JASON X (2001)

Après les morts et résurrections incessantes de Jason au cours des neuf films précédents, il ne restait plus qu'une solution pour varier les plaisirs : l'envoyer dans l'espace

JASON X

2001 – USA

Réalisé par James Isaac

Avec Kane Hodder, Lexa Doig, Chuck Campbell, Lisa Ryder, Peter Mensah, Melyssa Ade, Derwin Jordan, David Cronenberg

THEMA TUEURS I SPACE OPERA I SAGA VENDREDI 13

Après la tournure joyeusement parodique qu’avait pris Jason va en enfer, il était impensable de poursuivre la franchise Vendredi 13 sur la voie du classicisme. Le scénariste Todd Farmer s’est donc lancé dans un concept pour le moins audacieux, qu’on pourrait résumer en quelques mots : Jason dans l’espace ! La mise en scène de ce dixième opus a été confiée à James Isaac, réalisateur d’un House 3 passé un peu inaperçu et ancien créateur d’effets spéciaux. L’intrigue démarre dans un futur proche. L’ancien camp de vacances de Crystal Lake est désormais un centre de recherche scientifique. Jason Voorhees a enfin été capturé par les autorités (ce qui contredit sérieusement le dénouement apocalyptique du film précédent), et le docteur Wimmer (interprété par David Cronenberg en personne) tient à le maintenir en vie pour étudier son incroyable métabolisme, contre l’avis de l’officier Rowan (la mignonnette Lexa Doig).

C’était à prévoir, le tueur au masque de hockey s’énerve un bon coup et tue tout le monde sans faire de quartier. Rowan parvient tout de même à l’enfermer dans un caisson de cryogénisation, mais Jason provoque une fuite d’un coup de machette et tous deux se retrouvent congelés… Le récit se transporte alors vaillamment quelque 400 ans plus tard. La Terre n’est plus qu’une planète morte semée de ruines, parmi lesquelles un groupe d’astronautes découvre les corps de Jason et Rowan. Les scientifiques du futur les transportent dans leur vaisseau spatial et ont la mauvaise idée de les ranimer grâce à leur technologie médicale avancée. Et c’est reparti pour un jeu de massacre sacrifiant à toutes les conventions du genre. Car malgré son parti pris science-fictionnel et son changement radical de décor, ce dixième Vendredi 13 ne parvient guère à s’écarter du lieu commun. Les campeurs de Crystal Lake sont devenus des étudiants en médecine, les bois nocturnes des coursives de vaisseau spatial, mais la mécanique reste strictement identique, et l’ennui s’installe donc lentement mais sûrement. Sans compter que Jason X sacrifie au passage à un autre lieu commun hérité cette fois-ci d’Alien et ses séquelles : la femme forte et pugnace affrontant envers et contre tous le monstre devenu son ennemi juré.

Une espèce de Robocop psychopathe

Il faut attendre le dernier quart d’heure pour que surviennent deux folles idées qui relancent tardivement l’intérêt : Jason, réduit en bouillie par une belle androïde, est « réparé » par les machines du vaisseau spatial et se mue en une espèce de Robocop psychopathe plus redoutable que jamais ; et pour échapper à sa folie destructrice, les survivants l’emprisonnent dans une réalité virtuelle où il se retrouve dans le Crystal Lake des années 80, face à deux jeunes campeuses hystériques qui le titillent en se dénudant. Hélas, même ces trouvailles tombent à plat, à cause de la mise en scène sans idée de Jim Isaac, le jeu moyennement convaincu de l’ensemble du casting, la pauvreté des décors futuristes et l’indigence de la partition synthétique d’Harry Manfredini. Bref, le futur et l’espace n’auront pas réussi à arracher ce pauvre Jason à son inlassable routine, et le dénouement, comme il se doit, s’ouvre vers de nouvelles séquelles potentielles.

 

© Gilles Penso

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JASON VA EN ENFER (1993)

En bout de course, la franchise Vendredi 13 rebondit de manière inattendue avec cet épisode délirant et semi-parodique qui s'affirme comme le meilleur de la saga

JASON GOES TO HELL

1993 – USA

Réalisé par Adam Marcus

Avec Kane Hodder, John D. LeMay, Kari Keegan, Steven Williams, Steven Culp, Erin Gray, Richard Grant

THEMA TUEURS I SAGA VENDREDI 13

C’est difficile à croire, vu les peu glorieux antécédents cinématographiques de Jason Voorhees, mais ce neuvième Vendredi 13 est un petit régal. La situation de base rassemble une bonne partie des affligeants clichés de la série : une jeune femme, seule à Crystal Lake, est attaquée en pleine nuit par Jason, qui la poursuit à travers la forêt. Perplexe, le spectateur regarde l’écran avec distance. Soudain, une armada de tireurs du FBI surgit de derrière les fourrés et mitraille l’assassin, jusqu’à ce que son corps explose littéralement. L’unité spéciale se retourne vers la jeune femme : “Bien joué, agent Marcus !” Voilà un angle d’attaque pour le moins inattendu, mais le spectateur n’est pas au bout de ses surprises. Une série d’effets de volets noirs permet ensuite au texte du générique de s’intercaler dans les plans de l’autopsie de Jason, un découpage judicieux révélant déjà, quoique de manière encore très embryonnaire, que le réalisateur Adam Marcus a décidé de s’engager sur la voie de l’inventivité.

Et effectivement, dès la fin du générique, le film bascule dans le fantastique pur, en nous révélant que Jason peut voyager de corps en corps, ce qui explique ses résurrections régulières au fil des épisodes, son essence maléfique se transmettant par la bouche. Ce concept complètement inattendu évoque évidemment Hidden, mais il faut sans doute y voir un clin d’œil plutôt qu’un plagiat. Car la vraie surprise de cet épisode réside dans le mélange du surnaturel, une idée déjà très réjouissante, avec l’auto-dérision permanente, une seconde idée carrément jubilatoire. Dès lors, le spectateur est aux anges. Lui qui s’apprêtait à se moquer du film, comme ile le fit probablement avec les épisodes précédents, le voilà qui rit avec le film, une nuance de taille : on ne s’ennuie pas une seconde à la vision de ce Jason Goes to Hell Cette neuvième mouture se détache d’ailleurs volontairement des autres puisque Jason, qui apparaît en pleine forme dès le début du film, se décomposait dans les égouts de Manhattan à la fin du huitième épisode.

Le Y'a-t-il un pilote dans l'avion du film d'horreur

Jason est poursuivi par Creighton Duke, une espèce de Van Helsing chasseur de prime qui, allez savoir pourquoi, est le seul à connaître le point faible du meurtrier, un point faible prétexte qui semble s’inspirer de La Fin de Freddy. Au titre des excellentes idées, on notera toute une série de clins d’œil au cinéma d’épouvante, en particulier l’apparition en guest stars d’objets divers comme le Necronomicon de Evil Dead, la caisse de Creepshow ou encore le gant de Freddy Krueger. Les morts violentes prennent toutes des tournures de gags cartoonesques, en particulier la mâchoire ravalée d’une victime ou la liquéfaction complète d’une autre. La mort de Jason – inévitable et toujours provisoire – est un véritable délire visuel qui évoque, pèle mêle, Evil DeadLe Cauchemar de FreddyHistoire de fantômes chinois ou même Starman. Saluons comme il se doit cette nouvelle orientation (bien tardive tout de même) vers la parodie qui aurait bien pu transformer la série en Y’a-t-il un pilote dans l’avion ? du film d’horreur.  

 

© Gilles Penso

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WILLOW (1988)

George Lucas confie à Ron Howard les rênes d'un conte d'heroic fantasy épique aux influences multiples

WILLOW

1988 – USA

Réalisé par Ron Howard

Avec Val Kilmer, Warwick Davis, Joanne Whalley, Jean Marsh, Patricia Hayes, Billy Barty, Pat Roach, Gavan O’Herlihy

THEMA HEROIC FANTASY I DRAGONS

La maléfique reine Bavmorda (Jean Marsh) décide de se débarrasser d’Elora Danan, le bébé destiné à la supplanter sur le trône selon une de ces fameuse prophéties dont l’heroïc fantasy se délecte. Mais l’enfant est déposé dans un panier de roseau sur un cours d’eau par sa gouvernante, cette dernière finissant dévorée par les chiens de la cruelle souveraine. Willow (Warwick Davies), un petit homme de la tribu des Nelwyns, découvre la petite fille. Il part alors à la recherche d’un Daikini, c’est-à-dire un homme grand, pour lui remettre le bébé. Sur son chemin, il trouve le guerrier Madmartigan (Val Kilmer), prisonnier d’une cage suspendue, qu’il libère à condition que celui-ci s’occupe d’Elora. Mais le bébé est rapidement capturé par les Brownies, une tribu d’hommes minuscules. Pourchassé par les hommes de Bavmorda, Madmartigan doit donc retrouver Elora et braver mille dangers…

Beaucoup critiqué au moment de sa sortie, en particulier par les amoureux de Star Wars qui semblaient reprocher au producteur George Lucas d’avoir plagié sa propre saga interplanétaire, Willow mérite pourtant de nombreux éloges. Certes, le scénario de Bob Dolman, reposant sur une histoire de Lucas, mixe une infinité de thèmes et de motifs déjà utilisés, de l’Ancien Testament (Moïse sauvé des eaux) au « Seigneur des Anneaux » (le village des nains calqué sur celui des Hobbitts) en passant par le Merlin l’enchanteur de Disney (les transformations de la fée Raziel) et quelques épisodes de « L’Odyssée » (les soldats mués en cochons par la sorcière). Mais tous ces emprunts n’empêchent pas Willow de définir sa personnalité propre et ne lui ôtent en rien ses très grandes qualités formelles. Les scènes d’action surprennent par leur essoufflante vitalité (en particulier la descente des pistes neigeuses sur un bouclier), les effets spéciaux sont ahurissants d’inventivité (notamment la cohabitation permanente d’humains de tailles différentes et l’inauguration sur grand écran des fameux « morphings »), et Val Kilmer, tout juste sorti de l’hilarant Top Secret, est un parfait anti-héros dont les faits et gestes évoquent à la fois Indiana Jones et le Mad Max du Dôme du Tonnerre.

Trolls simiesques et dragon bicéphale

On y trouve aussi d’horribles trolls simiesques et un incroyable dragon bicéphale animé image par image sous la direction experte de Phil Tippett. « A l’origine, George Lucas envisageait un dragon à quinze têtes qui vivait sous terre dans un puits de lave, mais nous avons tôt fait de le ramener à la raison ! », raconte Tippett. « Nous sommes finalement tombés d’accord sur deux têtes. Richard Vander Wende a imaginé l’aspect de ce monstre que nous avions baptisé Eborsisk. Je crois qu’il l’a conçu comme un croisement entre une baleine et un éléphant. » (1) Si le film pèche quelque peu par son scénario patchwork, et par son affrontement final un tantinet abracadabrant, la bonne humeur qu’il distille, le souffle épique qui l’anime et son incomparable maîtrise technique en font un spectacle de très grande qualité, soutenu par une partition pleine d’emphase signée James Horner. Willow n’ayant pas été le succès escompté, George Lucas ne lui donna pas de suite cinématographique mais poursuivit les aventures de ses héros sous forme de romans.

 

(1) Propos recueillis par votre serviteur en avril 1998.

© Gilles Penso

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LA COMTESSE NOIRE (1973)

Une déclaration d'amour à l'actrice Lina Romay que Jess Franco filme sous toutes ses coutures dans cette vague adaptation de "Carmilla".

LA COMTESSE NOIRE

1973 – FRANCE / BELGIQUE

Réalisé par Jess Franco

Avec Lina Romay, Jack Taylor, Alice Arno, Monica Swinn, Jess Franco, Luis Barboo, Jean-Pierre Bouyxou, Raymond Hardy

THEMA VAMPIRES

Vague adaptation du roman « Carmilla » de Sheridan le Fanu, La Comtesse noire est une œuvre étrange qui s’efforce de marier l’érotisme et l’horreur, cocktail dont Jess Franco s’est fait une spécialité au fil des ans. Donnant pour la première fois la vedette à Lina Romay, son épouse et muse, le réalisateur de L’Horrible docteur Orloff semble s’adonner corps et biens à la belle vampire qu’il filme, oubliant au passage tous les principes élémentaires d’une mise en scène cinématographique digne de ce nom. Le premier plan du film donne le ton. Au son d’une musique exagérément langoureuse, Lina Romay avance lentement dans les bois, une cape sur les épaules, des bottes noires aux  pieds, un slip minuscule cachant son sexe et ses seins exhibés sans retenue. Ne sachant visiblement pas du tout comment cadrer son héroïne, Franco promène sa caméra dans tous les sens, perd bien souvent la mise au point, zoome et dézoome jusqu’au vertige… La belle se dirige vers un fermier, le séduit, l’embrasse, puis le gratifie d’une gâterie buccale qui s’achève par un hurlement du jeune homme, lequel retentit dans toute la montagne.

La voix off nous apprend que nous venons de voir à l’œuvre la sanglante comtesse Irina de Karlstein, tandis que sa voiture (ornée d’une petite chauve-souris aux ailes articulées sur le capot avant) arpente une route de montagne. Nous voilà à présent dans un hôtel portugais, sur l’île de Madère. Alors qu’Irina se prélasse au bord de la piscine, une journaliste (Anna Wattican) lui fait part de son envie de l’interviewer (ce qui n’est pas évident dans la mesure où Irina est muette !). Le soir, fascinée par sa rencontre avec la comtesse, Anna rêvasse, nue dans son lit, tandis qu’Irina apparaît et disparaît avec des bruits de chauve-souris. Pour que l’intrigue avance un peu, un médecin légiste fait son apparition et délivre son rapport d’autopsie à un inspecteur de police. « Il a été tué par une bouche » dit-il sans rire, avant d’ajouter : « il a été mordu en plein orgasme par un vampire qui a avalé toute sa semence. »

L'absorption du fluide vital

Le docteur Orloff (le patronyme préféré de Franco, apparemment) confirme que, selon la légende, elle assèche ses victimes et se nourrit de leurs hormones. Ce que confirme la grande scène saphique du film, qui s’achève par la vampirisation de la victime et l’absorption du fluide vital. A cours de péripéties, Franco enchaîne sans sourciller les scènes érotiques absurdes, Lina Romay se frottant lascivement contre le barreau de son lit puis contre son polochon, se faisant mollement fouetter par une femme vampire contrariée, ou s’offrant à un grand moustachu qui s’est épris d’elle… Pendant ce temps, Orloff, qui est aveugle mais pas manchot, palpe allègrement la toison d’une victime féminine avant de décréter : « Les canines ont perforé les lèvres et déformé le clitoris. » Tout le film est à l’avenant, jusqu’à son final énonçant lourdement l’impossibilité, pour Irina, de connaître un jour l’amour. La Comtesse noire existe dans une version classée X caviardée d’inserts pornographiques, sous le titre Les Avaleuses. Il est également connu en France sous le titre La Comtesse aux seins nus, le marché international ayant opté pour des titres variés, les plus courants étant Female Vampire et Erotikill

© Gilles Penso

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TOUS LES GARÇONS AIMENT MANDY LANE (2008)

Un slasher dans la pure tradition du genre, qui s'assume pleinement et possède un supplément d'âme inattendu

ALL THE BOYS LOVE MANDY LANE

2008 – USA

Réalisé par Jonathan Levine

Avec Amber Heard, Anson Mount, Michael Welch, Whitney Able, Edwin Hodge, Aaron Himelstein, Luke Grimes, Melissa Price

THEMA TUEURS

Tous les garçons aiment Mandy Lane est un slasher dans la pure tradition du genre. Mais au lieu du second degré cinéphilique d’un Scream ou de la brutalité réaliste d’un Wolf Creek, le premier long-métrage de Jonathan Levine emprunte une voie jusqu’alors méconnue : celle de ce qu’on pourrait appeler le « serial killer poétique ». Élégante, enivrante, sa mise en scène collectionne les images nostalgiques d’une période lycéenne atemporelle, capte les insouciances et les frustrations, les petits plaisirs et les grandes douleurs, pour mieux basculer en cours de métrage vers une horreur au premier degré. En ce sens, Tous les garçons aiment Mandy Lane pourrait presque être appréhendé comme un croisement imprévu entre Vendredi 13 et Virgin Suicide.

La jeune fille qui donne son nom au titre, incarnée par Amber Heard, est comme la reine des abeilles trônant au milieu d’une ruche en effervescence. Depuis que l’année scolaire a commencé, tous les lycéens craquent pour elle, cherchant à la conquérir par tous les moyens, quitte à se mettre sérieusement en danger. Mais Mandy Lane ne cède jamais, promenant nonchalamment son innocence le plus loin possible de la testostérone en ébullition. Neuf mois après l’accident qui coûta la vie à l’un de ses prétendants, elle accepte de se joindre à cinq amis dans le ranch texan de l’un d’entre eux. Les parents ayant momentanément déserté les lieux, les cinq adolescents sont livrés à eux-mêmes, bien que le gardien des lieux, un cow-boy ténébreux nommé Garth (Anson Mount), ne les quitte jamais longtemps des yeux. Comme on pouvait le prévoir, les trois garçons présents tentent leur chance à tour de rôle avec Mandy, en vain. L’ambiance reste bon enfant, jusqu’au premier meurtre. Car un assassin encapuchonné rôde dans les environs, armé jusqu’aux dents, et semble être bien déterminé à transformer tous ceux qu’il croise en chair à saucisse. Le week-end entre amis vire alors au cauchemar le plus éprouvant…

Beauté plastique et meurtres sanglants

Une indéniable beauté formelle nimbe Tous les garçons aiment Mandy Lane, notamment via la photographie un brin rétro de Darren Genet et la musique étrange composée par Mark Schulz. Du coup, lorsque le sang se met à couler, le décalage surprend, d’autant que chaque exaction du tueur énigmatique est filmée avec une brutalité et une violence presque insoutenables, à mi-chemin entre un Rob Zombie et un Alexandre Aja. L’amour et la mort se côtoient donc de près ici, à moins qu’ils ne soient très étroitement liés. Qui est ce meurtrier ? Quelles sont ses motivations ? Qu’adviendra-t-il de Mandy Lane ? Le mystère s’éclaircit au cours de la révélation de l’identité du tueur, au milieu du film. Dès lors, l’intrigue prend une dimension nouvelle et s’achemine vers un climax forcément sanglant. Si Tous les garçons aiment Mandy Lane séduit par ses audaces et ses choix esthétiques, on peut tout de même regretter que le scénario de Jacob Forman se plie aussi facilement aux conventions habituelles du slasher, et que le twist final soit aussi artificiel, lorgnant dangereusement du côté de Scream.

© Gilles Penso 

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SPEED RACER (2008)

Les frères Wachowski adaptent un classique de l'animation japonaise et réalisent leur film le plus acidulé… et sans doute aussi le plus creux

SPEED RACER

2008 – USA

Réalisé par Andy et Larry Wachowski

Avec Emile Hirsch, Christina Ricci, John Goodman, Susan Sarandon, Matthew Fox, Scott Porter

THEMA FUTUR

Dissipons tout de suite un malentendu : Speed Racer ne s’adresse pas aux amateurs de science-fiction férus de la trilogie Matrix mais plutôt aux spectateurs en bas âge biberonnés aux longs-métrages Disney. En effectuant un tel grand écart entre le cyberpunk désenchanté et le manga live acidulé, les frères Wachowski ont d’ailleurs désarçonné le public américain qui a réservé au film un accueil glacial. Il faut dire que les partis pris graphiques des duettistes sont un peu déroutants. Si l’extrême saturation des couleurs et le look sixties sautent agréablement aux yeux, que dire de ces environnements numériques qui clament ouvertement leur artificialité, de cette mise en scène empruntant la plupart de ses effets de style aux jeux vidéo et de ces incrustations de comédiens figurant probablement parmi les plus hideuses de l’histoire du cinéma ? On peut légitimement se demander pourquoi Andy et Larry Wachowki n’ont pas opté pour un film d’animation pur et dur, dans la mesure où ici la technique mixte rend les images numériques factices et les acteurs réels fadasses. Rarement Christina Ricci fut moins sexy, Matthew Fox autant insipide, John Goodman si avachi et Susan Sarandon aussi peu pétillante.

Il faut avouer que le scénario lui-même, inspiré d’un classique de l’animation japonaise, laisse peu de place au développement des personnages. Speed Racer (Emile Hirsch) est un pilote de course de très haut niveau, digne successeur de son frère aîné Rex (Scott Porter) qui trouva la mort pendant le rallye Casa Cristo. Fidèle à la firme automobile de son père Pops (John Goodman), il refuse la proposition alléchante de la toute-puissante multinationale Royalton Industries et s’attire dès lors les pires ennuis. Pour sauver l’entreprise familiale et sa propre carrière, Speed, soutenu par sa fidèle compagne Trixie (Christina Ricci), s’associe au mystérieux pilote Racer X (Matthew Fox) afin de remporter le redoutable rallye qui coûta la vie à son frère… Répétitif en diable, le film enchaîne les séquences de courses automobiles futuristes sans vraiment chercher à créer un effet crescendo qui permettrait de créer une progression du double point de vue de la dramaturgie et de l’effet spectaculaire.

Cascades impensables et répétitives

Dès la première compétition, on apprécie les cascades impensables de Speed Racer, capable de faire voler sa voiture, de la faire rebondir contre celles de ses adversaires comme s’il s’agissait d’une balle de flipper, de négocier les virages avec une souplesse étourdissante et d’éviter de justesse les collisions. Mais le film se contente par la suite de reproduire ces figures de style, variant simplement les décors comme si le héros progressait à l’intérieur des différents niveaux d’un jeu de plateformes. Reste à sauver de l’entreprise une excellente partition der Michael Giacchino (Alias, Lost, Les Indestructibles) aux accents délicieusement sixties, c’est à peu près tout. D’ordinaire, les cinéastes affirment un peu plus leur maturité au fil de leurs œuvres cinématographiques. Pour les frères Wachowski, c’est le contraire qui semble se produire. Bound était une perle noire très adulte, la saga Matrix visait prioritairement un public adolescent. Speed Racer, pour sa part, se situe quelque part entre Spy Kids 3 et La Coccinelle revient. A ce rythme-là, Andy et Larry ne devraient pas tarder à réaliser un épisode des Télétubbies !

© Gilles Penso

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LES PREDATEURS DE LA NUIT (1988)

Une variation excessivement gore sur le thème des Yeux sans visage, que Jess Franco met en scène avec un casting international prestigieux

LES PREDATEURS DE LA NUIT

1988 – FRANCE / ESPAGNE

Réalisé par Jess Franco

Avec Helmut Berger, Brigitte Lahaie, Chris Mitchum, Telly Savalas, Stéphane Audran, Florence Guérin, Caroline Munro

THEMA MEDECINE EN FOLIE

Fasciné par Les Yeux sans visage, qu’il avait fidèlement imité dans L’Horrible docteur Orloff en 1962, Jess Franco tente là une nouvelle variante sur le thème, la fin des années 80 lui permettant de ne plus se réfréner en matière d’horreur et d’érotisme. Ici, le docteur Flamand (Helmut Berger), dirige la Clinique des Mimosas à Saint-Cloud et délivre aux vieilles bourgeoises dont il ravale la façade des lieux communs flatteurs du genre « n’oubliez pas que votre corps est un temple. » Adepte du ménage à trois, il passe une soirée bien arrosée dans le beau Paris, lorsque surgit une ancienne patiente mécontente de son opération. Au lieu de gifler le docteur ou de l’attaquer en justice, elle utilise une méthode autant expéditive qu’improbable : une fiole d’acide dont elle arrose le visage de sa petite amie Ingrid. Dès lors, avec l’aide de son infirmière préférée (Brigitte Lahaie), Flamand va capturer des jeunes femmes pour tenter de restaurer la beauté de la malheureuse.

Le refrain est connu, mais Les Prédateurs de la nuit surprend par la régularité et l’excès de ses séquences gore (il faut dire que le film s’inspire largement du théâtre Grand-Guignol, et notamment du classique « Une Leçon à la Salpétrière » écrit en 1908 par André de Lorde) . On se souviendra en particulier de Gordon, l’assistant désaxé et obsédé sexuel qui tranche net d’un coup de machette les mains d’une patiente, des gros plans insistants sur le faciès défiguré d’Ingrid, de la seringue plantée dans l’œil d’une patiente, de l’écorchage vif d’un visage, d’une décapitation à la tronçonneuse suivie d’un baiser nécrophile, du gigolo égorgé avec une paire de ciseaux, de la tête décomposée infestée de vers, d’une infirmière trépanée à la perceuse, et surtout de l’opération elle-même, remake rouge vif de celle des Yeux sans visage. La gratuité et le jusqu’auboutisme de ces ponctuations horrifiques évoquent parfois Lucio Fulci, et leur impact repose beaucoup sur les remarquables maquillages de Jacques Gastineau.

Massacres en blouses blanches

Autre élément récréatif du film : un casting international et hétéroclite. Caroline Munro incarne une des victimes du docteur (elle passe le plus clair du film en petite culotte) ; Telly Savalas joue avec conviction son père, un businessman new yorkais prêt à tout pour la retrouver ; Stéphane Audran est une patiente indiscrète qui tente de faire chanter le docteur ; Howard Vernon fait une apparition dans le rôle qu’il interprétait dans L’Horrible docteur Orloff (les connaisseurs apprécient le clin d’œil, d’autant que sa femme est interprétée par Lina Romay, égérie de Jess Franco) ; Anton Diffring joue un ancien chirurgien nazi qui seconde Flamand dans l’opération ; quant à Florence Guérin, elle joue son propre rôle avec beaucoup d’auto-dérision. Outrageusement eighties dans son look et dans sa musique (les scènes de boîte de nuit sont involontairement hilarantes), le film collectionne également les clichés touristiques parisiens, de la Tour Eiffel aux Champs-Elysées en passant par l’hôtel Concorde Lafayette. Excessif de bout en bout, pas subtil pour un sou, Les Prédateurs de la nuit demeure pourtant l’une des imitations les plus distrayantes et les plus drôles du chef d’œuvre de Georges Franju.

 

© Gilles Penso

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UNE VIERGE CHEZ LES MORTS-VIVANTS (1973)

Aucun zombie ne vient hanter ce film de Jess Franco au titre trompeur, mais des spectres tapis dans les ténèbres d'un château inhabité

UNE VIERGE CHEZ LES MORTS-VIVANTS / CHRISTINA PRINCESSE DE L’ÉROTISME

1973 – FRANCE

Réalisé par Jess Franco

Avec Christina Von Blanc, Britt Nichols, Rosa Palomar, Anne Libert, Howard Vernon, Paul Muller, Jess Franco, Nicole Guettard

THEMA FANTÔMES

Une Vierge chez les morts vivants est l’un des films que Jess Franco préfère, et qu’il imagina suite à la lecture d’un poème espagnol dissertant sur la vie et la mort. Si le titre trompeur laisse imaginer une histoire de zombies, aucun cadavre ambulant n’y pointe pourtant le bout de son nez décomposé. Franco avoue d’ailleurs détester ce titre, tout comme sa seconde appellation officielle, Christina princesse de l’érotisme, qui fut utilisée lors de certaines exploitations en France pour renforcer le caractère olé-olé de cette œuvre finalement assez inoffensive. Les distributeurs n’hésitèrent pas non plus à remonter le film à leur guise, y incorporant des extraits du calamiteux Lac des morts-vivants bricolé par Jean Rollin. Débarrassé de ces oripeaux artificiels, Une Vierge chez les morts-vivants s’apprécie comme un conte fantastique tout entier centré sur le personnage de la jolie Christina Benson incarnée par Christina Von Blanc.

Quittant son collège londonien à l’annonce de la mort de son père, la jeune fille part rejoindre la famille qu’elle ne connaît pas dans un château perdu quelque part dans la campagne européenne. L’oncle Howard (Howard Vernon), la tante Abigail (Rosa Palomar), la cousine Carmencé (Britt Nichols) et le serviteur muet Basilio (Jess Franco himself) ont tous un comportement assez étrange. La nuit, étendue nue dans son lit (elle est tout de même censée être la « princesse de l’érotisme » !), Christina fait des cauchemars récurrents. Son père lui apparaît pendu dans la forêt, Carmencé s’ébat lascivement avec une jeune aveugle dont elle suce le sang, et elle-même se voit victime d’un sacrifice humain. Mais sont-ce des rêves ? Pourquoi tous les habitants de la région sont-ils persuadés que le château est inhabité depuis des années ? Et si cette « famille » était en réalité constituée de fantômes ? En déclarant « nous ne sommes pas faits pour avoir à nos côtés une fille vivante, fraîche et douce », l’oncle Howard semble corroborer cette inquiétante hypothèse.

Poésie macabre

Tourné entièrement au Portugal, Une Vierge chez les morts-vivants est émaillé de séquences poétiques que soutient une belle musique mélancolique de Bruno Nicolaï, notamment lorsque le défunt père de Christina est inexorablement emporté par la Reine des Ténèbres, puis glisse dans les bois, toujours accroché à sa corde de pendu. Le film n’est pas non plus dénué d’humour, comme en témoigne cette parodie de lecture de testament au cours de laquelle les propos du notaire sont parfaitement incompréhensibles. Mais la lenteur extrême du récit et sa confusion totale entraînent bien souvent l’ennui malgré sa courte durée (une heure quinze à peine). Et que dire de cette séquence absurde où Christina, découvrant au pied de son lit une sculpture de sexe masculin qu’elle envoie valdinguer, s’entend dire : « Il ne faut pas casser le Grand Phallus ! Maintenant, la malédiction est sur nous ! » ? La poésie macabre reprend le dessus lorsqu’Howard Vernon conclue le film avec solennité : « Ce n’est pas la mort qui a vaincu la vie, mais la vie qui mène toujours à la mort. Nous retournerons pour toujours sur les rives du Styx, errant dans les marais sans jamais atteindre l’autre rive. Que le destin s’accomplisse. » Mine de rien, voilà une belle définition de ce qu’est un fantôme.

© Gilles Penso

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LES NUITS DE DRACULA (1970)

Loin de l'imagerie colorée des productions Hammer, Christopher Lee campe un Dracula plus "réaliste" sous la direction de Jess Franco

EL CONDE DRACULA

1970 – ESPAGNE / ALLEMAGNE / ITALIE / GB

Réalisé par Jess Franco

Avec Christopher Lee, Fred Williams, Paul Müller, Herbert Lom, Klaus Kinski, Maria Rohm, Soledad Miranda, Jack Taylor 

THEMA DRACULA I VAMPIRES

Les Nuits de Dracula est en rupture avec les productions Hammer, et c’est probablement ce qui séduisit Christopher Lee, las de jouer les utilités grimaçantes au sein d’une franchise vieillissante et usée. Ici, les décors en studio ont été remplacés par des sites naturels, et la stylisation a été évacuée au profit d’un maximum de réalisme. Le scénario, pour sa part, ne réserve pas beaucoup de surprises : au cours du prologue, le jeune avocat anglais Jonathan Harker (Fred Williams) se rend au château transylvanien de Dracula pour conclure une affaire. Lors de sa première nuit sur place, il rêve de trois belles femmes vampires et à l’aube, il découvre avec stupeur son hôte endormi dans une tombe. Harker s’évanouit… pour se réveiller à Bucarest, dans le sanatorium du docteur Van Helsing (Herbert Lom). Ce dernier croit à l’étrange récit du jeune homme, d’autant qu’il abrite dans une cellule capitonnée une victime du vampire, le pauvre Renfield (un Klaus Kinski hallucinant). Bientôt, Harker reçoit la visite des très photogéniques Mina (Maria Rohm) et Lucy (Soledad Miranda), qui viennent s’installer dans le sanatorium. Mais très vite, cette dernière tombe sous les crocs de Dracula…

Le look de Dracula n’a ici rien à voir avec celui auquel Christopher Lee nous avaiot habitué jusqu’alors. C’est un vieil homme aux cheveux blancs et à la moustache fournie, ravivant avec émotion les souvenirs de sa noble famille (et inscrivant du même coup le mythe dans le contexte historique emprunté à Vlad Tepes, ce que reprendra à son compte Francis Coppola 22 ans plus tard). Mais ce retour aux sources n’évite pas pour autant les lieux communs. Ainsi, les villageois frissonnent dès qu’on prononce le nom de Dracula, le grand miroir ne réfléchit pas le vampire, les portes grincent, les animaux font de drôles de bruits la nuit, les chandeliers sont couverts de toiles d’araignées, les chauve-souris volètent à la fenêtre… Quant à la mise en scène de Jess Franco elle s’avère une fois de plus très approximative. Les cadres sont hésitants, les mouvements de caméra peu assurés, les coups de zoom intempestifs, le montage maladroit.

Maladresses et surréalisme

Du coup, même la musique de Bruno Nicolai, loin d’être inintéressante, souffre d’une utilisation aléatoire et répétitive amenuisant considérablement son efficacité. Les Nuits de Dracula oscille ainsi entre les séquences d’épouvante inspirées voire quasi-surréalistes (les animaux empaillés qui s’agitent en poussant des cris) et les moments involontairement risibles (les deux héros qui jettent des rochers en carton-pâte sur une procession). Dracula périt finalement dans les flammes, via un trucage assez grotesque qui combine du feu surimpressionné avec des fondus enchaînés de faciès vieillissants. Cette nouvelle adaptation est donc pétrie de bonnes intentions, mais le résultat n’arrive pas à la cheville du moins intéressant des Dracula de la Hammer, et pâlit sans cesse de la comparaison avec le magistral Cauchemar de Dracula qui, lui aussi, structurait son scénario autour du roman de Bram Stoker – moins fidèlement, certes, mais ô combien plus magistralement.

© Gilles Penso 

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L’HORRIBLE DOCTEUR ORLOFF (1962)

Jess Franco réalise un remake officieux des Yeux sans visage auquel il ajoute des éléments surréalistes, notamment un robot humain au visage blafard

GRITOS EN LA NOCHE

1962 – ESPAGNE / FRANCE

Réalisé par Jess Franco

Avec Howard Vernon, Ricardo Valle, Diana Lorys, Conrado San Martin, Perla Cristal, Maria Silva, Mara Laso, Venancio Muro

THEMA MEDECINE EN FOLIE

Pour  son premier film d’épouvante, Jess Franco est allé chercher l’inspiration du côté de Georges Franju, son Horrible docteur Orloff étant un remake à peine déguisé des Yeux sans visage sortis sur les écrans français deux ans plus tôt. Succédant à Pierre Brasseur, Howard Vernon (l’acteur fétiche de Franco qui joua dans plus de quarante de ses films) incarne donc le docteur Orloff du titre, un chirurgien rendu fou de chagrin lorsque sa fille Melissa fut défiguré au cours d’un incendie dans son propre laboratoire. Pendant six mois, il l’a maintenue en vie, assassinant cinq jeunes filles pour reconstruire son visage avec une peau neuve. Tout ceci a un petit air de déjà vu, n’est-ce pas ? Mais Franco étant un amateur de péripéties rocambolesques et de visions fantasmagoriques, il ajoute à ce refrain connu quelques éléments de son cru. Le plus mémorable d’entre eux est Morpho (Ricardo Valle), une espèce de robot à tête humaine, drapé de noir comme Dracula, dont les yeux ressemblent presque à des balles de ping-pong et dont le maquillage blafard évoque celui de Christopher Lee dans Frankenstein s’est échappé.

Cliniquement mort, cet ancien tueur psychopathe a été « ressuscité » par Orloff, qui s’en sert désormais de fidèle serviteur. Errant nuitamment dans les rues parisiennes, les deux hommes capturent leurs proies féminines, les camouflent dans un cercueil, les trimballent dans une carriole, puis dans une barque jusque dans un laboratoire secret dissimulé dans un sinistre château digne des films Universal. Le film est d’ailleurs serti dans une magnifique photographie noir et blanc, signée, Godofredo Pacheco, laquelle crève l’écran lors des séquences nocturnes dans les ruelles pavées du début du siècle, ainsi que dans les intérieurs expressionnistes du château. La police finit par se pencher sérieusement sur l’affaire, via l’inspecteur Tanner (Conrado San Martin) et son bras droit, dont les joutes verbales apportent un humour bienvenu et inattendu en pareil contexte. L’enquête policière elle-même prend une tournure plutôt intéressante, notamment au cours de la séquence du portrait-robot, où les témoignages contradictoires permettent de comprendre que les malfrats sont deux individus distincts.

Franco esquisse ses œuvres à venir

Ainsi, même si l’intrigue emprunte des voies fort connues et s’achemine vers un dénouement prévisible, le film se suit sans déplaisir. Notamment lorsque la célèbre ballerine Wanda Bronsky (Diana Lorys), fiancée de Tanner, décide de mener sa propre enquête en se faisant passer pour une fille de joie, quitte à servir elle-même d’appât au sinistre Orloff. L’érotisme et l’horreur, qui feront partie intégrante de l’œuvre à venir de Jess Franco, sont déjà présents, mais à l’état embryonnaire (une paire de seins par ci, un visage décomposé par-là), et le cinéaste fait ici preuve d’une précision et d’une minutie qu’on ne retrouvera guère dans ses mises en scène futures. Comme si L’Horrible docteur Orloff avait été conçu pour qu’il puisse démontrer son savoir-faire technique afin de mieux s’en défaire ultérieurement et de livrer des œuvres plus brutes et plus conceptuelles.


© Gilles Penso

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