DRACULA PRINCE DES TENEBRES (1966)

Ce second Dracula de la Hammer imagine une nouvelle intrigue se passant des services du chasseur de vampires Van Helsing

DRACULA PRINCE OF DARKNESS

1966 – GB

Réalisé par Terence Fisher

Avec Christopher Lee, Barbara Shelley, Andrew Keir, Francis Matheras, Thorley Walters

THEMA DRACULA I VAMPIRES I SAGA DRACULA DE LA HAMMER

Terence Fisher fait très fort avec cette séquelle du Cauchemar de Dracula qui commence par le fameux dénouement du film original, au cours duquel Van Helsing venait à bout de Dracula en l’exposant à la lumière du soleil. Peu après, deux couples anglais font une excursion au château de Carlsbald, dans les Carpathes, appartenant au défunt comte Dracula. Ils y sont abandonnés par leur cocher, apeuré comme toujours en pareille circonstance. Klove, l’ancien serviteur de Dracula, invite cordialement les quatre vacanciers à séjourner quelques temps au château. Dès lors, le jeune Kent, son épouse Diana, son frère Allan et sa belle-sœur Helen vont connaître les heures les plus éprouvantes de leur vie. Au menu: égorgements, baisers mortels et coups de pieu dans le cœur…

Pas de Peter Cushing/Van Helsing ici, mais un moine excentrique aux méthodes expéditives, le père Sandor,  et deux couples prisonniers du château de Dracula et de son maléfique serviteur. Thorley Walters reprend ici le rôle de Renfield tenu par Dwight Frye en 1931 (le personnage avait été évacué du scénario du Cauchemar de Dracula par souci de gain de temps et de concision). Barbara Hershey (dont tous les hurlements furent doublés par Susan Farmer) est étonnante dans le rôle à deux facettes d’Helen, la londonienne apeurée muée en aguichante femme-vampire. Mais à force de se concentrer sur tous ces personnages « secondaires », Fisher néglige un peu trop sa « vedette », autrement dit Christopher Lee qui ne fait que de brèves (mais non moins marquantes) apparitions et campe un Dracula tellement bestial qu’il ne prononce plus une seule phrase de dialogue.

Un vampire muet et bestial

En fait, le scénario de Jimmy Sangster lui réservait bien quelques répliques, mais Lee les trouva ineptes et préféra finalement n’en prononcer aucune. C’est bien dommage. Sa diction impeccable et sa voix ténébreuse méritaient autre chose que ces sifflements et autres grognements plus proches du fauve affamé que du comte vampire raffiné décrit par Bram Stoker. Pour gagner du temps et de l’argent, la Hammer s’efforça de tourner simultanément Dracula prince des ténèbres et Raspoutine le moine fou, les deux films bénéficiant du coup des mêmes décors et de plusieurs comédiens similaires, Christopher Lee en tête. Le final de Dracula prince des ténèbres, c’est à dire la mort – provisoire, évidemment – du vampire dans le lac glacé de son château, manque sérieusement de cohérence. Mais Sangster prouve une fois de plus son imagination sans borne en écrivant une séquence aussi extrême, et l’aficionado attend dès lors la future résurrection du vampire avec impatience, laquelle surviendra dans Dracula et les femmes deux ans plus tard.

 

© Gilles Penso

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LA REVANCHE DE FRANKENSTEIN (1958)

Ce second Frankenstein produit par la Hammer montre une expérience qui réussit enfin… Jusqu'à ce que les circonstances en décident autrement

THE REVENGE OF FRANKENSTEIN

1858 – GB

Réalisé par Terence Fisher

Avec Peter Cushing, Michael Gwynn, Francis Matthews, Oscar Quitak, Eunice Gayson, John Welsh, Lionel Jeffries

THEMA FRANKENSTEIN 

Dans ce second Frankenstein de la Hammer, le monstre, cette fois joué par Michael Gwynn, est constitué des membres amputés de plusieurs malades d’un hospice et du cerveau du bossu Karl. Suivant le modèle de La Fiancée de Frankenstein, cette Revanche de Frankenstein s’avère plus réussie que Frankenstein s’est échappé, tout en s’inscrivant dans le même courant subversif et modernisé. Le scénario de Jimmy Sangster, moins bavard que dans Frankenstein s’est échappé, n’a plus grand-chose à voir avec Mary Shelley et se débarrasse définitivement des derniers oripeaux hérités de la série Universal, tandis que Terence Fisher atteint ici les sommets de son art, dynamisant sa mise en scène et l’agrémentant de passages sanglants flirtant bien souvent avec l’humour noir le plus cynique. Ici, le baron a survécu à l’échafaud en soudoyant le bourreau et en faisant exécuter le prêtre à sa place ! Trois ans plus tard, sous le nom de Victor Stein, il ouvre un cabinet à Carlsbuck. Hans Kleve (Francis Matthews), jeune praticien, le reconnaît et devient son assistant. La froideur du baron dans l’épisode précédent s’est ici muée en délicieuse duplicité, le savant se camouflant derrière ses activités charitables de médecin des pauvres, adoré du peuple mais détesté du conseil médical pour lequel il représente une concurrence irritante. Le film peut donc s’apprécier comme une salve lancée à l’encontre de la bourgeoisie bienséante et hypocrite.

Peter Cushing a affiné son jeu, et il est difficile de ne pas partager son enthousiasme, d’autant que, pour une fois, son expérience réussit parfaitement… la catastrophe étant provoquée après coup par accident. En effet, la créature tente de détruire son ancien corps de bossu camouflé dans le laboratoire. Surprise par le concierge, elle est assommée et son cerveau est lésé. Michael Gwynn campe le plus émouvant et le plus pathétique des « monstres » de la série Hammer. Le voir peu à peu régresser vers les tares de son ancien corps (son bras se paralyse, sa jambe se raidit, son dos se courbe) a quelque chose de très poignant. Et son irruption au stade final de sa dégénérescence dans une réception mondaine, suppliant Frankenstein de l’aider, est un des moments forts du film.

Le savant fusionne avec sa créature

A la fin, à la faveur d’un rebondissement insensé, la fameuse confusion qu’entretient généralement le public entre le docteur et sa créature prend d’un seul coup tout son sens. Refusant d’aborder toutes les questions métaphysiques que cette ultime péripétie soulève immanquablement, Jimmy Sangster et Terence Fisher se contentent d’en exploiter le potentiel dramatique et ironique. L’épilogue nous montre de fait Frankenstein ouvrant un nouveau cabinet à Londres sous le nom de Victor Frank… La série peut donc tranquillement reprendre son cours. N’hésitant pas à en faire des tonnes, les affiches américaines de l’époque clamaient en guise d’avertissement : « n’allez pas voir ce film seul, sinon vous allez rentrer chez vous en courant ! »

 

© Gilles Penso

 

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FRANKENSTEIN S’EST ÉCHAPPÉ (1957)

Le studio Hammer s'empare du mythe popularisé par Universal et le revisite de fond en comble

THE CURSE OF FRANKENSTEIN

1957 – GB

Réalisé par Terence Fisher

Avec Peter Cushing, Christopher Lee, Robert Urquhart, Hazel Court, Melvyn Hayes, Paul Hardtmuth, Valerie Gaunt

THEMA FRANKENSTEIN

En 1957, la Grande-Bretagne ressuscite magistralement le mythe de Frankenstein, par l’intermédiaire de la compagnie Hammer Films et du réalisateur Terence Fisher. Celui-ci décide d’ignorer superbement l’influence des films Universal, ce qui constitue en soi un difficile pari, et même celle du roman initial (qu’il dit n’avoir jamais lu !) pour donner le premier rôle non pas au monstre mais à son créateur, le docteur Frankenstein. Et ce rôle est confié au brillant Peter Cushing, révélé l’année précédente par son rôle de Winston Smith dans le 1984 de Rudolph Cartier. Respectueux du jeu de Colin Clive, il apporte toutefois à son personnage plus de détermination, plus de froideur, plus de cruauté même.

Aidé du professeur Kempe (Robert Urquhart), Frankenstein procède à de curieuses expériences. Les deux hommes viennent de ranimer un chien mort, et Frankenstein a désormais pour but de donner vie à un homme parfait. A contrecœur, Kempe l’aide à voler le cadavre d’un pendu. Orpheline depuis peu, Elisabeth (Hazel Court), cousine et fiancée de Victor, sollicite son hospitalité. Mais Frankenstein a d’autres préoccupations. La mort du sculpteur Bardello lui procure deux mains précieuses qu’il greffe sur le corps du pendu. Quant aux yeux, il se les procure sans vergogne à la morgue. Il ne manque bientôt plus qu’un cerveau supérieurement intelligent pour parfaire son œuvre. Ne reculant devant aucun « sacrifice », Frankenstein abat dans ce but le professeur Bernstein (Paul Hardtmuth), puis insuffle enfin la vie à sa créature. Mais celle-ci s’avère n’être qu’un monstre hideux aux instincts homicides qui s’échappe dans les bois où il tue un enfant et un aveugle, variante de deux séquences mythiques de Frankenstein et La Fiancée de Frankenstein. Horrifié, Kempe tue le monstre, mais le baron le ranime aussitôt et lui ordonne de tuer Justine (Valerie Gaunt), sa servante et maîtresse. Bien vite, la créature devient incontrôlable…

Qui est le plus monstre des deux ?

Révolutionnaire, ce premier Frankenstein de la Hammer propose une vision moderne et violente du mythe, avec de surcroît l’apport de la couleur. Ici, le monstre (Christopher Lee, qui deviendra célèbre l’année suivante en incarnant Dracula) n’a qu’un rôle très effacé. Brouillon raté et violent (maquillé à la va vite par Phil Leakey), il déambule comme un zombie  dans les bois, meurt, ressuscite, puis meurt à nouveau… Peu importe aux yeux de Terence Fisher. Car c’est le baron qui constitue ici le pôle d’intérêt, et tout le film se concentre sur ses agissements. Voué tout entier à de douteuses expériences, le regard fou, il se fait volontiers volage, voire criminel. La mise en scène souffre parfois de pertes de rythme et d’une théâtralisation excessive, mais ce premier pas demeure magistral, comme en témoignera son immense succès. Contrairement à la série Universal, où le monstre meurt à la fin de chaque épisode pour ressusciter au début du suivant, celui de la Hammer ne sera jamais le même d’un film à l’autre, la vedette restant le baron qui, lui, conservera les traits anguleux de Peter Cushing.

 

© Gilles Penso

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I SPIT ON YOUR GRAVE (1978)

Violée par quatre hommes, tabassée, laissée pour morte, une jeune femme panse ses blessures et se mue en ange exterminateur

I SPIT ON YOUR GRAVE / DAY OF THE WOMAN

1978 – USA

Réalisé par Meir Zarchi

Avec Camille Keaton, Eron Tabor, Richard Pace, Anthony Nichols, Gunter Kleemann, Alexis Magnotti, Terry Zarchi

THEMA TUEURS I SAGA I SPIT ON YOUR GRAVE

Descendant contre-nature de Délivrance et de La Dernière maison sur la gauche, ce surprenant I Spit on your Grave est un film OVNI, d’une noirceur à la limite du soutenable, dont les intentions et la morale nous échappent quelque peu. Film voyeuriste et malsain pour pervers en tout genres ? Film d’horreur « survival » dans la droite lignée de Massacre à la tronçonneuse ? Drame psychologique dénonçant la violence à la manière des Chiens de paille ? Film féministe au ton revanchard (comme le laisserait entendre son autre titre connu, Day of the Woman) ? A vrai dire, la classification de I Spit on your Grave est des plus malaisées, mais la dernière option pourrait bien être la bonne, dans la mesure où Meir Zarki eut l’idée de ce film après avoir porté secours à la jeune victime d’un viol, à l’encontre d’une police désespérément inerte. « Beaucoup de gens considèrent que c’est un pur film d’exploitation qui se sert de la sexualité et de la violence comme outil de promotion », nous dit à ce propos la comédienne principale Camille Keaton. « Mais je pense que le film est beaucoup plus riche que ça. Plus les années passent, plus les femmes l’apprécient et comprennent qu’il ne se contente pas d’exploiter l’image de la femme mais au contraire de la renforcer. » (1)

Son infortunée héroïne est une romancière du nom de Jennifer Hill. Elle fuit la ville pour terminer calmement son dernier livre dans une charmante maison de campagne au bord de l’eau, en lisière d’une petite ville du Sud. Mais sa beauté ingénue finit par attirer l’attention d’un pompiste libidineux, de l’idiot du village et de deux bons à rien qui passent le plus clair de leur temps à jouer au couteau ou à faire des ronds dans l’eau avec leur barque à moteur. Un jour, poussés par leurs instincts les plus bestiaux, tous les quatre fondent sur elle comme des oiseaux de proie et la violent à tour de rôle, pendant trois quarts d’heure particulièrement éprouvants pour le spectateur. Humiliée, tabassée, laissée pour morte, Jennifer se remet douloureusement de la quadruple agression et panse une à une ses blessures. Une fois d’aplomb, elle ne prévient pas la police, pas plus qu’elle ne quitte les lieux. La seule chose qui l’anime désormais est la soif de vengeance. Muée en véritable ange exterminateur, elle attire donc chacun de ses agresseurs dans ses filets séducteurs et leur réserve un sort des moins enviables. 

J'irai cracher sur vos tombes…

« Je crois que lorsque Meir Zarchi m’a choisie parmi les trois actrices finalistes qui avaient été sélectionnées pour jouer le rôle principal de I Spit on Your Grave, c’est parce qu’il a senti que j’étais capable d’incarner une victime qui se transforme en bourreau », raconte Camille Keaton. « Au début du film, mon personnage est simple, plutôt passif, jusqu’à ce que survienne l’agression. Ensuite, elle passe à l’action et se venge. J’ai toujours trouvé intéressante cette dualité entre la faiblesse et la force. » (2) Le scénario prend la forme d’une cinglante démonstration d’autodéfense réduite à sa plus simple expression. La mise en scène est à l’avenant, exempte d’effets de style, épaulée par des comédiens sobres et des dialogues épurés. Pour autant, Meir Zarchi n’opte pas pour une forme pseudo-documentaire, avec caméra portée, improvisations des comédiens et gros grain à l’image. Il assume au contraire pleinement le statut fictionné de son film, contrairement à La Dernière maison sur la gauche par exemple, qui puisait une grande partie de son impact sur son réalisme cru. I Spit on your Grave (sorti un temps en vidéo sous le titre Œil pour œil en France) est donc un film ô combien déroutant, l’un des plus marquants fleurons d’un sous-genre insolite et parfois douteux connu sous l’appellation de « rape and revenge ». Le slogan de l’époque ne reculait devant aucune démesure : « Cette femme vient de découper, hacher, écrabouiller et brûler cinq hommes jusqu’à les rendre méconnaissables… Mais aucun jury américain ne la condamnera ! » Pour l’anecdote, c’est Demi Moore qui prête son dos à la célèbre affiche du film.

(1) et (2) Propos recueillis par votre serviteur en juin 2019

 

© Gilles Penso

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LES VOYAGES DE GULLIVER (2010)

Jack Black fait le pitre dans cette version burlesque du grand classique de Jonathan Swift

GULLIVER’S TRAVEL

2010 – USA

Réalisé par Rob Letterman

Avec Jack Black, Jason Segel, Emily Blunt, Amanda Peet, Billy Connolly, Chris O’Dowd, T.J. Miller, James Corden, Catherine Tate

THEMA NAINS ET GEANTS

Malgré une boulimie qui l’incite à jouer dans tout et n’importe quoi, Jack Black est un acteur qui force la sympathie, ne serait-ce que pour ses prestations dans des œuvres aussi recommandables que King Kong ou Soyez sympa rembobinez. Le savoir en tête d’affiche d’une nouvelle adaptation du classique de Jonathan Swift, modernisée et parodique, n’avait a priori rien d’incongru. « Les Voyages de Gulliver » originaux étaient d’ailleurs des écrits extrêmement cyniques, jouant sur les codes de l’odyssée fantastique et sur les lois de la relativité pour mieux décrier les travers des contemporains de leur auteur.

Avec Rob Letterman derrière la caméra (spécialiste de l’animation à qui nous devons notamment le savoureux Monstres contre Aliens) et Joe Stillman à la co-écriture du script (Shrek, Shrek 2, Planète 51), une bonne tranche de rigolade semblait au menu. Hélas, l’humour rase ici les pâquerettes et le cynisme se limite à quelques références balourdes à la culture pop américaine juxtaposées les unes aux autres comme autant de gros clins d’œil faussement complices adressés aux spectateurs. Star Wars, Titanic, X-Men, Avatar sont convoqués à tour de rôle, mais sans la nostalgie sincère d’un Michel Gondry, une telle accumulation embarrasse plus qu’elle n’amuse. Jack Black incarne donc un Lemuel Gulliver du 21ème siècle. Modeste employé préposé au courrier dans les locaux d’un grand journal, il est secrètement amoureux de la rédactrice Darcy Silverman (Amanda Peet). Suite à un quiproquo, le voilà qui part en reportage au beau milieu du Triangle des Bermudes. Naufragé après avoir été happé par un cyclone, il échoue sur l’île de Lilliput et fait la rencontre de ses minuscules habitants, en guerre perpétuelle contre leurs voisins de Blefescu.

Des farces d'école maternelle

Les figures visuelles imposées par l’œuvre initiale sont logiquement intégrées au film (Gulliver ficelé sur la plage, luttant contre la flotte ennemie, s’asseyant dans la cour du château royal) et prennent corps par l’entremise de trucages supervisés par Jim Rygiel (les trois Seigneurs des Anneaux, La Nuit au musée, Narnia 3). Mais ces effets visuels ne comblent évidemment pas les trous d’un scénario aussi peu étanche qu’une tranche de gruyère, d’autant que des prouesses techniques très similaires étaient déjà appréciables dans les versions précédentes du roman, notamment celles de Jack Sher (1960) et Charles Sturridge (1996). Quelques gags font tout de même mouche (la première partie située à Manhattan, le recyclage des paroles du « Kiss » de Prince pour séduire la belle princesse) mais la plupart d’entre eux se cantonnent à des farces d’école maternelle (comme lorsque l’un des Lilliputiens est écrasé par les fesses du héros déculotté). Même les idées les plus folles du script (Gulliver affrontant un robot géant d’inspiration nippone) tournent court, faute d’une exploitation correcte de leur concept (où est le combat titanesque tant attendu ?). Bref, pas grand-chose à sauver de ce long sketch pataud qui n’a su conserver ni la drôlerie, ni la subversion de son modèle littéraire, et dont la morale lénifiante se résume à : « il n’y a pas de petits métiers, il n’y a que de petites personnes… »

 

© Gilles Penso

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INSANE (2007)

Un film d'horreur brut, entre le slasher et le survival, qui calque son traitement sur ses modèles des années 70 et 80

STORM WARNING

2007 – AUSTRALIE

Réalisé par Jamie Blanks

Avec Nadia Farès, Robert Taylor, David Lyons, Mathew Wilkinson, Joh Brumpton, Jonathan Odham

THEMA TUEURS

De la part du réalisateur d’Urban Legend et de Mortelle Saint Valentin, on n’attendait forcément pas grand-chose. Mais avant de se retrouver à la tête de ces purges post-Scream édulcorées jusqu’à l’excès par des producteurs à côté de la plaque, Jamie Blanks était un fan d’horreur dans la pure tradition des slashers des années 70/80. Pour pouvoir s’adonner à son genre favori sans subir les desideratas des studios américains, il retourna dans son Australie natale et s’acoquina avec le scénariste Everett de Roche, à qui nous devons quelques petits bijoux océaniques tels que Patrick, Harlequin, Long week-end ou Razorback. De leur collaboration est né Insane, un survival dont le scénario ne déroge guère aux lieux communs du genre mais dont la mise en scène et les performances d’acteurs forcent le respect. Tout se met en place selon des codes bien établis : un avocat australien et son épouse française (Robert Taylor et Nadia Farès) décident de s’octroyer une bouffée d’air frais en s’aventurant à bord d’une frêle embarcation de pêche. L’orage qui couve ne les inquiète pas outre mesure, les incitant plutôt à braver les intempéries au lieu de rebrousser chemin. Cette obstination un peu absurde est surtout l’apanage du fier époux, sa moitié laissant transparaître une relative docilité.

Mais la nature reprend vite ses droits et nos yuppies en vadrouille sont forcés d’accoster la première île venue, sur laquelle ils ont toutes les peines du monde à trouver le moindre signe de civilisation… A l’exception d’une ferme crasseuse et délabrée apparemment déserte. Tels Boucle d’Or dans la demeure des trois ours (une référence que le scénario assume pleinement en citant nommément le conte lui-même), nos tourtereaux s’immiscent dans les lieux, en quête d’un téléphone ou d’un véhicule susceptible de les ramener vers des terres moins hostiles. En découvrant un hangar mué en serre à marijuana, ils comprennent un peu tard qu’ils sont allés trop loin. Et c’est justement le moment que choisissent les trois ours (en l’occurrence deux frères et leur père qui rivalisent de tares et de vices) pour rentrer à la maison. Le choc social et culturel bascule alors bien vite dans le cauchemar, suivant une mécanique parfaitement huilée depuis le séminal Délivrance.

Avis de tempête

Mais ce schéma narratif connu n’empêche nullement Insane d’exhaler sa propre personnalité et un style unique, dû au savoir-faire indéniable d’un cinéaste enfin libéré de ses entraves. La violence physique n’intervient que tardivement, Blanks prenant tout son temps pour construire minutieusement un climat étouffant et oppressant, à l’image de cet orage qui couve dangereusement et qui donne au titre original Storm Warning tout son sens. Mais lorsque le sang finit par couler, c’est avec une brutalité excessive et subite qui laisse bouche bée et qui mue le troisième acte du film en véritable jeu de massacre dénué de la moindre concession. La conviction des comédiens et les tours de force visuel de Blanks (qui recourt une fois de plus à ses fameuses prises de vues en plongée totale et compose au passage une bande originale énergisante) rendent finalement très recommandable ce survival à l’ancienne.

 

© Gilles Penso

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GHOSTS OF MARS (2001)

John Carpenter nous emmène sur la planète rouge où il combine ses trois genres favoris : le western, l'horreur et la science-fiction

GHOSTS OF MARS

2001 – USA

Réalisé par John Carpenter

Avec Natasha Henstridge, Ice Cube, Jason Statham, Clea DuVall, Pam Grier, Joanna Cassidy, Richard Cetrone, Rosemary Forsyth

THEMA EXTRA-TERRESTRES I SAGA JOHN CARPENTER

A l’aube du vingt et unième siècle, Hollywood s’est aussi subitement qu’éphémèrement passionné pour la planète Mars, comme en témoignent notamment Mission to Mars et Planète Rouge. Dans la même mouvance, John Carpenter s’est lancé dans Ghosts of Mars, l’occasion pour lui de combiner ses trois genres de prédilection : le western, la science-fiction et l’horreur. Le récit se situe 500 ans dans le futur, sur la planète écarlate, et met en vedette une unité de police dirigée par Melanie Ballard (la sculpturale Natasha Henstridge, ex-Mutante, remplaçant Courtney Love à la dernière minute). Leur mission : transférer un dangereux prisonnier nommé Desolation Williams (Ice Cube). Mais lorsqu’ils arrivent dans la petite ville de Chryse, ils constatent que tout le monde ou presque a été assassiné par une horde de sauvages inhumains armés jusqu’aux dents. Ceux-ci sont en réalité d’anciens ouvriers possédés par l’esprit des Martiens, et dont le but est d’éliminer purement et simplement la race humaine.

Tourné intégralement de nuit au Nouveau-Mexique, le film, raisonnablement distrayant, regorge de réminiscences à l’univers de Carpenter. Le commissariat de police violemment assiégé évoque évidemment Assaut, l’entité extra-terrestre qui voyage de corps en corps nous renvoie bien sûr à The Thing, et les batailles rangées entre les héros et les bandes meurtrières rappellent celles de New York 1997 et Los Angeles 2013 (avec en prime un nouveau personnage haut en couleur incarné par Pam Grier). Ces dernières séquences sont d’ailleurs joliment chorégraphiées, et se permettent quelques écarts gore surprenants, notamment bon nombre de mutilations et de décapitations à coup de projectiles tranchants. Carpenter profite également de cette histoire de Martiens antédiluviens influençant le comportement des humains pour rendre une nouvelle fois hommage à l’un de ses films de chevet, Les Monstres de l’espace, dont il fit quasiment un remake avec Prince des ténèbres.

Des flash-backs dans des flash-backs

Assez curieusement, Ghosts of Mars adopte le choix d’une narration complète en flash-back, Melanie Ballard racontant sa mésaventure à un juge martial. Ce parti pris, pas vraiment justifié, ôte de plus un enjeu au film : jamais le spectateur ne s’inquiète du sort de la belle policière, puisqu’il sait qu’elle a survécu à toutes les épreuves qu’elle relate. Plus bizarrement, au sein même de ce grand flash-back, de nombreux autres flash-backs s’insèrent, chaque personnage racontant des événements auxquels il a assisté, jusqu’à ce que l’intrigue se perde dans des tiroirs narratifs qui relèvent plus du gimmick que de la trouvaille scénaristique. Prolongeant les expérimentations qu’il avait inaugurées dans Vampires, John Carpenter truffe désormais sa mise en scène de fondus enchaînés à la John Woo qui, eux aussi, semblent faire office de gadgets esthétique dans la mesure où leur usage excessif ne renforce en rien à l’impact du film. Quant au dénouement, il s’avère à la fois illogique, expéditif et dénué de la moindre finesse. Malgré tout, Ghosts of Mars relève le niveau d’un Los Angeles 2013 et d’un Vampires qui avaient placé la barre assez bas malgré quelques poignées de séquences assez jouissives. Un John Carpenter pas vraiment imperissable donc, mais efficace, bien rythmé, et qui se regarde d’un bout à l’autre sans déplaisir. C’est déjà pas mal.

 

© Gilles Penso

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PRISONNIÈRES DES MARTIENS (1957)

Un grand classique de la science-fiction japonaise qui, avec la patine du temps, s'est mué en icône pop de la fin des années 50

CHIKYU BOEIGUN

1957 – JAPON

Réalisé par Inoshiro Honda

Avec Kenji Sahara, Yumi Shirakawa, Momoko Kochi, Akihiko Hirata, Takashi Shimura, Susumu Fujita, Fuyuki Murakami

THEMA EXTRA-TERRESTRE

Premier film de science-fiction japonais à bénéficier du format cinémascope couleur, Prisonnières des Martiens s’est érigé dès sa sortie en classique du genre, et ce malgré une intrigue des plus improbables qui semble avoir inspiré celle de Mars Needs Women. La jolie fête des moissons qui ouvre le film est soudain perturbée par un curieux incendie de forêt, suivi par un glissement de terrain et par l’arrivée impromptue d’un robot géant et dévastateur. Les habitants de Mystéroïd (et non de Mars, contrairement à ce que laisse imaginer le titre français) ont débarqué sur Terre suite à la destruction de leur planète par une catastrophe nucléaire et exigent deux choses : une parcelle de terrain et surtout quelques jolies terriennes triées sur le volet afin d’assurer leur descendance. Les effets de la radioactivité les empêchent en effet de se reproduire entre eux. Fasciné par les pouvoirs et l’intelligence des envahisseurs, un jeune savant humain se rallie à leur cause. A cette collaboration s’oppose un mouvement de résistance, reflet à peine caché des expériences personnelles qu’Inoshiro Honda vécut pendant la seconde guerre mondiale.

Un véritable grain de folie nimbe la direction artistique et les effets spéciaux du film, assurés par Eiji Tsuburaya, truqueur attitré de tous les premiers Godzilla. Hélas, la réalisation technique s’avère rarement à la hauteur des ambitions initiales. D’où des lignes de cache bien visibles (comme lorsque les protagonistes contemplent l’effet d’un glissement de terrain) et des incrustations sur fond bleu franchement épouvantables (notamment le tank qui avance vers le dôme extra-terrestre). Mais la palme du ridicule revient tout de même au robot des Mysterians, un bibendum caoutchouteux et pataud au vague look de samouraï, affublé d’un bec d’oiseau et de petites antennes, qui sème une panique godzillesque au début du film. Quelques jolies maquettes évoquent les Thunderbirds, mais la plupart d’entre elles ressemblent trop à des jouets pour qu’on puisse y croire une seconde.

Des femmes pour les Martiens

Par ailleurs, certains grands moments d’humour involontaire émaillent le film : le présentateur TV qui, après l’attaque du robot et l’invasion des soucoupes volantes, affirme « cela confirmerait peut-être l’existence des extra-terrestres », ou encore les Mysterians qui choisissent d’après photo les femmes dont ils ont besoin pour se reproduire ! Si on ajoute le look Bio Man avant l’heure des extra-terrestres et les soucoupes volantes à la Ed Wood, on comprend à quel point il est difficile de prendre le film au sérieux, malgré son statut d’œuvre référentielle aux yeux de nombreux fantasticophiles. La seconde moitié de Prisonnières des Martiens est structurée autour d’un affrontement épique entre extra-terrestres et militaires, au cours duquel le rayon des envahisseurs fait fondre les canons et les tanks de l’armée, comme le faisait Gort dans Le Jour où la Terre s’arrêta. Le Japon et les Nations-Unies parviendront finalement à éradiquer la menace grâce à la mise au point des « markalites », de gigantesques antennes paraboliques conçues pour bombarder les Mysterians avec un rayon destructeur imparable.

 

© Gilles Penso

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L’INVASION VIENT DE MARS (1986)

Tobe Hooper réalise un remake décomplexé et très distrayant du classique Les Envahisseurs de la planète rouge

INVADERS FROM MARS

1986 – USA

Réalisé par Tobe Hooper

Avec Hunter Carson, Karen Black, James Karen, Timothy Bottoms, Larraine Newman, Louise Fletcher

THEMA EXTRA-TERRESTRES

Tobe Hooper à la réalisation, Dan O’Bannon au scénario, Menahem Golan et Yoram Globus à la production : cette équipe avait déjà fait ses preuves sur Lifeforce, même si le public n’avait pas particulièrement ovationné cette histoire de vampires mâtinée de science-fiction. Pas démontés pour autant, nos quatre hommes se retrouvent à l’occasion d’un remake des Envahisseurs de la planète rouge. Les familiers du « classique » de William Cameron Menzies ne sont pas dépaysés, dans la mesure où le récit du film original n’a pas bougé d’un poil. Une nuit, le petit David Gardner (Hunter Carson) croit apercevoir un ovni qui atterrit derrière une colline, à deux pas de sa maison. Alerté, son père (Timothy Bottoms) se rend sur place, mais lorsqu’il revient son comportement devient étrange. Bientôt, la mère de David (Larren Newman) agit elle aussi très bizarrement, tout comme les policiers du coin, sans compter son institutrice, la très revêche madame McKelch (Louise Fletcher), que David surprend en train de dévorer une grenouille vivante ! Cette déshumanisation inquiétante de tout son entourage s’étend même à sa petite camarade Heather. Tous les « contaminés » ont un point commun : ils portent une blessure étrange sur la nuque. Paniqué, David trouve refuge auprès de Linda Magnusson (Karen Black), l’infirmière de l’école. Celle-ci demeure cependant incrédule, jusqu’à ce que David ne l’emmène dans le repaire souterrain des extra-terrestres…

Si le scénario des Envahisseurs de la planète rouge reste quasiment inchangé, O’Bannon et Hooper évacuent la paranoïa très premier degré, typique des années 50, au profit d’un humour référentiel qui semble hérité des œuvres de Joe Dante et John Landis. David regarde ainsi un extrait de Lifeforce sur son téléviseur, son école s’appelle Menzies, et Jimmy Hunt, qui incarnait le jeune héros du film original, joue ici un policier lâchant la réplique imparable : « Je suis déjà venu ici quand j’étais petit ». Les dialogues ne font d’ailleurs pas dans la dentelle, notamment lorsque le vénérable général Wilson (James Karen) affirme fièrement : « C’est pas des Martiens globuleux qui vont arrêter nos marines ! »

«C'est pas des Martiens globuleux qui vont arrêter nos marines ! »

Les extra-terrestres sont la vraie surprise du film. Conçus par un Stan Winston en plein essor (avec déjà à son actif Terminator et Aliens), ils défient toutes les lois anatomiques et rendent difficilement décelable la présence des comédiens sous leur costume animatronique. Massifs, courts sur pattes, affublés de bras démesurés  et d’immenses gueules garnies de dents, ils témoignent d’une belle inventivité. Tout comme l’« intelligence suprême », relecture audacieuse du « bébé-méduse » initial. A ces trouvailles s’adjoint une direction artistique en rupture avec celle de Cameron Menzies, les décors et la technologie des Martiens révélant des atours organiques et bio-mécaniques dignes de H.G. Giger. Mais la réussite artistique du film ne parvient pas à transcender son script désespérément convenu et ses péripéties poussives. L’Invasion vient de Mars ne fera donc pas de merveilles au box-office et infléchira sérieusement la carrière de Tobe Hooper.

 

© Gilles Penso

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MARS ATTACKS ! (1997)

Après l'échec de son très beau Ed Wood, Tim Burton s'arme de cynisme et orchestre un gigantesque jeu de massacre

MARS ATTACKS !

1997 – USA

Réalisé par Tim Burton

Avec Jack Nicholson, Glenn Close, Pierce Brosnan, Natalie Portman, Michael J. Fox, Sarah Jessica Parker, Martin Short 

THEMA EXTRA-TERRESTRES I SAGA TIM BURTON

« Quand j’ai réalisé Mars Attacks !, je ne me sentais pas en phase avec la dynamique de mon pays et avec les grandes décisions du gouvernement », raconte Tim Burton. « Je me sentais moi-même comme un extra-terrestre. D’où mon envie de décrire une lutte entre ce qui semble normal et ce qui ne l’est pas. » (1) Mars Attacks ! s’inspire de cartes illustrées datant de 1962 et décrivant une invasion extraterrestre gore et burlesque. Dès le début du film, des milliers de soucoupes volantes venues de Mars encerclent la Terre. Quelle attitude adopter face à une telle situation ? C’est la question qui tourmente le président des Etats-Unis. Le général Decker prône l’attaque armée et l’extermination, et le professeur Kessler le dialogue et la compréhension. Lorsque les Martiens révèlent leur vraie nature, c’est hélas le premier qui semblait avoir raison. 

Burton est parvenu à réunir un casting de rêve, comme à l’époque des films catastrophe des années 70. En tête d’affiche, Jack Nicholson hérite du double rôle d’un président affable et d’un businessman avisé, deux interprétations conjointes évoquant la triple performance de Peter Sellers dans Docteur Folamour. Cette référence se confirme lors des grandes scènes de débats houleux dans la Salle de Guerre ornée d’une vaste carte du monde. La femme du président a pris les traits de Glenn Close, et sa fille ceux de Natalie Portman. A proximité, en professeur pacifiste et optimiste, Pierce Brosnan nous offre une composition extraordinaire, à mille lieues de James Bond. A leurs côtés, on trouve Michael J. Fox, Sarah Jessica Parker, Annette Bening, Danny de Vito, Martin Short, Pam Grier, Rod Steiger, Tom Jones, bref du beau monde. 

Adieu à la stop-motion

D’un point de vue technique, Tim Burton a opté pour des effets spéciaux ultra-sophistiqués, sans évacuer pour autant le parfum de nostalgie qui lui est cher. Du coup, les vaisseaux martiens sont les copies conformes de ceux des Soucoupes volantes attaquent animés par Ray Harryhausen. « J’ai détruit le Monument de Washington longtemps avant Tim Burton ! » nous confirmait ce dernier en riant (2). Le robot géant qui pourchasse l’un des héros évoque aussi la SF des fifties, et lorsque les soucoupes s’échouent en mer, on croirait visionner le final des Survivants de l’Infini. Les Martiens eux-mêmes sont extraordinairement expressifs, d’autant que c’était la première fois qu’un long-métrage mettait en scène autant de personnages humanoïdes en 3D. Visuellement, Mars Attacks ! est donc une vraie réussite. Mais les personnages n’étant finalement que des pions dans ce gigantesque jeu de massacre, le spectateur a parfois du mal à leur accorder l’intérêt qu’ils sont supposés susciter. L’humour noir de Burton et son sens permanent de la dérision rattrapent souvent les carences de ce scénario-prétexte, mais l’auteur d’Edward aux mains d’argent semble avoir oublié en cours de route la naïveté qui le guidait jusqu’alors, celle-là même qu’il prônait dans Ed Wood. Ici, le cynisme a pris le relais, et Burton ne croit plus à ce qu’il nous raconte. Cette réponse anarchique au premier degré navrant d’Independence Day est certes joussive, mais on ne peut s’empêcher de préférer les films dans lesquels Burton aime ses personnages envers et contre tous.

 

(1) Propos recueillis par votre serviteur en mars 2012

(2) Propos recueillis par votre serviteur en février 2004

 

© Gilles Penso 

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