L’IMAGINARIUM DU DOCTEUR PARNASSUS (2009)

Endeuillée par la mort de Heath Ledger, cette œuvre atypique propose un voyage troublant de l'autre côté du miroir de l'imagination

THE IMAGINARIUM OF DR. PARNASSUS

2009 – GB

Réalisé par Terry Gilliam

Avec Heath Ledger, Christopher Plummer, Tom Waits, Liliy Cole, Andrew Garfield, Johnny Depp, Colin Farell, Jude Law

THEMA DIABLE ET DEMONS

Désireux de revenir aux sources de ses premières œuvres, Terry Gilliam a concocté de toutes pièces une de ces histoires abracadabrantes dont il a le secret. Sur un postulat scénaristique qui n’est pas sans évoquer Le Cirque du docteur Lao de George Pal, nous découvrons les pérégrinations d’un cirque ambulant anachronique abritant le vénérable docteur Parnassus (Christopher Plummer), sa fille Valentina (Lily Cole), son comédien Anton (Andrew Garfield) et son assistant Percy (Verne Troyer). Leur numéro rétro n’attire guère les foules des cités modernes, mais ce théâtre mobile et poussiéreux abrite un secret. Grâce à un miroir magique dissimulé derrière un rideau, le docteur Parnassus a le pouvoir de faire voyager les gens dans leur propre imagination. A l’issue de chacun de ces voyages, un choix est nécessaire, et le Diable (Tom Waits) attend les visiteurs au tournant. Car Parnassus a passé un pacte avec le Malin, qui viendra réclamer Valentina dès ses seize ans révolus. Toute cette petite mécanique se grippe avec l’arrivée d’un homme étrange, Tony (Heath Ledger), qui se mêle à la troupe et semble lui-même dissimuler sa véritable nature… Film hybride et quelque peu décousu, L’Imaginarium du docteur Parnassus souffre probablement d’un trop plein d’idées et du traitement évasif d’un scénario qui eut mérité plus de rigueur.

Mais c’est également un concentré de tout ce que Terry Gilliam sait faire de mieux : des dialogues cultivant l’absurde jusqu’au surréalisme (les policiers cherchant le terme le moins vexant possible pour qualifier l’assistant nain Percy), un humour souvent désenchanté (les rencontres répétées de Parnassus et du Diable) et des séquences fantastiques prenant souvent des proportions titanesques (Tony qui cherche à atteindre les nuages grâce à une échelle immense, le flash-back dans le temple antique)… « J’ai voulu que Le docteur Parnassus soit une sorte de “best of“ de tout ce que j’avais pu faire avant », reconnaît le cinéaste (1). A l’instar du Don Quichotte qu’il prépara avec Johnny Depp et Jean Rochefort, Le Docteur Parnassus a bien failli ne jamais voir le jour suite à la mort prématurée de Heath Ledger.

Quatre acteurs pour un seul rôle

« Le choc fut terrible pour nous tous, et il n’était pas question que je recommence le tournage avec un autre acteur », raconte-t-il. « Mais toute l’équipe m’a poussé à reprendre le film et à le terminer, ne serait-ce que pour finir ce que Heath avait commencé. J’ai alors eu l’idée de faire changer son visage chaque fois qu’il traversait le miroir, puisqu’il se retrouve dans un lieu qui reflète l’imagination des gens. Voilà comment Johnny Depp, Colin Farell et Jude Law ont repris son personnage à tour de rôle. » (2) Transcendant le drame pour doter son œuvre d’un supplément d’âme nouveau, Gilliam n’a pas seulement sauvé son film. Il a également prouvé qu’un personnage peut prendre le pas sur son (ou ses) interprète(s). A tel point qu’en observant les performances respectives de Depp, Law et Farell, les superstars s’effacent et l’on jurerait continuer à apprécier le travail de Ledger sous d’autres visages. L’expérience est fascinante et quelque peu troublante, dotant le film d’une dimension inattendue.

 

(1) et (2) Propos recueillis par votre serviteur en octobre 2009

 

© Gilles Penso

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LES ZINTRUS (2009)

De petits extra-terrestres sèment la panique dans cette comédie de science-fiction sous influence manifeste de Gremlins

ALIENS IN THE ATTIC

2009 – USA

Réalisé par John Schultz

Avec Kevin Nealon, Robert Hoffman, Doris Roberts, Tim Meadows, Ashley Tisdale, Carter jenkins, Austin Butler, Ashley Boettcher

THEMA EXTRA-TERRESTRES I PETITS MONSTRES 

Avec Les Zintrus, il nous semble faire un bond vingt-cinq ans en arrière, à l’époque où les grands écrans fleurissaient de comédies fantastiques mettant en vedette des groupes d’enfants et de teenagers luttant contre une menace invisible aux yeux des adultes. Gremlins nous vient immédiatement à l’esprit, mais aussi ses imitations directes telles que les séries Critters, Troll et Ghoulies (la scène d’un alien émergeant d’une cuvette de toilettes est d’ailleurs directement issue de Ghoulies 2). Un parfum « eighties » nimbe donc cette sympathique œuvrette, ce qui n’a évidemment rien pour déplaire. Tout commence par un week-end banal que s’apprête à passer la famille Pearson dans une maison de location au milieu de la campagne américaine. Stuart, Nina, leurs enfants Tom, Bethany et Hannah, ainsi que l’oncle Nate, son fils Jake, la grand-mère Rose et les jumeaux Art et Lee prennent ainsi possession des lieux, sans se douter du « drame » qui couve. Un soir de tempête, quatre mystérieux objets atterrissent sur le toit. Ce sont des vaisseaux spatiaux transportant des extra-terrestres grands comme des Hobbits. Armés d’une technologie de pointe, ils préparent l’invasion de la Terre…

Tout simple, le concept imaginé par le scénariste Mark Burton (Madagascar, Wallace et Gromit : le Mystère du Lapin-Garou) permet de multiplier à loisir les situations loufoques, notamment grâce au système de contrôle d’esprit dont disposent les aliens, capable de télécommander les humains comme de simples marionnettes. Dès lors, rien n’empêche de transformer le petit ami de Bethany en zombie niais ou la grand-mère Rose en redoutable combattante ninja ! Pour renforcer l’opposition générationnelle propice à ce type de récit, seuls les cerveaux adultes peuvent être contrôlés, ce qui permet aux enfants d’en réchapper tout en élaborant d’habiles stratégies afin d’opposer une résistance digne de ce nom aux envahisseurs. Pistolets de paint-ball, feux d’artifice, caméra montée sur une voiture radiocommandée, fusil à patates, tous les moyens sont bons…

Le quatuor d'outre-espace

Le quatuor d’outre espace demeure bien sûr l’attraction principale du film. Intégralement conçus en image de synthèse par l’équipe de Rythm & Hues (L’Incroyable Hulk, Le Monde presque perdu), le commandant Skip, l’ingénieur Sparks et les soldats Lazer et Razor s’agitent nerveusement tout au long du métrage et compensent le réalisme approximatif de leurs textures (ils semblent directement issus d’un film d’animation) par leur forte expressivité et leur intégration parfaite dans les prises de vues réelles. Les crises d’autorité du commandant, les problèmes de conscience de l’ingénieur et l’idylle des soldats (car l’un d’entre eux est une femelle) pimentent quelque peu cette improbable invasion, jusqu’à un climax digne de Godzilla. Mais si le divertissement ne fait jamais défaut dans Les Zintrus, le scénario aurait mérité un peu plus de cynisme et de noirceur. L’humour vitriolé d’un Joe Dante manque cruellement à l’entreprise, et ce final regorgeant de bons sentiments, au cours duquel parents et enfants se réconcilient béatement autour d’une bonne partie de pêche, laisse franchement perplexe.

© Gilles Penso

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THE TRIBE : L’ÎLE DE LA TERREUR (2009)

Échoués sur une île tropicale, des amis fêtards se retrouvent confrontés à une horde de créatures primitives agressives

THE FORGOTTEN ONES

2009 – PAYS

Réalisé par Jorg Ihle

Avec Jewel Staite, Justin Baldoni, Marc Bacher, Nikki Griffin, Kellan Lutz, Helena Barrett, Mohit Ramchandani, Terry Notary

THEMA YETIS ET CHAÎNONS MANQUANTS

Vendu comme un croisement entre Predator et The DescentThe Tribe risque gros en se permettant de telles comparaisons. D’autant qu’après un pré-générique très classique situé dans les Caraïbes des années 20, le film démarre avec la finesse d’un hippopotame. Le sempiternel groupe d’amis partis festoyer pour les vacances est ainsi fidèle au poste, avec sa cohorte de clichés archétypaux : la bimbo vénale et écervelée, le beau gosse taciturne marqué par une rupture récente, le lourdaud maladroit et pseudo-comique, le sportif infidèle mais attachant, la fille futée et un peu plus intelligente que les autres… Fort heureusement, dès que le yacht emprunté par les vacanciers essuie une tempête et sombre, le film change de cap et la caractérisation s’améliore. Échoués sur une plage tropicale digne de Lost, les protagonistes se débarrassent dès lors d’une partie de leurs oripeaux caricaturaux pour gagner quelque peu en profondeur et en humanité. A peine a-t-on le temps de s’intéresser enfin à eux que les événements se précipitent sans crier gare. Car l’île est habitée par une peuplade de créatures sauvages, hargneuses et anthropophages qui ne laissent bientôt aucun répit à nos héros.

Certes, les situations qui s’ensuivent n’évitent pas certains lieux communs et font souvent écho à The Descent, justement. Mais le cadre exotique, capté dans de magnifiques extérieurs du Costa Rica, permet à The Tribe de se démarquer habilement de son glorieux aîné britannique. Quant aux créatures conçues par l’équipe de Barney Burman (membre d’une célèbre dynastie de maquilleurs spéciaux et créateur entre autres des effets de The Ring 2, Mission Impossible 3 et Star Trek), elles constituent l’attraction principale du film et savent éviterles ressemblances physiques avec les « crawlers » de Neil Marshall, malgré d’inévitables points communs comportementaux. Se dévoilant un peu plus à chaque apparition, ces monstres humanoïdes au corps velu et au faciès bestial s’affichent comme des chaînons manquants que l’évolution aurait oublié (d’où le titre original The Forgotten Ones), quelque part entre le singe, l’homme de Néanderthal et le Sasquatch. Interprétés par des cascadeurs costumés et maquillés, sans le moindre recours aux images de synthèse, ils sont au cœur de séquences de suspense plutôt bien troussées.

La belle et les bêtes

La conviction de Jewel Staite (héroïne récurrente des séries Chérie j’ai rétréci les gosses, Stargate Atlantis et Firefly) – que le réalisateur ne peut s’empêcher de mettre en sous-vêtements pour les dernières péripéties du film ! – contribue beaucoup à l’efficacité d’un récit somme toutes très simple. Dommage que certaines facilités scénaristiques jalonnent çà et là le film (bien pratique cette machette qu’on découvre plantée dans un arbre juste au moment où on en avait besoin !) et que la dernière bobine du métrage ne parvienne pas à se clore sur un climax digne de ce nom. Bref, un « creature feature » sympathique qui n’entrera certes pas dans les annales mais se laisse apprécier sans déplaisir et présente le mérite de redynamiser le thème moribond du film de yéti et de chaînon manquant.

© Gilles Penso

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THE CHILDREN (2009)

Deux familles se réunissent dans une maison de campagne pour fêter Noël, mais les enfants commencent à adopter un comportement étrange…

THE CHILDREN

2008 – USA

Réalisé par Tom Shankland

Avec Eva Birthistle, Stephen Campbell-Moore, Rachel Shelley, Jeremy Sheffield, Hannah Tointon, Eva Sayer, Jake Hathaway

THEMA ENFANTS

The Children est né sous la plume du scénariste Paul Andrew Williams, plus connu pour avoir réalisé la comédie horrifique Bienvenue au Cottage. Le postulat en est très simple. Pour fêter dignement Noël, deux familles se réunissent dans une confortable maison de campagne nappée d’un joli manteau de neige. Le cadre idyllique est quelque peu perturbé par la turbulence des enfants et les petites tensions entre adultes, mais rien de très anormal n’est à signaler… Jusqu’à ce que les charmants bambins, sous l’influence d’un virus étrange, ne se mettent à attaquer leurs aînés avec une minutie, une ingéniosité et une cruauté diaboliques. Ce point de départ est certes intrigant, mais The Children part avec un sérieux handicap, dans la mesure où le thème de l’enfant monstre a déjà largement été traité à l’écran depuis les années 50, au fil d’une filmographie jalonnée en outre de purs chefs d’œuvres (Les Innocents, Le Village des damnés, La Malédiction, pour n’en citer qu’une poignée). Comment, dans ce cas, surprendre encore le public et rivaliser avec de si prestigieux prédécesseurs ?

Il faut bien reconnaître que The Children n’évite pas les sentiers battus et évoque plusieurs fleurons du genre (y compris les très surestimés Démons du maïs), exhalant immanquablement un effet de déjà-vu. Pourtant, Tom Shankland, réalisateur jusqu’alors du thriller horrifique Waz se démarquant manifestement de la saga Saw, s’en tire ici avec les honneurs, signant une direction artistique impeccable et dirigeant ses comédiens avec beaucoup de finesse. Le réalisme des relations humaines – entre adultes, entre enfants et intergénérationnel – permet à l’horreur de s’appuyer sur un contexte crédible et familier. D’autant que le scénario transcende quelque peu ce thème classique par le biais d’un personnage passionnant : Casey (Hannah Tointon), une adolescente qui se situe à la croisée de l’enfance et du monde adulte.

À partir de quand sort-on de l'enfance ?

Protagoniste central du drame, elle découvre avant tout le monde le basculement de la situation vers le cauchemar, sans pouvoir convaincre des parents ne la prenant guère au sérieux tout en s’attirant les foudres des têtes blondes muées en créatures assoiffées de sang. Sa position au sein de l’intrigue est cruciale, car elle représente le pôle principal d’identification pour les spectateurs tout en incarnant une menace potentielle. Porte-t-elle encore suffisamment d’enfance en elle pour que le fléau la touche à son tour ? La photographie de Nanu Segal magnifie les étendues neigeuses, métaphores intelligentes de l’innocence apparente des bambins camouflant en réalité des ténèbres grandissantes. Shankland a également le bon goût d’éviter la surenchère gore très à la mode en ces périodes post-Saw et Hostel, sans pour autant se départir de la violence inhérente à son propos. Les meurtres restent donc brutaux et surprenants, fruits de stratagèmes habiles et proprement démoniaques. Quant aux enfants, ils occupent l’écran avec une présence hypnotisante et savent effrayer d’un seul regard. Bref, The Children est une indéniable réussite, même si l’ombre envahissante des classiques de Jack Clayton, Wolf Rilla, Richard Donner et consorts risque fort d’atténuer son impact.

 

© Gilles Penso

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BIENVENUE A ZOMBIELAND (2009)

Un pastiche réjouissant des films de zombies, mené par un Woody Harrelson aux allures de cowboy blasé et solitaire

ZOMBIELAND

2009 – USA

Réalisé par Ruben Fleischer

Avec Jesse Eisenberg, Woody Harrelson, Emma Stone, Abigail Breslin, Bill Murray

THEMA ZOMBIES

Après Shaun of the Dead, il semblait difficile de se lancer dans une nouvelle comédie autour des zombies sans craindre une comparaison défavorable. Ruben Fleischer a pourtant tenté sa chance, et bien lui en prit, car Zombieland est un véritable régal foisonnant d’idées folles et de péripéties endiablées. Le narrateur du film est « Columbus » (Jesse Eisenberg), un jeune homme un peu phobique qui s’est constitué un guide survie méthodique pour éviter de tomber entre les dents des zombies arpentant depuis peu les rues dévastées de la planète. Chacune des règles de ce « code de conduite » apparaît régulièrement à l’écran sous forme de gimmick visuel, dédramatisant avec panache les attaques de morts-vivants qui, par ailleurs, ont un véritable potentiel horrifique.

Par la force des choses, Columbus fait équipe avec « Tallahassee » (Woody Harrelson), un vieux loup solitaire qui arbore un look de cowboy sur le retour et s’est spécialisé dans le « zombicide ». Le film prend dès lors les allures d’un road movie mâtiné de buddy movie, ces deux hommes que tout oppose partageant un véhicule et empruntant la même route en quête d’une hypothétique oasis où les zombies n’auraient pas droit de cité. Leur chemin croise bientôt celui de deux jeunes filles (Emma Stone et Abigail Breslin) qui leur réservent bien des surprises… Si le réalisateur Ruben Fleischer, qui signe là son premier long-métrage, et les scénaristes Rhett Reese et Paul Wernick, spécialisés dans la sitcom et l’humour, débutent dans l’univers de l’horreur, force est de constater qu’ils ont intégré avec beaucoup d’intelligence la mythologie popularisée par George Romero et remise au goût du jour par Danny Boyle.

Un joyeux gunfight final

Certes, leurs morts-vivants ne traînent plus la patte mais ont tendance à piquer des sprints comme ceux de Zack Snyder. Pour autant, Fleischer refuse superbement l’emploi du shutter et de la shaky cam, gimmicks habituellement utilisés par les réalisateurs pour doter leurs zombies de mouvements saccadés et frénétiques. Le réalisme des créatures en est accru, d’autant que le vétéran Tony Gardner (Le Blob, L’Armée des ténèbres) a concocté pour le film des maquillages spéciaux impressionnants. Du coup, malgré le ton général du film, la menace représentée par les monstres cadavériques est palpable et le sentiment de danger quasi-omniprésent. Le contexte étant en place, le scénario de Zombieland peut s’en donner à cœur joie, multipliant les situations comiques inventives, cultivant un sens du plaisir coupable parfaitement assumé (entre deux frayeurs, nos héros se défoulent en démolissant un magasin de souvenirs), s’agrémentant de quelques flash-back réjouissant (notamment la séquence où Columbus rencontre sa charmante voisine de palier) et ne reculant devant aucun clin d’œil cinéphilique. Le climax, situé dans une fête foraine nocturne abandonnée, donne lieu à des séquences d’action inédites (des zombies dans une maison hantée, il fallait y penser !), à des images iconiques d’une grande force évocatrice (la vision d’une horde de morts-vivants s’agglutinant devant la grande roue éclairée est sacrément cinégénique) et à un joyeux gunfight final.

 

© Gilles Penso

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THE BOX (2009)

Le réalisateur de Donnie Darko s'empare d'une courte nouvelle de Richard Matheson pour en tirer un long-métrage insolite…

THE BOX

2009 – USA

Réalisé par Richard Kelly

Avec Cameron Diaz, James Marsden, Frank Langella, Gillian Jacobs, Michael Zegen, Celia Weston, Lisa K. Wyatt

THEMA EXTRA-TERRESTRES

The Box est un film qu’on aimerait aimer. Il possède en effet tout ce que les amateurs de science-fiction sont en mesure d’apprécier : une intrigue inspirée par une nouvelle de l’immense auteur de science-fiction Richard Matheson (L’Homme qui rétrécit, Je suis une légende), une direction artistique de haute tenue, une partition emphatique marchant sur les traces de Bernard Herrmann et – cerise sur le gâteau – un casting trois étoiles. Le réalisateur Richard Kelly considère d’ailleurs The Box comme son premier film adulte. « Donnie Darko et Southland Tales possédaient une agressivité que l’on peut associer à une sorte d’adolescence », avoue-t-il. « Avec The Box, je me suis efforcé d’acquérir un peu de maturité en m’inspirant notamment de mes parents et de leur époque. » (1)

La première demi-heure du film laisse ouverts tous les espoirs. Nous sommes au tout début des années 70, alors que la NASA est en pleine exploration de la planète Mars. Dans une petite ville des Etats-Unis, un couple sans histoire, Norma et Arthur Lewis (Cameron Diaz et James Marsden), reçoit un jour la visite d’Arlington Steward (Frank Langella), un homme énigmatique au visage à moitié ravagé qui leur remet un objet étrange en forme de boîte. Si Norma et Arthur appuient sur le bouton rouge de cette boîte, Steward leur affirme qu’ils recevront un million de dollars en liquide, mais que ce choix entraînera la mort d’un inconnu… S’agit-il d’une blague ? La proposition est-elle à prendre au sérieux ? Si oui, le jeu en vaut-il la chandelle ? Qui est ce Steward, que lui est-il arrivé, et qui sont les « employeurs » dont il parle à demi-mot ? Les questions fusent dans la tête des protagonistes et dans celle des spectateurs, et le film sait captiver par les choix moraux qu’il met en jeu. « Je m’efforce d’analyser les erreurs de comportement qui sont les nôtres, en tant qu’espèce vivant sur Terre », explique Richard Kelly. « Le scénario de The Box traite plus spécifiquement du moyen de racheter ces erreurs, et pose en substance la question suivante : les êtres humains méritent-ils une seconde chance ? Ce film est une tragédie, mais une place est laissée à l’espoir, malgré les apparences. » (2) Les intentions du cinéaste sont louables, mais la nouvelle de Matheson était courte et s’achevait abruptement, comme un épisode de La Quatrième dimension (elle fut d’ailleurs adaptée en 1986 dans le remake de la légendaire série de Rod Serling).

Entre David Lynch et Roman Polanski

En cherchant à tout prix à tirer de ce récit un film de 120 minutes, Richard Kelly se perd dans des circonvolutions scénaristiques un peu vaines et force excessivement le trait. La conviction des comédiens et le talent du réalisateur en matière de construction d’atmosphère insolite et oppressante (à mi-chemin entre David Lynch et Roman Polanski) ne suffisent pas, hélas, à rattraper un film aux prémisses pourtant si prometteuses. D’autant que certaines séquences, comme celle de la bibliothèque, frôlent dangereusement le grotesque, accumulant les effets excessifs (figurants aux comportements très bizarres, images de synthèse incongrues) là où la subtilité eut été de mise. Dommage, car les thématiques chères à Richard Kelly demeurent passionnantes et son amour de la science-fiction indéfectible. 

 

(1) et (2) Propos recueillis par votre serviteur en octobre 2009.

 

© Gilles Penso

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CLONES (2009)

Dans un monde futur, les humains resteront enfermés chez eux et leurs doubles robotiques travailleront à leur place…

SURROGATES

2009 – USA

Réalisé par Jonathan Mostow

Avec Bruce Willis, Radha Mitchell, Rosamund Pike, Ving Rhames, James Cromwell, Michael Cudlitz, Meta Golding, Helena Mattsson

THEMA FUTUR I ROBOTS

Jonathan Mostow est un solide technicien qui n’a certes jamais fait preuve d’une grande personnalité mais s’est toujours montré efficace dans le domaine de l’action et du suspense. En s’attaquant à « The Surrogates », un comics en cinq tomes créée par Robert Venditti et Brett Veldele, le cinéaste suit quelque peu la trace d’I, Robot d’Alex Proyas. Le titre français Clones est d’ailleurs hors sujet, car si le scénario aborde le motif du double, il ne s’agit nullement de duplication génétique mais d’alias robotiques. Nous sommes dans le futur. Désormais, les citoyens restent cloîtrés chez eux, télécommandant à distance des androïdes humanoïdes qui travaillent, se divertissent ou arpentent les rues à leur place. Cette mécanique parfaitement huilée s’enraye le jour où le meurtre d’un étudiant semble impliquer l’homme qui a contribué à mettre au point les doubles robotiques. Chargés de l’enquête, deux agents du FBI (Bruce Willis et Radha Mitchell) découvrent que dans le monde d’apparences qui est devenu le leur, on ne peut faire confiance à personne.

Accommodés à toutes les sauces au fil de leur longue carrière littéraire et cinématographique, les robots apparaissent ici sous un jour totalement neuf, puisqu’ils opèrent comme des métaphores de la vie par procuration symptomatique de notre vingt-et-unième siècle. Le renfermement des hommes dans leur confort personnel et leurs escapades répétées sur Internet servirent en effet de base d’inspiration aux créateurs du comics original. L’idée est géniale, car elle permet une charge cynique délectable à l’encontre de nos sociétés modernes tant axées sur l’apparence extérieure et sur les canons de beauté que dictent la mode et la publicité. Jonathan Mostow s’amuse ainsi à créer un décalage souvent comique entre l’aspect des humains (hirsutes, hagards, potelés) et celui des robots censés leur ressembler (tous élégants, athlétiques et bronzés). Bruce Willis, dans sa version robotique, arbore du coup une moumoute blonde du plus curieux effet, comme si le nec plus ultra, pour les hommes et les femmes du futur, consistait à ressembler à Ken et Barbie !

Robot pour être vrai

La satire sociale est donc l’un des moteurs de Clones, ce qui n’empêche pas Mostow de s’adonner à l’une de ses figures préférées : la séquence d’action échevelée. Il suffit de se remémorer les batailles répétées d’U-571 ou les monstrueuses poursuites en camion de Breakdown et Terminator 3 pour s’en convaincre. Ici, le morceau de bravoure est une chasse à l’homme – ou plutôt au robot – en plein trafic routier, le fugitif voltigeant et bondissant de voiture en voiture avec une agilité et une nervosité qui n’ont rien à envier aux protagonistes de la trilogie Matrix. En matière de divertissement pur, Clones remplit donc son contrat haut la main. Mais pour que le film passe à la postérité, il eut fallu que le scénario ne se contente pas d’effleurer un thème aussi captivant, que le récit n’accumule pas autant d’incohérences et que Mostow fasse preuve de plus de finesse. Clones est certes un spectacle sans failles ni temps morts, mais il est sans doute trop lisse pour convaincre totalement. A ce titre, il ressemble aux robots qu’il met en scène. Un peu plus d’humanité et de profondeur n’auraient pas fait de mal.

 

© Gilles Penso 

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JENNIFER’S BODY (2009)

La plastique de l'actrice Megan Fox est le seul véritable argument de cette paresseuse histoire de possession diabolique

JENNIFER’S BODY

2009 – USA

Réalisé par Karyn Kusama

Avec Megan Fox, Amanda Seyfried, Adam Brody, Johnny Simmons, J.K. Simmons, Amy Sedaris

THEMA DIABLE ET DEMONS

Juno, l’histoire douce-amère d’une pré-adolescente tombée enceinte dans une petite ville des Etats-Unis, avait été l’une des excellentes surprises du cinéma américain indépendant de 2007, couronnée à juste de titre d’un oscar pour son scénario. Savoir la même équipe d’auteurs et de producteurs à la tête d’un film d’horreur sulfureux situé dans le milieu lycéen avait légitimement de quoi éveiller notre curiosité. Le postulat de Jennifer’s Body est le suivant : beauté fatale à qui aucun garçon ne résiste, Jennifer Check (Megan Fox, la bimbo de Transformers) arpente nonchalamment les couloirs de son lycée, accompagnée d’une amie fidèle, Needy (Amanda Seyfried), qui fait surtout à ses yeux office de faire-valoir. Un soir, Jennifer se laisse entraîner par un petit groupe de rock venu se produire dans sa bourgade et disparaît sans laisser de trace. Lorsqu’elle refait surface, Needy découvre avec effroi que son amie a changé. Apparemment possédée par une force occulte, elle devient une croqueuse d’hommes… mais au sens propre, cette fois-ci !

Mis en avant par ses producteurs et leurs publicistes pour son caractère explicitement sexuel et sanglant, Jennifer’s Body ressemblait à une bombe prête à éclater, un film à scandale propre à défrayer la chronique. Mais cette campagne promotionnelle, hélas, n’est qu’un tissus de mensonges et d’hypocrisies. Megan Fox chaloupe certes sa démarche en minijupe et s’exprime comme un camionneur, mais pas l’ombre d’un sein ne vient offenser nos regards. Le corps de Jennifer demeure donc pudiquement camouflé, les effets sanglants ne giclent que dans la limite du raisonnable, et l’œuvre sulfureuse promise affiche bien vite sa nature réelle de produit sage et formaté. On ne sait pas trop ce qui agace le plus dans Jennifer’s Body : sa volonté ostensible à s’ériger en film culte coûte que coûte (à coups de dialogues au second degré et de références à la culture pop), son accumulation de stéréotypes (les lycéens constituent à ce titre un catalogue de clichés assez édifiant), le refus d’exploiter le potentiel horrifique mis en place dans l’intrigue (pourquoi diable ce liquide poisseux hérissé d’épines que vomit Jennifer lors de sa réapparition n’est-il pas du tout exploité dans le reste du métrage ?) ou la paresse de son scénario qui pousse l’intrigue à s’interrompre régulièrement pour que les protagonistes puissent nous assener d’interminables explications artificielles.

Tiède et prévisible

Le film n’est cependant pas dénué d’attraits. Au-delà de l’indéniable photogénie de Megan Fox (que nous aimerions découvrir un jour dans un rôle ne capitalisant pas tout sur son physique), il faut saluer l’interprétation toute en finesse d’Amanda Seyfried, véritable révélation du film. Oscillant avec aisance et naturel entre la timidité, la peur, la sensualité et la fureur, elle porte les meilleures scènes de Jennifer’s Body sur ses épaules, notamment une séquence d’amour maladroite et touchante avec son petit ami Chip (Johnny Simmons)… gâchée hélas par une bande originale saturée de rock médiocre. Malgré ses nombreux défauts, le scénario de Diablo Cody aurait probablement gagné en efficacité et en sincérité s’il avait été mis en scène par un réalisateur plus inspiré et moins superficiel que Karyn Kusama, dont Girlfight et Aeon Flux ne nous avaient déjà pas spécialement convaincus.

 

© Gilles Penso

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ALIEN : LA RESURRECTION (1997)

Jean-Pierre Jeunet apporte sa forte personnalité et son style unique à ce quatrième opus de la saga créée par Ridley Scott

ALIEN RESURRECTION

1997 – USA

Réalisé par Jean-Pierre Jeunet

Avec Sigourney Weaver, Winona Ryder, Dominique Pinon, Ron Perlman, Michael Wincott, Dan Hedaya, Brad Dourif

THEMA EXTRA-TERRESTRES I FUTUR I SAGA ALIEN

Par quel miracle la Fox allait-elle parvenir à mettre en chantier un quatrième Alien après qu’Helen Ripley (Sigourney Weaver) ait péri les bras en croix dans un bûcher purificateur à l’issue du troisième opus ? Partisan de la thèse du clonage, le scénariste Joss Whedon (Toy Story) proposa l’idée d’une nouvelle Ripley née des miracles de la génétique. Conscients de la nature hybride de ce clone humain infesté de cellules extra-terrestres, scientifiques et militaires comptent l’utiliser pour mettre au point une arme biologique. Ripley doit donc lutter à la fois contre ces officiels peu scrupuleux, mais aussi contre les créatures qui envahissent le vieux cargo où elle fait équipe à contrecœur avec des contrebandiers patibulaires. Après le désistement de Danny Boyle, c’est Jean-Pierre Jeunet qui s’est retrouvé à la tête de cette superproduction. « Il faut savoir que Delicatessen et La Cité des enfants perdus ont eu un fort impact aux Etats-Unis », nous confie Pitof, superviseur des effets visuels. « La profession et un petit noyau de cinéphiles américains les ont même érigés au statut de films cultes ! La Fox a compris tout de suite que, pour que Jean-Pierre travaille dans les meilleures conditions possibles, il devait s’entourer de son équipe habituelle. » (1)

Du coup, cet épisode a pris les allures d’une Cité des enfants perdus dans l’espace. Entre les histoires de clonage, les décors rétro-futuristes, les séquences sous-marines surréalistes, les coursives obscures, une vision cynique et désabusée de la science, et la présence de Dominique Pinon et Ron Perlman en tête d’affiche, le spectateur familier de l’œuvre de Caro et Jeunet n’est pas vraiment dépaysé. « Les gens de la Fox m’ont justement demandé d’amener mon propre univers, donc la porte était ouverte à toutes les modifications », explique Jeunet. « J’avais même établi un principe, qui consistait à apporter une idée personnelle par séquence, pour que ça devienne vraiment mon film. » (2) Si le réalisateur a donc réussi à marquer de son empreinte la franchise Alien, il n’est pas vraiment parvenu à contourner les clichés inhérents à la saga. Du coup, malgré la nouveauté du traitement, nous retrouvons vite les situations que nous connaissons par cœur depuis 1979 : une poignée de protagonistes fuient dans les couloirs d’un vaisseau spatial, traqués par un alien. Certes, les créatures ont encore évolué. « Leur look est moins bio-mécanique et plus franchement organique que celui de Giger » nous explique Pitof (3). Une scène mémorable nous montre d’ailleurs Brad Dourif qui tente de dompter ces monstres à la salive abondante derrière une vitre.

L'horrible nouveau-né hybride

Le film propose aussi une nouvelle créature, au cours d’une scène pour le moins troublante : un affreux nouveau-né hybride entre l’humain et l’alien, né d’amours interraciales et homosexuelles, et qui dévore sa mère ! Mais ces apports n’empêchent pas Alien la Résurrection d’être le moins innovant des quatre épisodes. Au cours du final, les survivants voguent droit vers la Terre. « A l’origine, le vaisseau devait atterrir sur la Terre du futur », nous révèle le monteur Hervé Schneid. « Mais Jean-Pierre ne savait pas trop comment éviter les clichés, du style désert post-apocalyptique ou cité futuriste à la Blade Runner. Il a même envisagé de filmer le crash du vaisseau au pied de la Tour Eiffel en ruines ! » (4) Moins démonstratif, le dénouement tel qu’il a été filmé nous laisse entièrement imaginer la Terre du futur… et offre une ouverture alléchante pour un cinquième épisode où les aliens attaqueraient notre planète.

 

(1) et (3) Propos recueillis par votre serviteur en février 2002

(2) Propos recueillis par votre serviteur en septembre 2009

(4) Propos recueillis par votre serviteur en décembre 1997

 

© Gilles Penso

 

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DELICATESSEN (1991)

Dans un monde rétro-futuriste indéterminé, les habitants d'un vieil immeuble partagent un lourd secret…

DELICATESSEN

1991 – FRANCE

Réalisé par Jean-Pierre Jeunet et Marc Caro

Avec Dominique Pinon, Marie-Laure Dougnac, Jean-Claude Dreyfus, Karin Viard, Ticky Holgado, Rufus, Howard Vernon

THEMA CANNIBALES

Derrière chaque plan de Delicatessen transparait l’intelligence et l’inventivité de ses deux auteurs, spécialisés jusqu’alors dans les courts-métrages à mi-chemin entre le fantastique et la comédie, notamment le savoureux Foutaises et le post-apocalyptique Bunker de la Dernière Rafale. On ne s’étonne donc guère de retrouver ces deux composantes dans leur premier long-métrage, un véritable OVNI qui pose les jalons de toute l’œuvre à venir du metteur en scène Jean-Pierre Jeunet et du directeur artistique Marc Caro, alors complices inséparables signant conjointement tous leurs films. Delicatessen se situe en un lieu et une époque indéterminés. Nous sommes visiblement au lendemain d’une guerre, dans un univers temporel parallèle évoquant à la fois les années 40 et un futur hypothétique.

Là, au beau milieu d’un terrain vague trône un vieil immeuble sinistre, dont les étranges occupants, affamés en ces temps de vaches maigres, semblent partager un lourd secret. Tous sont clients d’un charcutier bourru incarné par Jean-Claude Dreyfus, dont la boucherie est installée au rez-de-chaussée du bâtiment, et dont l’enseigne « delicatessen » arbore un cochon dodu. Une publicité quelque peu mensongère, car le bétail se fait rare, et la viande est directement prélevée sur les nouveaux arrivants de l’immeuble. Le dernier en date ayant été mué en steak après une course-poursuite décrite en quelques minutes au cours du prologue du film, un ex-clown du nom de Louison (Dominique Pinon) se propose pour occuper l’appartement désormais vacant. Pas bien grassouillet, il attire pourtant les estomacs de tous les voisins cannibales… Jusqu’à son coup de foudre avec Julie (Marie-Laure Dougnac), la fille du boucher, une douce rêveuse mélomane et myope comme une taupe.

Poésie surréaliste, humour cartoonesque et noirceur cynique

Cette fable cruelle, fantastique et humoristique se distingue d’emblée par ses qualités formelles et artistiques. La magnifique photographie de Darius Khondji baigne constamment dans le sepia et les prises de vues acrobatiques rappellent les délires visuels de Sam Raimi ou des frères Coen.  « Chez moi, le choix des cadrages a toujours été primordial, d’où l’usage du storyboard », explique Jean-Pierre Jeunet. « Ensuite vient le travail sur la couleur. J’aime naturellement les couleurs chaudes parce qu’elles induisent une espèce de chaleur chez les personnages ». (1) Thématiquement, on peut aussi percevoir des réminiscences de Brazil, en particulier à travers l’intervention des Troglodistes, des rebelles qui vivent dans les égouts et refusent de manger de la viande. Mais la subtilité du scénario et l’originalité de sa mise en image évacuent rapidement tout élément de comparaison, Delicatessen s’avérant un spectacle inédit, comme l’annonce d’emblée son générique de début, diablement inventif. Et puis il y a ces nombreuses séquences inoubliables, osant le grand écart entre la poésie surréaliste (Louison et Julie qui jouent du violoncelle et de la scie musicale sur le toit de l’immeuble), la noirceur cynique (les tentatives de suicide répétées d’une des locataires, reposant sur des réactions en chaîne improbables) et le délire à la limite du cartoon (l’incroyable séquence où tous les voisins s’activent sur un tempo identique, du couple qui fait l’amour jusqu’aux artisans qui fabriquent des boîtes à faire « meuh », en passant par Louison qui peint un plafond et une ménagère qui nettoie son tapis). Bref, un très bel exercice de style, et la promesse de maintes perles cinématographiques à venir.

 

(1) Propos recueillis par votre serviteur en septembre 2009

 

© Gilles Penso

 

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