ANT-MAN (2015)

Le plus petit des Avengers se lance dans une aventure à mi-chemin entre Mission Impossible et L'Homme qui rétrécit

ANT-MAN

2015 – USA

Réalisé par Peyton Reed

Avec Paul Rudd, Michael Douglas, Evangeline Lilly, Corey Stoll, Hayley Atwell, Michael Peña, Bobby Carnavale 

THEMA SUPER-HEROS I NAINS ET GEANTS I SAGA AVENGERS I MARVEL

Distribué en salles trois mois après un Avengers : l’ère d’Ultron un peu indigeste marquant l’essoufflement du système Marvel, médiatisé par le départ de son réalisateur Edgar Wright pour cause de « différends artistiques » avec la production, Ant-Man ne partait pas gagnant. Sa réussite n’en est que plus remarquable. S’éloignant sciemment du schéma héroïque des Avengers, le cinéaste Peyton Reed nous dépeint un homme ordinaire et sans envergure dont le seul titre de gloire est sa capacité à cambrioler son prochain. Tout juste sorti de prison, incapable de s’occuper de sa famille, colocataire d’une poignée de malfaiteurs minables aux ambitions étriquées, Scott Lang (Paul Rudd) n’a pas vraiment l’étoffe d’un héros.

Le décalage entre sa situation précaire et sa destinée hors du commun est le moteur principal d’Ant-Man, qui permet non seulement d’appréhender cette histoire de costume rétrécissant avec un certain second degré mais aussi de trouver auprès de cet anti-héros un terrain d’identification idéal. Bardé de défauts et de faiblesses, Scott Lang est l’archétype du protagoniste cher à Stan Lee et nous évoque souvent Peter Parker, même si les deux personnages diffèrent par bien des aspects. Ainsi, alors que l’homme-araignée est un être solitaire, l’homme-fourmi travaille au sein d’une équipe menée par le scientifique Hank Pym, qui porta le costume avant lui et qui agit à ses côtés comme un mentor. Dans le rôle de cet aîné parfois dépité par le manque de maturité de son élève, Michael Douglas excelle. Sa fille Hope, interprétée par Evangeline Lilly, constitue l’autre pilier de cette équipe hors norme à laquelle s’adjoignent trois malfrats à la petite semaine.

Espionnage, comédie et science-fiction

Si les enjeux narratifs d’Ant-Man visent une fois de plus la préservation du monde libre, ses péripéties restent ancrées sur terre, d’autant que l’aventure prend vite les allures d’un « film de casse » à l’ancienne, en une sorte de mariage surprenant entre L’homme qui rétrécit et Mission impossible (la bande originale de Christophe Beck rendant régulièrement hommage à Lalo Schifrin). Le parti pris d’une intrigue plus proche de l’espionnage que de la science-fiction n’empêche nullement Ant-Man de se déchaîner en matière d’effets spéciaux, et ce dès le pré-générique, où Michael Douglas redevient quadragénaire par l’entremise d’un rajeunissement numérique incroyablement réaliste. Confiés à une dizaine de compagnies, les effets visuels permettent de donner corps aux multiples miniaturisations de Scott ou aux armadas de fourmis l’accompagnant dans ses missions. Certes, l’affrontement final d’Ant-Man avec une sorte de double monstrueux obéit à un lieu commun déjà présent dans Iron Man et L’Incroyable Hulk, mais une fois de plus Peyton Reed désamorce la séquence par un humour omniprésent, la situant au beau milieu d’un train électrique lancé à vive allure digne d’une aventure de Wallace et Gromit. Garni de morceaux d’anthologie et d’idées de mise en scène réjouissantes (les flash-back racontés en play-back par Michael Peña), Ant-Man est un spectacle délectable à l’issue duquel l’univers de Scott Lang finit par croiser celui des Avengers, prélude à un Captain America : Civil War très attendu.

 

© Gilles Penso

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LE BAL DES VAMPIRES (1967)

Entre deux œuvres tourmentées, Roman Polanski s'offre un éclat de rire en parodiant les films d'épouvante gothique de l'époque

THE FEARLESS VAMPIRE KILLERS / DANCE OF THE VAMPIRES

1967 – GB / USA

Réalisé par Roman Polanski

Avec Roman Polanski, Sharon Tate, Jack MacGowran, Alfie Bass, Jessie Robbins, Ferdy Mayne, Iain Quarrier, Terry Downes

THEMA VAMPIRES

Le Bal des Vampires ressemble à un OVNI au milieu de la filmographie de Roman Polanski, et l’on pouvait légitimement se demander, à l’époque, ce que cette farce débridée venait bien faire entre Cul de Sac et Rosemary’s Baby. L’explication est pourtant simple : le réalisateur avait envie de se détendre et de s’offrir quelques éclats de rire entre deux œuvres tourmentées. Sans doute est-ce l’une des raisons qui l’on poussées à tenir lui-même le rôle du clown, autrement dit Alfred, assistant maladroit d’un vieux chasseur de vampires nommé Abronsius (Jack MacGowran). Tous deux débarquent dans une auberge d’Europe Centrale, au milieu du 19ème siècle, afin de mettre la main sur le redoutable compte Von Krolock (Ferdy Mayne). Ils apprennent bien vite que tout le village a la morsure facile.

Flanqué de son fidèle scénariste Gérard Brach, Polanski s’essaie ainsi à l’exercice de la comédie fantastique sans chercher particulièrement à pasticher les grands classiques, même si l’ombre des productions Hammer plane inévitablement sur le film, notamment Le Baiser du Vampire de Don Sharp duquel provient l’idée du grand bal. Si l’hilarité n’est pas toujours au rendez-vous et si le rythme s’essouffle par moments, Le Bal des Vampires est une œuvre sincère et éminemment rafraîchissante, sans doute parce que Polanski refuse de dépeindre ses vampires comme de simples monstres définis uniquement par leur voracité et leur soif d’hémoglobine.

« Pourquoi un Juif craindrait-il la croix ? »

Se prenant d’affection pour eux, il crée au sein même de leur caste des minorités et en tire des gags surprenants. Notamment un vampire blond homosexuel (visiblement inspiré par le comte Meinster des Maîtresses de Dracula), fils efféminé de Krolock, qui courtise le malheureux Alfred au cours d’une séquence mémorable empreinte de slapstick, ou un vampire juif insensible à la présence du crucifix. Cet effet comique inattendu nous renvoie directement à Richard Matheson qui, dans « Je suis une légende », posait pragmatiquement la question : « pourquoi un Juif craindrait-il la croix ? » Mais le gag le plus réussi du film est peut-être celui du miroir dans lequel, parmi tous les invités du bal, se reflètent uniquement les trois héros, lesquels espéraient passer inaperçus dans la foule. Le cinéaste s’amuse ainsi à détourner une fois de plus les codes habituels du genre, le miroir ne servant pas ici à démasquer les vampires mais à repérer les humains. Même le dénouement se soustrait aux clichés habituels pour contourner le happy end traditionnel. Paré d’un casting idéal (dont la délicieuse Sharon Tate, à laquelle Polanski préférait initialement Jill St John, et qui hélas allait périr assassinée deux ans plus tard), Le Bal des Vampires se bonifie en vieillissant, tirant une partie de son charme d’un humour parfois amer et désenchanté, loin des parodies millimétrées d’un Mel Brooks ou d’un Jerry Lewis. Précisions que le titre original complet du film, digne des Monty Pythons, est The Fearless Vampire Killers or Pardon Me, But Your Teeth Are In My Neck, autrement dit « Les tueurs de vampires sans peur, ou excusez-moi mais vos dents sont dans mon cou » !

 

© Gilles Penso

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DOCTEUR JERRY ET MISTER LOVE (1963)

Jerry Lewis brosse une savoureuse parodie du mythe de Jekyll et Hyde en inversant les attributs physiques du bon docteur et de son redoutable alter-geo

THE NUTTY PROFESSOR

1963 – USA

Réalisé par Jerry Lewis

Avec Jerry Lewis, Stella Stevens, Del Moore, Kathleen Freeman, Med Flory, Norman Alden, Howard Morris, Elvia Allman 

THEMA JEKYLL ET HYDE

Comme dans Les Deux visages du docteur Jekyll, Jerry Lewis a inversé le concept de base de la nouvelle de Robert Louis Stevenson dont il s’inspire et de la plupart de ses adaptations cinématographiques. En effet, cette fois ci le docteur est laid et maladroit, et son alter ego s’avère jeune et séduisant. Et Jerry Lewis d’exhiber ici toute la latitude de son talent, tour à tour affreux rat de bibliothèque aux dents proéminentes et au regard torve, et bel hidalgo au cheveu gominé et au charisme indéniable. Le maquillage de Wally Westmore aide un peu, mais c’est surtout le jeu de l’acteur/réalisateur qui fait toute la subtilité de cette métamorphose. La première séquence de transformation sacrifie tout de même aux canons du cinéma d’épouvante, avec force gesticulations du scientifique, et même apparition furtive d’un faciès bestial et d’une main recouverte de poils. Une séquence surprenante par son inspiration horrifique au beau milieu d’une comédie aussi légère.

Timide et introverti, affublé d’un nœud papillon d’un autre âge et d’une paire de lunettes bancale, le professeur de chimie Julius Kelp décide d’inventer cette potion le jour où un joueur de football l’humilie publiquement dans le lycée où il exerce, l’enfermant dans une armoire de sa classe. Pathétique aux yeux de ses élèves, et surtout de la jolie Stella Purdy (Stella Stevens) dont les charmes ne le rendent guère insensible, notre savant trouve le moyen d’annihiler toutes ses inhibitions grâce à son double Buddy Love. Petit problème : les effets du produit miracle ne durent que quelques instants, obligeant le séducteur à s’éclipser souvent en pleine conversation, sous peine de retrouver ses traits initiaux. D’où un certain nombre de situations comiques savoureuses. Jusqu’à cet inoubliable dénouement où le beau Buddy redevient progressivement le timide et bégayant docteur Julius Kelp, sous l’œil médusé des naïves donzelles charmées jusqu’alors par sa gouaille inimitable. 

Un petit air de Dean Martin

Nombreux sont ceux qui ont vu dans le personnage de Buddy Love une caricature de Dean Martin, partenaire de longue date de Jerry Lewis dans une quinzaine de films où chacun restait sagement confiné dans un rôle taillé sur mesure, respectivement le tombeur de ces dames et le clown empoté. Le duo se sépara en 1956, après une dispute fort médiatisée, mais Jerry Lewis n’avoua jamais s’être inspiré de son ex-compagnon d’affiche pour Docteur Jerry et Mister Love. Influence subconsciente ou déni embarrassé ? Qu’importe après tout. Ce qui prime, c’est que nous avons affaire là à l’un des pastiches du cinéma fantastique les plus réussis qu’on ait vu de mémoire de cinéphile, aux côtés du Frankenstein Junior de Mel Brooks. Pour y parvenir, Jerry Lewis n’a pas hésité à mouiller sa chemise, cumulant les postes de scénariste (avec Bill Richmond), de producteur, de réalisateur et d’interprète principal (il incarne même le bébé Kelp le temps d’une scène burlesque). Les spectateurs les plus attentifs remarqueront, au milieu des figurants incarnant des bodybuilders dans l’hilarante séquence où Kelp s’essaie au culturisme, la massive silhouette de Richard Kiel, futur « Requin » de L’Espion qui m’aimait et Moonraker.

 

© Gilles Penso

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LES OISEAUX 2 (1994)

Une séquelle du chef d'œuvre d'Alfred Hitchcock tellement pas assumable que le réalisateur se cache derrière un pseudonyme

THE BIRDS 2 : LAND’S END

1994 – USA

Réalisé par Alan Smithee (alias Rick Rosenthal)

Avec Brad Johnson, Chelsea Field, James Naughton, Jan Rubes, Tippi Hedren, Stephanie Milford, Megan Gallacher, Richard Olsen

THEMA REPTILES ET VOLATILES

Les Oiseaux 2 : le titre de ce téléfilm résume à lui seul l’aberration de son concept. Où diable peut bien résider l’intérêt d’une suite du chef d’œuvre animalier d’Alfred Hitchcock quelque trente ans plus tard ? Certes, Les Oiseaux laissait la menace en suspens au cours de sa mémorable séquence finale, mais c’était justement toute la force de cette fin ouverte, qu’une suite aurait fatalement amenuisée. D’ailleurs, Les Oiseaux 2 ne se hasarde pas sur une tentative de séquelle directe, puisqu’il n’entretient finalement que peu de rapport avec son modèle. L’intrigue ne se situe pas sur Bodega Bay mais sur une toute autre île du nom de Gull Island, et les personnages n’ont aucun lien avec ceux d’Hitchcock, y compris Tippi Hedren qui campe une commerçante sans rapport avec la Melanie Daniels qu’elle incarnait en 1963. A mi-chemin entre le remake (les crédits du générique prétextent une nouvelle adaptation de la nouvelle de Daphné du Maurier) et la suite (un personnage fait référence aux événements survenus trente ans plus tôt à Bodega Bay), Les Oiseaux 2 ne sait visiblement pas sur quel pied danser. 

Les protagonistes sont ici Ted Hocken (Brad Johnson, tête d’affiche de Always de Steven Spielberg), un père de famille professeur de biologie venu s’isoler pour rédiger une thèse, son épouse May (Chelsea Field) décrochant un petit boulot auprès d’un photographe local qui la drague lourdement, et leurs deux fillettes qui batifolent alentour en compagnie de leur bon gros chien baptisé Scout. Tout ceci est d’un ennui mortel, et si ce n’étaient quelques timides attaques de volatiles chichement parsemées au fil du récit, on se croirait dans n’importe quel téléfilm dramatico-sentimentalo-soporifique du dimanche après-midi, programmé entre un soap opéra et un jeu télévisé pour ménagères de moins de cinquante ans. 

Le retour de l'angoisse !

Les spectateurs les plus courageux verront tout de même leur admirable patience récompensée par une scène de panique finale assez gratinée, au cours de laquelle mouettes, goélands et corbeaux s’en prennent méchamment à la population, déchirant les chairs à coup de bec, provoquant jets de sang et explosions à répétition, et détruisant tout sur leur passage. La violence de l’attaque surprend, tant la mièvrerie s’était emparée du reste du récit, et les effets spéciaux mi-numériques mi-mécaniques sont tout à fait honorables. Mais une seule scène ne compense pas l’insipidité de 90 minutes de métrage, et l’ombre immense d’Hitchcock empêche ce petit film mal fichu de décoller. Le final nous montre la nuée des volatiles agressifs se diriger vers le continent, prélude à une invasion à plus grande échelle. Mais pitié, épargnez-nous Les Oiseaux 3 ! D’ailleurs, le cinéaste Rick Rosenthal (réalisateur du très réussi Halloween 2 faisant directement suite à La Nuit des Masques de John Carpenter), eut tellement honte de son « œuvre » qu’il emprunta le fameux pseudonyme hollywoodien « Alan Smithee » pour la signer. Précisons enfin que les distributeurs québécois, qui ne reculent devant rien, sortirent le film sous le titre L’Attaque des Oiseaux 2 : le retour de l’angoisse !

 

© Gilles Penso

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TERMINATOR GENISYS (2015)

L'un des réalisateurs clé de la série Game of Thrones tente maladroitement de relancer la franchise créée par James Cameron

TERMINATOR GENISYS

2015 – USA

Réalisé par Alan Taylor

Avec Arnold Schwarzenegger, Jai Courtney, Jason Clarke, Emilia Clarke, Lee Byung-Hun, Matt Smith, J.K. Simmons

THEMA ROBOTS I VOYAGES DANS LE TEMPS I FUTUR I SAGA TERMINATOR

Polymorphe et quelque peu insaisissable, Terminator Genisys est le fruit contre-nature du recyclage auquel Hollywood ne cesse de se livrer avec ses franchises les plus populaires pour les adapter à un nouveau public et en tirer de juteux bénéfices. En ce sens, le film d’Alan Taylor est un véritable cas d’école, puisqu’il s’agit à la fois d’une prequel, d’une séquelle, d’un remake et d’un reboot de Terminator et Terminator 2 ! Ignorant les épisodes réalisés par Jonathan Mostow et McG, ce cinquième opus revient aux sources du mythe créé par James Cameron. Si les premières minutes du film nous racontent, dans le futur, les événements qui précèdent l’envoi dans les années 80 d’un Terminator pour tuer Sarah Connor puis d’un humain pour la sauver, suscitant un inévitable sentiment de déjà vu, les événements se compliquent par la suite. Car nous sommes visiblement en présence d’une année 1984 parallèle dans laquelle rien ne s’est déroulé comme prévu (on pense aux lignes du temps expliquées par Emmet Brown dans Retour vers le Futur 2, mais les points communs avec le classique de Robert Zemeckis s’arrêtent là).

Dans cet univers alternatif, Sarah Connor a été rendue orpheline à l’âge de neuf ans et élevée par un T-800 programmé pour la protéger. Lorsque Kyle Reese débarque du futur pour la sauver, il ne trouve donc pas la serveuse faible et innocente qu’il s’attendait à voir mais une guerrière armée jusqu’aux dents flanquée d’un gentil Terminator qu’elle surnomme Papy et dont les tissus humains vieillissent sur sa carcasse métallique (une astuce scénaristique visant à expliquer pourquoi Arnold Schwarzenegger n’a plus sa fraicheur d’antan). A partir de là, la prequel/séquelle se transforme quasiment en remake des deux premiers Terminator, dans la mesure où Alan Taylor et ses scénaristes s’efforcent de reconstituer la majorité des séquences d’action concoctées jadis par James Cameron, y compris le combat de Reese contre un T-800 squelettique ou le surgissement d’un T-1000 qui, à l’instar du Robert Patrick de 1991, se déguise en policier pour tenter de passer inaperçu. Même les décors des affrontements sont similaires. La comparaison avec T1 et T2 est donc inévitable, et à ce jeu là Terminator Genisys n’a évidemment aucune chance. Ici, aucune scène de combat ou de poursuite ne parvient ne serait-ce qu’à égaler celles qui précédèrent.

Papy Arnold

Il faut tout de même reconnaître que Terminator Genisys s’efforce de respecter autant que possible le matériau original et de lui rendre hommage parfois très maladroitement – les reprise des répliques « viens avec moi si tu veux vivre » ou « I’ll be back » sont puériles, la bande originale de Lorne Balfe martèle lourdement le thème créé par Brad Fiedel – mais avec une apparente sincérité. Du coup, bizarrement, ces maladresses rendraient presque touchant ce film bancal qu’on aimerait aimer malgré sa balourdise – les traits d’humour y sont navrant – et qui, avouons-le, s’apprécie avec un de ces plaisirs coupables qui incitent à l’indulgence. Il est d’ailleurs possible que Terminator Genisys soit réévalué à la hausse dans quelques années, un peu comme Terminator 3 qui, à l’époque de sa sortie, avait déchaîné une colère sans borne chez les fans du cyborg créé par James Cameron.

 

© Gilles Penso

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LE SIXIEME SENS (1986)

Une adaptation stylisée du roman de Thomas Harris, dans laquelle Hannibal Lecter (ici rebaptisé Lecktor) fait sa première apparition à l'écran

MANHUNTER

1986 – USA

Réalisé par Michael Man

Avec William Petersen, Brian Cox, Joan Allen, Kim Greist, Dennis Farina, Tom Noonan, Stephen Lang, David Seaman

THEMA TUEURS I CANNIBALES I SAGA HANNIBAL LECTER

En 1981, l’écrivain Thomas Harris publie le roman « Dragon Rouge » et provoque un petit émoi dans la communauté des amateurs de polar. Eprouvant, tendu et constellé de détails réalistes, le texte s’inspire en partie de l’expérience d’Harris, ancien journaliste spécialisé dans les affaires criminelles. Cinq ans plus tard, Michael Mann, créateur de Deux Flics à Miami et réalisateur de La Forteresse Noire, décide d’adapter le roman en y injectant sa propre sensibilité. Dès les premières minutes du Sixième Sens, tout l’univers du futur auteur de Heat et Révélations envahit l’écran cinémascope : un océan à perte de vue, une magnifique photographie bleutée de Dante Spinotti, une musique synthétique planante, des ombres chinoises qui se découpent sur un ciel épuré… Will Graham (William Petersen) est un des experts légistes les plus habiles du FBI. Doté d’un instinct exceptionnel (auquel le film doit son titre français), il a la capacité d’entrer dans la peau des tueurs pour percer à jour leurs pensées, leurs rêves, leurs fantasmes. Alors qu’il a rendu son tablier depuis trois ans suite à l’arrestation de l’assassin anthropophage Hannibal Lecktor (Brian Cox), son ancien supérieur Jack Crawford (Dennis Farina) lui demande de reprendre du service pour enquêter sur le massacre de deux familles perpétré par l’énigmatique « tueur de la pleine lune ». C’est en voyant les photos tendues par Crawford que Graham accepte.

Là, toute la subtilité de Michael Mann se fait jour. Car au lieu des clichés atroces que l’on imagine, notre héros découvre les portraits heureux de deux familles nombreuses. Force est de reconnaître que l’impact de ces images est bien plus fort que s’il s’agissait de scènes de crimes éclaboussées d’hémoglobine, puisque c’est l’imagination du spectateur qui est sollicitée. Un peu rouillé, Graham doit retrouver ce qu’il appelle « la tournure d’esprit ». Il rend donc visite à Lecktor dans sa prison, mais l’entretien s’avère éprouvant dans la mesure où le cannibale lui démontre calmement à quel point tous deux sont semblables. « Nous recevons notre nature en même temps que nos viscères, pourquoi ne pas l’accepter ? » lui dit-il sans sourciller. Le caractère policier du film est palpitant. Mais c’est son aspect « autre », frôlant l’horreur et le fantastique sans jamais s’y conformer totalement, qui fascine le plus.

La fureur du dragon rouge

En ce domaine, la prestation du tueur incarné par Tom Noonan s’avère exceptionnelle. Terrifiant, comme lorsqu’il séquestre le reporter, un bas sur la moitié du visage, invoquant la fureur du dragon rouge, il est aussi paradoxalement touchant, fragile et à fleur de peau. Michael Mann applique ainsi à merveille l’adage selon lequel les monstres les plus intéressants sont ceux qui émeuvent et suscitent de l’empathie. Cette dualité chez l’assassin trouve son écho dans la mise en scène, alternant les séquences choc (le fauteuil roulant en flammes dans le parking) et les moments magnifiquement poétiques, comme cette jeune femme aveugle (Joan Allen) caressant un tigre endormi. Le Sixième Sens mit du temps à trouver son public, mais est désormais considéré comme une œuvre d’exception à laquelle de nombreux cinéastes se réfèrent et rendent hommage.

 

© Gilles Penso

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DRAGON ROUGE (2002)

Suite au succès du Silence des Agneaux et de Hannibal, cette prequel s'imposait… Même si elle souffre de la comparaison avec la version de Michael Mann

RED DRAGON

2002 – USA

Réalisé par Brett Ratner

Avec Anthony Hopkins, Edward Norton, Ralph Fiennes, Harvey Keitel, Emily Watson, Mary-Louise Parker, Philip Seymour Hoffman 

THEMA TUEURS CANNIBALES I SAGA HANNIBAL LECTER

Le Sixième Sens de Michael Mann n’ayant connu qu’un petit succès d’estime malgré ses grandes qualités, Dino de Laurentiis décida d’en produire un remake en 2002, profitant des triomphes au box-office du Silence des Agneaux et d’Hannibal. D’où ce Dragon Rouge, censé compléter de manière cohérente la trilogie des aventures du cannibale Hannibal Lekter en donnant à nouveau la vedette à Anthony Hopkins. L’idée n’est pas plus mauvaise qu’une autre, si ce n’est que le considérable échec artistique d’Hannibal n’incitait guère à l’enthousiasme. D’autant qu’après les prestigieux Michael Mann, Jonathan Demme et Ridley Scott, la réalisation de Dragon Rouge fut confiée à Brett Ratner, dont les seuls titres de gloire furent quelques clips ainsi qu’un éléphantesque Rush Hour avec Jackie Chan et Chris Tucker.

Étrangement, Ratner ne cherche pas à se distinguer ici par l’effet de style à tout prix ou la nervosité héritée de la génération MTV. Au contraire, sa mise scène joue la carte du classicisme efficace mais sans invention, empruntant la plupart de ses idées à ses prédécesseurs. Les séquences mettant en scène le profiler du FBI Will Graham et le tueur de la pleine lune singent sans vergogne celles de Michael Mann, parfois au découpage près, tandis que les scènes d’Hannibal Lekter s’inspirent largement de celles de Jonathan Demme, imitant la direction artistique et le montage du Silence des Agneaux. Le scénario lui-même est une copie conforme de celui du Sixième Sens, à l’exception d’un prologue racontant l’arrestation d’Hannibal Lekter par Will Graham.

Un casting prestigieux ne suffit pas

Mais l’absence d’ambition artistique de ce remake se ressent surtout à travers la direction de ses acteurs. Car rarement casting aussi prestigieux aura été autant sous-exploité. Anthony Hopkins, dont chaque regard glaçait d’effroi dans Le Silence des Agneaux, se repose ici sur ses acquis avec décontraction et sans se soucier de la moindre demi-mesure. L’excellent Edward Norton s’avère bien fade dans le rôle de Will Graham, tout comme l’immense Harvey Keitel, assurant le strict minimum en interprétant le directeur du FBI Jack Crawford. Quant à Ralph Finnes, qui s’avérait terrifiant dans La Liste de Schindler, il faut avouer qu’il laisse indifférent en tueur psychopathe, malgré l’atrocité des actes que l’on attribue à son personnage. Jamais on ne retrouve ici l’intensité du jeu de Tom Noonan dans Le Sixième Sens, notamment au cours de son éprouvante confrontation avec l’infortuné journaliste. Cet état de fait s’applique aussi aux personnages féminins, plus en retrait, notamment Mary-Louise Parker qui joue l’épouse de Graham et Emily Watson en jeune aveugle qui se laisse séduire par le tueur. Bref chacun est ici très en deçà de son immense potentiel, prouvant une fois de plus que la multiplication de têtes d’affiche ne permet aucun miracle si le réalisateur n’y met pas du sien. Après tout, aucun des acteurs du Sixième Sens n’était célèbre en 1986, et la qualité du film n’en souffrit guère. Dragon Rouge est donc l’archétype du remake inutile, propre sur lui et sans bavures, mais pâlissant considérablement à la lumière de son  magistral modèle.

 

© Gilles Penso

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WOLFCOP (2014)

50% homme, 50% loup, 100% flic : telle pourrait être la phrase d'accroche de cette variante lupine de l'inspecteur Harry

WOLFCOP

2014 – CANADA

Réalisé par Lowell Dean

Avec Leo Farard, Amy Martysio, Jonathan Cherry, Sarah Lind, Aidan Devine, Jesse Moss, Corrine Conley

THEMA LOUPS-GAROUS

Wolfcop n’est pas exactement la comédie potache que son titre laisse imaginer. Certes, le grain de folie y est constant et le sérieux n’y a pas vraiment droit de cité, mais le deuxième long-métrage du cinéaste canadien Lowell Dean nous prend par surprise en optant pour des choix inattendus et en redéfinissant à sa manière le mythe du lycanthrope. Leo Farard y incarne l’inspecteur Lou Garou (!), un policier alcoolique qui travaille à Woodheaven, une petite ville du fin fond du Canada. Cela dit, « travailler » est un bien grand mot, puisqu’il traîne bien plus souvent dans les bars que sur les scènes de crimes. Un soir où il daigne enfin délaisser le comptoir pour enquêter dans les bois sur une affaire de tapage nocturne, il trouve un homme pendu à un arbre par les pieds et une troupe de gens encapuchonnés qui lui tombent dessus. Lorsqu’il revient à lui dans son appartement, c’est pour découvrir un pentagramme gravé sur son torse. Désormais ses sens semblent surdéveloppés, ce qui permet au réalisateur toute une série de jeux habiles sur la bande sonore, les gros plans et les reports de point. La première métamorphose de Lou, qui survient dans les toilettes de son bar favori, est déjà un morceau d’anthologie. Son urine se transforme en sang et la première partie de son corps qui se transforme est son pénis – en gros plan s’il vous plaît ! Si le montage nerveux ne nous permet pas de saisir précisément chaque étape de la mutation, le changement d’homme en loup est un processus manifestement douloureux, suivant les préceptes enseignés par John Landis dans Le Loup-Garou de Londres. Sale, sanglante, la séquence se positionne à mi-chemin entre Hurlements et La Mouche

Ce n’est qu’au moment de la seconde scène de transformation que le spectateur voit enfin vraiment ce qui se passe. Deux choses nous frappent alors : la qualité des effets spéciaux de maquillage 100% live, sans le moindre recours aux effets numériques, et le parti pris de s’éloigner de l’imagerie séminale créée par Rick Baker et Rob Bottin pour se rapprocher un peu du concept de La Compagnie des Loups. Ici, l’homme ne se change pas à proprement parler en loup. C’est sa peau qui se déchire pour révéler la bête à l’intérieur de ses entrailles. Le processus s’apparente presque à une série de mues successives. De fait, Wolfcop nous offre l’une des métamorphoses les plus impressionnantes qu’on ait vues depuis celles – mythiques – des années 80.

Les super-pouvoirs du flic-garou

Toujours accro à l’alcool et aux donuts, notre « flic-garou » arbore dès lors un faciès proche du Fauve des X-Men. D’ailleurs, une fois qu’il réendosse sa tenue de policier, il se mue quasiment en super-héros et agit comme tel, faisant régner la justice grâce à ses nouvelles capacités surhumaines et relookant même sa voiture pour lui donner une allure plus bestiale, avec un logo W rouge vif sur le capot. Le film n’hésite donc pas à aller au bout de son concept dément, s’autorisant plusieurs écarts gore (le couteau dans l’œil en gros plan, le visage arraché à main nue, la décapitation à coup de griffes) et même une scène d’amour à la limite de la zoophilie ! Tant d’excès ne pouvaient rester sans suite. La sortie de Wolfcop 2 nous est donc annoncée dès le générique de fin, et sera effectivement distribuée deux ans plus tard.

© Gilles Penso

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HANNIBAL LECTER : LES ORIGINES DU MAL (2007)

Gaspar Ulliel campe un Hannibal Lecter jeune et nous montre la lente descente aux enfers qui mue un homme en monstre

HANNIBAL RISING

2007 – USA / GB / FRANCE

Réalisé par Peter Webber

Avec Gaspard Ulliel, Gong Li, Dominic West, Rhys Ifans, Richard Brake, Kevin McKidd, Helena Lia Tachovska, Aaron Thomas

THEMA TUEURS I CANNIBALES I SAGA HANNIBAL LECTER

Comment devient-on un monstre ? Où le mal prend-il sa racine ? Quels traumatismes peuvent-ils transformer un enfant en bête sauvage ? Telles sont les questions passionnantes soulevées par Hannibal Lecter : les origines du mal. Adaptant avec panache le dernier roman de Thomas Harris, le film de Peter Webber (La Jeune Fille à la Perle) relance ainsi une franchise en perte de vitesse après les épisodes peu concluants signés Ridley Scott et Brett Ratner. Les agents du F.B.I, les cellules capitonnées et les psychiatres disparaissent ici au profit d’un drame prenant sa source dans les affres de la deuxième guerre mondiale. A peine âgé de dix ans, Hannibal assiste à maintes atrocités dans le château où les Lecter ont trouvé refuge sur le front Est. Après la mort violente de tous les membres de sa famille, notre jeune garçon, recueilli dans un orphelinat, n’a bientôt plus qu’une idée en tête : retrouver ceux qui ont sauvagement assassiné sa petite sœur Mischka et leur faire passer l’arme à gauche. Fuyant l’austère institution, il trouve refuge en France auprès de la veuve japonaise de son oncle et s’initie avec elle au code d’honneur des samouraïs. Après un premier meurtre, Hannibal entame des études de médecine à Paris et commence parallèlement sa sanglante croisade.

Le choix de Gaspard Ulliel pour camper Anthony Hopkins dans ses années adolescentes peut surprendre, dans la mesure où ce comédien français de 22 ans avait jusqu’alors incarné des héros positifs et populaires, comme en témoignent Un Long Dimanche de Fiançailles et Jacquou le Croquant. Mais cette idée de casting s’avère finalement être un véritable coup de génie, car sous ses traits avenants surgissent furtivement un regard fou, un sourire carnassier, un froncement de sourcil bestial… Sans caricature ni outrance, le jeune Hannibal bascule ainsi dans la folie meurtrière. Et le drame humain de virer du même coup à l’horreur. Evacuant tout manichéisme trop explicite, Hannibal Lecter : les origines du mal démontre qu’une inévitable porosité existe entre le bien et le mal. Qui donc est le héros de ce récit tourmenté ? Hannibal, victime des horreurs de la guerre se muant en bourreau impitoyable ? Lady Murasaki (magnifique Gong Li), sa tante protectrice qui le soutiendra jusqu’au bout, même lorsqu’elle lui demandera avec désarroi : « que reste-t-il chez toi à aimer » ? L’inspecteur de police compatissant (Dominic West) qui cherche à empêcher Hannibal de commettre l’irréparable ?

Une œuvre complexe qui peut s'apprécier de manière autonome

En proposant plusieurs pôles d’identification, le film de Peter Webber perturbe insidieusement son spectateur, retrouvant du même coup l’ambiguïté qui seyait si bien au Sixième Sens et au Silence des Agneaux. Webber assume d’ailleurs pleinement le statut de prequel de son film sans pour autant chercher à imiter les œuvres qui le précédèrent, ce qui lui permet même de s’apprécier de manière autonome, sans la moindre nécessité de connaître les autres épisodes de la saga Lecter. Indiscutablement, cette œuvre complexe témoigne d’un véritable supplément d’âme, portée de surcroît par une photographie somptueuse de Ben Davis (Layer Cake) et une partition de toute beauté signée Ilan Eshkeri (L’Anneau Sacré) et Shigeru Umebayashi (2046).

 

Gilles Penso

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HANNIBAL (2001)

Anthony Hopkins revient jouer les cannibales mais Jodie Foster laisse son badge du FBI à Julianne Moore

HANNIBAL

2001 – USA / GB

Réalisé par Ridley Scott

Avec Anthony Hopkins, Julianne Moore, Giancarlo Giannini, Gary Oldman, Ray Liotta, Frankie Faison, Francesca Neri

THEMA TUEURS I CANNIBALES I SAGA HANNIBAL LECTER

Après trois remarquables escapades dans le monde de l’imaginaire (Alien, Blade Runner et Legend), Ridley Scott décidait d’adapter ses dons d’esthète à des univers plus réalistes et plus contemporains : le thriller (Traquée, Black Rain), le road movie (Thelma et Louise), l’aventure initiatique (Lame de fond), le film de guerre (A armes égales) et le film d’époque (1492 : Christophe Colomb, Gladiator). Après cet enchaînement de défis colossaux, Ridley Scott se prépare à un autre challenge de taille : prendre la succession de Michael Mann et Jonathan Demme pour réaliser Hannibal, séquelle de deux thrillers horrifiques remarquables, Le Sixième sens et Le Silence des agneaux. Il aborde ainsi sous un angle nouveau deux genres qui lui sont déjà familiers, le film policier et le film d’horreur. S’essayant pour la première fois de sa carrière à l’exercice de la séquelle, Ridley Scott réinterprète donc à sa manière le mythe d’Hannibal Lecter créé par le romancier Thomas Harris. Lâché dans la nature à la fin du Silence des agneaux, l’incorrigible psychiatre anthropophage s’est réfugié à Florence, où il a pris l’identité d’un professeur d’arts plastiques. Repéré par la police, il laisse quelques victimes ensanglantées sur son sillage et retourne en Amérique. Là, il est menacé par Mason Verger, une de ses anciennes victimes dont le visage est horriblement défiguré. Condamné à une assistance respiratoire et ivre de vengeance, Verger entend bien faire sortir Lecter de son repaire en utilisant comme appât l’agent du FBI Clarice Starling. Cette dernière vient de mener une désastreuse opération visant à démanteler un trafic de drogue. Désormais prise entre les feux de médias envahissants et d’un collègue qui tente de la disgracier aux yeux de ses autorités, elle va donc croiser à nouveau le chemin du tueur cannibale qui semble éprouver pour elle des sentiments complexes et contradictoires.

 

Jodie Foster n’appréciant guère le scénario d’Hannibal, tiré d’un roman controversé de Thomas Harris, c’est la non moins talentueuse Julianne Moore qui lui succède sans complexes dans le rôle de Clarice Starling. Ce changement de visage n’est pas particulièrement problématique, dans la mesure où la vedette ici est Anthony Hopkins, comme le titre l’indique assez explicitement. Et celui-ci, après avoir un temps envisagé lui aussi de ne pas participer à cette séquelle, reprend visiblement avec une certaine bonne humeur le rôle du célèbre cannibale, cabotinant même comme pour mieux hisser son personnage au rang d’icône du cinéma de genre, là où nous étions en droit d’espérer une prestation plus subtile.

Beaucoup de bruit et de sang pour pas grand-chose

Certes, le scénario de ce troisième opus peine parfois à assembler de manière cohérente trois intrigues et trois protagonistes distincts. Ainsi, les méfaits vengeurs d’Hannibal Lecter, les enquêtes de Clarice Starling et les machinations diaboliques de Mason Verger (Gary Oldman défiguré par un maquillage incroyable qui provoque un sentiment de malaise à chacune de ses apparitions) s’entremêlent confusément. Mais la virtuosité imparable de Ridley Scott, les effets spéciaux cosmétiques impressionnants de Greg Cannom et de nombreuses séquences d’épouvante extrêmes ne cessent d’éprouver les nerfs des spectateurs, lesquels ressortent du film K.O. après tant de bruit, de sang, de cris et d’horreur. Mais une certaine vacuité se dégage in fine de cette accumulation de morceaux de bravoure. On sera donc tenté de préférer largement l’angoisse sourde et latente des films de Michael Mann et Jonathan Demme aux chocs immédiats élaborés par Ridley Scott.

 

© Gilles Penso

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