CRIMSON PEAK (2015)

Guillermo del Toro rend hommage aux récits d'épouvante gothique classiques en situant son film dans une splendide maison hantée

CRIMSON PEAK

2015 – USA

Réalisé par Guillermo del Toro 

Avec Mia Wasikowska, Tom Hiddletson, Jessica Chastain, Jim Beaver, Charlie Hunnam

THEMA FANTÔMES

S’il fallut attendre presque dix ans pour que Crimson Peak voie le jour, alors que Guillermo del Toro le préparait dès 2006, c’est pour une raison financière découlant d’une décision artistique cruciale. Le cinéaste souhaitait en effet que le décor principal, une vieille maison branlante dans laquelle s’installe le trio constitué d’Edith Cushing (Mia Wasikowska), Lucille Sharpe (Jessica Chastain) et Thomas Sharpe (Tom Hiddletson), ne soit ni numérique, ni recyclé à partir d’un manoir existant, mais entièrement fabriqué pour les besoins du film. Ce décor splendide, dont les espaces sinistres s’étendent sur trois étages, devient dès lors un quatrième personnage à part entière. Tel l’épave d’un navire échoué, ce manoir trop grand, trop vieux, trop abîmé, semble s’enfoncer lentement dans le terrain meuble et boueux sur lequel il est édifié, tandis que son toit éventré laisse tomber sans discontinuer les feuilles en automne et la neige en hiver. De toute évidence, cette maison hautaine et déchue, héritière directe des « grandes dames hantées » de La Maison du Diable ou de La Chute de la Maison Usher, est la métaphore de l’esprit tourmenté de ses habitants, peuplé de secrets, de mystères et de souvenirs macabres. La dualité de cette vaste demeure, à la fois belle et laide, permet à Guillermo Del Toro d’aborder frontalement l’une de ses thématiques les plus récurrentes : l’opposition entre l’humanité et la monstruosité.

Comme dans L’Echine du Diable, les spectres surgis d’outre-tombe ne représentent pas une menace réelle mais font plutôt office d’avertissement, l’horreur véritable se nichant dans les actes des mortels. Del Toro entretient l’ambiguïté en dotant ses revenants d’un design extrêmement repoussant, à mi-chemin entre le zombie en décomposition et le démon grimaçant. Sans doute a-t-il d’ailleurs trop forcé le trait, l’excès de leur monstruosité et l’ajout d’effets numériques éthérés nuisant quelque peu à leur crédibilité et à leur pouvoir de fascination. Mais l’effet de surprise demeure, tout comme le détournement d’attention. Toute occupée qu’elle est à fuir les fantômes la harcelant régulièrement, notre héroïne ne voit pas le vrai visage du mal, beaucoup plus ancré dans le monde réel. La violence inouïe avec laquelle éclatent les exactions humaines – agressions, meurtres, mutilations – n’en est que plus choquante.

Le vrai visage du mal

Si les influences de Del Toro semblent principalement littéraires, il est impossible de ne pas y sentir aussi celle des grands films gothiques d’Alfred Hitchcock, Mario Bava, Roger Corman, Terence Fisher ou Riccardo Freda. Cette source d’inspiration s’étend bien au-delà du patronyme « Cushing » choisi pour le personnage principal. Elle contamine peu à peu tout le métrage. Lorsqu’Edith déambule nuitamment dans la maison sinistre, un chandelier à la main, il est difficile de ne pas penser à Barbara Steele dans L’Effroyable Secret du Docteur Hichcock. Comme un peintre soucieux d’utiliser soigneusement la palette idéale pour parachever son tableau, Guillermo del Toro s’est adjoint les services des artistes les plus adaptés à son univers, parmi lesquels il faut citer les comédiens mais aussi le chef décorateur Thomas Sanders, la costumière Kate Hawley et le compositeur Fernando Velazquez, dont les splendides accords symphoniques résonnent encore longtemps dans nos esprits après le visionnage du film.

 

© Gilles Penso

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ÇA PEUT VOUS ARRIVER DEMAIN (1977)

Deux jeunes filles venues de nulle part s'invitent un soir d'orage dans la maison d'un homme marié et révèlent leur nature de dangereuses psychopathes

DEATH GAME

1977 – USA

Réalisé par Peter Traynor

Avec Sondra Locke, Collen Camp, Seymour Cassell, Beth Brickell, Michael Kalmansohn, Ruth Warshawsky, David Worth 

THEMA TUEURS

« Ce film est inspiré d’une histoire vraie. Il devrait servir à ne pas oublier que le destin ne permet à personne de se protéger contre le mal qui pervertit notre société.  » C’est sur ce texte d’introduction nébuleux et solennel que démarre Ça peut vous arriver demain. Après un générique interminable constitué de fondus enchaînés sur des dessins d’enfants accompagnés d’une chanson naïve baptisée « My Good Old Dad », tout s’amorce en douceur, sans préavis, par une banale soirée pluvieuse dans le San Francisco des années 70. George Manning (Seymour Cassell), un paisible quadragénaire, passe une soirée tranquille et solitaire, sa femme et ses enfants étant réunis chez les grands-parents. Lorsque cognent à sa porte deux jeunes filles trempées et quelque peu désorientées (Sondra Locke et Colleen Camp, qu’on allait retrouver respectivement dans Sudden Impact et Une Journée en enfer), George ne peut se résoudre à les abandonner à leur triste sort. Il leur permet de passer un coup de fil, leur prête des serviettes, leur offre à boire, et se laisse distraire par les adolescentes ingénues et rieuses. Curieuses, elles demandent à visiter la grande maison, et c’est avec une surprise mêlée de panique que George retrouve les deux jeunes filles nues en train de batifoler dans son jacuzzi.

Le dilemme ne dure pas longtemps, et voilà notre homme pris en sandwich entre les deux tentatrices au beau milieu des bulles. L’érotisme vénéneux et trouble de la séquence est hélas gâché par un montage épileptique incompréhensible, et par une musique risible qu’on croirait issue de La Croisière s’amuse. La suite du film prend des allures de Liaison fatale avant l’heure, car George espère bien voir déguerpir le joyeux duo, tandis que celles-ci envisagent visiblement de s’installer quelques temps, cassant, salissant et vomissant des vulgarités comme des sales mômes sans surveillance. N’y tenant plus, George les fait monter dans sa voiture de force et les raccompagne à la gare. Mais le soir venu, elles le retrouvent chez lui, l’assomment et le ligotent. Commence alors une longue nuit d’angoisse, ponctuée de tortures physiques et psychologiques, au cours de laquelle les deux jeunes filles révèlent leur nature sadique et désaxée, se maquillant comme pour une soirée d’Halloween, noyant dans un aquarium un livreur trop curieux, et promettant à George une mort sanglante dès que poindra l’aube… 

Des monstres au doux visage

Autant dire que Ça peut vous arriver demain surprend, tant il échappe aux conventions du film  traditionnel de tueurs psychopathes. Mais pour être honnête, cette originalité semble plus liée à un amateurisme généralisé (mise en scène approximative, comédiens en roue libre, scénario flottant) qu’à une farouche volonté de démarcation. Il n’en reste pas moins que la nature même des monstres permet au film de sortir du lot, ces jeunes filles en perte de repères et incapables de dissocier le bien du mal s’avérant par moments bien plus effrayantes qu’un Jason ou qu’un Michael Meyers, ne serait-ce que par l’imprévisibilité de leur comportement et de leurs réactions. Le film demeure une curiosité méconnue, typique d’une époque en quête d’expérimentations formelles et scénaristiques. Un remake officiel sera réalisé en 2015 par Eli Roth sous le titre Knock Knock.

 

© Gilles Penso

 

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DE SI GENTILS PETITS MONSTRES (1980)

Une production Troma dans laquelle des enfants irradiés par des produits toxiques consument tous ceux qu'ils touchent

THE CHILDREN

1980 – USA

Réalisé par Max Kalmanowics 

Avec Martin Shakar, Gil Rogers, Gale Garnett, Shannon Bolin, Tracy Griswold, Joy Glaccum, Jeptha Evans, Clara Evans

THEMA ENFANTS

Sobrement titré The Children dans sa langue originale, ce sympathique petit film d’horreur estampillé Troma s’amorce en douceur. Deux ouvriers peu désireux d’effectuer des heures supplémentaires quittent leur lieu de travail, autrement dit une centrale nucléaire dans laquelle une fuite de produits toxiques survient à leur insu. Peu après, un car de ramassage scolaire traverse un grand nuage jaune, et bientôt le véhicule est retrouvé abandonné sur le bas-côté, vide de tous ses occupants. Si le postulat nucléaire évoque d’autres œuvrettes produites par Lloyd Kaufman, notamment Toxic Avenger et Atomic College, nous sommes loin des délires prépubères érotico-gores qui éclabousseront ces deux métrages déjantés. En lieu et place de Tromaville, The Children se situe à Ravensback, une bourgade de l’Amérique profonde qui n’aurait pas dépareillé dans un épisode de Shérif fais-moi peur. Les protagonistes y sont d’amusantes caricatures, du bodybuilder en slip devant sa piscine à la mère de famille qui bronze les seins nus sans trop se préoccuper de sa progéniture, en passant par le jeune flic un peu niais amoureux d’une pimpante autochtone adepte du minishort et du vélo… C’est au beau milieu de ces improbables citoyens que le drame va se nouer. Car les cinq enfants du car scolaire sont désormais contaminés, ce que les maquilleurs ont cru bon de symboliser en leur noircissant les ongles. 

Lorsqu’ils retrouvent leurs parents et les serrent dans leurs bras, ces derniers se consument aussitôt dans d’atroces souffrances. D’où des visions surréalistes de cadavres calcinés obtenus via des trucages risibles tant ils sont exagérés, les visages n’étant plus que des bouillies de latex marron ! Insensibles aux balles, nos cinq têtes blondes poursuivent leurs exactions sans état d’âme, et l’assaut final de la maison, au milieu de la nuit, évoque irrésistiblement La Nuit des Morts-Vivants. D’autant que les petits monstres, le teint blafard et la démarche mécanique, se comportent comme des zombies, tandis que les violons du compositeur Harry Manfredini imitent allègrement ceux de Bernard Herrmann dans Psychose, quand ils ne s’inspirent pas carrément de ceux de John Williams dans Les Dents de la Mer.

Politiquement très incorrect

Purement récréatif, The Children laisse à La Mauvaise Graine le soin de s’interroger sur les origines du mal, et au Monstre est vivant ses questionnements sur l’anormalité. Point de débat houleux ici, et encore moins de « politiquement correct », car le sort des enfants dépasse toutes les outrances : les uns sont brûlés au dixième degré, les autres ont les mains tranchées à coup de machette, quand ils ne sont pas carrément coupés en mille morceaux ! Pourtant, ce spectacle absurde et distractif cache peut-être bien son jeu, comme l’évoque cette séquence où une femme enceinte aspire avec complaisance la fumée de sa cigarette puis s’excuse auprès de son ventre. Et si, derrière ses outrances, The Children nous parlait d’une génération en révolte contre des adultes égoïstes et irresponsables ayant transformé leur monde en no man’s land pollué et invivable ? Comme quoi, il faut toujours se méfier : derrière un film Troma peut se cacher un message transgressif inattendu.

 

© Gilles Penso

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SEUL SUR MARS (2015)

Ridley Scott transporte Matt Damon sur la planète rouge et le transforme en naufragé spatial

THE MARTIAN

2015 – USA

Réalisé par Ridley Scott

Avec Matt Damon, Jessica Chastain, Kristen Wiig, Jeff Daniels, Sebastian Stan, Naomi Scott, Chiwetel Ejiofor, Sean Bean

THEMA SPACE OPERA I FUTUR

Adaptation fidèle d’un roman signé Andy Weir, ancien programmateur informatique ayant pris la plume avec succès, Seul sur Mars marque le retour de Ridley Scott vers l’espace et le futur, trois ans après Prometheus. Mais ici, le maître mot est le réalisme. Pas d’extraterrestres ni d’androïdes à l’horizon, mais une série de péripéties scientifiquement crédibles qui inscrivent le film dans le courant de la « hard science » emprunté quelques années avant lui par Alfonso Cuaron (Gravity) et Christopher Nolan (Interstellar). Sans remonter jusqu’à Robinson Crusoé sur Mars de Byron Haskin ou Les Naufragés de l’espace de John Sturges, Seul sur Mars évoque tour à tour trois œuvres majeures de la fin des années 90 et du début des années 2000 : Seul au Monde, Apollo 13 et Il faut sauver le Soldat Ryan. Le parallèle avec la fresque guerrière de Steven Spielberg est bien sûr accru par la présence de Matt Damon dans le rôle de l’âme à sauver.

Hélas, le film de Ridley Scott ne retrouve jamais l’intensité de ces trois films mémorables, à cause d’une série de parti pris discutables. L’adaptation du roman de Weir posait d’emblée un problème. La majeure partie du récit y est en effet racontée à la première personne, via un journal de bord que tient l’astronaute Mark Watney, laissé pour mort sur la planète Mars après une tempête de sable ayant obligé ses coéquipiers à quitter les lieux précipitamment. En muant les messages écrits du roman en une série de témoignages vidéo, le scénariste Drew Goddard se heurte à un problème de taille : la bande son du film se retrouve saturée de voix off, étiolant le sentiment de solitude et d’isolement que devrait générer un tel postulat.

Perdu dans l'espace

Là où l’on était en droit d’attendre de longs silences pensants, des regards perdus dans le vide d’un horizon lointain, des angoisses existentielles voire métaphysiques, un verbe trivial s’invite partout et coupe court à toute introspection. Seul être humain perdu sur une planète inhospitalière et aride, oublié et abandonné par les siens, promis à une mort certaine, Watney devrait logiquement passer par un certain nombre de phases de détresse psychologique, voire de déséquilibres mentaux, une notion qu’avait par exemple fort bien restitué le Moon de Duncan Jones. Or ici, notre naufragé se montre confiant et sûr de lui, ne cessant de s’amuser de la situation et de multiplier les blagues à l’attention des spectateurs. Ce travers est amplifié par le choix d’une bande originale ponctuée de tubes disco des années 70. Certes, cet humour désenchanté était déjà présent dans le roman initial, et le film pèche sans doute par excès de fidélité au matériau littéraire original. Fort heureusement, la tension redevient optimale le temps d’une poignée de séquences de suspense magistrales et étourdissantes. En la matière, Ridley Scott prouve qu’il n’a pas perdu la main, tout comme dans le domaine de la direction artistique et de la direction d’acteurs, impeccables. Si le Ridley Scott raffiné et surdoué de l’époque d’Alien et Blade Runner s’était emparé d’un tel sujet, il l’aurait sans doute mué en chef d’œuvre du genre. Aujourd’hui, il n’en a tiré qu’un film d’aventure sympathique et distrayant. C’est déjà ça…

 

© Gilles Penso

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THE VISIT (2015)

Après deux superproductions, M. Night Shyamalan change son fusil d'épaule et s'essaye au « found footage »

THE VISIT

2015 – USA

Réalisé par M. Night Shyamalan

Avec Olivia de Jonge, Ed Oxenbould, Peter McRobbie, Deanna Dunagan, Kathryn Hahn, Benjamin Kanes

THEMA TUEURS I SAGA M. NIGHT SHYAMALAN

Avec Le Dernier Maître de l’Air et After Earth, deux films sans doute trop ambitieux, trop coûteux et trop incontrôlables, M. Night Shyamalan essuya un double échec financier retentissant. Pour pouvoir redynamiser sa carrière en perte de vitesse et retrouver la fraîcheur de ses premiers tours de manivelle, le réalisateur fit le choix d’un retour à la simplicité, aux petits budgets et aux acteurs inconnus. Ainsi est né The Visit« Je voulais revenir à une forme d’expression plus libre », nous explique-t-il.  « Mon idée était de simplement libérer mon imagination, d’écrire mon scénario et de laisser les choses venir naturellement, sans contrainte.» (1) Rebecca et son jeune frère Tyler n’ont jamais connu leurs grands-parents. Arrivés à l’âge de l’adolescence, ils décident enfin de les rencontrer, avec l’accord de leur mère qui a toujours eu des problèmes relationnels avec ses parents. Et pour immortaliser cet événement important dans leur jeune existence, ils emportent une caméra, transformant cette visite familiale en film documentaire dont le scénario s’écrit au fur et à mesure, au fil des journées qu’ils vont passer avec ce couple de gens âgés dont ils ne savent pratiquement rien… Tel est le point de départ de The Visit, qui parvient sans peine à nous intriguer, nous surprendre et nous inquiéter.

« Je crois que l’idée vient de cette peur primaire et irréfléchie que les personnes âgées peuvent parfois inspirer », explique Shyamalan. « J’ai essayé de comprendre d’où ce sentiment pouvait bien provenir. A force d’y réfléchir et de travailler dessus, je me suis dit que cette inquiétude venait du reflet qu’ils nous renvoyaient à nous mêmes. Nous sommes effrayés par les gens âgés parce que nous avons nous-mêmes peur de vieillir et de mourir. Tout est parti de là. » (2) Le cinéaste n’a visiblement rien perdu de son savoir-faire dans le domaine de la création d’atmosphères oppressantes et déstabilisantes, exercice compliqué ici par le fait que le cinéaste ne peut s’appuyer sur l’un de ses alliés précieux et fidèles : le compositeur James Newton Howard. Le film adoptant les codes éprouvés du « found footage », aucune musique n’est en effet envisageable, ce qui n’empêche pas un travail particulièrement élaboré en matière de bande son. Car le prétexte du caméscope ne prive pas le réalisateur de ses exigences esthétiques habituelles. La photo est soignée, les cadres extrêmement travaillés, la chorégraphie des comédiens et la composition des plans savamment calculées. A tel point que le procédé du « found footage » finit presque par sembler hors sujet, entravant plus qu’il n’aide le cinéaste dans sa narration.

Un exercice de style un peu vain

D’autant que le film ne parvient jamais à éviter le piège classique inhérent à ce parti-pris narratif : comme par hasard, la caméra est toujours placée à l’endroit idéal, au moment opportun, et continue à tourner, même dans des circonstances où elle n’est pas logiquement justifiée. On en vient à se demander pourquoi The Visit n’a pas été tourné de manière traditionnelle, et la réponse finit par s’imposer sans appel : de toute évidence, les apparats du tournage amateur servent d’écran de fumée pour masquer la vacuité d’un scénario bien peu palpitant. Car au-delà du climat d’angoisse dont Shyamalan parvient à nimber son film, de la justesse remarquable de ses jeunes comédiens, de la somme de détails insolites et inquiétants qui parsèment le récit et d’une intéressante mise en parallèle avec les motifs récurrents des contes de fées (« Hansel et Gretel » en tête), The Visit ne raconte rien de bien passionnant et s’achemine vers un ultime rebondissement qu’on eut aimé plus percutant. Le retour aux sources et à la « pureté » qu’ambitionnait M. Night Shyamalan ne s’est donc pas effectué sans heurts ni maladresses. Dommage qu’autant de talent et de savoir-faire n’aient finalement servi qu’à cet exercice de style un peu vain.

(1) et (2) Propos recueillis par votre serviteur en juin 2015

 

© Gilles Penso

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SHOCKER (1989)

Après Freddy Krueger, Wes Craven imagine un nouveau croquemitaine capable de voyager à travers les ondes électriques

SHOCKER

1989 – USA

Réalisé par Wes Craven

Avec Mitch Pileggi, Peter Berg, Michael Murphy, Sam Scarber, Camille Cooper, Ted Raimi, Heather Langenkamp

THEMA TUEUR I CINEMA ET TELEVISION I SAGA WES CRAVEN

En 1989, Freddy Krueger a atteint une popularité inespérée, préparant son cinquième retour sur les écrans. Mais Wes Craven n’a plus la main mise sur le croquemitaine qu’il créa cinq ans plus tôt, malgré sa participation à l’écriture de Freddy 3 : les Griffes du Cauchemar de Chuck Russell. Il décide donc de créer un nouveau tueur aux pouvoirs surnaturels qu’il pourrait décliner lui-même sous forme d’une franchise si le succès est au rendez-vous. Ainsi naît Horace Pinker, dont le nom sonne un peu comme Freddy Krueger. Mais les ressemblances ne s’arrêtent pas là. Pinker est lui aussi un assassin impitoyable et sarcastique échappant à une mort certaine (la chaise électrique remplace ici l’immolation) pour continuer ses méfaits d’outre-tombe. Comme Freddy, il hante un jeune protagoniste dans ses rêves et semble indestructible. 

Le parallèle entre les deux films est d’ailleurs perceptible dès le générique de début, au cours duquel l’assassin (dont on ne voit alors que les mains) prépare son matériel au sein de son sinistre repaire, l’usine désaffectée ayant cédé le pas à un atelier de vieux téléviseurs empilés les uns sur les autres diffusant en boucle des images de drames et de catastrophes. Pour autant, Shocker n’est pas un remake des Griffes de la Nuit mais un film d’horreur particulièrement original dans lequel Mitch Pileggi (futur patron de Mulder et Scully dans X-Files) s’en donne à cœur joie dans le registre du monstre hystérique. Pinker est donc un réparateur de télévision qui sème la terreur dans la ville, massacrant une à une des familles entières sans que la police ne puisse mettre la main sur lui. Etrangement, un lien semble s’être établi entre lui et le jeune Jonathan Parker (Peter Berg), footballer vedette de son lycée qui a des visions prémonitoires de ses futurs crimes.

Clin d'œil à Hidden ?

Les idées folles jalonnent le film, comme la capacité du tueur à passer de corps en corps, ce qui nous donne droit à une séquence dans un jardin public à la limite du vaudeville où il pourchasse notre héros en devenant tour à tour un policier, un jogger, une petite fille et un ouvrier ! Le clin d’œil au Hidden de Jack Sholder semble assumé, d’autant que Sholder fut justement le premier réalisateur qui donna une suite aux Griffes de la Nuit. Au rythme d’une bande originale saturée de hard rock, Shocker s’adresse de toute évidence à un public adolescent amateur d’horreur, même si Craven semble hésiter entre plusieurs styles. Car si les meurtres en série de Pinker, particulièrement sanglants, font froid dans le dos, ses pouvoirs surnaturels et l’apparition récurrente d’une de ses victimes sous forme d’un fantôme bienveillant font presque basculer le film dans la fantasy. Quant au climax, au cours duquel Pinker et Jonathan se poursuivent sous forme d’ondes électriques à travers les programmes télévisés, il vire ouvertement au burlesque. Et comme les effets visuels – petit budget oblige – ont du mal à suivre, le dernier quart d’heure du film prend une tournure quelque peu grotesque. Le succès escompté n’étant pas au rendez-vous, Shocker restera sans suite, mais se forgera au fil des ans une réputation de film culte adulé par les fans du genre.

 

© Gilles Penso

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LE SOUS-SOL DE LA PEUR (1991)

Wes Craven invente une nouvelle légende urbaine et détournant sous un angle horrifique les codes du conte de fée

THE PEOPLE UNDER THE STAIRS

1991 – USA

Réalisé par Wes Craven

Avec Everett MacGill, Wendy Robie, A.J. Langer, Ving Rhames, Brandon Adams, Sean Whalen, Bill Cobbs

THEMA TUEURS I CANNIBALES I ENFANTS I SAGA WES CRAVEN

Pour concocter le scénario du Sous-Sol de la Peur, Wes Craven s’inspira d’un fait divers réel, comme il le fit pour Les Griffes de la Nuit et L’Emprise des Ténèbres. Il s’agissait de l’histoire véridique de cambrioleurs s’attaquant à une maison puis mis en fuite par l’arrivée des autorités. Une fois sur place, les policiers entendirent d’étranges bruits provenant de pièces fermées à clefs. Ils y découvrirent des enfants, enfermés par des parents leur interdisant rigoureusement de sortir de la maison. C’est en s’appuyant sur cette étrange histoire que Craven bâtit son intrigue. Le personnage principal du film est « Fool » ou « Tout-Fou » en VF (Brandon Adams), un jeune garçon qui, pour aider sa pauvre mère atteinte d’un cancer, se laisse convaincre de cambrioler une maison à la sinistre réputation, habitée par un couple bizarre que protège un chien féroce. Fool parvient à pénétrer la demeure sans se douter de la nuit de cauchemar qui l’attend…

D’emblée, il est clair que Wes Craven a décidé de raconter son film en revisitant les codes du conte de fées classiques sous un angle horrifique. Son héros est en effet un enfant de treize ans dont le comportement se calque sur celui du Petit Poucet et qui rencontre une petite fille prénommée Alice, tandis que « Papa » et « Maman », le couple redoutable chez qui il s’introduit, sont traités comme des ogres modernes. Le nom du molosse féroce, Prince, n’est pas non plus choisi au hasard, et sa présence peut tout à fait s’interpréter comme une version métaphorique d’un dragon. Pour renforcer davantage ce sentiment, la grande maison prend les allures d’une attraction foraine truffée de pièges, de trappes et de passages secrets.

Quand les Goonies rencontrent Massacre à la tronçonneuse

Du coup, Le Sous-Sol de la Peur ressemble presque à un mariage étrange entre Les Goonies et Massacre à la Tronçonneuse. Car la légèreté avec laquelle est parfois traitée le sujet (les monstres incarnés par Everett McGill et Wendie Robbie, transfuges de la série Twin Peaks, forcent volontairement le trait en jouant à la lisière de la caricature, tandis que Fool les affronte avec beaucoup de désinvolture) se mêle à une noirceur parfois étouffante, liée aux conditions de vie épouvantables des enfants de ce couple maudit. Nous découvrons en effet que « Papa » et « Maman » sont en quête du fils idéal. Or chacun de leur rejeton possède à leurs yeux un défaut rédhibitoire, ce qui les pousse à leur couper la langue et à les enfermer dans le sous-sol où ils se nourrissent des cadavres laissés par leurs parents. Le plus malin d’entre eux est surnommé « cafard ». Il sait se faufiler partout et aidera notre héros à ne pas se faire dévorer par les autres, à qui il est livré en pâture. Le caractère malsain de la relation de ces parents infâmes monte d’un cran lorsque nous apprenons qu’ils sont frères et sœur ! Le Sous-Sol de la Peur est certes un peu bancal et non dénué de maladresses, mais plusieurs visions saisissantes nous restent en mémoire après son visionnage, comme le père qui endosse une tenue sadomasochiste en cuir du plus curieux effet pour partir en chasse, ou la petite Alice qui fabrique des poupées à l’effigie des victimes de ses parents pour sauver leur âme. 

 

© Gilles Penso

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LE SURVIVANT (1971)

Une adaptation très libre du roman "Je suis une légende" dans laquelle Charlton Heston affronte une secte de vampires mutants

THE OMEGA MAN

1971 – USA

Réalisé par Boris Sagal 

Avec Charlton Heston, Anthony Zerbe, Rosalind Cash, Paul Koslo, Eric Laneuville, Lincoln Kilpatrick, Jill Giraldi, Anna Aries

THEMA FUTUR I VAMPIRES I MUTATIONS

Le roman de Richard Matheson « Je suis une légende » ayant déjà fait l’objet d’une fort honorable adaptation au milieu des années 60, avec Vincent Price en tête de casting, cette nouvelle version était quelque peu attendue au tournant. Pour éviter toute comparaison désavantageuse, Boris Sagal a jugé bon de changer de ton, préférant au drame noir et pesant un film d’action et d’aventure plus en accord avec le cinéma catastrophe très en vogue dans les années 70. Et pour bien marquer la différence, le rôle-titre a été attribué à Charlton Heston, dont le jeu musclé et cynique n’a pas grand-chose à voir avec l’interprétation lasse et désespérée de Vincent Price. C’est un peu comme si on essayait de comparer Arnold Schwarzenegger avec Anthony Hopkins…

Heston incarne donc le docteur Robert Neville, survivant d’une apocalyptique guerre bactériologique entre la Russie et la Chine qui s’est étendue à la planète tout entière. Son salut, il le doit à un antidote expérimental qu’il est parvenu à s’injecter après avoir échappé de peu à un crash d’hélicoptère. Désormais, dans un Los Angeles en ruines pavé de cadavres, il passe ses journées à rouler à toute allure dans les voitures les plus variées, à jouer aux échecs contre une statue qui constitue sa seule compagnie, à vider des bouteilles d’alcool et à regarder Woodstock au cinéma. Quant aux nuits, elles sont occupées à lutter contre des mutants albinos contaminés par les radiations. Armé jusqu’aux dents (de la part de Charlton Heston on n’en attendait pas moins !), Neville résiste quotidiennement à leurs assauts, tout en s’efforçant de préserver le petit confort qu’il a réussi à se constituer en plein centre-ville… 

Une confrérie religieuse retournée au moyen âge

Bien vite, Le Survivant nous fait oublier le récit de Richard Matheson et sa précédente adaptation cinématographique, non seulement par ses péripéties plus énergiques, mais aussi par les relations qui se tissent entre Neville et ses assaillants. En effet, si dans le film d’Ubaldo Ragona et Sidney Salkow (et surtout dans le roman initial) nous avions affaire à des vampires sans état d’âme au comportement proche du zombie et au dialogue limité à quelques gémissements, ici nous avons affaire à une véritable confrérie religieuse retournée au moyen âge, qui rejette toute forme de technologie et qui est menée avec fanatisme par leur chef prédicateur Matthias. Oubliant purement et simplement le matériau littéraire censé l’inspirer au cours de sa seconde moitié, le film de Sagal multiplie ainsi les rebondissements surprenants, annonçant même par moments le Zombie de George Romero et L’Invasion des Profanateurs de Philip Kaufman. La seule véritable ombre au tableau est la bande originale de Ron Grainer, auteur du célèbre thème de la série Le Prisonnier. Pour inventive qu’elle soit, sa musique pop-jazz s’avère parfaitement déplacée en pareil contexte, et dédramatise la plupart des séquences qu’elle accompagne, notamment les assauts répétés des mutants. Le final du Survivant, noir, dramatique et désenchanté comme savaient l’être bon nombre de films du début des années 70, laisse malgré tout la porte ouverte à une lueur d’espoir, à un avenir meilleur reconstruit sur les ruines du monde dévasté. 

 

© Gilles Penso

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DRACULA CONTRE FRANKENSTEIN (1969)

Une grande foire aux monstres avec Dracula et Frankenstein mais aussi un loup-garou, une momie et des extra-terrestres !

LOS MONSTRUOS DEL TERROR

1969 – ESPAGNE / ITALIE / ALLEMAGNE

Réalisé par Tulio Demichelli et Hugo Fregonese

Avec Michael Rennie, Craig Hill, Paul Naschy, Karin Dor, Patty Shepard, Helga Geissler, Angel del Pozo, Fajda Nicol

THEMA DRACULA I FRANKENSTEIN I LOUPS-GAROUS I MOMIES I VAMPIRES I EXTRA-TERRESTRES I SAGA WALDEMAR DANINSKY

Réalisé à l’initiative du comédien Paul Naschy (qui écrivit le scénario sous son vrai nom Jacinto Molina), Dracula contre Frankenstein est le second film dans lequel il incarne le loup-garou Waldemar Daninsky après Les Vampires du docteur Dracula. Officieusement, il existerait un autre film avant celui-ci, Las Noches del Hombre Lobo, mais toutes les copies ont visiblement disparu et personne ne semble s’en souvenir, donc cet épisode intermédiaire reste un mystère absolu. Tourné en seulement six jours avec des moyens ridicules, Dracula contre Frankenstein est une coproduction germano-espagnole fut commencée par le réalisateur argentin Hugo Fregonese, qui démissionna finalement en cours de route. Tulio Demichelli prit donc le relais pour terminer comme il put cet improbable métrage aux allures de patchwork. Michael Rennie, qui fut l’extra-terrestre Klaatu dans l’excellent Le Jour où la Terre s’arrêta, joue ici un alien bien moins convaincant, Odo Warnoff, lequel décide de conquérir la Terre en se servant des émotions humaines, car sa planète Ummo, est en train de mourir. 

Pour y parvenir, il décide de ranimer tous les grands monstres de la Terre et de se constituer une armée de jolies femmes, suivant un plan pas très clair que même Ed Wood aurait sans doute eu du mal à comprendre. Il réveille donc Dracula (Angel del Pozo, aux allures de play-boy latino) en enlevant le pieu fiché dans son squelette exposé dans une foire (une idée reprise sans vergogne à La Maison de Frankenstein), puis ressuscite le Loup-Garou Waldemar Daninsky (Naschy) en extrayant les balles d’argent qui ont pénétré son cœur, fait revivre la Momie avec un miroir sacré, et ranime le Monstre de Faranksalam (un patronyme bizarroïde employé pour éviter des problèmes juridiques avec Universal) grâce à l’énergie atomique. Ce dernier, incarné lui aussi par Paul Naschy et maquillé à la Boris Karloff, a une allure piteuse, un visage inexpressif et des yeux constamment fermés.

Reincarnator !

Malgré le titre français, le pseudo-monstre de Frankenstein n’affronte jamais Dracula, mais se castagne avec la Momie au cours d’une des scènes les plus distrayante d’un film par ailleurs relativement soporifique. Le vampire meurt finalement d’une épée plantée dans le cœur (il se décompose en fondus enchaînés), la momie brûle dans la roue enflammée d’un moulin, le Monstre karloffien s’écroule dans une série de crépitations, et le loup-garou est tué d’une balle d’argent par une femme tombée amoureuse de lui, qui trépasse à ses côtés alors qu’il redevient humain… Encore une scène allègrement photocopiée sur le scénario de La Maison de Frankenstein, et déjà présente par ailleurs dans Les Vampires du docteur Dracula ! Il faut avouer que Naschy n’a jamais caché son admiration sans borne pour les Universal Monsters de la belle époque. Michael Rennie aurait sans doute mérité un meilleur testament que Dracula contre Frankenstein. Ce fut pourtant son dernier film, le charismatique comédien s’éteignant hélas l’année suivante. Les distributeurs vidéo français, ne reculant devant rien, décidèrent de rebaptiser le film Réincarnator au milieu des années 80.

© Gilles Penso

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HORSEHEAD (2014)

Pour son premier long-métrage, Romain Basset construit une atmosphère onirique troublante et cauchemardesque

HORSEHEAD

2014 – FRANCE

Réalisé par Romain Basset

Avec Lilly-Fleur Pointeaux, Catriona MacColl, Murray Head, Philippe Nahon

THEMA RÊVES

Après trois ans d’absence, Jessica revient au domicile familial pour assister aux funérailles de sa grand-mère Rose. La tension entre la jeune fille et sa mère est palpable, cette dernière ne s’en étant jamais vraiment occupé. Heureusement pour Jessica, elle trouve une oreille attentive auprès de son beau-père. Une attention qu’elle apprécie car depuis son plus jeune âge, elle est en proie à de violents cauchemars dans lesquels elle voit un curieux homme-cheval qui perturbe fortement ses nuits… Premier long métrage de Romain Basset (initialement intitulé Fièvre), Horsehead risque fort de déconcerter et de diviser les spectateurs. Le film n’est en effet pas un divertissement pop-corn et demandera un réel effort d’attention et surtout une participation émotionnelle et une immersion totale dans son univers. Horsehead prend en effet les allures d’un cauchemar en forme de puzzle mystérieux, plongeant son héroïne dans un univers effrayant, onirique, fantasmatique, gore et érotique.

Les rêves peuvent être mortels, on le sait depuis 1984 et Les Griffes de la Nuit de Wes Craven. Romain Basset nous le confirme à nouveau avec Horsehead et malmène la ravissante Lilly-Fleur Pointeaux, jeune actrice de 26 ans qui s’en sort haut la main et parvient à donner une vraie sensibilité à son personnage torturé par des visions récurrentes et particulièrement tétanisantes, qui sont remplies de symboles, tels le loup ou cet extraordinaire homme-cheval, véritable œuvre d’art à lui tout seul. On s’en doute, les cauchemars de Jessica, tout comme ceux de Nancy dans le film de Craven, ne sont pas là uniquement pour parsemer le film de séquences fantastiques et chocs (et elles le sont !) mais également pour participer au développement de l’histoire et sont autant de pièces à assembler pour la jeune fille, tout comme pour le spectateur qui tente lui aussi de comprendre et de faire la lumière sur ce qu’on devine être un secret de famille inavouable.

Un secret inavouable

Horsehead, de par son ambiance savamment travaillée, de par sa mise en scène brillante, de par sa splendide photographie, de par sa modernité également, nous plonge donc dans une sorte de conte gothique dont on veut connaître tous les aboutissants. Si, comme moi, vous vous faites happer par l’histoire, le film deviendra totalement hypnotique et vous n’arriverez pas à décoller votre rétine des splendides images qui défilent sur l’écran. Effectivement, tout n’est pas simple à suivre et on a souvent l’impression d’être un peu largué, de perdre ses repères. Par certains aspects, Horsehead m’a fait penser au Inferno de Dario Argento : les deux films ont en commun d’être énigmatiques, fascinants, d’une beauté picturale totale, mais aussi assez hermétiques et difficiles d’accès. Le casting est vraiment bon, on prend plaisir à retrouver Catriona MacColl en mère pas franchement exemplaire mais aussi Philippe Nahon ou le chanteur Murray Head. Plus l’intrigue avance, plus Romain Basset dévoile les mystères entourant cette famille brisée et se laisse aller à exploiter des thèmes certes déjà traités, comme le carcan que représente une éducation religieuse stricte par exemple, mais il le fait de manière intelligente et ce, notamment, à travers la figure du « Cardinal ». Les scènes de cauchemars bénéficient d’un soin tout bonnement prodigieux pour ce genre de film indépendant (et français !) et on félicitera David Scherer, Jacques-Olivier Molon, Adrien Pennequin et les équipes des effets spéciaux et de maquillage pour leur travail remarquable et qui participe amplement à offrir à Horsehead un splendide écrin pour pouvoir créer son ambiance à la fois fantasmagorique et envoûtante. N’oublions pas la musique de Benjamin Shielden, qui sert à merveille le film. A l’instar de The Lords of Salem de Rob Zombie en 2012, Horsehead est pour ma part l’une des plus intéressantes propositions du cinéma fantastique vues depuis longtemps. Laissez-vous aller, laissez-vous bercer et tentez cette expérience atypique et loin du préfabriqué qu’on nous sert à longueur de temps en ce moment…

 

© Stéphane Erbisti

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