SEUL SUR MARS (2015)

Ridley Scott transporte Matt Damon sur la planète rouge et le transforme en naufragé spatial

THE MARTIAN

2015 – USA

Réalisé par Ridley Scott

Avec Matt Damon, Jessica Chastain, Kristen Wiig, Jeff Daniels, Sebastian Stan, Naomi Scott, Chiwetel Ejiofor, Sean Bean

THEMA SPACE OPERA I FUTUR

Adaptation fidèle d’un roman signé Andy Weir, ancien programmateur informatique ayant pris la plume avec succès, Seul sur Mars marque le retour de Ridley Scott vers l’espace et le futur, trois ans après Prometheus. Mais ici, le maître mot est le réalisme. Pas d’extraterrestres ni d’androïdes à l’horizon, mais une série de péripéties scientifiquement crédibles qui inscrivent le film dans le courant de la « hard science » emprunté quelques années avant lui par Alfonso Cuaron (Gravity) et Christopher Nolan (Interstellar). Sans remonter jusqu’à Robinson Crusoé sur Mars de Byron Haskin ou Les Naufragés de l’espace de John Sturges, Seul sur Mars évoque tour à tour trois œuvres majeures de la fin des années 90 et du début des années 2000 : Seul au Monde, Apollo 13 et Il faut sauver le Soldat Ryan. Le parallèle avec la fresque guerrière de Steven Spielberg est bien sûr accru par la présence de Matt Damon dans le rôle de l’âme à sauver.

Hélas, le film de Ridley Scott ne retrouve jamais l’intensité de ces trois films mémorables, à cause d’une série de parti pris discutables. L’adaptation du roman de Weir posait d’emblée un problème. La majeure partie du récit y est en effet racontée à la première personne, via un journal de bord que tient l’astronaute Mark Watney, laissé pour mort sur la planète Mars après une tempête de sable ayant obligé ses coéquipiers à quitter les lieux précipitamment. En muant les messages écrits du roman en une série de témoignages vidéo, le scénariste Drew Goddard se heurte à un problème de taille : la bande son du film se retrouve saturée de voix off, étiolant le sentiment de solitude et d’isolement que devrait générer un tel postulat.

Perdu dans l'espace

Là où l’on était en droit d’attendre de longs silences pensants, des regards perdus dans le vide d’un horizon lointain, des angoisses existentielles voire métaphysiques, un verbe trivial s’invite partout et coupe court à toute introspection. Seul être humain perdu sur une planète inhospitalière et aride, oublié et abandonné par les siens, promis à une mort certaine, Watney devrait logiquement passer par un certain nombre de phases de détresse psychologique, voire de déséquilibres mentaux, une notion qu’avait par exemple fort bien restitué le Moon de Duncan Jones. Or ici, notre naufragé se montre confiant et sûr de lui, ne cessant de s’amuser de la situation et de multiplier les blagues à l’attention des spectateurs. Ce travers est amplifié par le choix d’une bande originale ponctuée de tubes disco des années 70. Certes, cet humour désenchanté était déjà présent dans le roman initial, et le film pèche sans doute par excès de fidélité au matériau littéraire original. Fort heureusement, la tension redevient optimale le temps d’une poignée de séquences de suspense magistrales et étourdissantes. En la matière, Ridley Scott prouve qu’il n’a pas perdu la main, tout comme dans le domaine de la direction artistique et de la direction d’acteurs, impeccables. Si le Ridley Scott raffiné et surdoué de l’époque d’Alien et Blade Runner s’était emparé d’un tel sujet, il l’aurait sans doute mué en chef d’œuvre du genre. Aujourd’hui, il n’en a tiré qu’un film d’aventure sympathique et distrayant. C’est déjà ça…

 

© Gilles Penso

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THE VISIT (2015)

Après deux superproductions, M. Night Shyamalan change son fusil d'épaule et s'essaye au « found footage »

THE VISIT

2015 – USA

Réalisé par M. Night Shyamalan

Avec Olivia de Jonge, Ed Oxenbould, Peter McRobbie, Deanna Dunagan, Kathryn Hahn, Benjamin Kanes

THEMA TUEURS I SAGA M. NIGHT SHYAMALAN

Avec Le Dernier Maître de l’Air et After Earth, deux films sans doute trop ambitieux, trop coûteux et trop incontrôlables, M. Night Shyamalan essuya un double échec financier retentissant. Pour pouvoir redynamiser sa carrière en perte de vitesse et retrouver la fraîcheur de ses premiers tours de manivelle, le réalisateur fit le choix d’un retour à la simplicité, aux petits budgets et aux acteurs inconnus. Ainsi est né The Visit« Je voulais revenir à une forme d’expression plus libre », nous explique-t-il.  « Mon idée était de simplement libérer mon imagination, d’écrire mon scénario et de laisser les choses venir naturellement, sans contrainte.» (1) Rebecca et son jeune frère Tyler n’ont jamais connu leurs grands-parents. Arrivés à l’âge de l’adolescence, ils décident enfin de les rencontrer, avec l’accord de leur mère qui a toujours eu des problèmes relationnels avec ses parents. Et pour immortaliser cet événement important dans leur jeune existence, ils emportent une caméra, transformant cette visite familiale en film documentaire dont le scénario s’écrit au fur et à mesure, au fil des journées qu’ils vont passer avec ce couple de gens âgés dont ils ne savent pratiquement rien… Tel est le point de départ de The Visit, qui parvient sans peine à nous intriguer, nous surprendre et nous inquiéter.

« Je crois que l’idée vient de cette peur primaire et irréfléchie que les personnes âgées peuvent parfois inspirer », explique Shyamalan. « J’ai essayé de comprendre d’où ce sentiment pouvait bien provenir. A force d’y réfléchir et de travailler dessus, je me suis dit que cette inquiétude venait du reflet qu’ils nous renvoyaient à nous mêmes. Nous sommes effrayés par les gens âgés parce que nous avons nous-mêmes peur de vieillir et de mourir. Tout est parti de là. » (2) Le cinéaste n’a visiblement rien perdu de son savoir-faire dans le domaine de la création d’atmosphères oppressantes et déstabilisantes, exercice compliqué ici par le fait que le cinéaste ne peut s’appuyer sur l’un de ses alliés précieux et fidèles : le compositeur James Newton Howard. Le film adoptant les codes éprouvés du « found footage », aucune musique n’est en effet envisageable, ce qui n’empêche pas un travail particulièrement élaboré en matière de bande son. Car le prétexte du caméscope ne prive pas le réalisateur de ses exigences esthétiques habituelles. La photo est soignée, les cadres extrêmement travaillés, la chorégraphie des comédiens et la composition des plans savamment calculées. A tel point que le procédé du « found footage » finit presque par sembler hors sujet, entravant plus qu’il n’aide le cinéaste dans sa narration.

Un exercice de style un peu vain

D’autant que le film ne parvient jamais à éviter le piège classique inhérent à ce parti-pris narratif : comme par hasard, la caméra est toujours placée à l’endroit idéal, au moment opportun, et continue à tourner, même dans des circonstances où elle n’est pas logiquement justifiée. On en vient à se demander pourquoi The Visit n’a pas été tourné de manière traditionnelle, et la réponse finit par s’imposer sans appel : de toute évidence, les apparats du tournage amateur servent d’écran de fumée pour masquer la vacuité d’un scénario bien peu palpitant. Car au-delà du climat d’angoisse dont Shyamalan parvient à nimber son film, de la justesse remarquable de ses jeunes comédiens, de la somme de détails insolites et inquiétants qui parsèment le récit et d’une intéressante mise en parallèle avec les motifs récurrents des contes de fées (« Hansel et Gretel » en tête), The Visit ne raconte rien de bien passionnant et s’achemine vers un ultime rebondissement qu’on eut aimé plus percutant. Le retour aux sources et à la « pureté » qu’ambitionnait M. Night Shyamalan ne s’est donc pas effectué sans heurts ni maladresses. Dommage qu’autant de talent et de savoir-faire n’aient finalement servi qu’à cet exercice de style un peu vain.

(1) et (2) Propos recueillis par votre serviteur en juin 2015

 

© Gilles Penso

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SHOCKER (1989)

Après Freddy Krueger, Wes Craven imagine un nouveau croquemitaine capable de voyager à travers les ondes électriques

SHOCKER

1989 – USA

Réalisé par Wes Craven

Avec Mitch Pileggi, Peter Berg, Michael Murphy, Sam Scarber, Camille Cooper, Ted Raimi, Heather Langenkamp

THEMA TUEUR I CINEMA ET TELEVISION I SAGA WES CRAVEN

En 1989, Freddy Krueger a atteint une popularité inespérée, préparant son cinquième retour sur les écrans. Mais Wes Craven n’a plus la main mise sur le croquemitaine qu’il créa cinq ans plus tôt, malgré sa participation à l’écriture de Freddy 3 : les Griffes du Cauchemar de Chuck Russell. Il décide donc de créer un nouveau tueur aux pouvoirs surnaturels qu’il pourrait décliner lui-même sous forme d’une franchise si le succès est au rendez-vous. Ainsi naît Horace Pinker, dont le nom sonne un peu comme Freddy Krueger. Mais les ressemblances ne s’arrêtent pas là. Pinker est lui aussi un assassin impitoyable et sarcastique échappant à une mort certaine (la chaise électrique remplace ici l’immolation) pour continuer ses méfaits d’outre-tombe. Comme Freddy, il hante un jeune protagoniste dans ses rêves et semble indestructible. 

Le parallèle entre les deux films est d’ailleurs perceptible dès le générique de début, au cours duquel l’assassin (dont on ne voit alors que les mains) prépare son matériel au sein de son sinistre repaire, l’usine désaffectée ayant cédé le pas à un atelier de vieux téléviseurs empilés les uns sur les autres diffusant en boucle des images de drames et de catastrophes. Pour autant, Shocker n’est pas un remake des Griffes de la Nuit mais un film d’horreur particulièrement original dans lequel Mitch Pileggi (futur patron de Mulder et Scully dans X-Files) s’en donne à cœur joie dans le registre du monstre hystérique. Pinker est donc un réparateur de télévision qui sème la terreur dans la ville, massacrant une à une des familles entières sans que la police ne puisse mettre la main sur lui. Etrangement, un lien semble s’être établi entre lui et le jeune Jonathan Parker (Peter Berg), footballer vedette de son lycée qui a des visions prémonitoires de ses futurs crimes.

Clin d'œil à Hidden ?

Les idées folles jalonnent le film, comme la capacité du tueur à passer de corps en corps, ce qui nous donne droit à une séquence dans un jardin public à la limite du vaudeville où il pourchasse notre héros en devenant tour à tour un policier, un jogger, une petite fille et un ouvrier ! Le clin d’œil au Hidden de Jack Sholder semble assumé, d’autant que Sholder fut justement le premier réalisateur qui donna une suite aux Griffes de la Nuit. Au rythme d’une bande originale saturée de hard rock, Shocker s’adresse de toute évidence à un public adolescent amateur d’horreur, même si Craven semble hésiter entre plusieurs styles. Car si les meurtres en série de Pinker, particulièrement sanglants, font froid dans le dos, ses pouvoirs surnaturels et l’apparition récurrente d’une de ses victimes sous forme d’un fantôme bienveillant font presque basculer le film dans la fantasy. Quant au climax, au cours duquel Pinker et Jonathan se poursuivent sous forme d’ondes électriques à travers les programmes télévisés, il vire ouvertement au burlesque. Et comme les effets visuels – petit budget oblige – ont du mal à suivre, le dernier quart d’heure du film prend une tournure quelque peu grotesque. Le succès escompté n’étant pas au rendez-vous, Shocker restera sans suite, mais se forgera au fil des ans une réputation de film culte adulé par les fans du genre.

 

© Gilles Penso

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LE SOUS-SOL DE LA PEUR (1991)

Wes Craven invente une nouvelle légende urbaine et détournant sous un angle horrifique les codes du conte de fée

THE PEOPLE UNDER THE STAIRS

1991 – USA

Réalisé par Wes Craven

Avec Everett MacGill, Wendy Robie, A.J. Langer, Ving Rhames, Brandon Adams, Sean Whalen, Bill Cobbs

THEMA TUEURS I CANNIBALES I ENFANTS I SAGA WES CRAVEN

Pour concocter le scénario du Sous-Sol de la Peur, Wes Craven s’inspira d’un fait divers réel, comme il le fit pour Les Griffes de la Nuit et L’Emprise des Ténèbres. Il s’agissait de l’histoire véridique de cambrioleurs s’attaquant à une maison puis mis en fuite par l’arrivée des autorités. Une fois sur place, les policiers entendirent d’étranges bruits provenant de pièces fermées à clefs. Ils y découvrirent des enfants, enfermés par des parents leur interdisant rigoureusement de sortir de la maison. C’est en s’appuyant sur cette étrange histoire que Craven bâtit son intrigue. Le personnage principal du film est « Fool » ou « Tout-Fou » en VF (Brandon Adams), un jeune garçon qui, pour aider sa pauvre mère atteinte d’un cancer, se laisse convaincre de cambrioler une maison à la sinistre réputation, habitée par un couple bizarre que protège un chien féroce. Fool parvient à pénétrer la demeure sans se douter de la nuit de cauchemar qui l’attend…

D’emblée, il est clair que Wes Craven a décidé de raconter son film en revisitant les codes du conte de fées classiques sous un angle horrifique. Son héros est en effet un enfant de treize ans dont le comportement se calque sur celui du Petit Poucet et qui rencontre une petite fille prénommée Alice, tandis que « Papa » et « Maman », le couple redoutable chez qui il s’introduit, sont traités comme des ogres modernes. Le nom du molosse féroce, Prince, n’est pas non plus choisi au hasard, et sa présence peut tout à fait s’interpréter comme une version métaphorique d’un dragon. Pour renforcer davantage ce sentiment, la grande maison prend les allures d’une attraction foraine truffée de pièges, de trappes et de passages secrets.

Quand les Goonies rencontrent Massacre à la tronçonneuse

Du coup, Le Sous-Sol de la Peur ressemble presque à un mariage étrange entre Les Goonies et Massacre à la Tronçonneuse. Car la légèreté avec laquelle est parfois traitée le sujet (les monstres incarnés par Everett McGill et Wendie Robbie, transfuges de la série Twin Peaks, forcent volontairement le trait en jouant à la lisière de la caricature, tandis que Fool les affronte avec beaucoup de désinvolture) se mêle à une noirceur parfois étouffante, liée aux conditions de vie épouvantables des enfants de ce couple maudit. Nous découvrons en effet que « Papa » et « Maman » sont en quête du fils idéal. Or chacun de leur rejeton possède à leurs yeux un défaut rédhibitoire, ce qui les pousse à leur couper la langue et à les enfermer dans le sous-sol où ils se nourrissent des cadavres laissés par leurs parents. Le plus malin d’entre eux est surnommé « cafard ». Il sait se faufiler partout et aidera notre héros à ne pas se faire dévorer par les autres, à qui il est livré en pâture. Le caractère malsain de la relation de ces parents infâmes monte d’un cran lorsque nous apprenons qu’ils sont frères et sœur ! Le Sous-Sol de la Peur est certes un peu bancal et non dénué de maladresses, mais plusieurs visions saisissantes nous restent en mémoire après son visionnage, comme le père qui endosse une tenue sadomasochiste en cuir du plus curieux effet pour partir en chasse, ou la petite Alice qui fabrique des poupées à l’effigie des victimes de ses parents pour sauver leur âme. 

 

© Gilles Penso

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LE SURVIVANT (1971)

Une adaptation très libre du roman "Je suis une légende" dans laquelle Charlton Heston affronte une secte de vampires mutants

THE OMEGA MAN

1971 – USA

Réalisé par Boris Sagal 

Avec Charlton Heston, Anthony Zerbe, Rosalind Cash, Paul Koslo, Eric Laneuville, Lincoln Kilpatrick, Jill Giraldi, Anna Aries

THEMA FUTUR I VAMPIRES I MUTATIONS

Le roman de Richard Matheson « Je suis une légende » ayant déjà fait l’objet d’une fort honorable adaptation au milieu des années 60, avec Vincent Price en tête de casting, cette nouvelle version était quelque peu attendue au tournant. Pour éviter toute comparaison désavantageuse, Boris Sagal a jugé bon de changer de ton, préférant au drame noir et pesant un film d’action et d’aventure plus en accord avec le cinéma catastrophe très en vogue dans les années 70. Et pour bien marquer la différence, le rôle-titre a été attribué à Charlton Heston, dont le jeu musclé et cynique n’a pas grand-chose à voir avec l’interprétation lasse et désespérée de Vincent Price. C’est un peu comme si on essayait de comparer Arnold Schwarzenegger avec Anthony Hopkins…

Heston incarne donc le docteur Robert Neville, survivant d’une apocalyptique guerre bactériologique entre la Russie et la Chine qui s’est étendue à la planète tout entière. Son salut, il le doit à un antidote expérimental qu’il est parvenu à s’injecter après avoir échappé de peu à un crash d’hélicoptère. Désormais, dans un Los Angeles en ruines pavé de cadavres, il passe ses journées à rouler à toute allure dans les voitures les plus variées, à jouer aux échecs contre une statue qui constitue sa seule compagnie, à vider des bouteilles d’alcool et à regarder Woodstock au cinéma. Quant aux nuits, elles sont occupées à lutter contre des mutants albinos contaminés par les radiations. Armé jusqu’aux dents (de la part de Charlton Heston on n’en attendait pas moins !), Neville résiste quotidiennement à leurs assauts, tout en s’efforçant de préserver le petit confort qu’il a réussi à se constituer en plein centre-ville… 

Une confrérie religieuse retournée au moyen âge

Bien vite, Le Survivant nous fait oublier le récit de Richard Matheson et sa précédente adaptation cinématographique, non seulement par ses péripéties plus énergiques, mais aussi par les relations qui se tissent entre Neville et ses assaillants. En effet, si dans le film d’Ubaldo Ragona et Sidney Salkow (et surtout dans le roman initial) nous avions affaire à des vampires sans état d’âme au comportement proche du zombie et au dialogue limité à quelques gémissements, ici nous avons affaire à une véritable confrérie religieuse retournée au moyen âge, qui rejette toute forme de technologie et qui est menée avec fanatisme par leur chef prédicateur Matthias. Oubliant purement et simplement le matériau littéraire censé l’inspirer au cours de sa seconde moitié, le film de Sagal multiplie ainsi les rebondissements surprenants, annonçant même par moments le Zombie de George Romero et L’Invasion des Profanateurs de Philip Kaufman. La seule véritable ombre au tableau est la bande originale de Ron Grainer, auteur du célèbre thème de la série Le Prisonnier. Pour inventive qu’elle soit, sa musique pop-jazz s’avère parfaitement déplacée en pareil contexte, et dédramatise la plupart des séquences qu’elle accompagne, notamment les assauts répétés des mutants. Le final du Survivant, noir, dramatique et désenchanté comme savaient l’être bon nombre de films du début des années 70, laisse malgré tout la porte ouverte à une lueur d’espoir, à un avenir meilleur reconstruit sur les ruines du monde dévasté. 

 

© Gilles Penso

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DRACULA CONTRE FRANKENSTEIN (1969)

Une grande foire aux monstres avec Dracula et Frankenstein mais aussi un loup-garou, une momie et des extra-terrestres !

LOS MONSTRUOS DEL TERROR

1969 – ESPAGNE / ITALIE / ALLEMAGNE

Réalisé par Tulio Demichelli et Hugo Fregonese

Avec Michael Rennie, Craig Hill, Paul Naschy, Karin Dor, Patty Shepard, Helga Geissler, Angel del Pozo, Fajda Nicol

THEMA DRACULA I FRANKENSTEIN I LOUPS-GAROUS I MOMIES I VAMPIRES I EXTRA-TERRESTRES I SAGA WALDEMAR DANINSKY

Réalisé à l’initiative du comédien Paul Naschy (qui écrivit le scénario sous son vrai nom Jacinto Molina), Dracula contre Frankenstein est le second film dans lequel il incarne le loup-garou Waldemar Daninsky après Les Vampires du docteur Dracula. Officieusement, il existerait un autre film avant celui-ci, Las Noches del Hombre Lobo, mais toutes les copies ont visiblement disparu et personne ne semble s’en souvenir, donc cet épisode intermédiaire reste un mystère absolu. Tourné en seulement six jours avec des moyens ridicules, Dracula contre Frankenstein est une coproduction germano-espagnole fut commencée par le réalisateur argentin Hugo Fregonese, qui démissionna finalement en cours de route. Tulio Demichelli prit donc le relais pour terminer comme il put cet improbable métrage aux allures de patchwork. Michael Rennie, qui fut l’extra-terrestre Klaatu dans l’excellent Le Jour où la Terre s’arrêta, joue ici un alien bien moins convaincant, Odo Warnoff, lequel décide de conquérir la Terre en se servant des émotions humaines, car sa planète Ummo, est en train de mourir. 

Pour y parvenir, il décide de ranimer tous les grands monstres de la Terre et de se constituer une armée de jolies femmes, suivant un plan pas très clair que même Ed Wood aurait sans doute eu du mal à comprendre. Il réveille donc Dracula (Angel del Pozo, aux allures de play-boy latino) en enlevant le pieu fiché dans son squelette exposé dans une foire (une idée reprise sans vergogne à La Maison de Frankenstein), puis ressuscite le Loup-Garou Waldemar Daninsky (Naschy) en extrayant les balles d’argent qui ont pénétré son cœur, fait revivre la Momie avec un miroir sacré, et ranime le Monstre de Faranksalam (un patronyme bizarroïde employé pour éviter des problèmes juridiques avec Universal) grâce à l’énergie atomique. Ce dernier, incarné lui aussi par Paul Naschy et maquillé à la Boris Karloff, a une allure piteuse, un visage inexpressif et des yeux constamment fermés.

Reincarnator !

Malgré le titre français, le pseudo-monstre de Frankenstein n’affronte jamais Dracula, mais se castagne avec la Momie au cours d’une des scènes les plus distrayante d’un film par ailleurs relativement soporifique. Le vampire meurt finalement d’une épée plantée dans le cœur (il se décompose en fondus enchaînés), la momie brûle dans la roue enflammée d’un moulin, le Monstre karloffien s’écroule dans une série de crépitations, et le loup-garou est tué d’une balle d’argent par une femme tombée amoureuse de lui, qui trépasse à ses côtés alors qu’il redevient humain… Encore une scène allègrement photocopiée sur le scénario de La Maison de Frankenstein, et déjà présente par ailleurs dans Les Vampires du docteur Dracula ! Il faut avouer que Naschy n’a jamais caché son admiration sans borne pour les Universal Monsters de la belle époque. Michael Rennie aurait sans doute mérité un meilleur testament que Dracula contre Frankenstein. Ce fut pourtant son dernier film, le charismatique comédien s’éteignant hélas l’année suivante. Les distributeurs vidéo français, ne reculant devant rien, décidèrent de rebaptiser le film Réincarnator au milieu des années 80.

© Gilles Penso

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HORSEHEAD (2014)

Pour son premier long-métrage, Romain Basset construit une atmosphère onirique troublante et cauchemardesque

HORSEHEAD

2014 – FRANCE

Réalisé par Romain Basset

Avec Lilly-Fleur Pointeaux, Catriona MacColl, Murray Head, Philippe Nahon

THEMA RÊVES

Après trois ans d’absence, Jessica revient au domicile familial pour assister aux funérailles de sa grand-mère Rose. La tension entre la jeune fille et sa mère est palpable, cette dernière ne s’en étant jamais vraiment occupé. Heureusement pour Jessica, elle trouve une oreille attentive auprès de son beau-père. Une attention qu’elle apprécie car depuis son plus jeune âge, elle est en proie à de violents cauchemars dans lesquels elle voit un curieux homme-cheval qui perturbe fortement ses nuits… Premier long métrage de Romain Basset (initialement intitulé Fièvre), Horsehead risque fort de déconcerter et de diviser les spectateurs. Le film n’est en effet pas un divertissement pop-corn et demandera un réel effort d’attention et surtout une participation émotionnelle et une immersion totale dans son univers. Horsehead prend en effet les allures d’un cauchemar en forme de puzzle mystérieux, plongeant son héroïne dans un univers effrayant, onirique, fantasmatique, gore et érotique.

Les rêves peuvent être mortels, on le sait depuis 1984 et Les Griffes de la Nuit de Wes Craven. Romain Basset nous le confirme à nouveau avec Horsehead et malmène la ravissante Lilly-Fleur Pointeaux, jeune actrice de 26 ans qui s’en sort haut la main et parvient à donner une vraie sensibilité à son personnage torturé par des visions récurrentes et particulièrement tétanisantes, qui sont remplies de symboles, tels le loup ou cet extraordinaire homme-cheval, véritable œuvre d’art à lui tout seul. On s’en doute, les cauchemars de Jessica, tout comme ceux de Nancy dans le film de Craven, ne sont pas là uniquement pour parsemer le film de séquences fantastiques et chocs (et elles le sont !) mais également pour participer au développement de l’histoire et sont autant de pièces à assembler pour la jeune fille, tout comme pour le spectateur qui tente lui aussi de comprendre et de faire la lumière sur ce qu’on devine être un secret de famille inavouable.

Un secret inavouable

Horsehead, de par son ambiance savamment travaillée, de par sa mise en scène brillante, de par sa splendide photographie, de par sa modernité également, nous plonge donc dans une sorte de conte gothique dont on veut connaître tous les aboutissants. Si, comme moi, vous vous faites happer par l’histoire, le film deviendra totalement hypnotique et vous n’arriverez pas à décoller votre rétine des splendides images qui défilent sur l’écran. Effectivement, tout n’est pas simple à suivre et on a souvent l’impression d’être un peu largué, de perdre ses repères. Par certains aspects, Horsehead m’a fait penser au Inferno de Dario Argento : les deux films ont en commun d’être énigmatiques, fascinants, d’une beauté picturale totale, mais aussi assez hermétiques et difficiles d’accès. Le casting est vraiment bon, on prend plaisir à retrouver Catriona MacColl en mère pas franchement exemplaire mais aussi Philippe Nahon ou le chanteur Murray Head. Plus l’intrigue avance, plus Romain Basset dévoile les mystères entourant cette famille brisée et se laisse aller à exploiter des thèmes certes déjà traités, comme le carcan que représente une éducation religieuse stricte par exemple, mais il le fait de manière intelligente et ce, notamment, à travers la figure du « Cardinal ». Les scènes de cauchemars bénéficient d’un soin tout bonnement prodigieux pour ce genre de film indépendant (et français !) et on félicitera David Scherer, Jacques-Olivier Molon, Adrien Pennequin et les équipes des effets spéciaux et de maquillage pour leur travail remarquable et qui participe amplement à offrir à Horsehead un splendide écrin pour pouvoir créer son ambiance à la fois fantasmagorique et envoûtante. N’oublions pas la musique de Benjamin Shielden, qui sert à merveille le film. A l’instar de The Lords of Salem de Rob Zombie en 2012, Horsehead est pour ma part l’une des plus intéressantes propositions du cinéma fantastique vues depuis longtemps. Laissez-vous aller, laissez-vous bercer et tentez cette expérience atypique et loin du préfabriqué qu’on nous sert à longueur de temps en ce moment…

 

© Stéphane Erbisti

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DARKMAN 3 (1996)

Une seconde séquelle du film de Sam Raimi dans laquelle Bradford May accumule l'action débridée et le gore décomplexé

DARKMAN III : DIE DARKMAN DIE

1996 – USA

Réalisé par Bradford May

Avec Jeff Fahey, Arnold Vosloo, Darlanne Fluegel, Roxann Dawson, Nigel Bennett 

THEMA SUPER-HEROS I SAGA DARKMAN

Deux ans après avoir réalisé la suite de Darkman, conçue directement pour le marché vidéo et la télévision, Bradford May embraye sur un troisième épisode s’efforçant d’exploiter une fois de plus le concept fou mis en place par Sam Raimi au tout début des années 90. Assumant totalement le format non-cinématographique du film, le pré-générique se conforme à ceux des séries télévisées, résumant les deux épisodes précédents à grands renforts d’extraits explicites. Assurant le lien avec Darkman 2, Arnold Vosloo incarne une fois de plus ce mixage moderne entre le Fantôme de l’Opéra, l’Homme au Masque de Cire et The Shadow. Toujours à l’œuvre pour essayer de franchir la barrière fatidique des 99 minutes au-delà desquelles sa peau artificielle se désagrège, il va devoir faire face à un nouveau vilain incarné par Jeff Fahey. Ce gangster caricatural, répondant au nom rugueux de Peter Rooker, veut à tout prix percer le secret de la force de Darkman pour pouvoir lancer sur le marché une nouvelle drogue propre à faire tomber aux oubliettes tous les anabolisants et autres stéroïdes. Notre super-héros est donc capturé et devient sujet d’expérimentations…

En tant que seconde séquelle, Darkman 3 jouit d’une situation particulière : celle de ne pas avoir à trop souffrir de l’ombre du premier épisode mais plutôt d’être jugée à l’aune du deuxième opus, bien moins ambitieux. Du coup, Bradford May se lâche, osant s’adonner à quelques scènes gore (un visage brûlé, une décapitation avec un bulldozer !) et à des scènes d’action volontairement excessives (la poursuite au milieu des fûts qui explosent, la locomotive prise en chasse par une roquette). Plus intéressant, May semble vouloir retrouver le grain de folie de Sam Raimi, notamment à travers une série de séquences d’hallucinations jouant la carte du surréalisme, comme cette jeune femme attaquée par un serpent à visage humain ou cet insecte dévoré par une plante carnivore. L’intérêt de Darkman 3 n’est donc pas à chercher du côté du scénario, reprenant structurellement ceux des deux précédents volets de la trilogie, mais plutôt d’une collection de séquences originales franchement bien menées. La meilleure d’entre elles ? Probablement ce moment bourré de suspense et d’humour au cours duquel Westlake se fait passer pour le redoutable Rooker et se retrouve coincé dans une soirée d’anniversaire donnée en son honneur. 

La Belle et la Bête

D’autres idées étonnantes ponctuent le métrage, comme ces quatre bandits transformés en surhommes après qu’on leur ait injecté la drogue puisée dans le sang de Westlake, et à qui Rooker ordonne de massacrer devant les caméras de télévision le gouverneur Mitchell, en croisade contre le trafic de drogue, le soir des élections. Certes, Darkman 3 ne restera pas dans les mémoires et marquera d’ailleurs le point final de cette mini-saga, mais on mentirait en disant qu’on n’y prend pas de plaisir. D’autant que May et ses scénaristes ont eu la bonne idée d’utiliser le motif de la Belle et la Bête pour symboliser l’attirance du héros défiguré pour la charmante mais inaccessible épouse du vilain.

 

© Gilles Penso

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LE PETIT POUCET (2001)

Olivier Dahan propose une vision sombre et réaliste du célèbre conte de Perrault

LE PETIT POUCET

2001 – FRANCE

Réalisé par Olivier Dahan

Avec Nils Hugon, Raphaël Fuchs, William Touil, Pierre-Augustin Crenn, Théodul Carré-Cassaigne, Hanna Berthaut

THEMA CONTES

Inattendu dans un registre fantastique pur, l’auteur de Déjà Mort et La Vie Promise a opté pour une adaptation extrêmement fidèle du conte de Charles Perrault, narré à la première personne par Michel Duchaussoy incarnant en voix off un Petit Poucet vieilli et aguerri. Cadet d’une famille de paysans crève la faim et souffre-douleur de ses frères, Poucet (incarné par Nils Hugon) découvre avec ses yeux naïfs la dureté d’une époque marquée par la guerre et la famine. Leur ferme ayant été pillée par une horde de soldats, les parents de Poucet décident d’abandonner leurs nombreux rejetons en pleine forêt. Tant de bouche de moins à nourrir, ça n’est pas rien en pareil contexte. Livrés à eux-mêmes, les enfants font dans les bois maintes rencontres désagréables, notamment des loups affamés, les guerriers à la solde du redoutable soldat à la jambe de fer, et surtout l’Ogre impitoyable qui raffole de la chair tendre des petits enfants pour son petit déjeuner.

Si le scénario ne surprend donc guère, se contentant de reprendre les péripéties d’une histoire que chaque spectateur connaît depuis son plus jeune âge, c’est du côté de la direction artistique que le film d’Olivier Dahan étonne. Car du point de vue strictement formel, ce Petit Poucet est une vraie merveille. La partition de Jo Hisaishi, compositeur attitré de Hayao Miyazaki (Princesse MononokeLe Voyage de Chihiro), est lyrique à souhait, les décors mi-réels mi-numériques sont superbement oniriques, et les costumes bénéficient de designs particulièrement originaux. Avec une mention spéciale pour le look  horrifico-fétichiste de l’Ogre, dont le visage est entièrement dissimulé sous une sorte de muselière métallique articulée.

Un Ogre au look horrifico-fétichiste

Le casting, surprenant, réserve des rôles de choix à des comédiens pas du tout habitués, eux non plus, à ce registre féerique. On note en particulier Romane Bohringer en mère du Petit Poucet, Elodie Bouchez en épouse de l’Ogre, Samy Naceri en soldat à la jambe de fer, Saïd Taghmaoui en chef de troupe, Romain Duris en garde, Jean-Paul Rouve en cavalier, Maurice Barthélémy en comptable, et Catherine Deneuve en reine. Cette dernière apparition semble être conçue comme un clin d’œil au fameux Peau d’Âne. Mais contrairement au conte réalisé par Jacques Demy, qui se terminait par l’envolée incongrue d’un hélicoptère, le film d’Olivier Dahan ne s’envisage pas autrement qu’au premier degré, sans le moindre décalage ou la plus petite once d’humour. Personne ne s’en plaindrait outre mesure si ce Petit Poucet s’adressait principalement aux enfants. Mais la noirceur du traitement, l’épouvante pure dans laquelle baignent les apparitions de l’Ogre, des loups et du soldat à la jambe de fer, la dureté générale du film laissent au contraire imaginer que c’est l’adulte qui est ici visé. C’est ce petit fossé entre la naïveté linéaire de la narration et la rudesse de la mise en scène qui risque de déconcerter le public et d’empêcher cette œuvre pourtant bourrée de qualités de  trouver sa cible. A marquer d’une pierre blanche tout de même. Certes, nous sommes à mille lieues des splendeurs de La Belle et la Bête, mais ce n’est pas tous les jours que la France se pare de si beaux contes cinématographiques.

 

© Gilles Penso

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DARKMAN 2 (1994)

Une séquelle modeste du film de Sam Raimi dans laquelle Arnold Vosloo reprend le rôle de Liam Neeson

DARKMAN II : THE RETURN OF DURANT

1994 – USA

Réalisé par Bradford May

Avec Larry Drake, Arnold Vosloo, Kim Delaney, Renée O’Connor, Lawrence Dane, Kim Delaney, Jesse Collins, David Ferry

THEMA SUPER-HEROS I SAGA DARKMAN

Sam Raimi et Liam Neeson étant respectivement accaparés par L’Armée des Ténèbres et La Liste de Schindler, ils ne pouvaient décemment s’impliquer dans cette séquelle de Darkman commanditée par les studios Universal pour une exploitation directe en vidéo. Les rênes de la mise en scène furent donc confiées à Bradford May, vétéran du petit écran. Pour succéder à Neeson, les producteurs ont fait un choix étonnant : Arnold Vosloo, un comédien athlétique d’origine sud-africaine dont on avait déjà pu apprécier le charisme dans 1492 de Ridley Scott et Chasse à l’Homme de John Woo. « Je dois avoir un physique particulier, parce qu’on ne me propose jamais de comédie romantique », nous avouait-il non sans humour. « Je suis donc plutôt spécialisé dans les rôles de méchants ou de personnages atypiques. Sans compter qu’ici, mon visage était la plupart du temps recouvert de latex ! » (1) Car lorsqu’il n’arbore pas une figure humaine, l’infortuné super-héros apparaît toujours sous les traits d’un grand brûlé, grâce à un maquillage saisissant d’Evan Campbell reproduisant fidèlement celui que Tony Gardner créa pour le premier film. Vosloo apporte au docteur Peyton Westlake, alias Darkman, de la force, de la détermination et une certaine décontraction qui nous éloignent quelque peu du héros brisé et schizophrène créé par Sam Raimi.

Le déséquilibre mental, les tourments psychologiques et les troubles sentimentaux ont donc été évacués au profit d’une action soutenue et quelque peu basique. Seul rescapé du casting précédent, Larry Drake vole du coup la vedette au héros dans le rôle du parrain mafieux Robert G. Durant. Laissé pour mort à la fin du film précédent, il s’éveille d’un long coma et reprend illico les choses en main. Bien décidé à régner définitivement sur le milieu de la pègre et l’empire de la drogue, il fait évader un savant un peu fou et l’engage pour créer des armes d’un nouveau genre, à mi-chemin entre la mitrailleuse et le pistolet laser. Pour mettre en place sa chaîne de fabrication, Durant s’installe dans un entrepôt dont il fait assassiner le propriétaire. Or, comme par hasard, ce dernier était un scientifique qui œuvrait sur la création d’une peau artificielle, et qui avait été contacté par Peyton Westlake, désireux de trouver une solution pour que ses masques ne se désintègrent plus au bout de 90 minutes d’utilisation.

L'épisode central d'une petite saga

Darkman se retrouve donc une fois de plus face à son ennemi juré, et l’affrontement qui s’ensuit emprunte prudemment des chemins déjà très balisés. Car si Bradford May signe là une mise en scène nerveuse et efficace, et s’il maîtrise visiblement les cascades spectaculaires et les effets pyrotechniques en tous genres, le grain de folie de Sam Raimi fait ici cruellement défaut. D’autant que la plupart des situations décrites dans cette séquelle, et notamment les dédoublements des méchants grâce aux masques du Darkman, ont déjà été vues dans le premier film. Ce qui n’empêchera pas pour autant Universal de confier à Bradford May une seconde séquelle, toujours avec Vosloo, mais cette fois-ci sans Larry Drake.

(1) Propos recueillis par votre serviteur en juin 1999

 

© Gilles Penso