest Borgnine

THEMA FUTUR

Et si, dans un futur proche, la discrimination n’était plus liée au sexe ou à la couleur de peau mais au patrimoine génétique ? Tel est le postulat de Bienvenue à Gattacaremarquable premier long-métrage du cinéaste néo-zélandais Andrew Niccol, jusqu’alors réalisateur de films publicitaires et auteur du scénario de The Truman Show. La première chose qui frappe, dans Gattaca, est la superbe sobriété de sa direction artistique. Dans cet avenir indéterminé, les modes vestimentaires, architecturales, automobiles ou musicales semblent s’être arrêtées dans les années 50, comme si les progrès technologiques étaient inversement proportionnels à l’évolution des états d’esprits et des idéaux. Bien entendu, le choix de ces bâtiments postmodernes et de ces costumes étriqués n’est pas hasardeux. Il évoque le totalitarisme réel des années staliniennes et celui, fictif, du roman le plus exemplaire du genre : « 1984 » de George Orwell, écrit justement en 1948. D’ailleurs, rien n’est laissé au hasard dans Gattaca, du choix de son titre (référence aux quatre nucléotides composant l’ADN humain) à celui du nom de ses personnages (Eugène pour eugénisme, Cassini pour l’astronome ayant mis à jour les spécificités de la planète Saturne) en passant par le choix du mobilier (notamment un grand escalier en colimaçon, lieu d’une séquence clef du film, qui évoque la double hélice de l’ADN). Andrew Niccol est un perfectionniste, et le paradoxe s’avère étonnant lorsqu’on découvre que son film est justement une ode à l’imperfection. 

Car dans ce futur faussement idyllique, seuls les « bien nés », autrement dit les êtres humains conçus par voie non naturelle et donc génétiquement « valides », sont promus aux postes et aux rôles les plus importants de la société. Les autres (désignés par l’euphémisme « enfants de la providence » pour ne pas dire « dégénérés ») sont relégués aux tâches subalternes. Personne ne remet en cause cet état de fait, sauf Vincent Freeman (Ethan Hawke) qui rêve de voyager dans l’espace, mais doit se contenter de nettoyer les toilettes des futurs astronautes dans la mesure où il est né par voie naturelle. Il décide alors de tricher et de prendre le système à son propre jeu, s’accaparant l’identité de Jérome Morrow (Jude Law), un homme « génétiquement parfait » mais cloué sur un fauteuil roulant suite à un accident.

« Je t'ai prêté mon corps, tu m'as prêté ton rêve… »

Jérome accepte pour l’argent, mais aussi et surtout parce qu’il va pouvoir vivre la destinée de son usurpateur par procuration. « J’ai eu la meilleure part dans l’affaire », avouera-t-il la larme à l’œil. « Je t’ai seulement prêté mon corps, tu m’as prêté ton rêve. » Dès lors, tous les faits et gestes de Vincent sont savamment calculés pour éviter d’être détecté comme invalide. Mais le directeur de la mission spatiale est un jour assassiné, et l’enquête qui se déclenche risque de fragiliser son stratagème. Truffée d’idées ingénieuses (le stand où l’on peut faire des analyses express d’ADN pour savoir si le garçon ou la fille qu’on a embrassé est un bon parti) et de séquences de suspense tétanisantes (le héros contraint de se débarrasser de ses lentilles de contact et de traverser une autoroute alors que sa vue défaille), Gattaca est un joyau d’autant plus savoureux qu’il s’avère terriblement plausible.

 

© Gilles Penso

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BIRDMAN (2015)

Le réalisateur de Babel suit en plan-séquences les affres d'un metteur en scène de théâtre hanté par le super-héros qu'il interpréta jadis à Hollywood

BIRDMAN OR THE UNEXPECTED VIRTUE OF IGNORANCE

2015 – USA

Réalisé par Alejandro Gonzalez Iñarritu 

Avec Michael Keaton, Emma Stone, Edward Norton, Naomi Watts, Andrea Riseborough, Zach Galifanakis, Amy Ryan

THEMA SUPER-HEROS

Vertige : voilà le premier mot qui vient à l’esprit quand on découvre Birdman. Vertige parce que son personnage principal, une star hollywoodienne sur le retour qui monte pour la première fois une pièce à Broadway, a de plus en plus de mal à gérer son spectacle, ses comédiens, sa petite amie, son producteur, son ex-femme, sa fille… et surtout une double personnalité qui s’avère de plus en plus envahissante. Vertige parce que le réalisateur Alejandro Gonzalez Iñarritu (signataire de 21 Grammes et Babel) a décidé de tourner l’intégralité de son film en plan-séquence, la caméra ne s’arrêtant jamais de tourner autour des comédiens, même lorsque les jours défilent et que les heures s’enchaînent, sans aucune coupure, sans aucune interruption, avec une virtuosité et un sens de la chorégraphie qui nous laissent sur les rotules. Vertige parce que dans Birdman la réalité et la fiction s’entremêlent bizarrement via un jeu de miroirs et de mises en abyme qui donnent le tournis. Car notre protagoniste, Riggan Thomson, est un acteur rendu célèbre par le super-héros Birdman qu’il incarna dans les années 90, un succès colossal mais éphémère l’incitant aujourd’hui à tenter un come-back auprès du public.

Or son interprète est Michael Keaton, rendu lui aussi célèbre par un super-héros, Batman, qu’il incarna successivement en 1989 et 1992, et qui revient aujourd’hui sur le devant de la scène. Il convient de saluer comme il se doit la performance exceptionnelle de ce comédien qu’on adore depuis Beetlejuice et qui joue la carte de l’introspection et de la fausse autobiographie avec une délectation palpable et communicative. Assister à ses joutes excessives avec Edward Norton est un grand moment de bonheur, Keaton incarnant l’artiste tourmenté face à la star déjantée, tous deux symbolisant finalement les deux facettes d’un seul et même personnage schizophrénique: le comédien. Emma Stone nous séduit à son tour dans la peau de la fille de Riggan Thomson, chacune de ses apparitions traduisant une fragilité à fleur de peau dissimulée sous des atours faussement coriaces. 

Le défilement incontrôlable du temps

Et l’on ne peut que savourer le culot du réalisateur mexicain, détournant à son profit les acteurs s’étant « égaré » par le passé dans l’univers des super-héros. Outre Keaton, ex-Dark Knight de Tim Burton, Emma Stone campa la fiancée de Peter Parker dans les deux Amazing Spider-Man et Edward Norton L’Incroyable HulkLoin d’être un simple gadget, le plan-séquence est ici le meilleur moyen de fusionner le langage cinématographique et le temps réel du théâtre, mais aussi de discourir sur le défilement incontrôlable du temps et d’enchaîner sans transition la réalité et le fantasme. Iñarritu ose ainsi l’impensable, comme muer dans le même mouvement de caméra sa comédie dramatique intime en blockbuster spectaculaire le temps d’un affrontement bref mais étourdissant entre le super-héros Birdman et un gigantesque oiseau mécanique juché tel le Rodan d’Inoshiro Honda sur un des immeubles de la cité. Inclassable, insaisissable, Birdman s’apprécie davantage à chaque visionnage et impose une fois de plus la personnalité hors-norme de son réalisateur.

 

© Gilles Penso

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LE DICTATEUR (1940)

Charlie Chaplin invente un dictateur qui ressemble comme deux gouttes d'eau à hitler et se lance dans une diatribe enflammée contre l'intolérance

THE GREAT DICTATOR

1940 – USA

Réalisé par Charlie Chaplin

Avec Charlie Chaplin, Paulette Goddard, Jack Oakie, Reginald Gardiner, Henry Daniell, Billy Gilbert, Grace Hayle

THEMA POLITIQUE FICTION

Un jour, le cinéaste Alexander Korda fit part à Charlie Chaplin des ressemblances physiques qu’il présentait avec adolf hitler. Il n’en fallut pas plus au génial réalisateur des Temps Modernes pour imaginer un récit de politique fiction parodiant ouvertement les faits et gestes du dictateur allemand. Le film entra en production en 1937, période où le nazisme n’avait pas encore exposé à la face du monde l’ampleur du danger qu’il représentait. Trois ans plus tard, lorsque Le Dictateur sortit sur les écrans, la menace à croix gammée s’était effroyablement concrétisée, et l’impact du film n’en fut que plus grand. L’Amérique réserva au culot de Chaplin un accueil triomphal, tandis qu’en Allemagne et en Europe occupée, hitler interdisait toute projection du film, sans doute outré par le reflet déformant que lui renvoyait effrontément l’acteur/réalisateur à petite moustache. L’arc narratif du Dictateur évolue en même temps que sa tonalité s’altère, comme si Chaplin, prenant progressivement conscience des atrocités perpétrées par le nazisme, faisait basculer ouvertement sa comédie burlesque vers la tragédie.

Les premières séquences, qui se déroulent pendant la première guerre mondiale, se réclament ainsi du slapstick cher à Mack Sennett, Buster Keaton ou Tex Avery, enchaînant les morceaux d’anthologie démentiels tels que les essais infructueux de la grosse Berta, les jets de grenades laborieux ou le décollage catastrophique d’un avion qui s’achève par un crash cartoonesque. C’est l’occasion pour le spectateur de découvrir sous les traits de Chaplin un jeune soldat empoté, Adenoid Hynkel, promis à un avenir de dictateur mégalomane, fasciste et tout puissant. Parallèlement, l’intrigue s’intéresse à un modeste barbier juif, Schultz, à qui Chaplin prête aussi ses traits, les deux personnages ignorant qu’ils sont de parfaits sosies. Avec Le Dictateur, l’acteur/cinéaste porte aux nues l’art de la pantomime, le plan-séquence du rasage en rythme sur la Danse Hongroise de Brahms ou la chorégraphie d’Hynkel avec la mappemonde en baudruche témoignant d’un sens du rythme hallucinant. Tout se passe comme si Chaplin continuait à faire du cinéma muet, ses imitations hilarantes des harangues d’hitler s’appuyant sur une langue imaginaire aux accents teutons plus proches de l’onomatopée que du dialogue. 

Une soif effrénée de fraternisation

Quant au barbier, il ne s’exprime quasiment jamais par la voix et possède d’ailleurs les attributs habituels du personnage vagabond de Charlot, icône universelle des années précédant l’avènement du cinéma parlant. Sa tirade finale a d’autant plus d’impact, le rire des spectateurs se figeant face à cette diatribe enflammée, poignante et inattendue. Finalement, les similitudes physiques entre Hynkel et Schultz servent moins de support au quiproquo (lequel n’intervient que très tardivement dans l’intrigue) que de véhicule au thème majeur du film : la soif effrénée de fraternisation, la culture des similitudes et non celle des différences. Chef d’œuvre atemporel et universel, Le Dictateur se bonifie avec le temps, d’autant que son discours est d’une actualité hélas toujours aussi brûlante.

 

© Gilles Penso

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THX 1138 (1971)

Le premier long-métrage de George Lucas est un film de science-fiction glacial et austère conçu sous l'influence de George Orwell

THX 1138

1971 – USA

Réalisé par George Lucas

Avec Robert Duvall, Donald Pleasence, Maggie MacOmis, Don Pedro Colley, Ian Wolfe, Marshall Efron

THEMA FUTUR

Pour qui n’y est pas préparé, la découverte du tout premier long-métrage de George Lucas peut s’avérer déconcertante. La retenue, l’austérité et le relatif hermétisme de l’œuvre semblent contraster fortement avec la fameuse Guerre des Etoiles qui le rendra célèbre six ans plus tard. THX 1138 est l’adaptation du cinquième court-métrage que Lucas réalisa en 1967 pendant ses études à l’USC. Très remarqué pour son audace et sa maîtrise technique, cet impressionnant galop d’essai de 17 minutes était une réinterprétation libre du « 1984 » de George Orwell. La version longue, produite par la compagnie de Francis Ford Coppola Zoetrope et financée – un peu à contrecœur – par Warner Bros, en reprend la trame principale tout en la développant. Le malaise s’instille dès les premières secondes, à travers un générique insolite qui s’obstine à défiler à l’envers sur une musique atonale de Lalo Schifrin. Les premières images sont difficiles à identifier, mais l’univers aseptisé et informatisé que Lucas nous laisse apparaître par bribes fait déjà froid dans le dos. La couleur blanche domine, sur les uniformes tous identiques des citoyens au crâne rasé, sur les murs, sur les sols… Les prénoms et les noms n’existent plus. Chacun porte désormais un matricule.

THX-1138 (Robert Duvall), un ouvrier chargé de réparer les robots, vit comme ses semblables sous sédatif pour oublier la morne morosité de son quotidien vide de sens. La notion d’individualité n’a plus cours, le sexe est prohibé, ceux qui ne se conforment pas aux prescriptions médicales sont accusés de « non alignement thérapeutique ». La bande son du film, supervisée par le co-scénariste Walter Murch, se sature ainsi de messages lancinants tels que « pour plus de plaisir et d’efficacité, nous standardisons la consommation » ou « soyons heureux d’avoir une tâche à accomplir ». L’abrutissement des masses se poursuit dans les appartements – immaculés eux aussi – où la télévision du futur, sous forme d’hologrammes en 3D, diffuse des programmes idiots ou avilissants. Le gouvernement, les médias et l’église se confondent d’ailleurs lorsqu’il s’agit de prier devant son écran, face à une figure christique qui incite au travail et à l’accroissement de la production.

Le grain de sable qui va gripper la mécanique

THX-1138 est le grain de sable qui va gripper cette mécanique bien huilée. Oubliant d’absorber ses sédatifs, il transgresse un grave interdit en faisant l’amour à sa compagne LUH-3417 (Maggie MacOmis) et devient dès lors un fugitif en cavale. En gérant avec soin le maigre budget à sa disposition et en choisissant avec attention des lieux de tournage atemporels et déshumanisés (centres d’affaires, parkings, tunnels, souterrains), Lucas compose un futur plausible et oppressant. L’ultime séquence entre en rupture avec le rythme languissant du reste du métrage à travers une poursuite automobile effrénée que George Lucas, passionné de sport mécanique, filme comme les futurs vaisseaux spatiaux de La Guerre des Etoiles : avec frénésie, dynamisme et euphorie. Grisante, la vitesse semble ici symboliser la liberté. Une liberté qui prend tout son sens lors du plan final, extrêmement iconique, et dont jouira Lucas lui-même, ce premier long-métrage lui ouvrant les voies d’Hollywood avec le succès que l’on sait.

© Gilles Penso

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FORTRESS (1993)

Le réalisateur de Re-Animator enferme Christophe Lambert dans une prison futuriste dont personne ne semble pouvoir s'évader

FORTRESS

1993 – USA

Réalisé par Stuart Gordon

Avec Christophe Lambert, Kurtwood Smith, Loryn Lochlin, Lincoln Kilpatrick, Jeffrey Combs, Clifton Gonzalez, Tom Towles 

THEMA FUTUR 

Monté sur le piédestal des maîtres du cinéma d’horreur grâce au prodigieux Re-Animator, Stuart Gordon change ici de registre et prouve par là même un indéniable savoir-faire en matière d’action mouvementée et de suspense, même s’il avait déjà goûté aux joies des univers futuristes à l’occasion du méconnu Robot Jox. Armé d’un budget plus conséquent qu’à son habitude, il concocte avec Fortress un film nerveux et efficace qui démarre en trombe, sans exposition préalable, tous les éléments nécessaires à la compréhension de la situation étant disséminés par la suite. La surpopulation est devenue le principal fléau de la Terre. La loi interdit désormais à chaque femme d’avoir plus d’un enfant. Dans cette société dystopienne en diable, le capitaine John Brennick (Christophe Lambert) et sa femme Karen (Loryn Lochlin) sont des hors-la-loi. Après avoir perdu leur premier bébé, ils ont en effet décidé d’en avoir un second. Repéré au passage de la frontière américaine, John s’interpose pour que son épouse enceinte puisse s’enfuir. Il est capturé et emmené dans « la forteresse », centre carcéral conçu par la multinationale Men-Tel Corporation. Toute tentative d’évasion y est inutile. L’ensemble du complexe, étalé sur trente étages souterrains, est placé sous la surveillance du plus puissant ordinateur au monde. Les caméras et les sensors épient les prisonniers jusque dans leurs rêves, les lasers les contiennent dans leurs cellules, et les intestinators qui leur sont implantés dans le ventre à leur arrivée peuvent leur infliger sur ordre des douleurs allant jusqu’à la mort. Évidemment, rien n’empêchera Brennick d’envisager malgré tout une évasion prochaine…

Ce très inquiétant univers futuriste est servi par des décors sobres mais convaincants, des effets spéciaux impeccables et tout un tas de trouvailles scénaristiques, notamment le redoutable intestinator ou la capacité technologique de digitaliser les rêves. Christophe Lambert évolue avec suffisamment de conviction dans cette cauchemardesque forteresse, dotant son personnage d’une fragilité et d’une humanité qu’Arnold Schwarzenegger, pressenti pour le rôle, aurait probablement amenuisées. Inoubliable méchant de Robocop, Kurtwood Smith incarne un directeur de prison détestable à souhait, tandis que Jeffrey Combs, le célèbre Herbert West de Re-Animator, joue un prisonnier particulièrement perturbé qui répond au surnom de D-Day.

Les clichés des films de prison

Le problème des films de prison est de crouler souvent sous une montagne de lieux communs. Stuart Gordon, même s’il en est visiblement conscient, ne les évite pas tous, et l’ultime partie du film ne laisse que peu de place aux situations imprévues. Quant au dénouement, expédié en quelques plans, il surprend par son manque d’audace et de surprise, comme s’il avait fallu se débarrasser en vitesse des derniers rebondissements. Du coup Fortress, qui démarrait plutôt bien, nous laisse sur notre faim, ce qui ne l’empêcha pas de se comporter très honorablement au box-office, entraînant une séquelle tardive réalisée sept ans plus tard par le metteur en scène australien Geoff Murphy, avec toujours Christophe Lambert sous la défroque du prisonnier.

 

© Gilles Penso

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