BODY TRASH (1993)

Le réalisateur australien Philip Brophy utilise un scénario prétexte pour faire fondre la majorité de son casting à grand renfort d'effets ultra-gore !

BODY MELT

1993 – AUSTRALIE

Réalisé par Philip Brophy

Avec Gerard Kennedy, Andrew Daddo, Ian Smith, Regina Gaigalas, Vincent Gil, Neil Foley, Anthea Davis, Matthew Newton 

THEMA MUTATIONS

En 1992, la Nouvelle-Zélande dépassait toutes les limites établies en matière de cinéma gore via Braindead de Peter Jackson. Un an plus tard, l’Australie contre-attaque avec ce Body Trash de Philip Brophy qui s’efforce d’aller encore plus loin dans le mauvais goût et l’outrance. Le prétexte scénaristique est des plus ténus. Il concerne une drogue d’un genre nouveau, conçue par la compagnie pharmaceutique Vimuville pour modifier l’organisme humain et le renforcer. Afin d’en expérimenter les effets, ses créateurs n’hésitent pas à employer comme cobayes involontaires les habitants de la paisible bourgade de Pebbles Court, à Homesville. Les premiers effets de cette vitamine d’un nouveau genre sont hallucinatoires. Un homme d’affaires est ainsi hanté par la vision d’une jeune femme partiellement défigurée qui apparaît et disparaît régulièrement, puis revient le visiter en pleine nuit sous forme d’une séduisante sorcière qui collectionne les cotes et lui en arrache donc une à mains nues ! La seconde phase est d’ordre glandulaire. Les victimes sont donc secouées de spasmes inquiétants, prélude à des effets indésirables beaucoup plus préoccupants. C’est notamment le cas d’un homme dont la morve abondante est animée d’une vie propre, ou d’un jeune marié soudain attaqué par le placenta de sa femme enceinte ! Mais tout ça n’est rien à côté de la phase ultime, qui doit au film son titre original : Body Melt, autrement dit la « dissolution du corps ».

Là, tous les délires sont permis, via des effets de maquillage hallucinants signés Bob McCarron, déjà à l’œuvre sur les zombies de Braindead, et marchant ouvertement sur la trace des extravagances cosmétiques conçues par Screaming Mad George pour Society. Nous avons ainsi droit, en vrac, à un homme dont la gorge s’ouvre pour libérer des cordes vocales très agressives, un autre dont les yeux s’exorbitent tandis que sa bouche se déchire, une femme étouffée par sa propre langue qui prend des proportions alarmantes, ou encore le pensionnaire d’un commissariat de police dont les jets de vomi dépassent de loin ceux de Linda Blair dans L’Exorciste avant qu’il n’explose littéralement à la manière de l’obèse glouton du Sens de la Vie. Même Shaan, créatrice de la vitamine survoltée, voit son invention se retourner contre elle, sa tête finissant par fondre comme une bougie de cire.

Tous les excès sont permis

Comme si tout ça ne suffisait pas, Philip Brophy en rajoute dans les séquences gore annexes à la trame principale, avec une famille de pompistes dégénérée qu’on croirait échappée de Massacre à la Tronçonneuse et qui tue les kangourous pour en dévorer les glandes surrénales, ou avec ce garçon dont la tête éclate après une chute en skate-board. Tous ces excès seraient réjouissants si Brophy les contrebalançait par l’humour cartoonesque qui caractérisait les premiers films de Peter Jackson, ou s’il en profitait pour brosser une satire acerbe du milieu pharmaceutique et médical. Hélas, Body Trash s’avère n’être qu’un défouloir futile dont la seule véritable ambition est d’accumuler les séquences dégoulinantes au rythme d’une musique techno métronomique signée par le réalisateur lui-même.

© Gilles Penso

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MAXIMUM OVERDRIVE (1986)

Stephen King réalise son premier film d'après une de ses nouvelles et, face au résultat, ne retentera plus jamais l'expérience

MAXIMUM OVERDRIVE

1986 – USA

Réalisé par Stephen King

Avec Emilio Estevez, Pat Hingle, Laura Harrington, Yeardley Smith, John Short, Ellen McElduff, J.C. Quinn, Christopher Murney 

THEMA OBJETS VIVANTS I SAGA STEPHEN KING

Gonflé à bloc par le colossal succès de ses romans et de leurs adaptations cinématographiques, Stephen King a décidé au milieu des années 80 d’essayer lui-même le fauteuil du réalisateur à l’occasion de ce Maximum Overdrive adaptant une de ses nouvelles, « Trucks », et recyclant une des thématiques clefs de Christine : l’objet vivant et maléfique. Au cours du générique, un carton nous annonce que la Terre va entrer pendant une semaine dans la queue de la comète Rhea-M. Ce phénomène n’aurait d’intérêt qu’aux yeux des astronomes s’il n’entraînait pas d’inquiétants effets secondaires. Toutes les machines deviennent en effet autonomes. Animées d’une vie propre, elles développent une agressivité croissante et s’en prennent soudain aux humains. La première partie du film, très récréative, s’attache ainsi à illustrer le phénomène via une série d’attaques variées. Un distributeur de billets insulte son utilisateur (interprété par King en personne), un pont au-dessus d’un fleuve s’ouvre et provoque un gigantesque carambolage, une pompe à essence aveugle un pompiste, un couteau électrique entaille la main d’une serveuse, un distributeur de cannettes et un rouleau compresseur sèment la panique sur un terrain de football.

Puis ce sont une série de poids-lourds qui se mettent à écrabouiller les voitures et écraser les gens (en particulier un impressionnant semi-remorque arborant une gigantesque tête de Bouffon Vert sur son capot). D’où une inévitable imitation de Duel au moment où l’un des camions course la voiture d’un jeune couple marié. L’intrigue se resserre alors sur un relais routier de la petite ville de Willmington, en Caroline du Nord, le Dixie Boy, où travaille notamment le repris de justice Bill Robinson (Emilio Estevez, seul visage familier d’un casting plutôt fadasse). Maximum Overdrive bénéficie d’effets spéciaux et de cascades particulièrement réussis, qui permettent de visualiser avec beaucoup d’impact les diverses attaques mécaniques. Certaines séquences sont donc explosives à souhait, notamment cette mitrailleuse sur roulettes qui accomplit un véritable massacre au Dixie Boy, ce bulldozer qui nous joue un remake destructeur de Killdozer, ou encore ce receleur d’armes qui attaque les camions au bazooka.

Un divertissement potache

Stephen King lui-même se tire avec les honneurs de ses premiers pas derrière la caméra, révélant ici un sens manifeste du cadrage, du rythme et de la photogénie. Tout ceci serait plutôt réjouissant si l’intrigue n’était pas basique, les dialogues stupides, les situations absurdes, l’humour au ras des pâquerettes et les acteurs en totale roue libre (d’où une idylle totalement invraisemblable entre Emilio Estevez et Laura Harrington). Sans parler d’une bande originale aussi subtile qu’un bruit de marteau piqueur, que King confia au groupe ACDC dans l’espoir de séduire le public adolescent, alors cœur de cible de son œuvre. Dommage, car le scénario aurait pu véhiculer une passionnante problématique, celle de l’esclavagisme de l’homme vis-à-vis de ses machines et de son incapacité à vivre sans elles. Hélas, Maximum Overdrive ne place jamais ses ambitions au-delà d’un divertissement potache, et ce sera d’ailleurs l’unique expérience du romancier en tant que réalisateur.

 

© Gilles Penso

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UN TICKET POUR L’ESPACE (2005)

Une mission spatiale parodique portée par un casting de premier ordre mais plombée par un scénario anémique

UN TICKET POUR L’ESPACE

2005 – FRANCE

Réalisé par Eric Lartigau

Avec Kad Merad, Olivier Barroux, Guillaume Canet, Marina Foïs, André Dussolier, Pierre-François Martin Laval, Thierry Frémont 

THEMA SPACE OPERA

Eric Lartigau est un réalisateur à l’américaine, un solide technicien capable d’adapter son style et son savoir-faire aux volontés des producteurs et des scénaristes. C’est ce qu’il prouva notamment avec Mais qui a tué Pamela Rose ?, redoublant d’efforts – en vain hélas – pour dynamiser par sa mise en scène et sa direction artistique le scénario anémique de Kad et Olivier. Dans Un Ticket pour l’Espace, la donne est la même. Le script aurait tout juste été capable d’alimenter un sketch du duo comique, mais il peine sérieusement à tenir la route sur la durée d’un long métrage. Formaté pour ses vedettes comiques issues du petit écran et de la scène, Un Ticket pour l’Espace souffre ainsi du même syndrome que La Tour Montparnasse Infernale ou RRRrrr !!!. Le prologue se situe une trentaine d’années dans le futur, époque où les moutons sont devenus suffisamment intelligents pour assister les humains dans toutes sortes de taches, comme le pilotage d’hélicoptère. Puis un flash-back nous ramène à notre époque. Afin de redorer auprès de l’opinion publique son blason, terni par les crédits colossaux alloués chaque année à la recherche spatiale, le gouvernement français décide de lancer une vaste opération de communication. Le Centre Spatial Français parraine ainsi « Un Ticket pour l’Espace », un jeu à gratter qui permettra à deux civils de séjourner dans la station spatiale orbitale européenne aux côtés d’un équipage professionnel.

Le commandant Beaulieu (Olivier Barroux) est très réticent, et s’apprête à refuser de diriger la mission, malgré les insistances de son supérieur Werburger (André Dussolier), mais la présence à bord de la charmante Soizic (Marina Foïs) le fait changer d’avis. Les deux heureux élus sont Cardoux (Kad Merad), un comédien raté et mythomane, et Yonis (Guillaume Canet), un jeune homme qui a trafiqué le fichier informatique pour pouvoir intégrer l’équipe. L’opération est un immense succès, mais tout bascule lorsque Yonis prend la station en otage et menace de la faire s’écraser sur Terre si le gouvernement n’accepte pas de libérer son frère, un redoutable tueur en série… Soucieux de remplacer la parodie, moteur de leur film précédent, par un comique de situation extrême, et très envieux de s’essayer à la science-fiction, Kad et Olivier avouent s’être en partie laissés inspirer par la trame du Voyage Fantastique de Richard Fleischer, duquel ils ont emprunté l’idée du traître se faufilant dans l’équipage pour menacer le bon déroulement de la mission.

Attention au dindon géant

Certes, les décors de la station spatiale (entièrement reconstitués dans les studios de Bry sur Marne) sont somptueux, les effets spéciaux numériques sont spectaculaires à souhait (avec en prime l’apparition d’un dindon géant) et la bande originale marche sans complexes sur les traces de Jerry Goldsmith. Mais derrière ce bel emballage, Un Ticket pour l’Espace s’avère désespérément creux, ses gags ne provoquant que trop épisodiquement le rire. Le meilleur d’entre eux ? Très probablement la voix de la station spatiale, interprétée non par une actrice à la prononciation sexy et chaleureuse, comme à l’accoutumée, mais par ce bon vieux Enrico Macias, dont l’accent pied noir suscite aussitôt l’hilarité générale !

 

© Gilles Penso

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UNE NUIT EN ENFER (1995)

La fusion des univers de Quentin Tarantino et Robert Rodriguez a accouché de cette œuvre culte qui recycle l'imagerie d'un grand-nombre de films d'horreur populaires

FROM DUSK TILL DAWN

1995 – USA

Réalisé par Robert Rodriguez

Avec George Clooney, Quentin Tarantino, Harvey Keitel, Juliette Lewis, Salma Hayek, Ernest Liu, Tom Savini, Fred Williamson 

THEMA VAMPIRES

Après les triomphes respectifs de Pulp Fiction et Desperado, il était réjouissant d’apprendre la collaboration de Quentin Tarantino (au scénario) et Robert Rodriguez (derrière la caméra) à l’occasion d’un polar fantastique déjanté. Première bonne surprise : le casting, représentatif des influences et des goûts des deux hommes. On trouve ainsi en tête d’affiche George Clooney, alors couronné de succès via la série Urgences, et Tarantino lui-même, dans le rôle de deux gangsters antithétiques, les frères Seth et Richard Gecko. L’un est bourré de sang-froid et de charisme, l’autre déborde de tics nerveux et de déséquilibres psychiques.Recherchés par la police pour vol à main armée, ils prennent la fuite à travers le Texas et croisent sur leur route une famille qu’ils prennent en otage : le pasteur Jacob Fuller (Harvey Keitel), sa fille adolescente Kate (Juliette Lewis) et son fils adoptif Scott (Ernest Liu). La première moitié du film se pare de cette distribution savoureuse et d’idées visuelles amusantes, comme cette vue en coupe du coffre d’une voiture où séjourne un otage ficelé. Mais le récit ne décolle guère et ne parvient pas vraiment à éviter les lieux communs du film de gangsters mâtiné de road movie. On attend donc avec impatience que le récit bascule dans le fantastique. Mais quand il le fait au beau milieu du métrage, ô paradoxe, on en vient finalement à regretter la partie policière !

Certes, l’idée d’un bar à motards mexicain (répondant au doux nom de Titty Twister) abritant une meute de vampires d’origine aztèque dirigée par l’envoûtante Santanico Pandemonium (Salma Hayek) avait de quoi séduire. Mais passée la surprise, le jeu de massacre tourne vite en rond et s’épuise rapidement, malgré les étonnants maquillages spéciaux de KNB et quelques idées amusantes, comme les projectiles à base d’eau bénite pour se débarrasser des suceurs de sang. Il faut dire que l’originalité de cette seconde partie n’est qu’apparente, puisqu’elle emprunte la majeure partie de ses idées aux délires gores de Braindead et Zombie sans parvenir à les surpasser. « Le carnage final d’Une Nuit en Enfer est une référence à beaucoup de films d’horreur », nous avoue Robert Rodriguez. « C’est dû à l’auteur de l’histoire originale, qui est un créateur d’effets spéciaux et qui avait notamment travaillé sur Evil Dead 2. » (1)

Braindead et Zombie sont déjà passés par là

En effet, le script de Tarantino a été développé à partir d’une idée de Robert Kurtzman, pilier de l’équipe de KNB qui envisagea au début des années 90 de réaliser le film lui-même. « Par contre », reprend Rodriguez, « c’est moi qui ai eu l’idée de donner un rôle à Tom Savini, le chef maquilleur de Zombie. » (2) Celui-ci incarne Sex Machine, un chasseur de vampires hystérique gonflé à la testostérone, et il n’est pas impossible que le « Dawn » du titre original nous renvoie à celui de Dawn of the Dead. Pas vraiment capable de renouveler le film d’horreur malgré une volonté manifeste de dépasser les conventions du genre, Une Nuit en Enfer perd donc en cours de route une bonne partie de son intérêt. Il connaîtra pourtant un honorable succès, et poussera Rodriguez à en produire une séquelle et une préquelle, directement destinées au marché vidéo, ainsi qu’une série télévisée.

 

(1) et (2) Propos recueillis par votre serviteur en avril 1999. 

 

© Gilles Penso

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CABIN FEVER (2002)

Pour son premier long-métrage, Eli Roth ne prend pas beaucoup de risque en se laissant volontiers inspirer par Evil Dead

CABIN FEVER

2002 – USA

Réalisé par Eli Roth

Avec Rider Strong, Jordan Ladd, James DeBello, Cerina Vincent, Joey Kern, Giuseppe Andrews, Arie Verveen 

THEMA MUTATIONS

Premier long-métrage d’Eli Roth, Cabin Fever marche ouvertement sur les traces d’Evil Dead, dont il photocopie quasiment les prémisses, tout en clignant de l’œil sans vergogne du côté de Délivrance et de Massacre à la tronçonneuse. L’initiative serait réjouissante si l’hommage était justifié par une relecture, une modernisation ou une remise en perspective des films imités, comme le fit notamment Scream avec La Nuit des masques. Hélas, Cabin Fever se contente de plagier ses prestigieux prédécesseurs sans autre ambition apparente. Suivant scrupuleusement la voie tracée par Sam Raimi vingt ans plus tôt, cinq amis prennent donc la route pour passer le week-end dans une vieille cabane au fond des bois, quelque part en Caroline du Nord. Au beau milieu de la nuit, les joyeux drilles sont assaillis par un homme en bien piteux état, purulent, hystérique et vomissant des jets de sang. 

Paniqués, ils le chassent avec leur fusil, et le pauvre bougre part mourir quelques kilomètres plus loin, au beau milieu d’un lac voisin. Infecté par un virus redoutable dont nous ne connaitrons jamais l’origine, l’homme va peu à peu contaminer les réserves d’eau du secteur. Et sitôt que nos cinq héros auront bu l’eau qui coule dans les robinets de la cabane, ils seront infectés à leur tour. La paranoïa et l’inquiétude gagnent progressivement le petit groupe, tandis que les premiers symptômes apparaissent chez l’un d’entre eux : plaies ensanglantées, teint blafard et quasi-zombification. Comme si cette affolante mutation ne suffisait pas, nos infortunés citadins se heurtent également à des autochtones guère engageants, tout droit hérités de John Boorman et Tobe Hooper, ainsi qu’à un chien enragé venant régulièrement les harceler…

Déjà-vu et pseudo-étrangeté

Tout semble donc en place pour un shocker efficace et sanglant. Hélas, non seulement les péripéties fleurent exagérément le déjà-vu, annihilant du coup l’effet de surprise, mais en plus les cinq héros dégagent une profonde antipathie qui confine souvent à la crétinerie. Leurs dialogues sont stupides, leurs réactions improbables, leur comportement absurde, tant et si bien que leur destin, si atroce soit-il, ne nous émeut guère. Quant aux personnages secondaires, ils n’ont d’autre vocation que saupoudrer le film d’une pseudo étrangeté qui frôle souvent le grotesque. Notamment le policier qui organise des orgies, le campeur qui dort dans une grotte, et surtout le petit garçon sauvage qui mord tout ce qui passe à sa portée sans rechigner à nous faire une petite démonstration de kung-fu au ralenti, le temps d’une séquence d’une ahurissante gratuité. Restent les maquillages spéciaux de KNB, particulièrement gratinés, notamment lorsqu’il s’agit de visualiser une malheureuse jeune fille en pleine mutation, son visage partiellement rongé arborant une hideuse mâchoire squelettique. Poursuivant le mimétisme jusqu’au bout, Cabin Fever s’achève sur un épilogue grinçant directement repris à celui de La Nuit des morts-vivants, et qui ne surprendra donc que ceux qui ne sont pas familiers avec le chef d’œuvre de George Romero. Bref, le film d’Eli Roth fait un peu l’effet d’un pétard mouillé, ce qui ne l’empêcha pas d’avoir un certain impact auprès des fans de films d’horreur.

 

© Gilles Penso

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THE HOST (2006)

Roi du mélange des genres, Bong Joon-Ho ose ici fusionner la chronique sociale réaliste et le film de monstre spectaculaire

GWOEMUL

2006 – COREE DU SUD / JAPON

Réalisé par Bong Joon-Ho

Avec Song Kang-Ho, Byun Hee-Bong, Park Hae-Il, Bae Doo-Na, Ko A-Sung, Lee Dong-Ho, Lee Jae-Eung, Yoon Je-Moon 

THEMA MONSTRES MARINS

Oubliez tous les films de monstres que vous avez pu voir jusqu’à présent. The Host ne ressemble à rien de connu dans le genre. Car même si Bong Joon-Ho semble ici payer son tribut aux Dents de la Mer et à Alien, il aborde son récit sous un angle pour le moins surprenant. Le scénario de The Host puise son inspiration dans un fait divers réel survenu en février 2000 au cœur d’une base militaire américaine implantée à Seoul. Un gradé nommé McFarland ordonna à son assistant coréen de déverser contre son gré le contenu de plusieurs bouteilles de formol dans un évier, acheminant ainsi le produit toxique jusque dans la rivière Han. A partir de cet incident, Bon Joon-Ho imagine une mutation transformant un poisson en monstruosité aquatique pourvue d’une gueule démesurée, de plusieurs tentacules, d’une longue queue et d’un appétit sans limite. Mais avant de nous présenter sa créature, le cinéaste s’intéresse d’abord à la modeste famille Park. Hee-Bong, le patriarche, tient un petit snack au bord de la rivière, où il vit en compagnie de son fils aîné Gang-Du, immature et irresponsable, de sa fille Nam-Joo, championne de tir à l’arc maladroite, et de leur frère Nam-Il, diplômé au chômage comme nombre de ses compatriotes.

La tonalité est volontiers comique, voire burlesque, mais lorsque soudain surgit le monstre, semant la panique parmi les badauds au cours d’une séquence d’action absolument époustouflante, The Host vire au film d’horreur pur et dur. Et c’est justement cette rupture de style qui marque l’originalité du film. Car tout au long du métrage, qui narre les tentatives désespérées de la famille Park pour sauver la petite Hyun-Seo des griffes du redoutable mutant, Bong Joon-Ho se plaît à juxtaposer des genres à priori incompatibles, osant enchaîner une pesante séquence de suspense avec un gag loufoque ou une scène horrifique avec un moment d’émotion poignante, sans que jamais le film ne perde de sa cohérence. La musique de Lee Byeongwoo est à l’avenant, alternant des percussions agressives, des violons pathétiques et une fanfare de cirque.

Un monstre international

L’impact de The Host repose beaucoup sur la qualité de ses effets spéciaux. Conçu par le designer coréen Jang Hee-Chul, modélisé par les Néo-Zélandais de Weta Workshop (King Kong), animé en 3D par l’équipe américaine de The Orphanage (Superman Returns) ou sous forme de marionnettes animatroniques par l’atelier australien de John Cox (Peter Pan), ce monstre décidément international est criant de réalisme. Mais The Host ne se limite pas à ses trucages ou à ses effets comiques. Car sous la surface de ce très réjouissant « monster movie » se cache aussi une cinglante parabole politique et sociale, dressant un portrait peu enviable de la société coréenne et de ses institutions. Et si l’hôte du titre désigne à priori le mutant amphibie hébergeant en son organisme un curieux virus, sans doute faut-il y voir aussi la métaphore d’un pays apathique laissant s’installer sur son territoire des bases militaires américaines et déléguant quelque peu son autorité. The Host nous propose ainsi plusieurs niveaux de lecture, et ce n’est pas la moindre de ses qualités. 

 

© Gilles Penso

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L’EFFET PAPILLON (2004)

Tourmenté par d'éprouvants souvenirs d'enfance, un jeune homme se découvre le pouvoir de voyager dans le temps

THE BUTTERFLY EFFECT

2004 – USA

Réalisé par Eric Bress et J. Mackye Gruber

Avec Ashton Kutcher, Melora Walters, Amy Smart, Elden Henson, William Lee Scott, John Patrick Amedori, Irene Gorovaia 

THEMA VOYAGES DANS LE TEMPS

Écrit et réalisé par les auteurs de Destination Finale 2L’Effet Papillon part d’un postulat passionnant qui propose une nouvelle variante sur le thème du paradoxe temporel, quelque part à mi-chemin entre Retour vers le FuturUn Jour sans Fin et Memento. Evan Treborn (Ashton Tucker, jusqu’alors habitué aux comédies adolescentes bien grasses), son infortuné protagoniste, porte le poids d’une enfance tourmentée, truffée d’événements traumatisants et de trous de mémoire inexplicables. Pour raviver ses souvenirs, il a accumulé bon nombre de journaux intimes. Devenu adulte, il découvre qu’il a la capacité, en relisant des extraits de ses journaux, de remonter le temps pour réparer certains accidents du passé… Mais les conséquences dans le présent s’avèrent catastrophiques. L’idée regorge d’intérêt, mais L’Effet Papillon souffre de deux faiblesses qui amenuisent son impact. En premier lieu, sa structure rythmique est très curieusement agencée, puisque le scénario s’affuble d’une exposition interminable, enchaînant sans discontinuer tous les événements et toutes les informations nécessaires à la bonne compréhension du récit.

Du coup, lorsque l’intrigue démarre vraiment, c’est-à-dire au moment où Evan découvre ses pouvoirs, nous sommes déjà quasiment au beau milieu du métrage. Ce déséquilibre nuit sérieusement à l’efficacité du film. Plus préjudiciable encore : le décalage entre le ton et le traitement. Car cette capacité qu’a notre héros à se déplacer dans le temps, sans explication scientifique et au mépris de beaucoup de logique, est pour le moins ludique, d’autant qu’il ne change que les événements liés à son entourage proche et qu’il peut réessayer autant de fois qu’il le souhaite, comme dans un jeu vidéo. Or, au lieu d’abonder dans ce sens récréatif, les scénaristes ont choisi d’explorer les facettes les plus noires et les plus glauques de l’humanité. Pédophilie, infanticide, mutilations, cancer, suicides, toxicomanie, viol, prostitution, paraplégie, schizophrénie, immolations et meurtres violents sont en effet au programme de L’Effet Papillon.

Retour vers le passé

Et comme toutes ces abominations, dont l’accumulation devient vite indigeste, ne sont jamais réellement traitées dans la mesure où elles ne servent que des prétextes au bon déroulement du scénario, la pilule est un peu dure à avaler. D’autant que la démonstration de la fameuse théorie du chaos qui donne son titre au film et qui fut établie en 1963 par le scientifique Edward Lorentz (« Est-ce qu’un battement d’ailes de papillon au Brésil peut provoquer une tornade au Texas ? ») aurait mérité un traitement plus en profondeur, abordant l’aspect philosophique de ses implications humaines, et eut sans doute été tout autant efficace sans recourir si systématiquement à l’atrocité et aux bas instincts. Le film se suit cependant avec beaucoup d’intérêt, et se clôt sur une note inattendue mais finalement fort logique, contournant avec habilité le happy end qu’on aurait pu imaginer. Le cinéphile amateur de voyages dans le temps aura remarqué que le rôle du père pédophile est tenu par Eric Stolz, qui devait à l’origine tenir la vedette de la trilogie Retour vers le Futur.

 

© Gilles Penso

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DELLAMORTE DELLAMORE (1994)

Surréalisme, horreur, érotisme, comédie et poésie se bousculent dans cette adaptation du roman de Tiziano Slavi

DELLAMORTE DELLAMORE

1994 – ITALIE

Réalisé par Michele Soavi

Avec Rupert Everett, Anna Falchi, François Hadji-Lazaro, Mickey Knox, Fabianna Formica, Clive Riche

THEMA ZOMBIES

Adapté du roman homonyme de Tiziano Slavi, Dellamorte Dellamore raconte l’histoire de Francesco Dellamorte, le gardien du cimetière de Buffalora, assisté par un colosse nommé Gnaghi qui ne sait dire que « gna ». Depuis quelques temps, sans explication, les morts reviennent à la vie sept jours après leur enterrement. Désabusé, Francesco s’est donc donné pour mission de les détruire pour qu’ils puissent définitivement reposer en paix. Il suit en cela la trace du héros de la pièce  « Le Gardien du Tombeau » imaginée par Franz Kafka. Un jour, il rencontre une femme magnifique, venue enterrer son époux, dont il tombe amoureux. Mais comme on pouvait le  craindre, le défunt revient à la vie et tue sa veuve. Lorsqu’elle ressuscite sous forme d’une femme-zombie au moins aussi troublante que la Mindy du Retour des Morts-Vivants 3, Francesco se doit de l’éliminer pour de bon, à son grand désarroi. Un soir, une mort encapuchonnée qu’on croirait issue des Aventures du Baron de Munchausen lui conseille de tuer les vivants, histoire de gagner un peu de temps… Comme on le voit, Dellamorte Dellamore n’a pas grand-chose à voir avec les histoires de zombies traditionnelles. Ici, l’inattendu et le surréalisme sont au bout du chemin. Car Michele Soavi a choisi la voie de la poésie et du gothique pour nous conter les aventures de Francesco et Gnaghi confrontés à des morts-vivants mi-organiques mi-végétaux du plus bel effet, œuvre du génial maquilleur Sergio Stivaletti.

Les décors de Massimo Antonello Geleng (collaborateur régulier du cinéaste), en particulier le cimetière et l’ossuaire, sont de pures merveilles, éclairés et cadrés avec beaucoup de talent par un Mauro Marchetti au sommet de son art. Il faut dire qu’avant d’être promu directeur de la photographie, l’homme avait fréquenté les plus grands, participant à Le Dernier Tango à Paris, Apocalypse Now ou encore Le Dernier Empereur. L’aspect visuel de cette fable horrifique évoque ainsi Lamberto Bava, à la différence près que le fils du grand Mario s’est toujours avéré incapable de réaliser de beaux films malgré la qualité de ses images. La musique de Tangerine Dream, de son côté, évoque les Goblins et donc Dario Argento. Mais le film de Soavi reste très personnel, indiscutablement original. Le romantisme nimbe le récit, grâce à cette veuve splendide qui tombe amoureuse du héros, ce qui nous vaut de magnifiques scènes comme le baiser à travers les voiles, ou les ébats amoureux du couple dans un cimetière éclairé par la pleine lune.

Le cimetière des morts-vivants

Le burlesque a aussi droit de cité, en particulier lorsqu’une troupe de scouts revient d’entre les morts dans un état des plus pitoyables. Quant à la poésie, elle prend des allures très inattendues, comme lorsque ce mort et sa moto sortent de terre, l’homme ne faisant plus qu’un avec sa machine, ou lorsque Gnaghi place la tête de sa bien-aimée dans son poste de télé cassé pour la regarder chanter. Impossible donc de s’ennuyer une seule seconde à la vision du film, même si l’histoire elle-même s’avère un peu chaotique et si les motivations de Francesco, à mesure que les événements se déroulent, restent imprécises. Quant à l’ultime image, elle clôt le film sur une note particulièrement insolite.

 

© Gilles Penso

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RASPOUTINE, LE MOINE FOU (1966)

Christopher Lee transfigure son corps pour incarner l'un des vilains les plus mémorables de sa longue carrière

RASPUTIN, THE MAD MONK

1966 – GB

Réalisé par Don Sharp

Avec Christopher Lee, Barbara Shelley, Richard Pasco, Francis Matthews, Suzan Farmer, Dinsdale Landen, Renée Asherson 

THEMA SUPER-VILAINS

Si le Mal avec un grand M revêt plusieurs formes et arbore toutes sortes de visage, aucun comédien n’aura su mieux que Christopher Lee en incarner autant de facettes, variant à loisir l’exploration des penchants les plus sombres de l’humanité. Mais avec Raspoutine, le Moine Fou, la donne est un peu différente. Contrairement aux vampires transylvaniens ou aux super-criminels asiatiques nés de l’imagination fébrile d’écrivains inventifs, Lee donne ici corps à un personnage réel. Le studio Hammer se lance ainsi dans un exercice qui lui est peu familier, celui de la biographie romancée, sans pour autant évacuer les composantes qui font sa renommée. Car sous l’alibi historique, Raspoutine, le Moine Fou demeure un film d’horreur pur et dur. D’ailleurs, son tournage se déroule simultanément à celui de Dracula, Prince des Ténèbres, les réalisateurs Don Sharp et Terence Fisher bénéficiant ainsi des mêmes comédiens principaux mais aussi des mêmes décors. Le palais des tsars et le château de Dracula ne font donc qu’un, l’histoire et la fantaisie fusionnant en un étrange cocktail.

Le scénario de Raspoutine, le Moine Fou, écrit par John Elder, se situe en Russie au début du 20ème siècle. Doté de pouvoirs proprement surnaturels qui lui permettent de guérir les mourants, de soumettre son entourage à sa volonté ou de prévoir l’avenir, le moine Raspoutine sauve la vie d’une femme dans l’auberge d’un petit village, en échange de litres de vin, de musique, de danse et de ripaille. Sa philosophie est simple : « plus on pèche, mieux on expie ». Ambitieux, il gagne St Petersbourg et complote auprès d’une des dames de compagnie de la Tsarine pour occuper une place influente à la cour. Dès lors, son ascension est fulgurante. Fruste, manipulateur, malfaisant, il devient progressivement l’architecte de sa future perte…

Un véhicule de terreur et de fascination

Bien sûr, les puristes crieront à la trahison, car la réalité historique est un peu malmenée, et les résonnances politiques du récit à peine effleurées. Plusieurs raisons expliquent un tel parti pris. La première, triviale, est liée aux limites budgétaires du film, couplées à sa courte durée de tournage. Avec les moyens à sa disposition, Don Sharp ne pouvait décemment embrasser avec envergure la vie mouvementée de Raspoutine et son impact sur la Russie des Tsars. Il confine donc l’intrigue à un nombre limité de décors et réduit volontairement ses protagonistes. Mais ce n’est pas la seule explication. En centrant la quasi-totalité de l’intrigue sur Raspoutine, ses agissements, ses exubérances et sa folie, le film transcende l’exercice de la biographie pour mettre en scène une figure monstrueuse et quasi inhumaine. La prestation de Christopher Lee est à ce titre hallucinante. Rarement le comédien aura à ce point transfiguré son corps pour le muer en véhicule de terreur et de fascination. Son regard noir, ses mains crispées, sa stature gigantesque irradient l’écran, et Lee s’efface totalement derrière son personnage, dévoilant un registre qu’on ne lui connaissait pas. Au magnétisme de Dracula, à la folie hégémonique de Fu-Manchu, il ajoute ainsi la paillardise, l’exubérance et la luxure. C’est assurément l’un des rôles les plus impressionnants et les plus intenses de sa longue carrière.

 

© Gilles Penso

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DOCTEUR CYCLOPE (1940)

Les créateurs de King Kong mettent en scène un savant maléfique qui miniaturise ses victimes pour mieux les détruire

DOCTOR CYCLOPS

1940 – USA

Réalisé par Ernest B. Schoedsack

Avec Albert Dekker, Janice Logan, Thomas Coley, Charles Halton, Victor Kilian, Frank Yaconelli, Paul Fix, Frank Reicher 

THEMA NAINS ET GEANTS

Sept ans après King Kong, le réalisateur Ernest B. Schoedsack et le producteur Merian C. Cooper reviennent au thème du gigantisme à travers cette aventure hors-norme qui s’efforce de transposer dans les années 40 le mythe d’Ulysse et du Cyclope. Le regard voilé par d’épaisses lunettes, la silhouette colossale et pataude, Albert Dekker interprète le docteur Alexander Thorkel, un éminent scientifique retiré dans une montagne péruvienne où il a édifié son laboratoire. A l’aide d’un puits de radium, il canalise la radio-activité et miniaturise des animaux, s’amusant à jouer à l’apprenti sorcier et déclarant avec emphase : « maintenant, je tiens la vie sous mon contrôle ! ». En bon savant fou, il tue de sang-froid un confrère qui juge ses travaux hérétiques, puis convoque trois biologistes afin de l’aider à analyser ses résultats au microscope – car sa vue décroît de jour en jour – avant de les chasser sans ménagement. « Si vous restez, ce sera à vos risques et périls », les prévient-il. Accompagné d’un muletier et d’un assistant du coin, le trio s’intéresse d’un peu trop près aux expériences étranges de Thorkel. N’y allant pas par quatre chemins, ce dernier soumet aux radiations les cinq curieux et les réduit à la taille de 25 centimètres de haut. « Prisonniers dans l’antre du Cyclope ! » commente bientôt l’un des captifs.

La vision de ces humains miniatures, habillés avec des bouts de tissus, gravissant un escalier géant ou se cachant derrière les pieds d’une chaise, s’avère totalement surréaliste, d’autant que les effets de transparence, à l’exception de quelques arrière-plans palots, et les nombreux décors surdimensionnés sont franchement réussis. Le film utilise même une main mécanique géante pour que Thorkel empoigne ses captifs entre ses gigantesques doigts, comme le fit jadis Kong avec la frêle Fay Wray. L’affiche du film ne s’y trompe d’ailleurs pas, entretenant la correspondance visuelle avec le grand singe et sa blonde dulcinée. Mais ici, le géant n’éprouve guère de pitié pour ses minuscules victimes. Deux d’entre elles, sur le point de s’évader, trépassent ainsi sans autre forme de procès, l’une asphyxiée, l’autre abattue à bout portant. Leurs compagnons d’infortune tentent eux aussi d’échapper aux hideuses griffes de Thorkel, croisant des poules et un chat pour le moins effrayants.

Thorkel le maléfique

Mais la jungle où ils trouvent refuge regorge de dangers plus grands encore. D’où la mémorable séquence d’attaque d’un crocodile géant dans une caverne, nouvelle réminiscence de King Kong, ou la traque des survivants par Thorkel et son chien, qui nous évoque Les Chasses du Comte Zaroff, autre chef d’œuvre de Schoedsack et Cooper. Face aux cruels stratagèmes du savant pour se débarrasser d’eux, nos héros décident d’unir leurs forces et de l’affronter sur son propre terrain, muant leur taille lilliputienne en atout décisif. Suivant l’exemple des héros de l’Odyssée, ils aveugleront finalement le géant qui les menace en brisant les verres de ses épaisses lunettes. Intégralement tourné en studio, dans un Technicolor étincelant, Docteur Cyclope est l’avant-dernier film de Schoedsack, qui conclura sa carrière avec un autre géant mémorable, le bien nommé Monsieur Joe.

 

© Gilles Penso

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