FUTURE COP 5 (1994)

Perdu au beau milieu d’un moyen-âge parallèle, le flic Jack Deth doit mettre la main sur un diamant magique pour pouvoir rentrer chez lui…

TRANCERS 5 : SUDDEN DETH

 

1994 – USA

 

Réalisé par David Nutter

 

Avec Tim Thomerson, Stacie Randall, Ty Miller, Terri Ivens, Mark Arnold, Clabe Hartley, Alan Oppenheimer, Jeff Moldovan, Stephen Macht, Luana Stoica

 

THEMA VOYAGES DANS LE TEMPS I FUTUR I SAGA FUTURE COP I CHARLES BAND

Tournés en même temps, dans les mêmes décors et avec les mêmes acteurs, Future Cop 4 et Future Cop 5 auraient honnêtement pu n’être qu’un seul et même film. Mais le producteur Charles Band ne passe jamais à côté d’une occasion de faire fructifier un produit potentiellement rémunérateur, quitte à tirer un peu à la ligne. De fait, s’il se raccorde directement avec le cliffhanger de Future Cop 4, ce cinquième opus joue la montre en remplissant artificiellement ses huit premières minutes avec un générique à rallonge et un long résumé des événements précédents. « Des séquences entières ont été supprimées par manque de budget », se plaint le scénariste Peter David. « La seule dont je me souvienne est celle où Jack et son compagnon sautent par la fenêtre d’un château, tombent en chute libre, atterrissent dans une rivière impétueuse et se battent pour survivre alors qu’ils sont précipités par le courant. Cette scène et toutes celles que j’avais prévues pour Future Cop 5 ont été complètement coupées, ce qui explique sans doute pourquoi le film dure… quoi ? Soixante-cinq minutes ? Je déteste avoir mon nom sur ce scénario parce qu’il ne ressemble pas du tout à ce que j’ai écrit. » (1) Effectivement, en l’état, l’intrigue de Future Cop 5 n’a rien de foncièrement palpitant.

Toujours perdu en plein univers médiéval alternatif, Jack Deth semble s’être mué en émule de Robin des Bois dont les compagnons, tous de basse extraction, jouent du poing et de l’épée contre les méchant nantis qui les oppressaient. Tous les « Trancers » habitués à aspirer le fluide vital de leurs victimes sont donc vaincus et reclus dans leur donjon, fomentant une vengeance qui va pouvoir se concrétiser grâce à la résurrection improbable de leur chef, le vil Lord Caliban (Clabe Hartley). Pour défaire une bonne fois pour toutes ce sorcier redoutable et avoir une chance de rentrer chez lui – quitte à devoir se séparer de la belle Lyra (Stacie Randall) qui lui est soumise corps et âme -, Deth va se lancer à la recherche du « Tiamant », une pierre précieuse légendaire cachée quelque part dans le « Château de la Terreur Incessante » (tout un programme !) Le prince Prospero (Ty Miller), fis de Caliban rallié à sa cause, accepte de l’accompagner dans cette quête semée d’embûches…

« Je suis trop vieux pour ces conneries ! »

Le récit prend dès lors les allures d’un buddy movie avec Deth dans la peau du flic aguerri et Prospero dans le rôle de son jeune coéquipier peu expérimenté. Pour enfoncer le clou, le scénario reprend même l’une des répliques les plus célèbres de L’Arme fatale (« Je suis trop vieux pour ces conneries ! »). C’est d’ailleurs dans les lignes de dialogue de Tim Thomerson et dans son caractère éternellement désabusé que le spectateur pourra trouver un peu de fraîcheur, le reste du film se révélant d’une grande platitude. Certes, le tournage en Roumanie permet à David Nutter de bénéficier de figuration costumée et de cascadeurs talentueux à bas prix, ce qui offre à son Future Cop 5 une certaine « production value ». Mais ça ne suffit pas à cacher la misère de ce scénario sans queue ni tête aux rebondissements absurdes et aux éléments magiques invraisemblables (la peinture à ressusciter, le diamant à voyager dans le temps). La musique synthétique de Gary Fry, qui essaie maladroitement de jouer la carte de l’épopée orchestrale, n’arrange rien. Futrure Cop 5 s’achève sur un épilogue à l’emporte-pièce qui semble confirmer à quel point plus personne n’y croit. Thomerson tirera d’ailleurs sa révérence et refusera de participer à Future Cop 6.

 

(1) Propos extraits du livre « It Came From the Video Aisle ! » (2017)

 

© Gilles Penso


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LE NOUVEL AMOUR DE COCCINELLE (1974)

Six ans après Un amour de Coccinelle, la Volkswagen capricieuse vient contrarier les plans d’un vil promoteur immobilier…

HERBIE RIDES AGAIN

 

1974 – USA

 

Réalisé par Robert Stevenson

 

Avec Helen Hayes, Ken Berry, Stefanie Powers, John McIntire, Keenan Wynn, Huntz Hall, Ivor Barry, Dan Toblin, Vito Scotti, Raymond Bailey, Liam Dunn

 

THEMA OBJETS VIVANTS I SAGA LA COCCINELLE

Pour donner une suite à Un amour de Coccinelle, le studio Disney sollicite logiquement le même réalisateur, Robert Stevenson, habitué à tourner des longs-métrages en prises de vues réelles pour la maison de Mickey depuis le début des années 60. En revanche, le casting est totalement modifié. Exit le pilote de course Jim Douglas (Dean Jones), sa petite amie Carol (Michele Lee), son ami mécanicien Tenessee (Buddy Hackett) ou le vil businessman Thorndyke (David Tomlinson). Le scénario tient tout de même à tisser quelques liens discrets avec le film précédent. Tenessee est en effet mentionné, puisque le personnage central de ce second épisode est sa tante Mme Steinmetz (Helen Hayes), une vieille dame qui a récupéré la Coccinelle Choupette / Herbie et s’en sert de véhicule, de confidente et même de garde du corps. Jim Douglas est également évoqué, les dialogues nous apprenant qu’il est parti participer à des courses automobiles en Europe. Le grand méchant, lui, a changé de visage puisqu’il s’agit désormais du redoutable promoteur Alonzo Hawk, incarné avec fougue par Keenan Wynn. Étrangement, ce personnage peu recommandable était également l’antagoniste du héros de Monte là-d’ssus (1961) et de sa suite Après lui le déluge (1962). Ce diptyque de science-fiction (qui fera l’objet d’un remake en 1997 sous le titre Flubber) et la saga de La Coccinelle se situent donc visiblement dans le même univers.

Le générique d’ouverture nous montre une série de démolitions d’immeubles de plus en plus spectaculaires, sous le regard joyeux de Hawk. Le magnat de l’immobilier s’apprête à construire en plein San Francisco deux tours de 130 étages, le Hawk Plaza, qui abriteront une infinité de bureaux. Selon lui, il s’agira du « plus haut bâtiment du monde », qualificatif qu’employait déjà La Tour infernale pour évoquer son gratte-ciel de verre, et qui revient en réalité à l’époque aux toutes récentes tours jumelles du World Trade Center de New York. Mais un obstacle se dresse sur la route de Hawk : une vénérable caserne de pompier qu’habite Madame Steinmetz en compagnie de sa jeune voisine, l’hôtesse de l’air Nicole (Stefanie Powers). Son armada d’avocats austères ayant échoué à convaincre la vieille dame de vendre sa maison, Hawk fait appel à son neveu Willoughby Whitfield (Ken Berry), un jeune juriste simple et timide qui croit au bien-fondé de sa mission. Mais notre homme va se prendre d’affection pour Madame Steinmetz, tomber sous le charme volcanique de Nicole et découvrir le caractère bien trempé de Choupette…

Choupette la forme !

Force est de reconnaître que Keenan Wynn est parfait dans le rôle du magnat ignoble, nerveux, colérique et lâche (dans un monde parallèle, nous aurions adoré voir Louis de Funès nous offrir sa propre version d’un tel personnage !). Si le scénario de cette seconde Coccinelle reste très anecdotique, les nombreuses cascades inventives qui ponctuent le film, épaulées par de nombreux effets spéciaux de plateau, permettent d’offrir aux spectateurs moult séquences délirantes, la voiture sautant une infinité d’obstacles, roulant sur les murs, se faufilant entre les tables des grands restaurants ou voguant sur les eaux du Pacifique. Certes, les trucages optiques ont un peu plus de mal à suivre (le passage au cours duquel Choupette joue les funambules sur le Golden Gate Bridge a pris un sacré coup de vieux) mais l’ambition visuelle du film reste impressionnante. Étrangement, la Coccinelle vedette n’est pas ici le seul objet vivant. Madame Steinmetz possède en effet un vieil omnibus qui s’anime dans son jardin et un orgue mécanique qui se déclenche quand bon lui semble. Les allusions à un voyage au Tibet et à la philosophie orientale semblent vouloir prôner la théorie animiste : tous les objets seraient susceptibles d’avoir une âme. Ce qui permet à Choupette de rallier à sa cause des dizaines d’autres Coccinelles au moment d’un climax très mouvementé. Parmi les moments forts de ce Nouvel amour de Coccinelle, on se souviendra aussi de cette étonnante séquence de cauchemar dans laquelle Hawk est poursuivi par des Choupettes aux mâchoires garnies de dents acérées, encerclé par des Coccinelles coiffées comme des indiens, et même transformé en émule de King Kong harcelé par des voitures volantes au sommet de l’Empire State Building !

 

© Gilles Penso


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MORGANA (1995)

Un groupe de vampires sophistiqués cache ses activités sous la couverture d’une agence de mannequins et d’escort-girls de Los Angeles…

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BLONDE HEAVEN / MORGANA

 

1995 – USA

 

Réalisé par David DeCoteau

 

Avec Julie Strain, Raelyn Saalman, Michelle Bauer, Joe Estevez, Alton Butler, Jason Clow, Mary Tudor, Janine Stillo, Danny Resko, Scott Anthony, Monique Parent

 

THEMA VAMPIRES I SAGA CHARLES BAND

Spécialisé dans l’horreur et la science-fiction à petit budget, le producteur Charles Band décide au milieu des années 90 d’ajouter un ingrédient à son cocktail habituel pour alimenter les bacs vidéo : l’érotisme. Ainsi sont initiés des titres sulfureux comme Les Créatures de l’au-delà, Fantasmes sous contrôle ou Huntress. Morgana s’inscrit dans le même esprit, autrement dit un argument vaguement fantastique qui sert de prétexte à un enchaînement de séquences olé olé. Le projet s’intitule à l’origine Dressed for Dark et Brigitte Nielsen est censée en tenir le rôle principal. Mais le scénario ne cesse de changer, le film est repoussé plusieurs fois et l’ex-madame Stallone finit par passer son tour. C’est une actrice tout autant athlétique, Julie Strain (Y’a-t-il un flic pour sauver Hollywood ?, Le Flic de Beverly Hills 3), qui la remplace. Habitué à filmer de la gaudriole, David DeCoteau accepte de réaliser le film, qui sera finalement rebaptisé Blonde Heaven, à condition d’utiliser le pseudonyme d’Ellen Cabot (qu’il dégaine généralement lorsqu’il n’est pas très fier de ce qu’il fait). Le film est tourné en huit jours sur les mêmes plateaux que deux productions Charles Band destinées à un public familial (Jack et le haricot magique et Shrunken Heads), pour une sortie planifiée en 1995.

Dans le Los Angeles de 2001, un groupe de vampires très élégants (avec lunettes noires, grands manteaux sombres et brushings impeccables) cache ses activités sanglantes sous l’apparence d’une agence de mannequins et d’escortes connue sous le nom de Blonde Heaven (« Le paradis blond »). La chef de ces vampires new-look, Illyana (Julie Strain), se prend d’affection pour leur nouvelle recrue, Angie (Raelyn Saalman), une jeune femme venue d’Oklahoma qui gagne sa vie comme serveuse et qui rêve de percer à Hollywood. Mais le petit-ami d’Angie, Kyle (Alton Butler), qui ne se sépare presque jamais de son chapeau de cowboy, l’a suivie jusqu’à L.A. et regarde d’un très mauvais œil cette étrange agence enigmatique. Avec l’aide d’un chasseur de vampires recruté dans un cinéma de quartier, Pluto (Jason Clow), il va tenter de percer à jour les suceurs de sang et d’arracher Angie à leurs griffes…

Le paradis blond

Pendant ses dix premières minutes, le film enchaîne les longues scènes de parties de jambes en l’air, de strip-teases et de douches langoureuses sans que l’intrigue ne se décide à avancer d’un pouce. Nous comprenons donc assez rapidement l’ambition de ce film, bien moins motivé par l’envie de bâtir une intrigue palpitante que par celle de dévêtir toutes ses actrices devant la caméra. Les séquences de cet acabit se répètent donc inlassablement, notamment une interminable soirée mondaine où les escort girls se trémoussent devant des types en slip ! Du haut de son mètre 85, Julie Strain domine l’ensemble du casting de manière impressionnante, donnant l’impression que tous les autres acteurs sont des Lilliputiens. Son personnage se révèle capable de changer d’apparence, notamment de se faire passer pour un homme (entièrement « équipé » si l’on en juge les scènes d’accouplement qui s’ensuivent), ce qui nous change un peu des vampires habituels. Il y a certes une idée intéressante dans ce scénario, celle du vampirisme comme solution pour qu’une star reste jeune et belle pour l’éternité. Mais elle n’est jamais traitée frontalement, le script se résumant à trois lignes de dialogues et d’innombrables scènes de fesses. Suite à des problèmes avec son distributeur, Blonde Heaven ne sera vendu qu’à une poignée de chaînes de TV locales et disparaîtra de la circulation. Sept ans plus tard, Charles Band le ressortira sous un autre titre, Morgana, et l’exploitera en VHS et en DVD pour lui offrir une seconde vie. Et c’est sous ce titre qu’il est désormais connu… même si aucun personnage du film ne s’appelle Morgana !

 

© Gilles Penso


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LE DROIT DE TUER (1980)

Choqué par la violence qui règne dans les rues de New York, un vétéran de la guerre du Vietnam se transforme en ange exterminateur…

THE EXTERMINATOR

 

1980 – USA

 

Réalisé par James Glickenhaus

 

Avec Robert Ginty, Christopher George, Samantha Eggar, Steve James, Dick Boccelli, Tony DiBenedetto, Patrick Farrelly, Michele Harrell, David Lipman

 

THEMA TUEURS

Le Droit de tuer est sorti sur les écrans six ans après Un justicier dans la ville et deux ans avant Rambo. À mi-chemin entre ces deux œuvres séminales, le second long-métrage de James Glickenhaus se positionne presque comme un trait d’union, un film de liaison partageant avec ceux de Michael Winner et Ted Kotcheff deux thématiques clés (l’auto-justice et la difficile réinsertion des vétérans du Vietnam) pour les agencer sous une forme inattendue. Glickenhaus avait fait ses premiers pas derrière la caméra avec le film d’horreur The Astrologer, une œuvre de jeunesse pas totalement aboutie mais possédant déjà de solides séquences d’action et de suspense. C’est dans ce terreau que le réalisateur puise pour Le Droit de tuer, concoctant une œuvre choc aux confins du slasher, du film policier, du thriller urbain et du drame social. « L’objectif du film n’est pas de glorifier la violence ou le vigilantisme, mais de poser des questions », explique-t-il. « Que se passe-t-il dans une société lorsqu’elle perd la capacité de faire régner la loi et que les gens prennent la justice en main ? » (1) Pour instiller dans l’esprit de son personnage principal un traumatisme durable, Glickenhaus situe les sept premières minutes du film au cœur de la guerre du Vietnam. Tournée dans le parc national d’Indian Dunes en Californie, la séquence est tellement ambitieuse qu’elle englobe 20% du budget total du film. Le point culminant de ce prologue est une hallucinante décapitation en gros plan et au ralenti. C’est cette vision de cauchemar, conçue à l’aide d’un mannequin hyperréaliste signé Stan Winston, qui enclenche le point de non-retour.

Les vues aériennes de New York et la chanson paisible « Heal It », interprétée par Roger Bowling pendant le générique de début, contrastent brutalement avec ce qui précède. Revenus de l’enfer, John Eastland (Robert Ginty) et Michael Jefferson (Steve James) sont restés inséparables et gagnent modestement leur vie comme manutentionnaires. Un jour, alors qu’il intervient pour empêcher des voyous de voler dans l’une des réserves, Michael est agressé par le gang des « Ghouls » qui le laissent entre la vie et la mort. John bascule alors et décide de faire régner la justice lui-même, quitte à laisser ses penchants les plus violents prendre le dessus. « Je ne me suis pas demandé si c’était bien ou mal, je l’ai fait c’est tout », dit-il au chevet de son ami mourant. Dès lors, les gangsters, les mafieux, les violeurs et les pervers qui sévissent dans les rues de la ville entrent dans sa ligne de mire. Persuadé du bien-fondé de sa croisade sanglante, John se fait appeler « l’exterminateur » et écrit à la presse pour justifier ses actes. « Le règne de la peur n’a que trop duré pour les new yorkais », dit-il. « Les politiciens restent les bras croisés, alors que voyous et meurtriers envahissent nos rues, nos parcs, nos vies. Désormais, ce ne sera plus le cas. » Alors que l’inspecteur James Dalton (Christopher George) tente de l’identifier, la municipalité s’inquiète grandement des activités de ce « vigilante » qui risque de ternir l’image des gouvernants, alors que les prochaines élections approchent…

Pyromaniac !

Contrairement à ce que vend le poster très racoleur du film, notre tueur en série n’adopte jamais tout à fait le costume d’un croquemitaine iconique avec casque de motard et lance-flammes (qui aurait pu en faire l’émule du psychopathe de Pyromaniac) mais cette image résume malgré tout son mode opératoire et sa démarche : reprendre ses attributs de guerrier pour nettoyer les rues de la ville. Si Glickenhaus évacue les effets gore (à l’exception de la scène vietnamienne), les meurtres restent très sanglants, les victimes de l’exterminateur étant tour à tour criblées de balles, brûlées vives ou broyées dans un hachoir à viande. On sent d’ailleurs le réalisateur pris entre les feux de deux envies artistiques contraires : une certaine sophistication de la violence (avec quelques cascades automobiles explosives) et une approche brute de la réalité (ses images volées dans les rues de New York évoquent les premiers pas de William Lustig et Abel Ferrara). Or c’est peut-être ce grand écart qui donne au Droit de tuer cette singularité insaisissable qui provoquera au moment de sa sortie une réaction très négative de la part de la presse mais un accueil enthousiaste du côté du public. Christopher George y déborde de charisme, comme toujours, et Robert Ginty trouve là le rôle de sa vie.

 

(1) Interview publiée dans « The Flashback Files » en 2012

© Gilles Penso

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FUTURE COP 4 (1994)

Suite à un dysfonctionnement de sa machine à remonter le temps, le policier du futur Jack Deth se retrouve dans un monde médiéval alternatif…

TRANCERS 4 : JACK OF SWORDS

 

1994 – USA

 

Réalisé par David Nutter

 

Avec Tim Thomerson, Stacie Randall, Ty Miller, Terri Ivens, Mark Arnold, Clabe Hartley, Alan Oppenheimer, Lochlyn Munro, Jeff Moldovan, Stephen Macht

 

THEMA VOYAGES DANS LE TEMPS I FUTUR I SAGA FUTURE COP I CHARLES BAND

La saga Future Cop recueillant des suffrages positifs, le producteur Charles Band décide d’accélérer la cadence en faisant tourner simultanément les épisodes 4 et 5 en en sollicitant deux talentueux nouveaux-venus : le réalisateur David Nutter, spécialiste des séries TV qui contribuera plus tard au succès de X-Files, Millenium, Roswell, Urgences, Entourage ou encore Game of Thrones, et le scénariste Peter David, auteur de nombreux comic books pour Marvel et DC. Les choses semblent donc bien engagées, mais le duo est contraint d’opérer des choix artistiques étranges dictés par les contraintes budgétaires. « On m’a présenté ces deux films comme des suites directes des trois premiers de la série, mais seul le personnage de Jack Deth assurait la continuité », raconte Peter David. « On m’a également fait savoir que l’intrigue devait se dérouler dans un univers médiéval, puisqu’ils allaient tourner dans un château en Roumanie. » (1) En effet, Band décide de transporter l’équipe de Future Cop 4 et Future Cop 5 dans les mêmes décors que la saga Subspecies, afin de profiter des infrastructures locales et surtout d’une main d’œuvre beaucoup moins onéreuse qu’aux Etats-Unis. Économiquement, ça se tient. Mais ce changement drastique de décor (après les environnements urbains des trois premiers films) peut surprendre les familiers de la franchise. D’autant que le budget reste très serré, au point que David Nutter se retrouve obligé de déchirer des pages entières du script pour pouvoir respecter l’enveloppe ridicule à sa disposition.

Le début de Future Cop 4 se raccorde directement avec la fin du film précédent. Jack Deth (l’indéboulonnable Tim Thomerson) revient d’une mission jusque dans son époque, le 23ème siècle. Après avoir divorcé de sa seconde femme Lena, il apprend que sa première épouse Alice l’a quitté pour un de ses collègues. Cette petite pirouette scénaristique permet d’éviter de faire revenir les actrices Helen Hunt et Megan Ward. Un peu dépité, notre flic dur à cuire est prêt à s’embarquer dans une autre aventure, mais il découvre trop tard qu’une créature bizarre, le Solonoïde, s’est cachée dans la machine à voyager dans le temps, provoquant son dysfonctionnement. Jack se retrouve donc propulsé dans une autre dimension : une Europe médiévale alternative dans laquelle toutes ses armes sont inopérantes. Là sévissent des Trancers d’un genre différent de ceux qu’il a affrontés jusqu’alors. Il s’agit de nobles qui se nourrissent de la force vitale des gens du peuple, sous le règne de l’infâme Lord Caliban (Clabe Hartley). Pour les affronter, il va devoir s’allier avec un groupe de rebelles qui se cachent dans les bois…

Evil Deth

La relocalisation du tournage en Roumanie et l’usage de décors médiévaux donnent fatalement à ce Future Cop un air de famille avec la saga Subspecies, dont il réutilise d’ailleurs – sous une forme détournée – le thème du vampirisme. On sent bien que le scénario essaie tant bien que mal de justifier le surgissement de nouveaux Trancers, alors qu’aucune logique ne préside à leur présence dans le film. C’est tout le problème d’une franchise qui s’appelle Trancers (pour le coup, le titre français Future Cop se révèle moins restrictif). Si un humour un peu absurde nimbe agréablement la première partie du film (Jack qui revient de sa mission précédente avec la tête de son coéquiper robotique Shark et la transforme en lampe de chevet, une scientifique lui donne ses nouveaux gadgets façon James Bond dont un pistolet d’un nouveau genre baptisé « RBG » pour « Real Big Gun »). Mais cette légèreté fait ensuite défaut au reste du film, qui conserve une approche beaucoup plus sérieuse, au fil d’une intrigue très modérément palpitante (à part ce moment délirant où la montre censée ralentir le temps se met à fonctionner à l’envers). Le motif de l’homme du futur qui se retrouve dans un moyen-âge où sévit la sorcellerie nous évoque naturellement L’Armée des ténèbres, ce qui n’est sans doute pas un hasard si l’on en juge la nature du climax, calqué de toute évidence sur celui d’Evil Dead 2. Ce cliffhanger nous laisse volontairement sur notre faim et invite donc les spectateurs à découvrir Future Cop 5.

 

(1) Propos extraits du livre « It Came From the Video Aisle ! » (2017)

 

© Gilles Penso


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FUTURE COP 3 (1992)

Le détective Jack Deth est envoyé en l’an 2005 pour combattre une organisation militaire à l’origine de la création de soldats zombies…

TRANCERS III : DETH LIVES !

 

1992 – USA

 

Réalisé par C. Courtney Joyner

 

Avec Tim Thomerson, Helen Hunt, Melanie Smith, Andrew Robinson, Telma Hopkins, Megan Ward, Stephen Macht, R.A. Mihailoff

 

THEMA FUTUR I VOYAGES DANS LE TEMPS I SAGA FUTURE COP I CHARLES BAND

La saga Future Cop est un peu le « bébé » du producteur Charles Band, qui en a réalisé les deux premiers opus et même le court-métrage intégré au film à sketches Pulse Pounders. Mais lorsque vient le moment de s’atteler à Future Cop 3, Band est trop accaparé par ses responsabilités de président de Full Moon Entertainment et doit donc passer la main. Il pense alors à C. Courtney Joyner, talentueux scénariste (Prison, Puppet Master III, Doctor Mordrid) qui désire passer à la mise en scène depuis longtemps. Pas certain de ses capacités à prendre en charge un film tout seul, Band envisage un temps de lui adjoindre David DeCoteau comme co-réalisateur. C’est finalement le producteur Albert Band (le père de Charles) et l’acteur Tim Thomerson qui permettent à Joyner d’avoir gain de cause et de se voir confier en solo sa première réalisation, budgétée à deux millions de dollars. Actrice récurrente de la saga, Helen Hunt est entretemps devenue une célébrité grâce à la série Mad About You. Band père et fils ne cherchent donc pas à la contacter, persuadés qu’elle est désormais hors d’atteinte. Mais Hunt entend parler du tournage imminent de Future Cop 3 et insiste pour y participer, même si son rôle reste limité à cause des contraintes télévisuelles qui compliquent son agenda. La future star de Twister a en effet gardé un excellent souvenir du tournage des deux premiers Future Cop et souhaite poursuivre l’aventure une dernière fois.

En 1992, le policier venu du futur Jack Deth (Tim Thomerson) est devenu un détective privé spécialisé dans la prise d’amants infidèles en flagrant délit. Ses activités ont fini par malmener sa vie personnelle, poussant son épouse Lena (Helen Hunt) à envisager le divorce s’il ne parvient pas à mettre de l’ordre dans ses affaires. Avant qu’il ait pu tenter d’arranger leur relation houleuse, Deth est kidnappé par un androïde massif, Shark (R. A. Mihailoff), qui le transporte en l’an 2352. Là, il retrouve sa première épouse, Alice (Megan Ward), devenue chef militaire d’un groupe de rebelles submergés par des attaques répétées de soldats zombie, les fameux Trancers. La mission qu’on lui confie consiste à se rendre à Angel City en 2005 afin de déterminer l’origine de cette nouvelle vague de Trancers et de l’éradiquer. Son enquête le dirige vers le colonel Daddy Muthuh (Andrew Robinson), en charge d’un programme militaire expérimental sponsorisé par le gouvernement américain…

L’armée des ténèbres

Le scénario de C. Courtney Joyner se laisse visiblement influencer par Terminator, du moins dans sa première partie puisqu’il reprend l’idée de résistants du futur terrés dans un repaire précaire et renvoyant un combattant dans le passé pour éliminer le mal à la racine et renverser la situation. En se réappropriant le concept initialement imaginé par les scénaristes Danny Bilson et Paul De Meo, Joyner en transgresse quelques règles. Ainsi, les voyages dans le temps ne s’effectuent plus en suivant la lignée génétique des ancêtres mais à l’aide d’une plus traditionnelle machine qui se téléporte ici et là à la manière de la cabine téléphonique de Doctor Who. D’autre part, les Trancers ne sont plus des monstres créés par un prédicateur employant le contrôle psychique mais le fruit d’une expérience conçue pour obtenir une armée de « super-soldats ». Joyner étant ami depuis le lycée avec Greg Nicotero, il parvient à embarquer sur Future Cop 3 l’atelier d’effets spéciaux de KNB, habitué à l’époque à participer à des productions de plus grande envergure (Incidents de parcours, Freddy 5, Misery, Le Sous-sol de la peur, Danse avec les loups). Grâce à eux, les altérations physiques des Trancers vont plus loin que dans les deux premiers films (avec une étonnante séquence de veines qui gonflent sur le visage d’une jeune femme en pleins ébats physiques). Très généreux en fusillades et en scènes de bagarres, Future Cop 3 s’achève sur une fin très ouverte et cligne de l’œil au passage vers Casablanca.

 

© Gilles Penso

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SUBSERVIENCE (2024)

Megan Fox incarne un robot docile qui fait le ménage, prépare des petits plats, s’occupe des enfants… et prend d’inquiétantes initiatives !

SUBSERVIENCE

 

2024 – USA

 

Réalisé par S.K. Dale

 

Avec Megan Fox, Michele Morrone, Madeline Zima, Matilada Firth, Jude Greenstein, Andrew Whipp, Atanas Srebrev, Manal El-Feitury, Antoni Davidov, JR Esposito

 

THEMA ROBOTS

Sex-symbol des années 2010, Megan Fox fit tourner la tête du public adolescent dans Transformers, Jennifer’s Body ou encore Jonah Hex, puis multiplia les apparitions sur les grands et les petits écrans tout en exposant régulièrement son impeccable silhouette dans les pages glacées de divers magazines de charme. En approchant de la quarantaine, la comédienne tient à varier les plaisirs. Si sa plastique reste irréprochable, ses rôles se veulent plus complexes. D’où sa prestation dans le thriller oppressant Till Death dirigé par S.K. Dale en 2021. Heureuse de cette expérience, elle renoue avec le cinéaste à l’occasion de Subservience dans laquelle Dale lui demande d’incarner un robot faussement docile (le titre pourrait se traduire par « soumission » ou « asservissement »). « Je connaissais plusieurs des points forts de Megan grâce à notre expérience passée, et j’ai pensé à ce qu’elle pouvait apporter au film », raconte le réalisateur « Dès le début, elle a proposé de faire bouger son personnage comme une ballerine, avec des gestes lents et précis. L’idée était excellente, et nous avons essayé de trouver le juste équilibre entre une prestation robotique inhumaine et l’expression d’un certain nombre d’émotions discrètes dans les scènes intimes. » (1) De fait, l’efficacité de Subservience repose beaucoup sur le travail de la comédienne, impeccable dans la peau de cet androïde trop parfait pour ne pas être suspect.

Le film se déroule dans un futur très proche où les robots côtoient de près les êtres humains. Mais nous ne sommes ni dans I, Robot, ni dans Alita : Battle Angel. Le monde décrit dans le film est donc ultraréaliste, très proche de ce que nous connaissons déjà. Les machines équipées d’une intelligence artificielle imitent à la perfection leurs créateurs et les secondent dans diverses tâches manuelles, occupant les chantiers de construction, les hôpitaux ou les jardins d’enfants. Le jour où son épouse (Madeline Zima) est victime d’une crise cardiaque qui la cloue sur un lit d’hôpital dans l’attente d’une greffe du cœur, Nick (Michele Morrone), contremaître dans le bâtiment et père de deux enfants, fait l’acquisition d’un robot humanoïde (Megan Fox) pour l’aider dans ses tâches domestiques. Modèle dernier cri de chez Kobol Industries, cette assistante est baptisée Alice par la fille de Nick et se montre particulièrement efficace. « Mon seul désir est de répondre à vos besoins » dit-elle à son propriétaire. Mais que veut-elle vraiment dire par là ? N’est-elle pas en train de développer des sentiments troubles, des initiatives imprévues et des projets funestes ?

Une nounou d’enfer

Subservience emprunte à priori des sentiers déjà balisés en détournant des motifs traités dans des œuvres aussi disparates que Megan, La Main sur le berceau ou même l’obscur Maid Droid. Si le film de Dale tire son épingle du jeu, c’est parce qu’il s’efforce d’aborder son sujet de la manière la plus crédible possible, inscrivant son intrigue dans un contexte social tangible, abordant frontalement la problématique de la main d’œuvre menacée d’être remplacée par des robots pour gagner en rentabilité. « C’est notre monde, maintenant », dit ainsi le patron de Nick qui s’apprête à licencier tous ses ouvriers au profit d’automates plus performants. Si Megan Fox crève l’écran dans son rôle de Mary Poppins au sourire éclatant, Michele Morrone livre à ses côtés une prestation naturaliste qui renforce beaucoup l’impact du film et ses nombreux moments de tension. Lorsqu’il s’éloigne du cadre intime et familial pour offrir aux spectateurs un climax explosif, Subservience finit par céder aux lieux communs hérités de Terminator, Hardware ou même Jeu d’enfant. Ce n’est certes pas la partie la plus subtile du film, mais elle ouvre une porte inquiétante sur les dérives à plus grande échelle d’une robotisation massive devenue incontrôlable. Ce sujet est d’autant plus d’actualité qu’au moment de la post-production de Subservience, Hollywood fut soudain frappé par une grève sans précédent des scénaristes et des acteurs, inquiets de voir l’intelligence artificielle risquer de menacer leurs emplois. La réalité s’apprêterait-elle à dépasser la (science)fiction ?

 

(1) Extrait d’une interview publiée dans Screen Rant en septembre 2024.

 

© Gilles Penso

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FUTURE COP 2 (1991)

Jack Deth, le flic du futur, combat une nouvelle armée de zombies manipulés par un gourou machiavélique dans l’Amérique des années 90

TRANCERS II : THE RETURN OF JACK DETH

 

1991 – USA

 

Réalisé par Charles Band

 

Avec Tim Thomerson, Helen Hunt, Megan Ward, Biff Manard, Richard Lynch, Martine Beswick, Jeffrey Combs, Alyson Croft, Art LaFleur, Barbara Crampton

 

THEMA FUTUR I VOYAGES DANS LE TEMPS I SAGA FUTURE COP I CHARLES BAND

Le succès inattendu du premier Future Cop, distribué dans les bacs vidéo en 1985, incite le producteur Charles Band à initier une suite en confiant une nouvelle fois le scénario au duo Danny Bilson et Paul De Meo. Bilson est lui-même pressenti pour se charger de la mise en scène, comme il le fit à l’époque de Zone Troopers. Mais entretemps, les duettistes ont écrit The Rocketeer pour Joe Johnston et ont créé la série Flash. Désormais dans la cour des grands, ils ne sont plus disponibles pour les petits budgets des productions Full Moon et passent donc leur tour. Charles Band décide donc de s’occuper lui-même de la réalisation – ce qu’il fit déjà pour le premier Future Cop – et de solliciter Jack Canson (sous son pseudonyme habituel de Jackson Barr) pour l’écriture du script. Ce dernier, qui signait la même année le scénario de Subspecies, n’est pas particulièrement familier avec le matériau original. Il choisit donc de jouer la prudence en reprenant la grande majorité des ingrédients du premier Future Cop et de suivre une trame relativement similaire. Nous sommes désormais en 1991. Après avoir passé six ans à Los Angeles, le policier du futur Jack Deth (Tim Thomerson), qui coule une vie tranquille avec son épouse Lena (Helen Hunt) tout en sauvant régulièrement les fesses de son ami Hap Ashby (Biff Manard), est sommé par ses supérieurs de retourner au vingt-troisième siècle pour y occuper un poste de conseiller.

Les événements racontés au début de Future Cop 2 ne tiennent donc pas tout à fait compte du final du premier Future Cop, ni des péripéties racontées dans Future Cop 1.5, le court-métrage tourné en 1988 et intégré dans le film à sketches Pulse Pounders. Toujours est-il que les envies du Conseil vont être contrecarrées par un enchaînement de situations inattendues. Car dans ces années 90 contemporaines, un nouveau super vilain, le docteur Waldo (Richard Lynch), frère du redoutable Whistler du premier film, est en train de créer une nouvelle armée de Trancers qu’il tient sous sa coupe. Comme si les choses n’étaient pas assez compliquées, la première épouse de Deth, Alice Stillwell, morte dans ses bras, réapparaît dans le corps d’une nouvelle femme (Megan Ward). Pour tenter de mettre de l’ordre dans ce bazar, l’agent du futur McNulty (Art LaFleur), toujours adepte du cigare, vient faire un bond en 1991 et prend possession à nouveau du corps d’une de ses jeunes ancêtres, désormais adolescente (Alyson Croft). Jack Deth a donc du pain sur la planche…

Triangle amoureux

Pour être honnête, il n’est pas simple de ne pas perdre le fil dans cet imbroglio de péripéties entremêlées. « Nous sommes tous les deux dans des corps différents, des centaines d’années dans le passé » dit ainsi Alice à Jack pour résumer cette situation bizarre réunissant deux anciens époux que tout sépare. Le triangle amoureux qui s’installe, avec Lena comme dindon de la farce, n’est pas inintéressant, même s’il n’est pas pleinement exploité. On peut aussi regretter que le sympathique casting que Charles Band a réussi à réunir n’ait pas grand-chose à défendre. Certes, Richard Lynch excelle en gourou psychopathe au visage inquiétant et au regard noir. Mais Martine Beswick (Docteur Jekyll et Sister Hyde) et Jeffrey Combs (Re-Animator) se contentent de faire de la figuration dans le rôle de ses bras droits, tout comme Barbara Crampton (From Beyond) en présentatrice TV. Malgré tout, Band emballe le film avec efficacité, évitant tout temps mort, s’appuyant sur le charisme de ses acteurs principaux (Thomerson bouffe l’écran, Megan Ward et Helen Hunt jouent le jeu avec conviction), clignant de l’œil vers Crash and Burn le temps d’une bande-annonce télévisée et nous offrant quelques répliques invraisemblables telles que : « McNulty, la prochaine fois que vous vous retrouvez avec un jambon explosif, je vous passerai la moutarde ! » À partir de ce second opus, la franchise continuera de se déployer tous azimuts.

 

© Gilles Penso

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THE KILLER EYE (1999)

Un scientifique crée un œil géant qui s’échappe de son laboratoire pour faire subir les derniers outrages aux jeunes femmes qu’il croise…

THE KILLER EYE

 

1999 – USA

 

Réalisé par David DeCoteau

 

Avec Jacqueline Lovell, Jonathan Norman, Nanette Bianchi, Costas Koromilas, Blake Adams, Ryan Van Steenis, Dave Oren Ward, Roland Martinez

 

THEMA MÉDECINE EN FOLIE I SAGA CHARLES BAND

À la fin des années 90, pour varier les plaisirs, la compagnie Full Moon Entertainment décide de lancer une série de films à tout petit budget inspirés de vieux classiques de la science-fiction des années 50. Le principe consiste à reprendre vaguement leur concept scénaristique, à y ajouter de l’humour, de l’érotisme, et surtout à les tourner à la va vite pour pouvoir faire des économies et alimenter les bacs vidéo. C’est ainsi que naît The Killer Eye, relecture bizarre de Terreur à Trollenberg de Quentin Lawrence (1958). Le producteur Charles Band confie le scénario à Benjamin Carr et demande à son complice de longue date David DeCoteau de s’occuper de la mise en scène. Peu satisfait par le script, DeCoteau propose à Rolfe Kanefsky (Restless Souls) de le revoir et même de s’occuper de la réalisation à sa place. « J’ai lu le scénario original de Ben Carr et j’ai pensé que ce pouvait être un exercice amusant », raconte Kanefsky. « Mon idée était de retrouver l’esprit de Re-Animator ou de Tremors : un film d’horreur comique, fou et excessif. J’ai même envisagé d’en faire une comédie musicale ! J’ai rédigé trois versions succesives du scénario, mais comme David DeCoteau ne parvenait pas à convaincre Charles Band de me laisser réaliser, un autre scénariste, Matthew Jason Walsh, a été engagé pour rédiger une version beaucoup plus simple qui pourrait être tournée en quelques jours. » (1)

Dans sa version finale, The Killer Eye raconte les expériences du docteur Jordan Grady (Jonathan Norman), persuadé d’avoir conçu un collyre permettant de voir la huitième dimension à travers une espèce de télescope de son invention. Sollicité pour jouer les cobayes, un jeune vagabond (Ryan Van Steenis) teste le collyre, regarde dans l’œilleton et finit par s’écrouler, inconscient. Le bon médecin ne s’en rend pas compte tout de suite. Il est en effet pris à part par son épouse Rita (Jacqueline Lovell) qui lui reproche de la délaisser. Frustrée, elle tente alors de coucher avec tout l’immeuble, autrement dit ses deux voisins particulièrement décérébrés, l’assistant de son mari ou même le jeune cobaye. Mais celui-ci est dans un bien sale état. L’un de ses yeux vient en effet de sortir de son orbite pour se transformer en une créature géante et monstrueuse. Lâché dans la nature, cet œil géant et tentaculaire venu de la huitième dimension décide d’observer les ébats amoureux des humains et de s’accoupler avec toutes les femmes qu’il croisera…

Mauvais œil

Sur le papier, ce scénario n’a rien de foncièrement bouleversant mais promet au moins un spectacle drôle et déjanté. Hélas, DeCoteau n’a que quatre jours pour tourner son film et ça se voit. Les décors se limitent donc à deux ou trois pièces dans lesquels les acteurs font du remplissage en surjouant d’interminables dialogues insipides. Le reste du temps, le réalisateur comble les vides en filmant de très longues séquences érotiques à l’intérêt tout relatif, pesamment rythmées par une musique synthétique atroce de Carl Dante. Le seul élément réjouissant de The Killer Eye est l’œil géant lui-même, une création digne des pulps de SF des fifties qui se promène nonchalamment d’une pièce à l’autre, hypnotise les femmes et laisse ramper sur leur corps ses tentacules en latex, un peu à la manière des hentai japonais. À part ça (et une jolie photographie de Howard Wexler qui colore l’espace comme il peut en reproduisant la lumière tourmentée d’une nuit orageuse), The Killer Eyes est un film globalement dénué d’intérêt. Distribué dans les bacs en janvier 1999, il aura pourtant droit à une suite en 2011 baptisée Killer Eyes : Halloween Haunt.

 

(1) Propos extraits du livre « It Came From the Video Aisle ! » (2017)

 

© Gilles Penso

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BLINK TWICE (2024)

Deux serveuses sont invitées par un milliardaire sur une île privée pour un séjour beaucoup moins paradisiaque qu’il n’en a l’air…

BLINK TWICE

 

2024 – USA

 

Réalisé par Zoë Kravitz

 

Avec Naomi Ackie, Channing Tatum, Alia Shawkat, Christian Slater, Simon Rex, Adria Arjona, Haley Joel Osment, Liz Caribel, Geena Davis, Kyle McLachlan

 

THEMA TUEURS

Blink Twice marque les premiers pas derrière la caméra de Zoë Kravitz, qui est parvenu à se faire un nom indépendamment de son père grâce à ses activités d’actrice. On l’a aperçue dans des films tels que Mad Max Fury Road, Les Animaux fantastiques ou encore The Batman (où elle incarnait Catwoman face à Robert Pattinson). C’est en 2017 que l’apprentie réalisatrice commence à écrire ce film, qui porte d’abord comme titre Pussy Island (« l’île des chattes »). Mais face aux réactions extrêmement négatives de la puissante Motion Picture Association of America et de ceux à qui elle soumet l’idée (principalement des femmes, à sa grande surprise), elle opte finalement pour le plus sage et énigmatique Blink Twice (autrement dit « clignez deux fois des yeux »). Pour autant, le film entend bien conserver la dureté de son propos, camouflée sous une apparence faussement festive et détendue. MGM décide alors d’afficher un message d’avertissement dans toutes les salles de cinéma qui projettent le film aux Etats-Unis et au Royaume Uni : « Blink Twice est un thriller psychologique sur l’abus de pouvoir. Bien qu’il s’agisse d’une œuvre de fiction, ce film contient des thèmes matures et des représentations de la violence, y compris de la violence sexuelle ». Nous voilà prévenus.

En tête d’affiche, Naomi Ackie incarne Frida, qui gagne sa vie comme serveuse dans les soirées de cocktail et se passionne pour le « nail art », avec une prédilection pour les ongles ornés de motifs en formes d’animaux. Un soir, alors qu’elle sert les boissons lors d’un événement très select, elle semble taper dans l’œil du milliardaire Slater King (Channing Tatum), un magnat de la technologie qui lui propose de se joindre à lui et à un groupe d’amis sur l’île privée dont il a fait l’acquisition. Frida emmène avec elle sa collègue Jess (Alia Shawkat) et découvre un lieu paradisiaque. Les chambres sont somptueuses, les repas succulents, l’alcool coule à flot et tous les convives participent avec un enthousiasme communicatif à ces vacances raffinées et luxueuses. Mais petit à petit, le doute commence à s’immiscer. Toute cette euphorie béate n’est-elle pas un peu excessive ? Cette île digne du jardin d’Eden ne cacherait-elle pas un terrible secret ?

L’île mystérieuse

Au-delà de ses rôles principaux, Zoë Kravitz réunit en arrière-plan une impressionnante galerie d’acteurs populaires, de Christian Slater à Haley Joel Osment en passant par Kyle McLachlan et Geena Davis. La sollicitation de ces anciennes stars ne vise pas seulement à accumuler les noms connus mais contribue surtout à l’atmosphère singulière du film, à la fois réconfortante (ces visages familiers ont quelque chose de rassurant) et décalée (leur présence collégiale nous semble insolite). Or la réalisatrice cherche justement l’effet de rupture, opposant un cadre idyllique et un malaise croissant, cherchant même par moments à tutoyer le cinéma de David Lynch (en particulier à travers cette femme de ménage indienne au comportement incompréhensible). Les pièces du puzzle mettent du temps à s’assembler, tandis que la tonalité du film glisse progressivement de la légèreté insouciante vers l’inquiétude sourde puis la peur panique. Kravitz démontre là un indiscutable savoir-faire, gérant avec virtuosité l’étrangeté et le suspense jusqu’à la terrible révélation. Channing Tatum porte une grande partie de l’impact de Blink Twice sur ses épaules, révélant ici un charisme que peu de ses rôles précédents laissaient affleurer. On pourra regretter la facilité d’un épilogue qui, sous prétexte de cultiver une situation ironique, oublie toute crédibilité. Mais à cette réserve près, voilà un galop d’essai très concluant.

 

© Gilles Penso


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