LA FORME DE L’EAU (2017)

Guillermo del Toro déclare une nouvelle fois son amour aux monstres à travers une relecture romantique de L'Étrange Créature du Lac Noir

THE SHAPE OF WATER

2017 – USA

Réalisé par Guillermo del Toro

Avec Sally Hawkins, Michael Shannon, Richard Jenkis, Doug Jones, Michael Stuhlbarg, Olivia Spencer

THEMA MONSTRES MARINS

Si la passion que Guillermo del Toro voue aux monstres du répertoire classique est notoire, son grand favori a toujours été L’Etrange Créature du Lac NoirL’homme-poisson mis en scène par Jack Arnold lui tient tellement à cœur qu’il lui a déjà rendu hommage à travers le personnage d’Abe Sapiens incarné par Doug Jones dans le diptyque Hellboy. Mais le cinéaste mexicain ne pouvait se contenter de ce clin d’œil. Pour déclarer une bonne fois pour toute sa flamme au « Gill Man » de son enfance, il lui fallait concocter une lettre d’amour digne de ce nom. Ainsi est né le projet de La Forme de l’eau. S’appuyant sur une idée initiale de l’écrivain Daniel Kraus, Del Toro écrit avec Vanessa Taylor le scénario de ce qui pourrait presque s’apparenter à une séquelle de L’Etrange Créature du Lac Noir. A la différence près qu’au lieu de mourir sous le feu des membres de l’expédition paléontologique venue la débusquer dans la jungle amazonienne, la créature a ici été ramenée pour être étudiée dans un centre de recherches gouvernemental de Baltimore sous haute surveillance. Femme de ménage dudit laboratoire, Elisa Esposito (Sally Hawkins) est orpheline, muette et solitaire, malgré l’amitié qu’elle a noué avec son voisin de palier Giles (Richard Jenkis) et avec sa collègue volubile Zelda (Octavia Spencer). 

Le jour où elle découvre l’existence du spécimen retenu prisonnier dans un bassin expérimental, Elisa s’émeut plus que de raison et se prend d’une affection irrationnelle pour la créature, comme si elle y voyait le reflet de sa propre solitude, elle-même se sentant à l’écart du reste de l’humanité. La curiosité se mue peu à peu en passion, et Del Toro peut dès lors tisser à loisir une variante humide sur le mythe séculaire de « La Belle et la Bête ». Le cinéaste ne se réfrène pas et semble animé d’une démarche sincère, osant le grand écart entre la comédie burlesque, les accès de violence brutaux, l’érotisme sans fard, la poésie surréaliste et même la comédie musicale. Mais tout semble se passer comme s’il ne parvenait pas à sortir de l’ombre de L’Etrange Créature du Lac Noir, comme s’il cherchait désespérément à retrouver ce moment de beauté brute au cours duquel le monstre de Jack Arnold nageait entre deux eaux dans son lac amazonien pour imiter les gracieux ébats aquatiques de Julie Adams. Une image féerique… mais apparemment hors d’atteinte.

Sous l'influence de Jean-Pierre Jeunet

La Forme de l’Eau est d’ailleurs le seul film de Del Toro qui semble autant puiser son inspiration ailleurs que dans l’imagination de son auteur. La patine rétro qui nimbe le quotidien d’Elisa est traitée sous l’influence manifeste du cinéma de Jean-Pierre Jeunet (on pense beaucoup à Delicatessen et à Amélie Poulain), référence accentuée par la musique exagérément nostalgique d’Alexandre Desplat, tandis que le lien qui unit la belle et la bête n’est pas sans évoquer les péripéties de Splash. La personnalité pourtant forte du cinéaste semble du coup se diluer dans ce tissus d’influences, et malgré les nombreux atouts du film (une créature magnifique conçue par Mike Hill et Shane Mahan, un méchant redoutable campé par Michael Shannon), le mélange des genres manque d’homogénéité et l’alchimie ne prend pas autant qu’elle le devrait.

 

© Gilles Penso

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LES VAMPIRES DE SALEM (1979)

Tobe Hooper s'empare du second roman de Stephen King et en tire un long téléfilm riche en émotions fortes

SALEM’S LOT

1979 – USA

Réalisé par Tobe Hooper

Avec James Mason, David Soul, Bonnie Bedelia, Lance Kerwin, Reggie Nadler

THEMA VAMPIRES I SAGA STEPHEN KING

Second roman de Stephen King sorti en librairie après « Carrie », « Salem » est humblement considéré par son auteur comme une imitation littéraire de « Dracula ». Mais si l’influence de Bram Stoker est indéniable, King parvient à moderniser le thème du vampirisme et à y intégrer les composantes de son propre univers. George Romero et Larry Cohen sont tour à tour envisagés pour adapter le roman à l’écran, jusqu’à ce que Tobe Hooper accepte le challenge de transposer le livre sous forme d’un téléfilm de trois heures. Transfuge de la série Starsky et Hutch David Soul incarne le romancier Ben Mears, revenant dans la petite ville de Salem’s Lot, où il vécut jusqu’à l’âge de onze ans, pour y écrire son nouveau roman. Il s’intéresse tout particulièrement à la sinistre maison des Marsten, qui se dresse à l’entrée de la bourgade et que Tobe Hooper filme comme la demeure de Norman Bates dans Psychose. Un vieil antiquaire, Straker (James Mason), habite la vénérable demeure et vient d’ouvrir une boutique en ville, mais son associé Kurt Barlow reste invisible. Très vite, le spectateur se doute que quelque chose ne tourne pas rond chez Straker, surtout lorsqu’il se fait livrer une caisse de taille humaine dans la cave de sa maison.

Une scène étonnante marque le début du drame. On y voit un enfant vampire flotter devant la fenêtre de la chambre de son grand frère en pleine nuit, au milieu d’un ciel brumeux. C’est donc par les enfants que se transmet le vampirisme dans Salem’s Lot, le seul qui y échappe étant celui qui connaît par cœur les films de vampires et qui repousse ses assaillants avec un crucifix provenant de son diorama Dracula. L’horreur et l’humour se côtoient ainsi dans Les Vampires de Salem, qui repousse assez loin les limites de ce qui était alors autorisé à la télévision américaine. Les suceurs de sang y sont blafards, affublés d’yeux brillants et de canines proéminentes.

Hommage à Nosferatu

Mais c’est le maquillage de Barlow (incarné par Reggie Nalder) qui s’avère le plus saisissant. Cette réadaptation au teint bleuâtre et aux dents acérées du Nosferatu de Murnau est l’œuvre du maquilleur éclectique Jack H. Young, ayant œuvré tour à tour pour Bert I. Gordon (The Cyclops), Francis Ford Coppola (Apocalypse Now) et David Cronenberg (Chromosome 3). Le parti pris s’éloigne de celui du roman, dans lequel le vampire était un aristocrate émule du Dracula de Bram Stoker. Ici, Hooper évacue tout romantisme au profit de la bestialité et de la monstruosité, Barlow n’apparaissant qu’au bout de deux heures de métrage pour mieux surprendre les téléspectateurs. Certes, la mise en scène reste assez télévisuelle, ponctuée par les sempiternelles coupures publicitaires, et les séquences d’épouvante s’avèrent plutôt théâtrales. Mais le film reste très efficace, soigné dans sa facture, respectueux de l’univers de Stephen King et servi par des comédiens convaincants. Hooper redevient un peu lui-même au cours du huis clos final situé dans la maison. Les animaux empaillés, les ossements jonchant le sol décrépit, le décor poisseux et l’incursion d’un soupçon de gore nous rappellent que Hooper signait quelques années plus tôt Massacre à la Tronçonneuse. Des scènes alternatives un peu plus violentes sont d’ailleurs tournées pour la version courte européenne qui sera exploitée en salle.

 

© Gilles Penso

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CARRIE, AU BAL DU DIABLE (1976)

Le premier roman de Stephen King éclabousse les écrans sous la direction flamboyante de Brian de Palma

CARRIE

1976 – USA

Réalisé par Brian de Palma

Avec Sissy Spacek, Amy Irving, Piper Laurie, Nancy Allen, John Travolta, William Katt, Betty Buckley, P.J. Soles, Sydney Lassick

THEMA POUVOIRS PARANORMAUX I SAGA STEPHEN KING

L’histoire du cinéma connaît parfois des moments de grâce, des instants un peu magiques où l’univers d’un auteur et celui d’un réalisateur entrent en contact pour se nourrir l’un l’autre et accoucher d’un chef d’œuvre. C’est le cas de Carrie, première adaptation du premier roman de Stephen King (du moins le premier qui fut publié). Introvertie, écrasée par l’autorité d’une mère bigote, Carrie White (Sissy Spacek) possède le pouvoir de déplacer les objets à distance. Bouc émissaire de ses camarades de lycée, elle est en proie aux pires moqueries lorsqu’elle panique le jour de ses premières règles. Pour s’excuser de ce comportement cruel et infantile, la lycéenne Sue Snell (Amy Irving) demande à son fiancé Tommy Ross (William Katt) d’inviter Carrie au bal de fin d’année. La soirée commence bien, mais une plaisanterie de très mauvais goût déclenche la colère de Carrie, prélude d’une vengeance aux répercussions cataclysmiques… 

Ecrit par Lawrence D. Cohen, le scénario opte pour une narration plus linéaire que celle du livre et adopte principalement le point de vue de Carrie, alors que King s’intéressait majoritairement à celui de Sue Snell. De Palma en profite pour évacuer certains éléments surnaturels qui, selon lui, auraient pu nuire à la crédibilité du récit. Dans Carrie, le sang joue un rôle bien particulier. Stephen King en était déjà parfaitement conscient, et Brian de Palma décide d’en décupler les répercussions. Ainsi, si le roman commence par un incident survenu pendant l’enfance de Carrie White, au cours duquel elle provoqua une pluie de pierres sur le toit de sa maison, le film s’ouvre sur la scène de la douche et des règles de la jeune fille, comme si l’écoulement du sang était le déclencheur de ses pouvoirs. Le sang se remettra à couler bien plus tard, de manière extrêmement spectaculaire, au moment où Chris Argenson (Nancy Allen) et Billy Nolan (John Travolta, dans son tout premier rôle à l’écran) feront basculer sur Carrie un seau empli de sang de cochon, alors qu’elle rayonne dans sa plus jolie robe au milieu du bal de fin d’année. 

Le sang révélateur

Cet effet miroir – le sang des règles qui marque le début du récit et celui du cochon qui annonce sa clôture – scelle définitivement le destin des personnages tandis que Carrie, écarlate, cernée par l’incendie dantesque qu’elle a provoqué, prend les allures de la Lady Macbeth peinte par Gustave Moreau. Pour filmer ce massacre, Brian De Palma alterne le split-screen (une technique dont il s’est fait une marque de fabrique) et le plein écran. Avec le recul, il regrettera pourtant d’y avoir recouru, persuadé qu’un découpage plus classique aurait permis une implication plus viscérale du spectateur. Audacieux et particulièrement déstabilisant, le climax de Carrie est pourtant resté dans toutes les mémoires. Il faut bien sûr saluer la prestation de Sissy Spacek, qui ne fut pourtant pas le premier choix de De Palma et dont il fit passer le casting pour faire plaisir à son petit ami de l’époque, le chef décorateur Jack Fisk. L’implication physique et émotionnelle de la comédienne est totale dans le film, qui repose en très grande partie sur ses épaules. Stephen King appréciera tant le film qu’il le jugera supérieur au livre, et citera souvent Carrie comme l’adaptation idéale d’un de ses écrits.

 

© Gilles Penso

 

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CHAPEAU MELON ET BOTTES DE CUIR (1998)

Une adaptation ratée de la série culte de Brian Clemens, malgré un casting très attrayant

TITRE ORIGINAL

1998 – USA

Réalisé par Jeremiah Chechnik

Avec Ralph Fiennes, Uma Thurman, Sean Connery, Jim Boradbent, Fiona Shaw, Eddie Izzard, Patrick Macnee

THEMA ESPIONNAGE ET SCIENCE-FICTION

Drôle d’idée de vouloir transformer en long-métrage hollywoodien la série la plus bristish, la plus sixties et la plus atypique qui soit. A l’annonce de ce projet contre-nature, les fans de John Steed et Emma Peel ont évidemment sauté au plafond. « Nous nous sommes efforcés de respecter au mieux l’esprit de la série tout en la modernisant, en tenant compte notamment de la gadgétisation du genre amenée par les James Bond », nous expliquait d’un air rassurant le producteur Jerry Weintraub, alors que le film était en plein tournage (1). Et de fait, certains choix effectués par la production surprennent à priori par leur justesse. Là où on aurait craint un Mel Gibson et une Nicole Kidman (qui furent tous deux envisagés pendant les étapes préparatoires), le film nous propose les excellents Ralph Fiennes et Uma Thurman, nous gratifient de Sean Connery en méchant mégalomane, et proposent même à Patrick Macnee de prêter sa voix à un espion invisible ! Les rues désertes de Londres, les boutiques improbables, les cabines téléphoniques isolées, la rase campagne anglaise et la vieille voiture flambant neuve sont aussi de la partie. « La série Chapeau Melon et Bottes de Cuir a eu une considérable influence sur notre vision du look des années 60, que ce soit du point de vue des décors, des costumes, de la musique ou du design d’une manière plus générale », explique le chef décorateur Stuart Craig. Nous nous en sommes donc largement inspirés. » (2) 

Mais tout ceci n’est que cosmétique et l’alchimie étrange entre comédie, espionnage et science-fiction de la série de Brian Clemens s’est ici évaporée au profit d’un patchwork hybride sans identité ni cohérence. La mise en scène de Jeremiah Chechnik, déjà coupable d’un triste remake des Diaboliques, est parfaitement anonyme, la partition de Joel McNeely lorgne du côté de 007 façon David Arnold, le scénario semble avoir été réécrit trente fois par une armée d’auteurs dépassés par les événements, et notre malheureux trio d’acteurs fait ce qu’il peut pour tirer son épingle du jeu… en vain, hélas ! Jouant la carte de la préquelle, le film prend le parti de nous narrer la première rencontre entre l’agent britannique John Steed et la belle scientifique Emma Peel. Sous l’autorité de « Maman », tous deux enquêtent sur les activités de Sir August de Wynter, un dangereux mégalomane qui a découvert le moyen de contrôler les phénomènes météorologiques.

La réunion des ours en peluche géants

Suite à des projections test catastrophiques, les deux heures et demi du films furent ramenées à la durée de 90 minutes. Il y a certes quelques morceaux de bravoure dans le film, comme l’attaque des guêpes robots ou le combat final au milieu des éléments déchaînés. Mais ce ne sont que des réussites techniques, sans aucun autre intérêt que leur audace visuelle. Ah ! Dommage que le film n’ait pas regorgé d’idées aussi bonnes que cette réunion d’hommes d’affaires déguisés en ours en peluche géants pour préserver leur anonymat ! Bref, la mayonnaise ne prend quasiment jamais, les dialogues tombent à plat, et ce Chapeau Melon et Bottes de Cuir version 1998 prouve bien que certains joyaux télévisuels ne gagnent rien à s’extraire du petit écran qui les sertit si bien.

 

(1) Propos recueillis par votre serviteur en octobre 1998

(2) Propos recueillis par votre serviteur en décembre 2005

© Gilles Penso

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THE WICKER MAN (2006)

Un remake à côté de la plaque du chef d'œuvre insolite de Robert Hardy, qui lance Nicolas Cage sur les traces d'un culte matriarcal

THE WICKER MAN

2006 – USA

Réalisé par Neil la Bute

Avec Nicolas Cage, Ellen Burstyn, Leelee Sobieski, Kate Beahan, Frances Conroy, Molly Parker, Diane Delano, Michael Wisman

THEMA DIEU, LES ANGES, LA BIBLE 

Vouloir se lancer dans un remake de The Wicker Man était à la base une idée saugrenue, à la limite de l’hérésie. Certes, on aurait pu tenir le même discours à propos de King KongMassacre à la Tronçonneuse ou Zombie, qui furent dotés de relectures plutôt honorables dans les années 2000. Mais The Wicker Man est un cas vraiment à part, un OVNI profondément ancré dans les mentalités des années 70, abordant ouvertement les tabous liés au sexe et à la religion, refusant obstinément d’entrer dans une case prédéfinie (on se perd encore aujourd’hui en conjectures quant à son appartenance à un genre spécifique). Alors comment réinterpréter un tel objet cinématographique trente-trois ans plus tard ? La réponse de Neil La Bute, à la fois réalisateur et scénariste de ce remake, est tristement prévisible. Son travail d’adaptation consiste en effet à ne conserver que la trame d’origine, à ôter à l’œuvre initiale toutes ses singularités et à transformer The Wicker Man en simple thriller porté par une tête d’affiche « bankable » (en l’occurrence Nicolas Cage). Ceux qui vénèrent le film de 1973 hurlent donc au sacrilège. Quant aux autres, ils découvrent avec perplexité une espèce de polar mystique bancal tellement peu abouti qu’il ne fut pas présenté à la presse avant sa sortie en salles, et qu’il atterrit directement dans les bacs DVD en Europe, sans passer par la case cinéma.

Cage reprend donc le rôle tenu à l’époque par Edward Woodward, le scénario l’ayant dépourvu de sa bigoterie excessive et de sa suffisance très britannique (désormais l’intrigue prend place en Amérique, forcément). Au lieu de ça, nous avons droit au sempiternel trauma du prologue. Officier de police, Edward Malus (oui, c’est son nom !) est en effet marqué par la mort d’une jeune mère et sa petite fille, pulvérisées par un poids lourd sur le bord d’une route. Or le voilà contacté par son ex-fiancée, aujourd’hui membre d’une communauté rurale installée sur une île privée, qui réclame son aide pour retrouver sa petite fille disparue. Les mœurs étranges des insulaires, organisés de manière matriarcale autour d’une figure féminine toute-puissante, laisse penser que la fillette fera l’objet d’un sacrifice rituel lors de la prochaine « fête des moissons ». Certes, Cage donne de sa personne et s’implique à fond dans son personnage, évitant tout cabotinage intempestif.

Une force dominante féminine

La restructuration de la communauté autour d’une force dominante féminine (les mâles sont tous ici relégués au rôle de manœuvres et de procréateurs) n’est par ailleurs pas inintéressante, évoquant la figure mythologique des Amazones et se référant avec insistance à la vie sociale des abeilles. Mais rien n’y fait, ce Wicker Man est un ratage indiscutable, passant complètement à côté de son sujet à force de vouloir obstinément le traiter au premier degré (ce qui est une absurdité quand on connaît l’œuvre originale). Même Angelo Badalamenti, si inspiré lorsqu’il compose pour David Lynch, Terry Gilliam ou Caro et Jeunet, se contente ici d’une partition anonyme, sans saveur ni odeur. Du coup, le climax sacrificiel n’a plus aucun sens et la petite scène bardée de clichés que Neil La Bute nous sert en guise d’épilogue parachève le massacre.

 

© Gilles Penso

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JESSIE (2017)

Une situation absurde se mue en huis-clos oppressant, d'après un récit de Stephen King qui semblait inadaptable

GERALD’S GAME

2017 – USA

Réalisé par Mike Flanagan

Avec Carla Gugino, Bruce Greenwood, Chiara Aurelia, Henry Thomas, Carel Struycken, Kate Siegel, Adalyn Jones

THEMA RÊVES I MORT I SAGA STEPHEN KING

Si le flot ininterrompu des écrits de Stephen King a très souvent été mué en matériau filmique, le roman « Gerald’s Game » (« Jessie ») a longtemps échappé à l’emprise des scénaristes et des réalisateurs, à cause de la nature même de son intrigue. Car comment transposer à l’écran l’odyssée mentale d’une femme enfermée seule dans une chambre à coucher ? Mike Flanagan (The Mirror, Pas un bruit, Ouija : les origines) a tenté sa chance à travers ce long-métrage audacieux produit pour la chaine Netflix. Le point de départ suit de près celui du roman. Pour redynamiser leur couple en perte de vitesse, Gerald Burlingame (Bruce Greenwood) et son épouse Jessie (Carla Gugino) partent en week-end romantique dans une maison isolée au bord d’un lac en Alabama. Leur vie sexuelle manquant visiblement de piment, Gerald propose de menotter Jessie au lit, mais le jeu cesse très vite d’amuser la jeune femme, qui s’inquiète de la brutalité insoupçonnée de son époux et le repousse. Contrarié, celui-ci s’écroule soudain, victime d’une crise cardiaque. Et voilà notre pauvre Jessie enchaînée sur son lit, incapable de se libérer, loin de tout et de tous… Nous ne sommes alors qu’à un quart d’heure de métrage et l’on se perd en conjectures sur la capacité de Flanagan à rebondir sur une situation réduite ainsi à sa plus simple expression. 

Dans le roman, Stephen King pouvait se permettre de voyager à l’intérieur de la tête de son personnage principal et de nous livrer ses pensées, ses peurs, ses fantasmes, ses illusions. Mais comment faire dans le film sans recourir à une voix off redondante et résolument anti-cinématographique ? Le cinéaste trouve la solution en matérialisant autour de Jessie des doubles d’elle-même et de son mari qui, dans la pantomime désespérée de son esprit vagabond, s’animent et parlent pour elle. Bientôt, les rêves, les hallucinations et les souvenirs d’enfance s’entremêlent, le visage de Gerald et celui de son père (Henry Thomas) se confondent, et l’image de la mort se met à rôder, sous forme d’une grande silhouette blafarde et grimaçante éclairée par la lune. 

Une prestation à fleur de peau

Plusieurs obsessions récurrentes de l’univers de King hantent Jessie. Connaît-on vraiment la personne qu’on épouse et à qui on jure fidélité ? Ce questionnement, présent aussi dans la nouvelle « Bon Ménage », prend tout son sens lorsque Jessie découvre les étranges penchants de son mari pour d’inquiétants fantasmes de viols. Ce besoin de briser la routine du couple ne cache-t-il pas des fêlures plus profondes ? Comme Dolores ClaiborneJessie adopte le point de vue d’une femme brutalisée et intègre dans son intrigue la fameuse éclipse solaire du 20 juillet 1963, ramenant l’héroïne à un épisode de son enfance où la beauté du phénomène climatique se mixe avec la laideur de la nature humaine, en un cocktail déstabilisant propice au malaise et à l’inconfort. Le réalisateur tire parti du huis clos pour mettre en place une scénographie habile, inscrivant dans le même cadre le présent et le passé, laissant la lumière révéler ou occulter les images mentales de Jessie. Quant à Carla Gugino, elle nous offre une prestation remarquable et à fleur de peau.

 

© Gilles Penso

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LES ENTRAILLES DE L’ENFER (1982)

Un slasher qui se transforme en film de cannibale puis en histoire de possession, à grand renfort de métamorphoses excessives

THE BEAST WITHIN

1982 – USA

Réalisé par Philippe Mora

Avec Paul Clemens, L.Q. Jones, Ronny Cox, Bibi Besch, Don Gordon, R.G. Armstrong, Katherine Moffat, Meshach Taylor, Luke Askew, John Dennis Johnston

THEMA DIABLES ET DEMONS

Voilà un film qui échappe un peu à tout classement tant on distingue mal le véritable sujet de son scénario alambiqué, rédigé par Tom Holland d’après un roman d’Edward Levy. Tout commence comme un slasher des plus traditionnels. Les MacCleary, un couple de jeunes mariés, sont victimes d’un petit accident en pleine nuit, sur une route abandonnée. Le mari s’en va quérir des secours, l’épouse reste seule dans la voiture, et bientôt une silhouette s’approche d’elle lentement à travers bois, en traînant la patte et en respirant fort comme n’importe quel serial killer post-Michael Myers. La suite surprend un peu plus. Car au lieu de pourfendre la jeune victime d’un bon coup de hache ou de machette, l’agresseur bestial la couche par terre et la viole sans vergogne ! Et nous voilà projetés 17 ans plus tard. Le fruit de cette union forcée est Michael, un jeune adolescent que l’époux a reconnu comme son fils, mais qui semble souffrir d’une maladie congénitale inconnue. Et tandis que les parents décident de chercher le père biologique de leur rejeton, celui-ci s’enfuit de l’hôpital où il est soigné et attaque un des habitants de la petite ville en le dévorant vivant, avec force jets de sang bien craspecs.

Serions-nous donc en présence d’un récit à base d’anthropophagie, une sorte de « I Was a Teenage Cannibal » ? Non, car le film change à nouveau de cap. Michael continue à trucider les citoyens, mais de façon bien moins carnassière. Il embaume vivant un croque-mort, électrocute un vagabond, et le public, un peu déboussolé revient alors à sa première impression : The Beast Within est un slasher. Jusqu’à ce que le scénario ne nous apprenne que Michael est possédé par l’âme de son père, qui fut séquestré pendant des années dans une cave et nourri de cadavres, pour avoir couché avec la femme d’un des hommes de la bourgade. Alors nous y voilà : nous avons affaire à une histoire de possession. C’est en tout cas ce que confirme cette scène photocopiée sur L’Exorciste dans laquelle Michael, sanglé sur un lit, pousse des cris gutturaux en secouant son visage livide.

Un monstre humanoïde boursouflé

Puis d’un seul coup, sans crier gare, le jeune homme se métamorphose de la manière la plus outrancière qui soit, ce qui permet au maquilleur Tom Burman de s’en donner à cœur joie. D’abord spectaculaire (le visage enfle de toutes parts, le cou s’allonge, la nuque se déchire), ensuite fort bizarre (une langue démesurée surgit de la tête du comédien, remplacée de manière évidente par une réplique en latex assez figée), puis franchement grotesque (la tête finit par prendre la forme d’un ballon de baudruche sur le point d’exploser), la transformation n’en finit plus et aboutit à une sorte de monstre humanoïde et boursouflé. La dernière partie du film s’apparente alors au monster-movie classique, avec filles qui crient, hommes qui s’enfuient à toutes jambes, repli des survivants dans un commissariat et décapitations à mains nues avant le coup de fusil final et libérateur. Bref, Les Entrailles de l’Enfer, c’est un peu la foire d’empoigne du film d’horreur, le fruit bizarroïde d’un scénario mutant qui, à force de ne pas savoir où aller, ne va finalement nulle part et laisse un peu indifférent.

 

© Gilles Penso

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THE WIZ (1978)

Une version blaxploitation du Magicien d'Oz avec Diana Ross en Dorothy et Michael Jackson en épouvantail

THE WIZ

1978 – USA

Réalisé par Sidney Lumet

Avec Diana Ross, Michael Jackson, Richard Pryor, Nipsey Russell, Ted Ross

THEMA CONTES

Alors que le phénomène blaxploitation était à son apogée, le producteur Ken Harper imagina une nouvelle version du « Magicien d’Oz » destinée aux planches de Broadway. Modernisé, paré d’une distribution entièrement noire, le spectacle The Wiz : The Super Soul Musical the Wonderful Wizard of Oz s’inaugura en 1975 et connut un tel succès qu’il resta à l’affiche pendant quatre années consécutives. Pour l’inévitable adaptation cinématographique de cette comédie musicale, la mise en scène échut au vétéran Sidney Lumet et le budget grimpa à 24 millions de dollars, soit plus du double de celui de La Guerre des EtoilesThe Wiz démarre dans un cadre contemporain et réaliste. Autour du traditionnel repas de Thanksgiving, une famille s’apprête à déguster l’énorme dinde de circonstance tout en célébrant la venue d’un nouveau né. Un peu à l’écart de la liesse, Dorothy (Diana Ross), une maîtresse d’école de 24 ans, se plaint de n’avoir jamais rencontré l’amour. Elle suit un soir son chien Toto dans les rues enneigées de la ville. Là, une gigantesque tornade les emporte tous deux jusque dans un lieu étrange qui ressemble à une version onirique et caricaturale de New York. 

Or l’atterrissage de Dorothy a provoqué la mort accidentelle d’une maléfique sorcière, au risque de déclencher la colère de sa redoutable sœur Evillene. Désormais chaussée des souliers brillants de la défunte, la jeune femme va devoir retrouver le Mage qui règne sur Oz afin de pouvoir rentrer chez elle.  L’originalité de l’approche consiste principalement à remplacer les décors de forêt féeriques auxquels nous a habitué le classique de Victor Fleming par une jungle urbaine en décrépitude. Les murs délabrés y sont emplis de tags, des débris jonchent les sols, les grandes roues des parcs d’attraction abandonnés se dressent devant un ciel sinistre, les monuments déserts côtoient d’étranges immeubles art-déco, des taxis cartoonesques arpentent la fameuse route de brisques jaunes et, au loin, Emerald City se profile sous la forme familière de buildings new-yorkais.

Trop effrayant pour le enfants, trop simpliste pour les adultes…

D’étonnantes idées visuelles ponctuent le film, comme les graffitis qui se réveillent pour prendre vie, le personnage du lion peureux qui surgit hors d’une sculpture à son effigie, les statues en métal rouillé qui s’animent ou encore l’attaque de nos héros par le mobilier urbain du métro. Si la direction artistique et les maquillages étonnants de Stan Winston, alors en début de carrière, font mouche, le jeu excessif de Diana Ross, définitivement trop âgée pour le rôle, manque sérieusement de conviction. Trop effrayante pour les enfants mais trop simpliste pour les adultes, cette version bizarroïde du « Magicien d’Oz » ne trouve pas son public et sera un flop retentissant. En quelques moments inspirés, le film parvient pourtant à transporter ses spectateurs, notamment grâce à Michael Jackson qui s’avère émouvant sous la défroque de l’épouvantail naïf en quête de cerveau, et qui nous offre les meilleurs moments musicaux du film. Lorsque Diana Ross et lui arpentent la route de briques jaunes en entonnant le très énergisant « Ease on Down the Road », le film décolle et justifie – bien que temporairement – cette relecture disco du conte de L. Frank Baum.

 

© Gilles Penso

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CHEESEBURGER FILM SANDWICH (1987)

Une satire de la télévision américaine dirigée conjointement par cinq réalisateurs

AMAZON WOMEN ON THE MOON

1987 – USA

Réalisé par Joe Dante, Carl Gottlieb, Peter Horton, John Landis, Robert K. Weiss

Avec Carrie Fisher, Paul Bartel, Michelle Pfeiffer, Steve Forrest, Sybil Danning, Rosana Arquette, Steve Guttenberg, Henry Silva

THEMA CINEMA ET TELEVISION

Kentucky Fried Movie, le second long-métrage de John Landis, parodiait les programmes télévisés, leurs créateurs et leurs téléspectateurs, mais ne comportait pas vraiment d’élément fantastique. Co-réalisé par Landis, Joe Dante, Carl Gottlieb, Peter Horton et Robert K. Weiss, Amazon Women on the Moon reprend le même principe en mixant cette fois la comédie et la science-fiction. Pour assurer – un peu abusivement, avouons-le –  le lien entre les deux films, les distributeurs français ont titré le premier Hamburger Film Sandwich et celui-ci Cheeseburger Film Sandwich. Comme toujours lorsqu’il s’agit de sketches, le résultat est très inégal, alternant les pastiches franchement réussis et les farces lourdingues dignes d’un épisode de Benny Hill. On esquisse donc quelques sourires polis face à cet homme piégé dans son appartement, cette actrice porno qui se promène nue dans la rue, ce médecin qui perd un bébé ou ces funérailles qui virent au gala comique. Plus drôles, la fausse pub pour les perruques en moquette, le reportage sur les noirs qui swinguent comme des blancs (présenté par B.B. King), la séquence des « vidéo pirates » ou celle des préservatifs Titan rappellent les grandes heures du « Saturday Night Live ».

La science-fiction fait son apparition lorsqu’un vieux couple aussi sexy que les Bidochons découvre que leur nouvelle télécommande peut propulser le mari à l’intérieur des programmes télévisés, y compris dans un extrait du King Kong original. Ou lorsque ce fringuant célibataire (Steve Guttenberg) apprend l’existence d’un ordinateur que les femmes utilisent pour connaître très précisément le pedigree amoureux de leur prétendant. Ou encore dans cette improbable émission d’investigation où l’acteur Henry Silva, dans son propre rôle, nous affirme avec gravité que Jack l’éventreur n’était autre que le Monstre du Loch Ness (reconstitution à l’appui !). Sans compter ce remake hilarant de L’Homme Invisible dans lequel un homme, persuadé d’être aussi transparent que le héros d’H.G. Wells, se promène nu dans un pub, sous le regard blasé des clients.

Les Amazones de la Lune

Mais le vrai régal de cette anthologie est le segment titré « Amazon Women on the Moon », en référence directe à l’inénarrable Cat Women on the Moon. Soi-disant tourné dans les années 50, ce faux film qui s’égrène tout au long du métrage, entrecoupé d’autres sketches et de faux spots publicitaires, pioche dans l’imagerie du serial Flash Gordon et de Planète Interdite. Tout y est : le générique sur fond d’étoiles, la maquette de fusée suspendue par un fil, le décor du cockpit couvert de boutons et d’écrans de contrôle, le lézard géant qui surgit derrière les rochers, sans oublier les sautes d’image, les changements de bobine et la pellicule rayée. L’intrigue est une collection de clichés qui rappelle le travail du trio ZAZ (co-scénaristes avec John Landis de Hamburger Fim Sandwich, justement) et le réalisateur Robert K. Weiss accumule avec un plaisir évident tous les clins d’œil d’usage. Rien que pour ce savoureux segment à épisodes, Cheesburger Film Sandwich vaut largement le détour.

 

© Gilles Penso

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BARON BLOOD (1972)

Château sinistre, sorcellerie, secrets inavouables, tortures médiévales… Mario Bava réunit tous les ingrédients propices à un film d'horreur gothique à l'ancienne

GLO ORRORI DEL CASTELLO DI NOREMBERGA

1972 – ITALIE / ALLEMAGNE

Réalisé par Mario Bava

Avec Joseph Cotten, Elke Sommer, Rada Rassimov, Massimo Girotti, Antonio Cantafora, Umberto Raho, Luciano Pigozzi

THEMA SORCELLERIE ET MAGIE

Désireux de retrouver les thématiques qui firent le succès du Masque du Démon tout en les modernisant, Mario Bava réalisait en 1972 un Baron Blood pittoresque à défaut d’être inoubliable. L’intrigue concerne Peter Kleist, grand bellâtre interprété sans beaucoup de conviction par Antonio Cantafora. Fraîchement débarqué en Autriche, il décide de revenir dans le château de son ancêtre, le baron Otto Von Kleist de sinistre mémoire, réputé pour son sadisme et pour les tortures qu’il infligeait en plein 17ème siècle aux villageois dont la figure ne lui revenait pas. Or une firme hôtelière s’emploie à restaurer l’ancienne bâtisse. 

Peter rencontre donc sur place Eva Arnold, une jolie architecte interprétée par Elke Sommer. Pas insensible à son charme, il l’emmène un soir dans une des tours du château et se livre avec elle à un cérémonial empreint de sorcellerie. Car Peter a conservé depuis son enfance un parchemin contenant une étrange incantation. La légende veut que si l’on prononce à voix haute ce texte dans le château du baron Von Kleist, celui-ci ressuscitera pour recommencer ses méfaits. Peter n’y croit pas trop, mais il ne veut pas passer à côté d’une chance, si infime soit-elle, de se retrouver face à son aïeul. A l’issue du rituel, ce qui devait arriver arrive : le maléfique Baron sort de terre, son impressionnante résurrection nocturne rappelant celle de Vavuvitch dans Le Masque du Démon. Autre réminiscence du chef d’œuvre que Bava réalisa en 1960 : l’un des instruments de torture qu’emploie Von Kleist pour allonger la liste de ses victimes, autrement dit un cercueil hérissé de pointes acérées transperçant les malheureux qui y sont jetés. Très inventif côté sévices, le baron réserve un sort peu enviable à tous ceux qu’il croise, notamment un médecin qu’il égorge d’un coup de scalpel et un prêtre qu’il pend sans autre forme de procès. Visuellement, l’abominable tortionnaire rappelle L’Homme au Masque de Cire, dont il reprend la cape noire flottant au vent, le feutre sur le crâne, le visage affreusement décomposé et la capacité de se dissimuler sous les traits d’un homme respectable. En l’occurrence Sir Alfred Becker, à qui le vétéran Joseph Cotten (Citizen KaneL’Ombre d’un Doute) prête ses traits vieillissants et son regard éternellement vif. 

Dans les griffes du baron Von Kleist

Fidèle à ses habitudes, Bava compose des séquences extrêmement graphiques, tirant parti des jeux de lumière, des effets atmosphériques et de l’architecture gothique de son décor réel filmé en Autriche. D’où cette course-poursuite qui demeure l’un des moments forts du film, où Elke Sommer est prise en chasse par le sinistre Baron dans les ruelles tortueuses et embrumées de la ville. Pour venir à bout du démoniaque Von Kleist, nos héros doivent faire appel à une voyante capable d’entrer dans l’esprit d’une sorcière qui, jadis, lança une malédiction au Baron. Le final prend du coup des atours apocalyptique, aux accents d’une musique pop un peu hors sujet signée Stelvio Cipriani (remplacée par une bande originale de Les Baxter pour la version américaine). En France, Baron Blood fut distribué un temps sous le titre Baron Vampire, entretenant du coup une confusion avec le film homonyme de Mel Welles.

 

© Gilles Penso

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